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Les musulmans et la France
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3 septembre 2005 20:12





Des musulmans majoritairement à gauche mais conservateurs en matière de moeurs
LE MONDE | 30.08.05 | 13h49


Plus à gauche que la majorité de la population française, les musulmans sont cependant plus conservateurs en matière de moeurs. C'est l'un des enseignements de l'enquête du Cevipof, qui a le grand mérite de dessiner, pour la première fois, les contours d'une identité musulmane à la française.

Celle-ci prend à rebours bon nombre de préjugés. C'est ainsi que les auteurs de ce rapport battent en brèche la notion de réislamisation. Première statistique étonnante : 20 % des populations issues de l'immigration africaine et turque se déclarent sans religion. Un chiffre pas si éloigné des 28 % de sans religion dans la population française. Il y aurait donc une "sortie de l'islam", comme il existe chez les populations de culture chrétienne une "sortie de la religion".

Autre enseignement surprenant de ce sondage : seulement 5 % des musulmans de l'échantillon souhaitent pour leurs enfants une scolarisation "dans une école privée coranique" . On peut regretter cependant l'emploi de ce terme d'"école coranique" (équivalent d'un catéchisme musulman) et non pas celui d'"école privée musulmane", qui conviendrait mieux.

Sur la pratique religieuse, les résultats obtenus par le sondage ne sont pas très différents de ceux mis en évidence par une précédente enquête IFOP-Le Monde de septembre 2001. Selon celle-ci, 20 % des musulmans déclaraient aller "généralement à la mosquée le vendredi" . Selon l'enquête du Cevipof, 21 % des personnes interrogées déclarent assister à un office religieux "au moins une ou deux fois par mois" .

Ces chiffres, qui ne sont pas très éloignés de ceux de la pratique chez les catholiques (12 % de pratiquants réguliers selon un sondage CSA-La Vie -Le Monde d'avril 2003), confirmeraient l'existence d'un processus de sécularisation à l'oeuvre chez les musulmans et un alignement sur les comportements du reste des Français.

On peut se demander si le critère d'assistance à un office religieux "au moins une fois par mois" est le plus pertinent pour juger de la pratique des musulmans. La participation à la prière collective du vendredi n'a pas un caractère d'obligation comparable à l'assistance à la messe dominicale dans le catholicisme. En transposant à l'islam la catégorie de ceux qu'on appelait jadis "les messalisants" (ceux qui vont à la messe), l'enquête se prive d'explorer des modes d'appartenance plus complexe.

De manière significative dans l'enquête, certains comportements de nature religieuse restent très prégnants : le jeûne du ramadan (respecté par 80 % des musulmans déclarés), l'absence de consommation d'alcool (77 % affirment n'en boire jamais), l'intention de se rendre en pèlerinage à La Mecque (81 %).

Ces pourcentages élevés semblent montrer la résistance, y compris chez les enfants de l'immigration, d'un islam conçu comme un mode de vie davantage que comme une pratique religieuse régulière. C'est ainsi que seulement 16 % de l'échantillon musulman affirment accorder "moins d'importance qu'avant à la religion" . 16 % affirment "pratiquer mieux" que leurs parents. Les auteurs de l'enquête en concluent un peu vite que cette attitude correspond aux tenants d'un "islam pur de tradition wahhabite" .

L'enquête confirme l'adhésion massive des musulmans à la laïcité. 81 % des musulmans déclarés accordent à ce mot une valeur positive. Un tiers d'entre eux expriment leur désaccord avec la phrase : "Un musulman doit suivre les principes coraniques, même s'ils s'opposent à la loi française."

En ce qui concerne les mariages mixtes, là encore l'enquête va à rebours des préjugés : 65 % des musulmans ne s'opposeraient pas à ce que leur fille épouse un non-musulman.

Les populations issues de l'immigration se montrent en revanche fortement conservatrices en matière de moeurs : 39 % ne sont pas d'accord avec la proposition "l'homosexualité est une manière acceptable de vivre sa sexualité" .

L'enquête du Cevipof dessine donc ce paradoxe frappant : il existe une identité musulmane conservatrice en matière de moeurs et qui se situe pourtant à gauche, comme si la préoccupation sociale de cette population qui reste généralement modeste reprenait le dessus.



Xavier Ternisien

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Des préjugés antisémites plus répandus

L'enquête du Cevipof montre une présence importante des préjugés antisémites dans la population issue de l'immigration turque et africaine. 50 % des personnes interrogées approuvent la formule "On parle trop de l'extermination des juifs" (35 % de l'ensemble de la population française) et 39 % considèrent que "les juifs ont trop de pouvoir en France" (20 % dans la population française). En revanche, l'image d'Israël est légèrement plus négative dans l'ensemble de la population française (51 %) que dans celle issue de l'immigration (49 %). L'enquête met en évidence un lien entre la pratique religieuse et l'antisémitisme : "Il semble que l'intensité de la socialisation religieuse aille de pair avec le rejet des juifs de France, mais il est difficile de déterminer si c'est la fréquentation de la mosquée qui accroît le niveau d'antisémitisme ou bien si ce sont les musulmans déjà antisémites qui pratiquent plus." Enfin, l'antisémitisme est davantage répandu chez les Français d'origine turque.




Article paru dans l'édition du 31.08.05










Modifié 1 fois. Dernière modification le 03/09/05 20:13 par TOUNE.
 
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