Les musulmans américains observent les rites de leur religion
(Ils font notamment le pèlerinage à la Mecque.) (1050) Par Afzal Khan Correspondant du « Washington File »
Washington - Les musulmans du monde entier célèbrent en ce moment la fête de l'Id al-Adha, ou fête du sacrifice (aussi appelée Aïd el-Kébir), qui dure trois jours et a officiellement commencé en Arabie saoudite le 20 janvier, soit le dernier jour du Hadj, le pèlerinage à la Mecque.
Aux Etats-Unis, les musulmans se réunissent dans des mosquées locales pour les prières matinales et passent ensuite la journée avec leur famille et leurs amis, mangeant des brochettes et autres plats de viandes d'animaux sacrifiés au nom d'Allah (Dieu) : moutons, chèvres ou vaches. Un tiers de cette viande sacrificielle doit être distribuée aux pauvres et aux nécessiteux, un tiers aux voisins et amis, le reste pouvant être consommé par la famille.
Les organisations caritatives musulmanes des Etats-Unis ont collecté des dons afin d'acheter des animaux sacrificiels pour nourrir les pauvres aux Etats-Unis et à l'étranger.
Anwar Khan, de l'association Islamic Relief USA, a expliqué que près d'un million de personnes seraient nourries grâce à des antennes locales d'Islamic Relief dans 40 pays. Il a précisé que les animaux étaient soit achetés sur les marchés locaux, soit, dans le cas de Gaza et de la Cisjordanie, importés de Nouvelle-Zélande. Les moutons et les chèvres sont en effet rares à Gaza et en Cisjordanie, et il faut les faire venir d'Israël à un coût de deux à trois fois plus élevé que celui pratiqué en Nouvelle-Zélande.
L'Id al-Adha est la culmination d'environ une semaine de rituels traditionnels observés durant le pèlerinage dans les villes saintes de la Mecque et de Médine situées dans la région de Hedjaz, où le prophète Mahomet, fondateur de la religion islamique, est né au 6e siècle.
Cette année, quelque 10.000 musulmans américains ont fait le pèlerinage, se joignant à plus de 2 millions de musulmans du reste du monde. Chaque musulman qui en a les possibilités financières et physiques doit effectuer ce pèlerinage à la Mecque une fois dans sa vie. Avant l'avènement de l'aviation commerciale, c'était une entreprise hasardeuse.
Le pèlerinage est l'un des cinq piliers de l'islam, les autres étant une profession de foi, la récitation de prières cinq fois par jour, le jeûne de l'aube au coucher du soleil pendant le mois du ramadan, et le don d'un cinquième de sa richesse personnelle à des œuvres de charité.
En 2005, le pèlerinage a été assombri par le tsunami qui a tué de nombreux musulmans en Indonésie et dans certaines régions du Sri Lanka, de l'Inde et des Maldives. Conséquemment, des prières spéciales ont été faites à l'intention des victimes du tsunami.
Le pèlerinage a également fait l'objet de mesures extraordinaires de sécurité du fait des récentes attaques terroristes perpétrées en Arabie saoudite par Al-Qaïda.
Le changement le plus visible sur le site du pèlerinage est l'érection de trois nouveaux blocs de béton, ou « jamarats », qui symbolisent Satan et contre lesquels les pèlerins jettent des pierres dans le cadre d'un rituel de purification. En 2004, un mouvement de panique lors de ce rituel avait entraîné la mort de 244 pèlerins. Le pont pour piétons conduisant à ces jamarats a été élargi afin de faciliter le passage des pèlerins.
De plus, en 2005, le site a été doté de signaux électroniques facilitant les mouvements de la foule. Les 129 portes menant à la Mosquée sacrée qui abrite la Kaaba, que les pèlerins doivent contourner sept fois, ont été équipées de sortes de feux de circulation qui sont rouges lorsque la mosquée est pleine, et verts lorsqu'il y a de la place. Près de 700 postes de télévision et cinq écrans électroniques géants ont été installés dans la cité des tentes de Mina afin d'informer les pèlerins des conditions de circulation piétonne sur le pont menant aux piliers. Ces postes diffusent également les images du déroulement des rituels en cinq langues.
Durant tout le pèlerinage, les hommes sont drapés dans deux morceaux non cousus de tissu blanc afin de symboliser leur entrée dans un état de maîtrise de soi et l'égalité de tous les êtres humains devant Dieu. Il n'y aucun vêtement spécifique imposé aux femmes. Elles portent généralement des vêtements confortables qui les couvrent de la tête aux pieds. En signe d'humilité devant Dieu, les pèlerins coupent leurs cheveux et sacrifient un mouton, une chèvre, une vache ou un chameau pour nourrir les pauvres. Ce sacrifice commémore la volonté d'Abraham, rapportée dans le Coran, d'immoler son fils Ismaël par soumission à la volonté de Dieu.
Le pèlerinage est une leçon d'humilité, a déclaré Nihad Awad, un Américain d'origine palestinienne qui est le directeur exécutif national du Council on American-Islamic Relations (CAIR, Conseil sur les relations américano-islamiques).
« C'est le plus grand rassemblement humain de la terre (...) On se fond dans cette foule, transcendant toutes les différences de race, de couleur et de statut socio-économique. Cela recharge vos batteries spirituelles. »
Selon lui, les musulmans américains dépensent de 2.000 à 6.000 dollars par personne pour un séjour de 10 à 14 jours qui comprend non seulement le pèlerinage à la Mecque, mais aussi à Médine, où se trouve le tombeau du Prophète.
Syed Haroon Qamar, un Américain d'origine pakistanaise qui habite dans le nord de la Virginie, a fait le pèlerinage en 2004 avec sa femme. « Tout le monde est ému, les gens se tiennent par la main dans la foule. » Il a précisé que son groupe des Etats-Unis comprenait des Pakistanais, des Indiens, des Bangladais, des Indonésiens et plusieurs personnes venues de divers pays arabes.
« Tous les pèlerins étaient aimables et serviables. Personne ne s'est énervé, même lorsqu'il y avait des bousculades. C'était comme une immense marée humaine, mais sans les vagues », a expliqué M. Qamar. Le tout, selon lui, était d'éviter les encombrements excessifs lors de certains rituels en y venant en période creuse. Le site est en effet ouvert en permanence, et l'on peut y accomplir les rituels à n'importe quel moment.
La plupart des pèlerins rentrent de la Mecque avec un petit récipient contenant de l'eau miraculeuse du puit de Zamzam. Cette eau est souvent servie par petites gorgées aux amis qui viennent féliciter le pèlerin à son retour. article retransmis par :acharif moulay abdellah bouskraoui.