Plan & itinéraires Publicité Plan du site Qui sommes-nous Notre éthique
Incendies de mosquées Coup de filet dans la mouvance d'extrême droite Annecy (Haute-Savoie)
HUIT PERSONNES appartenant, selon une source judiciaire, à la mouvance d'extrême droite, dont quatre militaires, ont été interpellées mardi, à Annecy, dans l'enquête sur des incendies volontaires de deux lieux de culte musulman, survenus le 5 mars 2004 en Haute-Savoie. L'affaire avait fait grand bruit à l'époque. Le 5 mars 2004, la salle de prière de la communauté musulmane de Seynod (Haute-Savoie), dans la banlieue d'Annecy, avait été ravagée par un incendie criminel en pleine nuit. Quant à la mosquée d'Annecy, également visée, elle n'avait connu que des dégâts limités au niveau de sa chaufferie.
« Le racisme n'a pas droit de cité chez nous »
Jacques Chirac et Jean-Pierre Raffarin avaient alors condamné fermement ces actes, les qualifiant d'« odieux et inadmissibles » et assuraient la communauté musulmane de « la détermination des pouvoirs publics à retrouver et punir les auteurs de ces agressions ». Hier, l'interpellation de huit personnes dans le cadre de cette affaire a provoqué une certaine stupeur à Annecy. Car, parmi elles, on trouve quatre militaires du 27 e bataillon de chasseurs alpins de la ville, basé à Cran-Gevrier. Les quatre hommes ont été interpellés, vers 7 heures, dans leur caserne, par les policiers du SRPJ d'Annecy sur commission rogatoire d'un juge d'instruction et conduits à l'hôtel de police. Trois militaires du rang, récemment engagés, ont été placés en garde à vue, le quatrième, un sous-officier, a été entendu en tant que témoin. Il a été mis hors de cause. En revanche, certains de ses collègues pourraient être impliqués dans les deux incendies criminels. Au 27 e bataillon de chasseurs alpins, c'est la consternation et la surprise : « La présomption d'innocence doit être respectée, mais s'il s'avère que certains de ces hommes ont fauté, les sanctions seront exemplaires et pourront aller jusqu'à la radiation, car l'armée ne peut accepter de tels comportements dans ses rangs, explique le colonel Jean-Pierre Palasset, commandant du 27 e BCA. L'armée est un creuset social qui accueille, en son sein, des gens de toutes origines, blancs, basanés ou noirs, de toutes les religions. Quotidiennement à l'étranger, sur différents conflits, nous protégeons des populations civiles de toutes confessions. Le racisme n'a donc pas droit de cité chez nous », insiste le commandant des militaires interpellés. L'armée a précisé qu'elle avait déjà collaboré avec les enquêteurs dans cette affaire et qu'elle continuerait à le faire en apportant son « concours plein et entier » à la justice. Les quatre autres personnes placées en garde à vue sont, selon un policier, « de jeunes paumés racistes, des petits nazillons d'extrême droite qui se nourrissent de littérature faisant l'apologie de Hitler et des SS, mais qui ne font pas partie de mouvements politiques structurés ». Des mises en examen pourraient être prononcées dès aujourd'hui dans le cadre de ce dossier.
ANNECY (HAUTE-SAVOIE), HIER. Huit personnes proches de la mouvance d'extrême droite, dont quatre militaires du 27 e bataillon de chasseurs alpins , ont été interpellées, dans le cadre de l'enquête sur les incendies volontaires de deux mosquées en mar (PHOTOPQR/NORBERT FALCO.)
Gilles Carle Le Parisien , mercredi 09 février 2005