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Minutes des réunions de Mohamed6-Polisario
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21 mars 2006 22:12
Minutes des réunions

Prince Héritier à l'époque, Mohammed VI recevait en septembre 1996 à Rabat une importante délégation de la direction du Polisario. Les minutes des différentes réunions tenues dans le cadre de ce qui ressemblait à un « round de négociations » ont été, selon certaines sources, transmises aux services espagnols par le Polisario. Aujourd'hui, elles font le tour des rédactions espagnoles et certains journalistes ont pu confirmer leur véracité, après recoupement auprès de membres séparatistes ayant pris part à ces réunions. Driss Basri, qui avait assisté à cette rencontre a, de son côté, confirmé plusieurs faits et propos contenus dans cette retranscription traduite, selon lui, de l'arabe à l'espagnol puis au français par les séparatistes. Ces minutes sont éloquentes quant à la prédisposition du Maroc, à l'époque, à trouver une solution politique à ce conflit. En témoigne, le fait que le terme « autonomie » n'était pas banni de la discussion. D'où tout l'intérêt aujourd'hui de rendre publique la retranscription fidèle de cette réunion tenue secrète et dans laquelle, même les partis politiques n'ont pas été impliqués.


Driss Basri : Vous allez rencontrer le PH et après SM. Inchaa Allah… Tout ira bien… Comment va Abdelaziz ? et Kader ?… et Zeyou… Mansour est toujours à Madrid ?
Rencontre avec le Prince Héritier à 19h30 dans sa résidence (D. Basri présent)
Le Prince Héritier : Bienvenue d'usage…
Bachir Mustafa Sayed : Au nom du peuple sahraoui, nous vous offrons l'amitié et la fraternité… Je me souviens de nos salutations à Marrakech, c'était un honneur pour nous. Je pense que c'est le début et la fin sera certainement heureuse. Bien sûr, nous devons faire ce que nous pouvons…
Le Prince Héritier : SM m'a informé aujourd'hui de la rencontre. SM m'a dit de vous demander quels sont les problèmes qui entravent votre retour à votre pays ? Bachir Mustafa Sayed : Ce qui entrave, c'est que, un jour, en 1975, notre situation a changé, non par la compréhension et l'entente, mais avec brutalité. Ce changement brutal sévit toujours, il a créé des sentiments forts chez nous comme chez vous… Un nationalisme très enraciné - je suppose- les sacrifices des deux côtés… ont ancré ces sentiments forts. Il y a aussi des réalités diplomatiques et militaires, les sacrifices de notre côté d'une part, et la présence de l'armée, l'effort du Maroc… Des deux côtés nous avons démontré le courage et maintenant, comment, avec ce courage et en prenant en compte ces réalités, on peut générer la dynamique de convergence, changer cette situation ? … Je crois qu'avec les valeurs, le courage et en ne perdant pas de vue ces sacrifices, on peut aller de l'avant… Je demande que vous adoptiez la même position. Si vous jugez que le temps est venu, on est disposés à aller dans cette voie. On est disposés à prendre en considération ces données. Il faut éviter de penser pouvoir effacer ces réalités créées depuis vingt ans. Le Maroc a une grande armée, sa population est beaucoup plus importante en comparaison avec nous, il a construit dans une partie du Sahara, il a investi… Le consensus, la mobilisation de son opinion, ce sont des acquis. Pour le peuple sahraoui, les acquis, c'est le sentiment national, chaque famille a consenti des sacrifices… Notre organisation politique -quelle que soit sa dimension- il y a aussi des acquis diplomatiques… C'est une réalité nationale, régionale et internationale.
Soyez confiant, Prince Héritier, de notre volonté de travailler avec vous… Nous offrons une indépendance dans l'interdépendance, construire le Maghreb à travers lequel les questions de souveraineté seront réglées… pour franchir des étapes ensemble. Si on trouve une garantie de vous et de votre père et si les réalités précitées sont prises en compte et non marginalisées, on peut céder dans tout le reste. Le Prince Héritier : Je n'ai pas de prérogatives pour prononcer le mot " indépendance " pour être franc. Les discours de S.M. diffusés dans différentes occasions rapportent que le Maroc est dans une phase de régionalisation. On ne sait pas ce qui arrivera dans cette régionalisation. Et ensuite je ne peux pas parler d'indépendance.
Bachir Mustafa Sayed : Nous respectons votre point de vue, qu'il grandisse pour garantir une base de discussion. Le Prince Héritier : Dans la discussion, la franchise et la confiance conduiront à des résultats.
Bachir Mustafa Sayed : Pas à pas avec le respect mutuel, la confiance et la prise en compte des difficultés de chacun… Prince Héritier : S.M. attend de ses fils et petits-fils Bilami Chaml, la patrie est clémente et miséricordieuse.
Vous évoquez des données qui sont devenues une réalité depuis 1975. Avec le même attachement, le Maroc a parachevé son intégrité territoriale… Il faut prendre en considération les données, rapprocher les points de vue Bilati hiya ahsen. SM. à Aaiun, en présidant une session du Parlement, s'est arrêté sur ce point : le Maroc envisage la décentralisation, donner à chacun le rôle qu'il doit jouer.Je vous donne copie de la Constitution. Il faut savoir qu'avec le Maroc vous ne perdez pas vos acquis…
Le Prince Héritier : Dans chaque village, les réalités culturelles spécifiques sont respectées.
Bachir Mustafa Sayed : Jusqu'en 1975, le Sahara était un territoire colonisé par l'Espagne, bien ou mal, ce qui est arrivé est arrivé… Mais avant vous parliez d'autonomie, maintenant de région... Je ne sais pas la sémantique mais autonomie est plus importante que la région…
La différence entre hier et aujourd'hui ,c'est la volonté de trouver une solution juste et durable. Si on veut panser les plaies, il n'y a pas de raison de les réouvrir. La demande de pardon doit être des deux côtés. Il y a une réalité nationale, peut-être qui ne plaît pas à certains des deux côtés… Vous êtes nos voisins et tout nous prédestine pour avoir des rapports solides. Il y a aussi la sécurité dans la région. Et également si on ne prend pas en compte la réalité internationale, on ne peut pas rechercher une solution durable et juste. Je respecte votre point de vue et si le dialogue avance, on connaîtra vos propositions.
Le Prince Héritier : On doit créer ce climat, travailler dans ce sens, une solution honorable pour nous et vous.
Bachir Mustafa Sayed : Cet accueil a laissé son empreinte positive sur le climat…
Driss Bassri … rapprocher les points de vue…
Le Prince Héritier : Travailler au début dans un cadre global et par la suite donner naissance à d'autres choses… Y a-t-il un point spécifique que vous vouliez discuter ?
Bachir Mustafa Sayed : Vers un ordre du jour chaque fois plus précis, mais dialoguer…
Le Prince Héritier : Construire des choses acceptables pour vous et nous, et bénéfiques pour le Maghreb et le Nord de l'Afrique mais avant pour nous deux. Donc nous sommes d'accord pour être d'accord. Vingt-mille Oulad-Dlim et Tekna ont fait un brassage avec nous et vous, et c'est le colonialisme qui a divisé…
Bachir Mustafa Sayed : On ne méconnaît pas l'histoire : la culture commune… Mais on ne peut négliger la colonisation sinon des pays actuels disparaîtraient. Le Sahara indépendant avec des relations spécifiques, de bon voisinage et de confiance mutuelle et, si vous permettez, acceptez l'offre de solution durable et juste et on laisse pour d'autres occasions comment durable ? Comment juste ?
Le Prince Héritier : Et le référendum ?
Bachir Mustafa Sayed : La difficulté du référendum, c'est qui vote ? Ou ceux de 1975 ou de la période des Mourabitoune.
Le Prince Héritier : C'était la crainte des Nations Unies.
Bachir Mustafa Sayed : Mais si on avance, si on trouve la solution, on retourne aux Nations Unies, on ne peut pas les abandonner pour que la solution soit durable.
Driss Bassri : Ne pas écarter le Plan…
Brahim Ghali : Ne pas écarter le Plan et prendre en considération les deux choix
Le Prince Héritier : Ressentez-vous qu'en 1975 le Maroc vous a délaissés et vous vous êtes trouvés dans une certaine situation ?
Bachir Mustafa Sayed : En 1975, l'Espagne envisageait le référendum grâce aux pressions de pays voisins… Lorsque tout a été fin prêt, la Marche verte a été déclenchée et les Sahraouis se sont trouvés dans la guerre. Ils n'ont pas été consultés ni considérés. Le Maroc croyait que l'Algérie et la Libye allaient le prendre en tenailles, dans un climat de guerre froide prévalant à l'époque. Nous ressentons qu'on n'a pas été consultés. D'un côté l'armée marocaine était là et de l'autre nous avons proclamé la République et entamé la mobilisation de l'opinion internationale… Évidemment, le Maroc a construit…
Le Prince Héritier : Bien sûr, au profit des Sahraouis.
Bachir Mustafa Sayed : Déployons l'effort et jetons les ponts de relations…
Le Prince Héritier : Si Driss Basri a quelque chose ?
Driss Basri : Si vous évoquez les Mourabitoune, un million quatre cent mille auront le droit mais vous et les Algériens, vous avez forcé les critères et on est arrivés à un nombre très éloigné de celui-là. Le plus important, c'est qu'en 1975 vous n'étiez pas concernés par la brutalité. L'Algérie menait sa politique, l'Espagne menait la sienne. Le Maroc l'a toujours dénoncé. L'Espagne, unilatéralement, voulait organiser le référendum avec l'ONU, ignorant les intérêts du Maroc, chose que le Maroc a refusée. L'Algérie menait un grand effort pour attirer les Sahraouis.
Bachir Mustafa Sayed : Le partage des Sahraouis -accord tripartite- et l'Espagne qui a dit à Khatri Joumani d'aller au Maroc et Sayla d'aller en Mauritanie… Mais la vague de libération, l'ONU et le droit à l'autodétermination et surtout après le 17 juin (Zemla),… Ce n'est pas une initiative espagnole… La logique du monde est le droit à l'autodétermination. Les gens du Maroc ont déjà choisi leur destin mais les Sahraouis n'ont pas exercé leur droit à l'autodétermination. Vous avez accepté le recensement de 1974 qui est le dernier fait par la colonisation. Les pressions sur Perez De Cuellar ont créé les critères, on les a acceptés, mais évoquer les Mourabitoune, tous les Marocains participent au référendum mais aussi Algériens, Mauritaniens… … Chorfa n'est pas un critère… En réalité c'est une opération impossible. Mais c'est un compromis et c'est ça la force d'un compromis. On ne peut pas accepter un non originaire du Sahara de participer… L'ambiguïté, c'est de prendre une sous-fraction comme tribu…
Driss Basri : S'il y a ça, c'est une mauvaise interprétation des Nations Unies et de la MINURSO. On a choisi sous-fraction pour plus de précision… Ce n'est pas le Maroc qui a fait ça. Bachir Mustafa Sayed : Mais les Nations Unies travaillent sur les données avancées par le Maroc.
Driss Basri : Celui qui réunit les cinq critères a le droit au vote.
Bachir Mustafa Sayed : Si on est d'accord, tous les deux, on fait un appel aux Nations Unies et les choses avanceront.
Driss Barsi : … Ont droit au vote ceux qui répondent aux cinq critères… Vingt millions au moins… Vous, ce qui vous intéresse, c'est le recensement espagnol.
Bachir Mustafa Sayed : Vous dites que pour nous l'interprétation est restrictive et vous beaucoup plus permissive, d'accord. Si vous êtes d'accord pour les critères, on le dit aux Nations Unies et les choses avanceront.
Driss Barsi : Ceci est un point passager. Le Prince Héritier parle de régionalisation, vous autonomie…
Bachir Mustafa Sayed : Non, on parle indépendance mais donnez-nous vos propositions sur l'autonomie, la région est un recul. Est-ce que pour vous, région c'est autonomie ?
Driss Basri : Pour moi, région c'est autonomie. Bachir Mustafa Sayed : Je remercie le Prince Héritier pour cette question sur le Plan de Paix.
Le Prince Héritier : On parle de régionalisation mais on n'a pas encore fixé de critères, la région et l'autonomie sont des mots, on peut leur donner le contenu qu'on veut.
Bachir Mustafa Sayed : Bien sûr, on ne parle que d'indépendance, mais mon oreille se repose plus au mot autonomie que région.
Driss Basri : Le Maroc ne cherche pas seulement la terre mais les cœurs. Vous dites solution juste et durable, il faut être réaliste, SM ne trouve pas la solution satisfaisante pour tous... On se rapproche et on se met d'accord. Vous parlez des concepts région et autonomie, c'est les mêmes, mais il faut se mettre d'accord sur le contenu. C'est le contenu que recèle l'une et l'autre. Vous dites, il faut rechercher la solution juste et durable et si on n'est pas d'accord chacun a la liberté de sa décision. Notre rencontre est un acquis et chaque fois qu'on se trouve que c'est un acquis. On travaillera sur le cadre que définira SM. (Retour aux critères)… Vous et nous, chacun est maître de la position politique. Le Maroc est un pays souverain et SM incarne la continuité et la constance… Donc la voie est encourageante.
Bachir Mustafa Sayed : (Remerciements pour l'accueil)
Le Prince Héritier : Merci beaucoup, on se verra encore.
Driss Basri : Une rencontre soulageante !…
Rencontre avec le Prince Héritier, Jeudi 05.09.96, Même lieu

Salutations d'usage Le Prince Héritier : SM m'a dit de vous transmettre son salut, je lui ai fait un compte-rendu, de vous dire notre disposition pour le dialogue, un dialogue sincère. Il vous propose deux solutions ; 1/ Des spécialistes en Droit se penchent sur les concepts région et autonomie, ou 2/ Il vous donne un avion pour retourner afin de réfléchir. Bachir Mustafa Sayed : La deuxième est la meilleure. Je crois que nos entretiens ont construit la franchise, la confiance et l'amitié et c'est grâce à vous ils ont porté sur le conflit et nos divergences jusqu'à présent. Avant les concepts, nous vous exposons notre point de vue : notre volonté et bonne foi. Le passé est une blessure qu'il faut panser, il ne faut pas remuer les cendres de ce passé. De 1975 jusqu'à présent, le nationalisme est devenu une réalité grâce aux sacrifices consentis face à un voisin puissant. Ce nationalisme existe. Celui qui voit les choses du point de vue sécuritaire voyant à travers l'angle des tribus, des individus qui peuvent fléchir, faire reddition… peut bien se tromper, mais celui qui veut la réconciliation, doit oublier le passé. Nous les deux sommes courageux et dévoués. Comment transformer ces valeurs et jeter les ponts entre nous. Ce nationalisme existe et personne ne peut yaghfez alih. L'Organisation (politique), l'expression internationale, l'élément régional... ces facteurs réunis et s'ils sont pris en compte, signifient l'indépendance. Si on est là pour prendre votre point de vue, ce n'est pas nécessaire d'être consulté. Mais les trois réalités - nationale, régionale et internationale - ne mettent pas la poudre dans nos yeux pour ne pas considérer les acquis du voisin marocain… Nos acquis et les vôtres nous permettent de fonder la base d'une solution juste et durable. Parlons des germes de la solution : j'ai dit hier indépendance dans l'inter-dépendance. Nous sommes une importante délégation mais au retour on doit informer les autres frères membres de notre direction… Ce que Driss Basri appelle mythe, acceptez-le et le reste on peut donner. Si vous me dites d'abandonner nos acquis c'est me dire de me rendre et de lever les mains. Mais avec votre grande intelligence, votre sagesse et si nous partons de cette recette : le Plan des Nations Unies (indépendance ou intégration), si on les réunit, donne indépendance dans l'inter-dépendance. C'est l'offre la plus généreuse. Une nouvelle fois, je respecte votre point de vue mais on peut raccourcir la route. S'il n'y a pas de barrière, d'exclusion à l'indépendance, le reste, on peut le donner… relations spécifiques. Si c'est possible, je demande que le côté amitié, franchise et confiance, ne soit pas altéré.
Le Prince Héritier : On ne peut pas ignorer ce qu'on a dit hier. Je ne peux pas parler du mot indépendance. Je connais vos problèmes et, de votre côté, vous devez prendre en considération les réalités de notre pays. On a discuté hier de la région. Celui qui n'a pas quelque chose ne peut pas le donner. Je ne peux pas parler d'indépendance. Mais on doit continuer. La balle est dans votre camp. J'ai retenu que vous voulez consulter les autres. L'indépendance dans l'inter-dépendance créerait un blocage.
Bachir Mustafa Sayed : Ceci ne reflète pas notre position. J'ai posé ces questions pour avoir des repères dans la position marocaine. J'entendais toujours autonomie et même autonomie la plus large. Alliés et amis à vous nous disent ça. Hier j'essayais de jouer le rôle de sage-femme. Pour l'oreille, autonomie est mieux que région… Votre souveraineté n'a pas été reconnue au plan international et non plus par nous. C'est un territoire distinct, le traiter dans le cadre de région marocaine n'est pas réaliste. Au fait, au jour de l'accord entre nous, la pacification est au prix de la solution juste et durable, aussi bien pour nous que pour vous. Je souhaite que la rencontre de demain soit pour concrétiser la confiance. On consultera le président Mohamed Abdelaziz, président de la RASD. On est prêt pour le dialogue et consentir le maximum de sacrifices pour que ça dure… Ensuite, on veut un ordre du jour.
Le Prince Héritier : Ordre du jour dans quel cadre ?
Bachir Mustafa Sayed : Solution juste et durable.
Prince Héritier : Et le deuxième point ?
Bachir Mustafa Sayed : Disponsibilité pour comprendre les difficultés. Votre rencontre est un pas en avant, on doit jeter les ponts de dialogue et préserver ce niveau de contact…
Driss Basri : Le premier jour l'indépendance dans l'inter-dépendance a été exclue. Elle n'a aucune signification. Pour le Maroc, elle est exclue sans autre forme de procès. Pour le Maroc, reste l'intégration. Le Maroc n'a jamais dit autonomie. Si tu dis qu'en 1975, les réalités peuvent conduire à l'indépendance, c'est votre point de vue. Pour nous, pas question… Pour vous, l'indépendance et pour nous l'intégration et le parachèvement de notre intégrité territoriale. Vous avez dit une solution satisfaisante pour les deux. L'indépendance ne sera jamais acceptée quel que soit le prix… On prend en considération vos acquis mais il ne faut pas les agrandir… On connaît tout ce que vous avez. Le référendum, allons-y, blocage comme vous voulez. Le Maroc est dans son territoire. Tu dis indépendance dans l'inter-dépendance, c'est un mot qui mène vers l'indépendance et le Maroc est contre. Il reste l'intégration. Indépendance dans l'inter-dépendance est une formule politique inventée par Edgar Faure en 1954 pour résoudre un certain nombre de problèmes de décolonisation. Mais personne ne l'a jamais appliquée. Les solutions saugrenues, boiteuses, on n'en veut pas… Si on dit qu'on veut raccourcir, allons-y, ayons la pertinence pour rechercher la solution dans l'esprit de l'entité, la dignité et des droits du Maroc. Si vous parlez indépendance, plus de raisons de parler. Si vous parlez de la régionalisation et autonomie, on cherchera une solution satisfaisante pour vous et nous.
Bachir Mustafa Sayed : Merci beaucoup. Nous Sahraouis, on est généralement arrogants mais ce qu'a dit Driss Basri je ne peux pas le dire chez-moi en recevant des hôtes… En réalité, ce que nous avons fait ensemble est un capital qu'il ne faut pas gaspiller. Je suis actuellement partagé, ou on m'a pas laissé quoi dire ou me taire.
Driss Basri : Au début, nous avons dit que nous allons trouver des difficultés. Lorsque vous parlez d'indépendance, dans l'inter-dépendance vous ne nous aviez pas indisposés. Quand chacun campe sur ses positions, ce n'est pas une solution. La confusion n'est dans l'intérêt de personne. Hier, on parlait de concepts, pour vous, indépendance dans l'inter-dépendance, pour nous région, autonomie. Mahfoud Ali Baya : on cherche la base d'une solution durable, honorable et juste. Pourquoi dans les deux choix du plan de paix vous parlez d'une ? Pourquoi ? … Mais si vous dites nous rejetons l'autre option…
Brahim Ghali : Driss Basri n'a pas laissé d'opportunité pour prolonger l'entretien… C'est des entretiens à travers lesquels on veut construire la confiance. Il y a aussi des contradictions d'envisager qu'une seule option. Il n'est pas réaliste qu'une option soit écartée. On cherche des points de convergence pour parvenir à un résultat et terminer le conflit. Le cadre c'est une solution juste et durable, chacun a son interprétation. On doit chercher la voie pour nous rapprocher et ne pas fixer des limites. Le Prince Héritier : Mon espoir est deçu par rapport à hier. On est arrivé à ce qu'on appelle l'osmose. S.M. accepte la régionalisation et personne ne sait ce qu'il y a dedans. Il faut être curieux, à votre place, j'accepterais. C'est la première fois que nous nous rencontrons et c'est maintenant mon sentiment.
Bachir Mustafa Sayed : Quand on nous dit de ne pas parler d'indépendance, ça signifie acceptez ce que nous vous donnons sinon le problème durera trois ou quatre siècles. Notre position ne nie pas vos intérêts … Celui qui a des hautes valeurs, et en plus chez lui, doit avoir le sens de la mesure… Claquer la porte à quelqu'un qu'on a eu la civilité d'inviter… Mais quel que soit le peu qui a été réalisé, on peut préserver des relations humaines et restons frères.
Le Prince Héritier : On n'a pas claqué la porte. On avait évoqué en premier le nationalisme. Franchement D. Basri parle avec esprit nationaliste.
Bachir Mustafa Sayed : Il ne faut pas jeter ce que nous amenons et nous de même. Si vous pensez que trois siècles est chimatetoun pour nous, mais pour la région aussi et ça démontre l'incapacité de nous tous.
Driss Basri : Avec la permission du Prince Héritier, on doit aller sur la base de propositions que chacun -vous et nous- avancera.
M'hamed Khaddad : Pourquoi écarter l'autre option, l'indépendance ?
Driss Basri : Parlez avec franchise ne doit blesser aucun : un chat, un chat, une pierre, une pierre. Donnez-nous vos propositions et nous vous donnerons les nôtres. Ensuite, nous ne sortirons pas du plan de paix si on n'arrive pas à des solutions. Hier le Prince Héritier a dit qu'il n'a pas de prérogatives pour parler d'indépendance. Vous dites intégration on n'accepte pas. Pour être pratique comme le Prince Héritier, donnez-nous une vision et nous on fait la même chose, et on essaie de se rapprocher. J'ai dit à Genève que vous avez vos armes… et chacun a ses convictions. Pour aller de l'avant, amenez vos propositions et votre vision des choses.
Bachir Mustafa Sayed : Comme vous écartez notre proposition, on préfère que vous nous présentiez vos propositions et on verra.
Driss Basri : Sinon c'est un monologue…
Le Prince Héritier : C'est un monologue, on doit amener nos propositions au même moment, chacun a sa position, demain vous verrez SM, il ne faut pas s'énerver, et on voit avec lui les prochaines rencontres… Amenez vos propositions pour ne pas claquer la porte…
Bachir Mustafa Sayed : Nous apprécions… cette contribution pour que chaque fois prévale l'essentiel.
Driss Basri : Demain, ça sera avec S.M. et après amenez vos propositions et nous de même. La route est longue pour rapprocher les points de vue. Discussions sur les deux propositions présentées au même moment…
Bachir Mustafa Sayed : Je suis convaincu de la sincérité. Prince Héritier : Merci…
Driss Basri : Nous sommes attachés au plan de paix, toute interférence retarde la solution... Vous n'êtes pas mandatés par la région. La clarté permet d'aller mieux.
Bachir Mustafa Sayed : Avec votre permission, et sur cette nuit concordante…
Driss Basri : Bonne nuit, hammam, spectacle et ça ira bien… Rencontre avec Driss Basri : vendredi 06-09-96
Driss Basri : C'est une amana sur nous et vous, nous sommes d'accord pour agir avec respect mutuel… Il faut supporter les difficultés… SM a réaffirmé que le Maroc est votre pays. J'ai dit à Bachir Mustafa Sayed votre vision ne nous plaît pas, la nôtre ne vous plaît pas, cherchons une solution intermédiaire. Il faut se mettre d'accord sur les concepts, vous avez toute notre considération et tout notre respect. Vous avez défendu votre position avec honneur, vous n'avez pas mené une guerre dégradante. L'honneur pour vous c'est l'indépendance, pour nous c'est intégration… La voie est difficile, malheureusement c'est un honneur et une difficulté aussi. Vous avez supporté le poids de participer et de faire l'effort nécessaire. La voie est devant nous… Lehbib tu n'as pas parlé.
Lehbib Ayoub : C'est la première fois que j'assiste à ce genre de rencontres, le principe du dialogue est une bonne chose… Y a des difficultés, le monde aujourd'hui est un monde de dialogue, c'est notre responsabilité à tous, l'important de ces rencontres c'est pour tracer la voie et chacun a ses arguments.
Brahim Ghali : Nous ne sommes pas parvenus par le courage et la sagesse à la solution. Nous souhaitons que cette génération parvienne à une solution juste, durable et honorable et ne pas léguer le problème aux générations futures, le laisser trois siècles…
Driss Basri : S.M. souhaite que le Front Polisario entre dans l'histoire par la porte de l'union. Vous êtes les leaders du FP. C'est vous qui aviez créer le FP… On peut trouver la solution, rechercher les formules juridiques pour toute chose, pour la solution honorable, juste et durable.
Rencontre avec le Prince Héritier, vendredi 06-09-96 à 20h00
Le Prince Héritier : S.M. m'a chargé de vous dire que la rencontre ça sera pour une autre fois, dans deux semaines, un mois… Vous venez nous voir avec plusieurs points ou un ordre du jour. Il ne faut pas laisser beaucoup de temps passer tant que le sujet est chaud.
Bachir Mustafa Sayed : (mots de courtoisie à l'endroit de Prince Héritier), D. Basri a montré sa capacité à jouer son rôle, à jeter les ponts. Durant la première rencontre de Marrakech, SM nous a demandé d'observer un cessez-le-feu. On l'a fait malgré l'opposition intérieure et des amis parce que on jugeait cela prématuré… On peut mener dialogue tout en étant en guerre. Notre objectif c'est l'indépendance… Citant l'exemple de S.M. : on ne peut pas récolter avant terme, je crois que sept années sont suffisantes pour une récolte. La psychologie générale des Sahraouis : ils ne veulent jamais qu'on leur dise vous serrez toujours ainsi… Ils aiment la fatalité, les grandes enjambées ne sont pas possibles avec eux. Si vous déterminez la base ne cherchez pas à faire le plafond seul sinon ils n'entreront jamais. C'est aller à travers cette psychologie collective des Sahraouis… L'initiative est à vous : calendrier et ordre du jour et voyez le jour propice et informez-nous. Nous, nous allons informer notre direction… (mots de courtoisie pour le Prince Héritier)… Même si on est une importante délégation, on ne décide pas….
Le Prince Héritier : Le dialogue a commencé, faites un effort pour présenter des propositions ou un ordre du jour. Au cas où on n'est pas d'accord, le dialogue se poursuivra. C'est la volonté de S.M. On ne dépasse pas un mois.
Bachir Mustafa Sayed : Quand ?
Le Prince Héritier : Il y a la campagne, SM est occupé, vous avancez des propositions au niveau et nous aussi. Dans une semaine ou deux, ce sont des détails. La volonté est réciproque. Si on est en retard, dans un mois.
Bachir Mustafa Sayed : J'insiste sur la confiance mutuelle, de travailler pour rapprocher et non pour éloigner, soyez confiants. Nous apprécions votre effort…
Le Prince Héritier : Amenez un ordre du jour pour trouver une base de travail.
Bachir Mustafa Sayed grinning smileyans ce dialogue, il faut saisir les fils d'or, il y a aussi la réciprocité et terminer avec les résidus du manque de confiance… Mais réfléchissez à ces préoccupations.
Le Prince Héritier : Je n'ai pas de décisions dans ce sens mais je transmettrai. Venez nous voir pour régler tout ce qui est possible.
Driss Basri : La rencontre prochaine est ici. SM demande vos propositions. La prochaine fois c'est pour voir SM.
M'hamed Khaddad : Le lieu est important, on vient de loin. Le Prince Héritier : Disons que vous ne venez pas de loin mais vous faites un grand détour.
Bachir Mustafa Sayed : Chaque fois qu'on vous rencontre ça suscite de l'espoir… On transmettra… La délégation a sa Direction et particulièrement Mohamed Abdelaziz. Nous sommes pour le constructif, pour trouver le début du parcours et chercher ce qui rassemble et non ce qui divise. Ce n'est pas seulement de la courtoisie mais vous avez forcé (arracher) ces impressions.
Dans deux réunions Bachir Mustafa Sayed et Driss Basri, ce dernier a offert de venir aux campements (visite de travail), et d'inviter une délégation du Front Polisario à visiter Aaiun et de contribuer à l'aide humanitaire aux réfugiés. Bachir Mustafa Sayed a accepté la visite surtout si le Prince Héritier fait partie et qu'en ce qui concerne l'aide humanitaire qu'il vaut mieux commencer par l'arrêt des pressions marocaines exercées dans les forums internationaux concernés tendant à réduire l'aide internationale aux Sahraouis.

Chronologie Rencontres secrètes
Les responsables marocains et la direction du Polisario ont toujours été en contact, et ce, avant même que le conflit ne se déclenche. Selon Driss Basri, " les contacts ont commencé dès 1972 et se sont poursuivis jusqu'en 1974, à la veille de la marche verte ". Outre l'homme fort du régime de Hassan II (omniprésent dans la quasi totalité des réunions), le conseiller Ahmed Réda Guédira était également autour de la table des négociations avec les séparatistes. Au milieu des années 90, même le Premier ministre Abdellatif Filali assistait à certaines de ces rencontres. En revanche, le roi défunt et Mohammed VI (quand il était Prince héritier) n'ont rencontré les délégations de la direction du Polisario qu'une seule et unique fois. Parmi les plus importantes rencontres entre les autorités marocaines et le Polisario, on citera : 1977 à Bamako 1982 en Algérie 1983 au Portugal en présence d'Ibrahim Hakim, ministre des affaires étrangères du Polisario à l'époque. 1989 à Marrakech, le roi Hassan II a reçu une délégation présidée par Bachir Mustapha Sayed. Après le cessez-le-feu, d'autres rencontres se sont poursuivies, souvent sous l'égide de la Minurso, dont les plus connues sont celles de Genève en 1995, mais surtout celle de Rabat dans la résidence du palais de Témara en présence de Mohammed VI (prince héritier à l'époque). Des réunions secrètes se sont également tenues à Lisbonne et à Londres avant la célèbre rencontre de Houston en 1997.

[www.lejournal-hebdo.com]
l
22 mars 2006 18:52
Ceci montre l'amnésie de certains!
Les interlocuteurs d'hier, qu'on accueillait au palais, sont les terroristes d'aujourd'hui...
J'ai aussi relevé dans les différents échanges, entre le Polisario et Mohamed 6, que ce dernier s'adressait aux dirigeants de Polisario représentants légitimes du peuple sahraoui.
- Mohamed 6, leur disait, vous les sahraouis...
- Aucune allusion, ou quelconque reproche à l'Algérie, pourtant l'échange était assez long et l'histoire du conflit avait sa part dans la discussion.

Le tout c'était en 96, c'est à dire, 3 ans avant l'accession au pouvoir de M6
z
22 mars 2006 19:44
Très intéressant. Celà montre la capacité du Polisario à être flexible en traitant du sujet. Malheureusement, une fois revenu à Tindouf, Alger s'entrepose comme toujours... Cela montre aussi la capacité du roi à avoir une vision globale du problème en recherchant des négociations basés sur le respect mutuel en vue de préparer l'après intégration. J'ai toujours dit que le Maroc se comportait en grand seigneur par rapport à ce problème, je crois que malheureusement, la ligne rouge a été franchie avec l'obstination d'Alger.

Pour ton commentaire sur Alger, ils ne parlent pas d'Alger parce qu'une résolution du conflit n'incluera pas Alger. Le but d'Alger est de tout faire pour saboter un quelconque rapprochement Maroc-Polisario.

Cela aussi conforte l'idée que le Polisario à un certain moment donné était ouvert à des discussions menant sur une autonomie dont les détails seraient discutés entre le Maroc et le Polisario. Je me demande ce qui s'est passé entre temps! Suivez mon regard...

Driss Barsi : Ceci est un point passager. Le Prince Héritier parle de régionalisation, vous autonomie…

Bachir Mustafa Sayed : Non, on parle indépendance mais donnez-nous vos propositions sur l'autonomie, la région est un recul. Est-ce que pour vous, région c'est autonomie ?

Driss Basri : Pour moi, région c'est autonomie. Bachir

Mustafa Sayed : Je remercie le Prince Héritier pour cette question sur le Plan de Paix.

Le Prince Héritier : On parle de régionalisation mais on n'a pas encore fixé de critères, la région et l'autonomie sont des mots, on peut leur donner le contenu qu'on veut.

Bachir Mustafa Sayed : Bien sûr, on ne parle que d'indépendance, mais mon oreille se repose plus au mot autonomie que région.


Au fait, elle est où la suite?? Comment ces concordances de vue n'ont pas abouti?
m
22 mars 2006 20:54
Bonjour à tous

D’un côté il y a une position indépendantiste, de l’autre une proposition d’autonomie sous souveraineté marocaine.

Le polisario tente à mon avis d’obtenir une situation qui lui permettrait de faire sécession en exploitant toute les failles par une situation de faite accomplie type circonstances de la création de la « rasd » .

Le polisario et l’Armée algérienne doivent faire le deuil d’un état sahraouis au sud du Maroc.
Le Maroc est en position de force la liesse populaire au passage de M6 le démontre clairement, si le polisario ne saisit pas cette occasion il n’aura d’ici dix vingt ans comme seul revendication que de rentrer dignement au Maroc combien la marocanité sera encore plus irréversible et le rapport de force le reléguant au rang de groupuscule armée insignifiant et sans aucun pouvoir de nuire.

Amicalement.
 
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