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In Memoriam : J-.P. Sartre
N
20 avril 2010 12:02
Le Sartre d'hier pour un engagement d'aujourd'hui

Il y a trente ans, à cette heure-ci, plus de cinquante mille personnes accompagnaient Jean-Paul Sartre dans sa dernière promenade parisienne,entre l'hôpital Broussais et le cimetière Montparnasse. A 20 heures, le journal télévisé s'ouvrait même sur l'évènement: pas un seul commentaire durant vingt secondes, seulement les images de cette marche silencieuse, et avec elles, la force et le poids d'un moment historique. Rares sont les intellectuels à jouir de tels honneurs,généralement réservés aux hommes politiques ou à quelques grands artistes. C'était la première fois depuis 1885, depuis les funérailles de Victor Hugo, que la rue parisienne offrait, spontanément mais avec une digne discipline, un tel témoignage d'estime et d'amour mêlés à unde ses penseurs. Dans la foule, Raymond Aron, Michel Rocard, Michel Foucault, Emmanuel Levinas, Simone de Beauvoir,François Périer et tant d'autres encore...

Trente ans plus tard, la pensée de Sartre a fait couler beaucoup d'encre etsuscité beaucoup de débats. Le monde entier nous l'envie, mais en France, son héritage fut comme encombrant. En 2005, quand partout ailleurs on célébrait sa pensée comme une ressource-clé pour décrypter le monde actuel, en France seuls quelques rares revues ou journaux dont«Libération», dont il fut fondateur, lui firent hommage. C'est qu'on lui reproche beaucoup, à Sartre : d'avoir été lâche pendant l'Occupation,d'avoir essayé de trouver une résonance à ses névroses amoureuses et bourgeoises dans les drames du monde, de s'être obstiné à transgresser les mémoires douloureuses de la colonisation ou de la collaboration.

Il serait trop long de revenir, du moins ici, sur tous les aspects de sa pensée qui pourraient nous donner encore à penser. Retenons pour aujourd'hui une de ses déclarations que nous sommes susceptibles de pouvoir partager, et qui l'a conduit à devenir la figure de l'intellectuel engagé, celui, disait-il, qui se mêle de ce qui ne le regarde pas. Cet engagement, ce besoin ou même ce devoir de l'engagement, il le résume dans sa «Réponse à Albert Camus» en 195 : «notre liberté aujourd'hui n'est rien d'autre que le libre choix de lutter pour devenir libres (...). Il ne s'agit pas de savoir si l'histoire a un sens et si nous daignons y participer, mais, du moment que nous sommes dedans jusqu'aux cheveux, d'essayer de lui donner le sens qui nous paraît le meilleur, en ne refusant notre concours, si faible soit-il, à aucune des actions concrètes qui le requièrent».

Lui n'a pas ménagé ses actions: sur sa tombe, ce 19 avril 1980, les gerbes déposées par l'association qu'il avait créée pour les boat-people, «Un bateau pour le Vietnâm» ou par «L'Amicale des Algériens d'Europe» étaient là pour le rappeler. Et nous dire, encore aujourd'hui, que les raisons ne manquent toujours pas de s'engager.

[www.mediapart.fr]
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