Si vous arpentez un jour le passage du Prince Moulay Abdallah, en plein cœur de Casablanca, et qu’un café historique baptisé "La chope" attire votre curiosité, sachez qu’il ne s’agit pas d’un endroit comme les autres.
Lieu de rencontres d’illustres personnalités politiques, de célèbrissimes artistes comme Pinhass et de grands résistants tels feu Abderrahim Bouabid, cette “agora” était l’endroit idéal où ces figures emblématiques marocaines trouvaient toute leur inspiration.
“Nous regrettons énormément notre ancienne clientèle, celle des années soixante jusqu’à celle du début des années quatre-vingt. Des Ministres et des hommes de la scène politique du pays faisaient de ce café leur point de repère et étaient prêts à y passer toute la journée”, se rappelle Lhaj Ahmed, un sexagénaire employé depuis les années soixante.
Moufadal, un professeur d’anglais natif de la ville blanche se souvient que les vétérans avaient troqué le passage du Prince Moulay Abdallah contre les grands boulevards casablancais pour des raisons inconnues...
Décidément, les temps ont changé et la clientèle aussi. Pour Lhaj, le café a perdu son charme et son lustre de jadis.
“Le café n’est assurément plus le même. Ses anciens, ceux qui ont fait son histoire ont tous quitté le Maroc. La seule chose qui nous redonne le sourire, c’est que nos anciens clients ne manquent pas de revenir nous voir régulièrement, ne serait-ce que pour partager leurs souvenirs ...”, nous révèle-il non sans nostalgie.
Des anecdotes, Lhaj Ahmed n’en a plus beaucoup à raconter, mais il note que beaucoup de touristes français se rendent à “La chope” vu que le café à un éponyme à Paris.
Aujourd’hui la clientèle de l’ancienne institution casablancaise est composée d’une poignée d’adeptes, des nombreux passants et de quelques touristes exténués par les longues heures de balades dans ce passage hétéroclite ou après une visite exotique de l’ancienne médina.
Curieusement, “La Chope” qui a fait, il y a deux ans, l’objet d’une rénovation longuement souhaitée, qui a permis de conserver ses fondations d’origine et son architecture française. Vous pénétrez l’endroit au cœur d’une vaste salle ornée de bois marron.
Le lieu est aujourd'hui condamné à n'être plus qu’un vaste carrefour. Quant à ses salariés, ils n’interrompent pas leur travail acharné, et n’espèrent qu’une chose: un peu plus de visites de la part de la nouvelle intelligentsia marocaine...
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