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Les Marocains en 2015 (une étude secrète sur la démographie au Maroc)
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7 avril 2007 12:03
Comment seront les Marocains dans une dizaine d’années ? En 2006, l’Etat marocain a commandé, par l’intermédiaire du lobbyeur français Olivier Le Picard, une étude sur la démographie au Maroc à deux experts reconnus, le démographe Youssef Courbage et le politologue Emmanuel Todd.


Il n’ y a a priori rien d’anormal dans le fait que le ministère de l’Intérieur garde secrète une étude commissionnée par ses soins. Sauf qu’en l’occurrence, il ne s’agit pas d’un rapport portant sur la stratégie sécuritaire contre les groupes jihadistes ni sur des quelconques données dont la diffusion représenterait une menace pour la sécurité des biens et des hommes. L’étude en question est une analyse de l’évolution démographique du pays et de ses conséquences sociales, économiques et politiques. Pourquoi donc le ministère où officie l’éminence grise du roi, Fouad Ali El Himma, a-t-il jugé nécessaire de ne pas rendre publique une innocente étude sociologique alors que Meziane Belfkih et son escouade de chercheurs nous avaient abreuvés de rapports et de chiffres sur l’Etat du pays ?


A la lecture de l’étude en question, on comprend la discrétion du régime. Réalisée par deux démographes, Youssef Courbage et Emmanuel Todd, l’étude prend à contre-pied les préjugés, bien commode, du régime et de certaines élites sur la société marocaine. L’un des auteurs, Emmanuel Todd, est devenu mondialement célèbre pour avoir prévu la chute de l’Union soviétique en recourant justement à l’analyse démographique.

L’étude s’attelle à expliquer les raisons de ce que les auteurs appellent la transition démographique marocaine. Ils tentent ensuite d’en mesurer les conséquences sociales, culturelles et politiques. Ils commencent par définir le processus de modernisation sociale par la baisse de l’indice de fécondité et du taux d’analphabétisme. La première conséquence qu’ils tirent est que la modernisation sociale au Maroc est beaucoup plus avancée que ne le laissent penser les indicateurs économiques. L’indice de fécondité est passé de 5,5 à 2,5 enfants par femme entre 1982 et 2004. Cette évolution a des conséquences extrêmement importantes sur le système de valeurs des Marocains. « Il faut bien voir qu’un passage de la fécondité au dessous de 3 enfants par femme et a fortiori bien en deçà comme au Maroc aujourd’hui, implique en lui-même une rupture de l’idéologie patrilinéaire et des pratiques patrilocales qui structuraient la vie familiale marocaine », écrivent les auteurs. En d’autres termes, en acceptant d’avoir moins d’enfants, les Marocains diminuent les chances d’avoir un garçon. « L’égalisation des statuts masculin et féminin est en marche de par la volonté et l’action même de la population », ajoutent-ils.

Dans cette étude, les auteurs expliquent cette chute spectaculaire de l’indice de fécondité au Maroc par la concomitance de deux phénomènes, la crise économique du milieu des années 70 et la hausse du taux d’alphabétisation des hommes. Le premier phénomène a obligé les ménages à chercher de nouvelles sources de revenus avec, comme conséquence, un accès plus ouvert des femmes au monde du travail. Le deuxième phénomène a permis aux hommes de mieux accepter l’émancipation économique de la femme avec ses corollaires sociaux. Les auteurs soulignent aussi fortement les particularités du Maroc par rapport au reste du monde arabe. Et c’est justement la conjonction de cette évolution sociale conjuguée à ces particularités qui renferment le massage quasi-subversif de l’étude.

Prêts pour la démocratie

Ces particularités montrent que le Maroc est aujourd’hui beaucoup mieux qualifié pour une ouverture politique que ne veut le croire la monarchie et les élites attachées au statu quo. Les auteurs pointent un indicateur souvent oublié dans l’analyse de la société marocaine : Le taux d’endogamie (Mariage généralement entre cousins ou dans le cercle restreint de la famille) est remarquablement bas au Maroc (25%) comparé au monde arabe. Dans les zones rurales du centre ce taux descend même à 20%. C’est selon les auteurs la raison pour laquelle le Maroc ne peut, comme le rêvent certains, suivre la trajectoire d’évolution politique de la Tunisie dont le système « Militaro-féministe » serait lié à un taux d’endogamie de 36%. L’exogamie ou la propension des individus à se marier en dehors de la famille ou du clan est un signe d’individualisme et de recherche d’autonomie. « L’Etat ne gère pas une population attardée, inerte », martèle les auteurs. Les auteurs font aussi le lien entre le multi-linguisme et la baisse de l’indice de fertilité. Leurs recherches pointent une corrélation importante entre les deux variables.

Là où on parle plusieurs langues au Maroc, on a tendance à moins procréer. 70% des alphabétisés marocains parlent plus d’une langue. Détail qui a son importance, les auteurs ne « trouvent pas de liaisons entre la pratique d’une langue amazigh et la transition de la fécondité, de même qu’il n’existe pas de corrélation entre amazighe et patrilocalité (établissement des enfants devenus adultes auprès du père) ou amazigh et niveau d’endogamie ». Les auteurs en concluent qu’« il n y a pas un fond anthropologique ou ethnique différent chez les “arabes” et les “berbères” au Maroc. Une pierre dans le jardin des promoteurs des différences irréconciliables entre “arabes” et “amazighs”. Les auteurs expliquent la chute de l’indice de fertilité dans certaines zones rurales par l’immigration vers les pays occidentaux. Le lien des nouveaux immigrés avec leur famille dans le monde rural permettrait ainsi un transfert de valeurs familiales dites “modernes”.

L’étude affirme que la démographie des provinces sujettes à la migration internationale s’est transformée, toutes choses étant égales par ailleurs, plus vite que celles des autres provinces ». L’une des parties les plus intéressantes de l’étude concernent la comparaison entre le Maroc et les cas algériens, tunisiens et iraniens. Selon les auteurs, les paramètres de l’évolution marocaine ne correspondent à aucun des autres pays étudiés. En fait, il prédisent une évolution économique et sociale radieuse pour le Maroc dans les 25 années à venir du seul fait de cette évolution démographique qui s’est réalisée presque contre le régime. C’est en réaction à la défaillance du régime à mettre en place des politiques économiques efficaces et à générer une croissance stable que la société marocaine est allée chercher dans ses spécificités pour évoluer et s’adapter. Le raisonnement des auteurs de l’étude est direct.

Avec des taux d’alphabétisation prévus aux alentours de 4% pour les hommes et de 8% pour les femmes à l’horizon 2025-30, la population sera « plus performante sur le plan professionnel et plus désireuse de limiter sa fécondité ». Le système éducatif marocain s’améliorera grâce à l’arrêt de croissance des entrées. Les ressources se redéploieront pour améliorer la qualité de l’enseignement. La forte pression sur le marché de l’emploi devrait mécaniquement diminuer. “La” fenêtre démographique « d’opportunité qui s’ouvre pour le Maroc dans les 25 prochaines années résulte de la combinaison d’une croissance démographique forte par le passé mais modérée aujourd’hui », écrivent les auteurs. Et d’ajouter « Le Maroc se retrouve ainsi, à peine deux décennies après, dans la configuration des pays d’Asie ». La chute de la fécondité devrait « susciter un rapprochement des tailles des familles et favoriser la réduction des inégalités de répartition de revenu ». Les auteurs en concluent que la société deviendra plus homogène et plus unitaire. Les auteurs insistent toutefois sur le fait qu’il ne s’agit que d’une fenêtre d’opportunité qui se refermera SI la puissance publique fait « jouer le sens de l’initiative que la population a si bien mis en œuvre dans la transformation démographique ».

Des tensions jusqu’en 2013

L’avertissement au régime ne concerne pas seulement sa capacité à mettre en place les institutions capables d’optimiser cette évolution. Dans la partie relative aux risques que présente cette transition démographique, les auteurs prévoient une période de fortes tensions jusqu’en 2013. Les auteurs font implicitement référence aux frustrations sexuelles des jeunes célibataires entre 20 et 30 qui sont aujourd’hui 1,3 million à peupler les villes marocaines. Un réservoir d’énergie qui, couplé aux tensions maximales que connaît et continuera de connaître le marché du travail dans les 6 prochaines années, produit une situation potentiellement explosive. Mohammed VI n’a plus la latitude politique de ramener l’armée et de tirer impunément sur les émeutiers comme l’avait fait son père en 1981 et en 1994. Pour éponger cette énergie, le Maroc à besoin d’espaces de débat.

De crédibilisation du politique par une réelle responsabilisation du Parlement et donc des partis politiques. Face à cette évolution, comment réagit le régime ? Promeut-il la gouvernance qu’il faut pour faire face à ces challenges ? Le secret même dans lequel a été gardée cette étude en permet d’en douter. Si on peut, comme le pense Mohamed El Ayadi, critiquer la dimension déterministe de l’étude de Courbage et Todd, il est difficile de réfuter les constats qu’elle contient. Son Etat des lieux est assez argumenté pour l’accepter comme base valide de raisonnement.

La monarchie parle de démocratie mais agit exactement comme si le peuple marocain ne possèdait pas le droit et la maturité pour prendre en main son destin. Son refus d’ouvrir le débat sur une réforme constitutionnelle qui donnerait des prérogatives substantielles au Parlement en atteste. Sa volonté récente de vider les élections de leur sens par un découpage électoral anti-démocratique en est une autre preuve. Sans parler de la répression larvée de la presse indépendante. Enfin, l’hégémonisme économique de la monarchie montre plutôt son attachement à des pratiques de gouvernance d’un autre temps. Dans le fameux rapport du cinquantenaire supervisé par Meziane Belfkih, l’universitaire Rahma Bourquia cite dans la partie dédiée aux « valeurs » un sondage mené en 2001 relatif au mode de gouvernement préféré des Marocains.



A 82,7 % les Marocains pensent qu’avoir « un leader fort qui n’a pas à se soucier du Parlement et des élections » est un mauvais système de gouvernement. Ils étaient 96% à penser qu’« un système démocratique » était une bonne façon de gouverner leur pays : Le Maroc. Attardés, les Marocains ?


Le Journal Hebdo - Ali Amar & Catherine Graciet



Modifié 2 fois. Dernière modification le 07/04/07 12:09 par armel.
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7 avril 2007 16:52
Il est préférable de lire la version originale :


Révolution culturelle au Maroc : le sens d'une transition démographique
par Youssef Courbage et Emmanuel Todd, Institut National d'Etudes Démographiques, Paris.
Le Maroc est à la veille de récolter les bénéfices de la transition. Cette transition de la fécondité et l'entrée dans la modernité comportent néanmoins quelques « déstabilisations ».

Les théories du développement dominantes ne parviennent pas à mettre au centre du processus de modernisation l'action spontanée, autonome des populations concernées. C'est pourtant ce qu'il faut faire si l'on veut comprendre l'ampleur des évolutions mentales qui transforment le monde : la hausse des taux d'alphabétisation et la chute des indices de fécondité, qui sont désormais des phénomènes universels.
Les spécialistes du développement, post-marxistes ou libéraux, ont du mal à considérer l'acquisition de la lecture et de l'écriture, puis la baisse de la fécondité, comme résultant d'une volonté propre des familles et des individus qui composent les populations. Ils ont encore plus de mal à admettre que le désir de progrès est, dans une large mesure, indépendant de l'action consciente des élites. Pourtant, on observe bien souvent une diffusion de l'alphabétisation qui se moque de la structuration politique des nations. L'un des plus beaux exemples est de ce point de vue la France, où les cartes du dix-neuvième siècle révèlent une alphabétisation en provenance de l'est du pays. La capitale, Paris n'a pas été le point d'origine du processus (1). Même chose pour la fécondité qui commence à baisser en France vers 1760, à l'insu des autorités et à la grande horreur de l'Eglise catholique. Les deux grands éléments de la modernité mentale –alphabétisation, contrôle des naissances- ont échappé en France au contrôle politique. Il s'agit là d'une loi sans doute universelle.
Ni l'alphabétisation ni le contrôle des naissances ne découlent simplement de l'évolution économique. En Europe, l'Allemagne fut le leader incontesté pour ce qui concerne l'alphabétisation, la France pour le contrôle des naissances. Mais c'est l'Angleterre qui réalisa la première des révolutions industrielles.
Une autre faiblesse des modèles généraux qui appréhendent le phénomène du développement est de ne percevoir que son aspect positif. La hausse du taux d'alphabétisation est certes une condition nécessaire de la baisse de la fécondité et du décollage économique. Mais la révolution mentale qui l'accompagne est déstabilisatrice dans l'ordre culturel, social et politique. Une population qui apprend à lire et écrire, cela signifie des fils qui savent lire alors que leurs pères sont analphabètes, une rupture donc des relations d'autorité dans la famille. Une population qui adopte le contrôle des naissances, cela signifie une modification radicale de la vie sexuelle, un réaménagement substantiel du rapport entre hommes et femmes. Il est donc rare que cette phase ascendante de la vie des sociétés ne soit pas également l'occasion de bouleversements dans l'ordre social.
La crise de transition vers la modernité frappe surtout, en ce moment à l'échelle mondiale, le monde musulman ; elle est à l'origine de ce que l'on appelle communément l'islamisme. Mais il faut comprendre que cette crise n'a pas de rapport intrinsèque avec la nature de l'Islam en tant que système religieux. Il y a quelques décennies la face noire du progrès se manifestait dans un pays comme le Cambodge, où la non-violence du bouddhisme n'a pas empêché le quasi-génocide Khmer rouge, ou au Pérou, où le catholicisme n'a pas fait obstacle à la férocité du mouvement « sentier lumineux ». La marche de l'alphabétisation est universelle et l'instabilité transitoire des systèmes culturels qu'elle entraîne ne l'est pas moins. La seule distribution des indices de fécondité dans le monde arabe et musulman révèle que celui-ci constitue la partie du monde qui subit de plein fouet le choc de la modernisation. C'est pour cela qu'il est le lieu d'une majorité des phénomènes d'anxiété religieuse ou idéologique, et de violence.
Le concept de désorientation de transition, effet de l'alphabétisation et de la diffusion du contrôle des naissances, ne permet pas de saisir dans toutes leurs dimensions les crises idéologiques. Il serait absurde de prétendre que la révolution islamique iranienne, menée au nom de la valeur d'égalité qui est au cœur de l'islam, et le génocide rwandais, dominé par une problématique raciale et inégalitaire, relèvent d'une même catégorie idéologique. Si l'on veut comprendre la forme prise par la crise de transition, il faut aller au plus profond des systèmes culturels pour trouver, dans l'anthropologie des systèmes familiaux, les valeurs qui structurent l'idéologie et la religion.


La famille arabe et la transition

La modernisation déstabilise des populations traditionnelles dont la structuration par les valeurs familiales suivait des modèles très divers.
Le système français était déjà, dans son état préurbain et préindustriel, d'allure moderne, prônant la liberté d'établissement des enfants et une relative égalité des garçons et des filles devant l'héritage. La transition vers la modernité ne supposait, par conséquent, qu'un ajustement minimal. Le système russe était beaucoup plus fortement négateur de l'individu, qu'il insérait dans une famille complexe, tenu par des relations d'autorité puissantes. Cet individu intégré ne considérait d'ailleurs pas sa situation comme merveilleuse : les descriptions de la paysannerie russe évoquent une rage sourde contre le père et contre l'oppression familiale. Aussi la modernisation a-t-elle entraîné une désintégration de la famille communautaire, dont l'autoritarisme et le principe de prédominance masculine s'accommodent mal de l'émancipation des jeunes par l'alphabétisation. La diffusion du contrôle des naissances achève la mise à bas du principe de prédominance masculine. Ce basculement permet d'expliquer la forme et la violence de la révolution russe, dans la phase de prise du pouvoir comme dans celle de la collectivisation stalinienne.
Le système arabe et iranien est encore plus englobant, on serait tenté de dire sécurisant, que le système russe, parce que, s'il est pleinement réalisé, il ajoute au maintien des fils dans leur famille d'origine celui des filles. En prônant l'union entre les enfants de deux frères, ou éventuellement d'un frère et d'une soeur ou de deux sœurs, le mariage endogame permet le repli du groupe familial sur lui-même. Il est clair que le système familial arabe et iranien, si décrié en Europe ou aux Etats-Unis pour cause de statut de la femme, est cependant vécu comme moins pénible que le système russe -et peut-être même pas pénible du tout- par les populations concernées. Le repli endogame supprime la violence explicite d'un système de type russe (ou chinois), qui traite les femmes comme des objets, échangées entre les familles comme des paquets. Il est protecteur pour les femmes, en un sens très concret, puisque le monde musulman ignore, à la différence de bien des systèmes communautaires exogames, l'infanticide des bébés de sexe féminin, répandu en Chine ou en Inde. Les monographies sur la famille arabe ne mettent pas en évidence cette rage contre leur propre système familial qui caractérisait les paysans russes. Il est vrai que le rôle du père, en principe capital dans le système arabe, est en pratique très diminué par la règle de mariage qui confie à la coutume le choix du conjoint et qui prive donc en pratique le père du droit de décider qui son fils ou sa fille va épouser. Le système communautaire endogame est dans une certaine mesure autorégulé. Il apparaît bien souvent que la relation fondamentale n'y est pas celle qui soumet le fils à l'autorité du père mais celle qui associe solidairement les frères.

Avec le monde arabe et iranien, nous sommes donc confrontés à un autre modèle de transition vers la modernité, qui n'est pas l'occasion d'un rejet, d'une rupture brutale avec le passé, même si pour le rapport homme/femme, le choc de l'alphabétisation et du contrôle des naissances est probablement encore supérieur à ce qu'il a été en Russie. L'islamisme est, dans une phase d'alphabétisation et de diffusion du contrôle des naissances, l'expression d'une ultime nostalgie de populations, ou de segments de population, qui vivent un arrachement aux valeurs communautaires et fortement patriarcales du passé. Mais parce que la famille arabe et iranienne est perçue au départ comme une structure protectrice et chaleureuse, dans laquelle le pouvoir du père n'a pas la dimension répressive ou sadique qui était celle du père russe, la famille et la tradition ne sont pas dénoncées ou rejetées. Tout comme n'est pas dénoncée ou rejetée l'image de Dieu, soutenue par celle du père.

Ce qui se produit est au contraire une réactivation nostalgique. L'islamisme se contente de réaffirmer la dimension égalitaire des valeurs familiales (égalité des frères). Mais nous avons bien affaire à un phénomène de transition vers la modernité : l'islamisme n'est qu'une étape, au-delà de laquelle il est possible d'entrevoir un monde dans lequel la rupture du système anthropologique traditionnel est acceptée, dans lequel l'autonomisation des fils et des filles, des hommes et des femmes est un résultat acquis.
C'est cette problématique de la modernisation, que nous appliquons dans cet article au Maroc, pays où se produit actuellement une révolution des mentalités d'une ampleur très supérieure à ce que suggère l'évolution modeste des paramètres économiques. L'indice de fécondité est passé entre 1982 et 2004 de 5,5 à 2,5 enfants par femmes. La même évolution avait eu lieu en France entre 1760 et 1910, en Russie entre 1928 et 1958. La population marocaine vient de faire en 22 ans, ce que la France avait mis 160 ans à réaliser, selon un rythme proche de celui de la Russie à laquelle il avait fallu 30 ans. Nous examinerons en détail la signification de cette évolution, non seulement en termes de causalité mais aussi en termes d'effets, positifs et négatifs.


Le modèle familial marocain

Les études anthropologiques sur le Maroc évoquent deux aspects contradictoires: un système familial arabe assez classique -communautaire, patrilocal et endogame- et la persistance de traditions berbères beaucoup plus favorables aux femmes. Les recensements et enquêtes de la période récente permettent de faire le point sur cette question, de situer le Maroc par rapport aux autres pays arabes, et de mesurer le degré d'homogénéité du pays sur le plan familial et anthropologique. La Syrie, pays arabe « central », est utilisée comme point de comparaison.

Patrilocalité

Le taux de patrilocalité permet de mesurer en partie l'intensité du principe de prédominance masculine. La supériorité de statut de l'homme se manifeste, dans le système de parenté, par une tendance pour le jeune couple à s'installer du côté de la famille du mari, éventuellement à co-résider avec les parents du mari dans le cadre d'un ménage complexe.
Le taux de matrilocalité rurale (établissement des jeunes couples ruraux à côté de la famille de la femme) était au Maroc en 1982 de 1,5% et en Syrie en 1981 de 1,6%. Aucune différence significative n'apparaît. Mais les taux de matrilocalité urbaine sont différents : celui de la Syrie n'était que de 5,2%, celui du Maroc de 12,3%.
Ces simples chiffres permettent de définir la patrilocalité du Maroc comme pleinement réalisée mais relativement fragile. Les variations provinciales de la matrilocalité donnent des résultats surprenants, en tout cas pour le lecteur de monographies anthropologiques qui s'attend à voir apparaître quelques zones de matrilocalité importante, spécialement en zone berbère. Le taux de matrilocalité ne dépasse 4% que dans six provinces dont la distribution n'a pas grand-chose à voir avec la pratique des parlers berbères, puisque pour l'essentiel elles représentent simplement l'environnement rural de villes comme Rabat, Fès, Meknès et Marrakech. C'est en fait un Maroc homogène que fait apparaître la matrilocalité, bien distinct en cela de la Syrie, où le taux global de 1,6% masque de fortes différences régionales. Dans les provinces à forte population alaouite : Lattaquié et Tartous le taux de matrilocalité rurale monte à 12,5 et 6,6%.

Endogamie

Les enquêtes réalisées dans la première moitié des années 90 situent bien le Maroc par rapport aux principaux pays arabes et à quelques pays musulmans comme le Pakistan, l'Iran et la Turquie. La partie centrale du monde arabe, constituée de l'Arabie Saoudite, de la Jordanie et de la Syrie, est caractérisée par des taux avoisinant 35% de mariages entre cousins germains. Au-delà de ce cœur, les taux baissent. L'endogamie marocaine, tout en étant substantielle, représente une variante atténuée du système arabe, la plus faible en réalité.
En 1997, dans la zone centrale du Maroc (2), le taux d'endogamie rural tombe en-dessous de 20%. En Iran, une cartographie du même type ferait apparaître dans la zone centrale des taux compris entre 25 et 30%. La comparaison avec la Syrie, et particulièrement avec sa zone centrale, se révèle à nouveau significative. Si l'on excluait du taux syrien les zones alaouites de faible endogamie, on atteindrait presque 40%. La comparaison de la zone centrale du Maroc avec la zone centrale de la Syrie rurale fait donc apparaître un rapport du simple au double.
Le système anthropologique marocain représente donc une variante faible du modèle arabe. La patrilocalité y est absolue mais fragile et l'endogamie plus faible qu'ailleurs. Les données suggèrent qu'au Maroc, le choc de la modernisation éducative et démographique a touché une société où l'arabisation du système familial était à peine en train de s'achever.


Originalité de la transition démographique marocaine

Pour prendre la mesure des transformations démographiques, culturelles et mentales du Maroc, il faut les situer dans un contexte comparatif adéquat. Le Maroc appartient à des ensembles plus vastes, structurés par des organisations internationales ou non : le Maghreb, l'Afrique, la Méditerranée, le monde arabe et le monde musulman.

Le Maroc : un précurseur dans le monde arabe

La baisse de la fécondité marocaine a pris une décennie d'avance sur celle de la plupart des pays arabes, et 20 ans sur les retardataires comme la Palestine ou le Yémen. Au moment où elle survint au milieu des années 70, elle a surpris les observateurs qui doutaient tous qu'elle puisse avoir lieu aussi vite et aussi tôt. La fécondité du Maroc ne différait en rien avant cette date de celle des pays arabes, exception faite de deux petits pays le Liban et la Tunisie. La préférence pour la famille nombreuse était tellement marquée que le pays s'est permis une légère hausse de 7,2 à 7,4 enfants entre 1962 et 1973, phénomène assez rare.
Ailleurs dans le monde arabe, deux précurseurs de la maîtrise de la croissance démographique, Habib Bourguiba et Jamal Abdel Nasser, ardents malthusiens, ont remporté plus de succès en Tunisie et en Egypte. Ces pays ont amorcé, avant le Maroc, une transition démographique réussie en Tunisie mais avortée en Egypte. En Tunisie, la baisse de la fécondité a été stimulée par une hausse de l'alphabétisation masculine, qui avait atteint 50% en 1969. Il convient néanmoins de relativiser la portée de l'alphabétisation sur la démographie. Malgré son retard séculaire sur la Tunisie en matière d'éducation -il y a aujourd'hui 2 fois plus d'analphabètes au Maroc (3)-, la fécondité marocaine n'est plus qu'à quelques décimales de la fécondité tunisienne. Le rôle de l'instruction comme vecteur de la transition démographique s‘est amorti avec le temps.
Les schémas démographiques du Maroc sont différents de ceux du Proche-Orient, avec une spécificité maghrébine très prononcée. En Egypte et en Syrie, depuis une quinzaine d'années, un sérieux coup de frein a figé la transition démographique et, serait-on tenté de dire, les autres formes de transition. De telle sorte que la fécondité y reste très élevée en termes mondiaux. Le Maroc est à 2,47 enfants par femme en 2004, la Syrie à 3,6 (45% de plus) et l'Egypte à 3,4 (37% de plus).

Une transition atypique, des discordances entre phénomènes

Le déclenchement précoce de la transition au Maroc contredit la théorie démographique. Celle-ci met en première position, dans la course au progrès démographique, les pays les plus avancés au plan économique, culturel et social. Or, dans le contexte arabe des années 70, le Maroc non seulement ne jouissait d'aucun atout particulier, largement distancé par les autres pays. D'où une série de discordances.
Première discordance : lorsque s'est déclenchée la chute de fécondité et par la suite, le niveau de vie était et reste faible. Aujourd'hui, le Maroc est l'un des pays arabes les moins bien lotis : le PIB per capita (en PPA) est modeste (3940 dollars en 2003). Pour tomber plus bas, il faut aller au Soudan, au Yémen, en Palestine et en Syrie, pays de faible niveau de vie et de forte fécondité.
Deuxième discordance : le pays était profondément rural et en principe moins prédisposé à la transition. Le poids de quelques villes-makhzen prestigieuses - Rabat, Fès, Meknès, Tanger- ou de la capitale économique - Casablanca -, ne doit pas faire illusion. Même ces villes étaient sous la coupe de la campagne. En remontant les générations, on trouvait un grand nombre de ruraux de souche chez les personnes âgées, qui participaient pleinement aux décisions de fécondité du couple. Aujourd'hui, la proportion officielle des urbains dépasse celle des ruraux, mais le poids de la campagne et de l'agriculture demeure. Toute l'économie reste tributaire des caprices de la pluviométrie et des fluctuations agricoles.
Troisième discordance : selon l'un des dogmes de la transition démographique, une baisse de la mortalité anticipe celle de la fécondité. Lorsque la mortalité baisse, la « productivité » des naissances augmente; il en faut moins pour conserver un enfant -un garçon- jusqu'à l'âge adulte. Or le Maroc n'a pas attendu l'accélération de la baisse de la mortalité des enfants pour que sa fécondité chute. Cet effet d'« assurance » n'a pas joué.
Quatrième discordance : un article du credo de la transition, plus récent, affirme que l'amélioration du statut de la femme est la condition sine qua non de la transition. Le cas du Maroc ne vérifie pas ce dogme. Le statut de la Marocaine a certes beaucoup évolué, avec des plus (comme la nouvelle Moudawana). Il est vrai que le foeticide féminin à l'aide des procédés de détection du sexe, bon indicateur du statut féminin, n'existe pas au Maroc contrairement à ce qu'on observe dans des pays d'Asie (et un peu en Tunisie). Mais après sa naissance, la fillette perd l'avantage biologique que lui confère la nature : la mortalité des fillettes marocaines est de 22% plus élevée que celle des garçons avant l'âge de 5 ans, alors qu'elle devrait être de 22% plus basse dans une société sans biais patrilinéaire et patrilocal.
Cinquième discordance : un autre lien établi par la théorie de la transition est celui qui associe mécaniquement la baisse de la fécondité aux progrès de la scolarisation et à la diminution de l'analphabétisme féminin. La scolarisation des enfants favorise la réduction de leur nombre en raison des coûts indirects (livres, vêtements, cantine…) et des coûts d'opportunité. Or, à la veille de la révolution démographique marocaine en 1975, la scolarisation était peu répandue (moins de 40% des enfants étaient scolarisés) et l'analphabétisme féminin dominant : 87% chez les femmes (1971). Depuis trois décennies, la fécondité baisse beaucoup sans que la sortie de l'analphabétisme féminin en apparaisse comme le moteur effectif. En 2004, 55% des Marocaines sont encore analphabètes. A l'encontre des dogmes les mieux enracinés, il apparaît que la transition de la fécondité marocaine a été plus guidée par l'alphabétisation des hommes : les hommes âgés de 20 ans atteignent un taux d'alphabétisation de 50% en 1972, ce qui contribue à expliquer la transition de la fécondité survenue 3 ans plus tard en 1975.
La déconnexion entre l'alphabétisation et la transition démographique permet d'envisager un avenir plus radieux pour les femmes. La transition de la fécondité, devenue inéluctable, se traduira concrètement par des naissances moins nombreuses ou stabilisées et, par conséquent, une pression beaucoup moins forte sur les entrées dans le système scolaire. Les filles en seront les premières bénéficiaires, avec une scolarisation universelle et, à terme, l'éradication de l'analphabétisme féminin. Depuis quelques années, l'accès à l'école remet en question le déséquilibre traditionnel entre les sexes. L'enseignement primaire assure une parité parfaite : en 2003/2004, 48,2% des nouveaux inscrits étaient des filles. L'enseignement secondaire (45,2% de filles en 2003-2004) et l'université (48,5%) comptent autant de filles que de garçons.

Moins de disparités entre régions : vers l'Etat-nation

Durant les années 60 et 70, dans une frange de la bourgeoise marocaine urbaine occidentalisée, musulmane ou juive, ainsi que chez les étrangers encore nombreux à l'époque, on se mariait tard et on pratiquait le contrôle des naissances. Ces groupes pesaient peu dans la balance; le mariage était précoce (17,3 ans chez les filles en 1960, 19,5 ans en 1971, aujourd'hui 26,3 ans) et la contraception rare : 9% (aujourd'hui 63%). La fécondité était partout élevée, sauf à Tanger (5,75 enfants), alors moins provinciale que Rabat (7,17) ou Casablanca (7,08), et qui n'avait pas eu le temps d'oublier son rayonnement de ville internationale.
Au milieu des années 70, la révolution démographique s'est rapidement diffusée du centre vers la périphérie. Partis de la côte atlantique, les nouveaux comportements familiaux ont conquis une partie appréciable du Maroc dit « utile ». Le Nord-Est et le Sous se sont également mis au diapason. En 1982, les deux capitales initient de nouveaux comportements démographiques, se plaçant nettement en deçà du reste du pays : 3,4 enfants par femme à Rabat et 4,0 à Casablanca, où le prolétariat rural récemment immigré a conservé quelques habitudes de son ancien mode de reproduction. La capitale politique, en revanche, lieu d'élection des classes moyennes et supérieures, fermée à la classe ouvrière, était plus moderne. A l'échelle du territoire, les différences démographiques étaient gigantesques : 8,3 enfants - plus que le Mali ou le Niger - à Chefchaouen et à Zagora, 5 enfants de plus qu'à Rabat.
Les comportements ont changé durant la décennie suivante. La fécondité du pays a considérablement baissé mais, en contrepartie, les contrastes démographiques se sont accentués et ont atteint un pic en 1994. Sans s'être totalement résorbée, la différence démographique est aujourd'hui très émoussée. On trouve toujours l'écart entre Chefchaouen avec 3,93 enfants et Rabat, où la fécondité est tombée à 1,63, un niveau aussi bas qu'à Paris, Milan ou Madrid. Mais ces écarts sont désormais mineurs. Les 14 provinces où la fécondité dépasse encore 3 enfants, ne regroupent que 13% de la population du Maroc. Un Marocain sur 8 seulement vit encore dans un contexte de famille nombreuse. Les provinces ouvertes à la migration internationale : Oujda, Nador, Al Hoceima et Agadir… se retrouvent parmi celles où la fécondité est la plus basse, voire inférieure au seuil de remplacement : 2,1 enfants par femme.
En 2004, la réduction des inégalités régionales est frappante et révèle une substantielle unité culturelle du pays, évidemment favorable à la stabilisation et à l'affirmation de l'Etat-Nation. Nouveau paradoxe : certains régimes arabes se sont voulus socialistes et jacobins, mais leurs efforts centralisateurs n'ont paradoxalement abouti qu'à un morcellement renforcé entre les régions, comme la Syrie: la fécondité des régions favorisées par le régime : Damas, la zone côtière alaouite, le Djebel Druze y était deux à trois fois inférieure à celle des régions délaissées ou frappées d'exclusion : Alep et son hinterland, par exemple.

Le déclenchement : crise économique, révolution mentale

En 1975, le Maroc s'est trouvé à la croisée des chemins, avec un double virage économique et politique. Le prix du phosphate, sa principale ressource d'exportation, a chuté, tandis que les dépenses de l'Etat se sont envolées après la Marche Verte de novembre 1975 et la récupération du Sahara espagnol. En 1983, le programme d'ajustement structurel a inauguré une longue phase d'austérité financière. Celle-ci a accéléré l'érosion de la préférence pour la famille nombreuse. La fécondité est tombée de 7,4 enfants avant la crise de 1975 à 4,4 en 1987.
La crise économique de 1975 a été douloureuse (4). Mais elle a participé à la modernisation des mentalités. Plutôt que de tendre la main à l'Etat pour satisfaire ses besoins, le citoyen a découvert qu'il ne pouvait plus compter que sur son initiative, sur ses ressources propres, et non sur celles d'un Etat patrimonial redistributeur. Les années de crise furent celles de l'irruption des femmes dans la vie active. La diminution de l'emploi public, la baisse du pouvoir d'achat, ont imposé la nécessité d'une 2ème source de revenus dans la famille. La féminisation de la main-d'œuvre est allée crescendo : en 1960, 10% des femmes de 20-34 ans avaient un emploi, 35% en 1995. Cette féminisation a accéléré la baisse de la fécondité.

Migration internationale et changement culturel

Que la transition démographique ait conquis les villes est somme toute un phénomène normal. Moins gagné d'avance était son déclenchement en milieu rural (deux habitants sur trois en 1975). Or la transition a non seulement gagné les campagnes, mais elle y a maintenu un rythme élevé de telle sorte que la fécondité rurale n'était plus que de 3,06 enfants par femme en 2004, malgré le taux de 75% d'analphabétisme féminin. Si le monde rural s'est mis à l'unisson des villes c'est qu'il en a subi la contagion et la diffusion de modèles familiaux plus modernes. Mais l'influence venue de dehors ne fut pas uniquement celle des villes. Les émigrés marocains, ces passeurs de cultures, ont accéléré la mutation des comportements.
Un Marocain sur 11 vit à l'étranger, une proportion qui a doublé en 10 ans. Le Maroc comptait 3,1 millions d'expatriés en 2004, dont 85% en Europe occidentale et 9% seulement dans les pays arabes. Le rôle visible ou caché de la diaspora sur les transformations du Maroc, démographiques en particulier, a augmenté en proportion de cette diaspora. Les remises d'épargne donnent la mesure du phénomène : elles sont passées de 1,5% du PNB en 1970 à 7,3% en 1993 et 8,3% en 2004, 4,1 milliards de dollars, un montant considérable. Or, la démographie des provinces sujettes à la migration internationale s'est transformée, ceteris paribus, plus vite que les autres.

L'ouverture par les langues

Une particularité du Maroc intimement liée à la précédente réside dans la pluralité de ses langues. Elle est inséparable de sa géographie et de son histoire. Après l'indépendance, le nombre des locuteurs en langues étrangères (français et espagnol) a été multiplié par 10.
Aujourd'hui, les Marocains bilingues arabe et français (ou espagnol), sont de très loin les plus nombreux : 9,4 millions d'individus, 70% des alphabétisés, contre 4,1 millions de monolingues en arabe. Ce multilinguisme - arabe dialectal, arabe littéraire, différentes variantes de l'amazigh, français, espagnol - a des effets divers sur la personnalité marocaine. Il est une ressource économique précieuse, un atout dans la communication avec le monde extérieur. La comparaison de la fécondité des provinces dénote une forte corrélation entre utilisation de langues étrangères et basse fécondité.
Le Maroc compte 8,4 millions de Berbérophones, soit 28,3% de la population en 2004. Mais contrairement à une idée communément admise, on ne trouve pas de liaison entre pratique de l'amazigh et fécondité. Il n'y a pas un fond anthropologique ou ethnique différent chez les « Arabes » et les « Berbères » au Maroc, mais un mouvement d'arabisation et de francisation linguistique, cheminant en parallèle au fil de l'urbanisation et de la scolarisation.
L'accès aux médias en langues étrangères est de plus en plus ouvert aux analphabètes et aux ruraux : 6 ménages ruraux sur 10 ont la télévision et 1 sur 7 la parabole, ce qui favorise la «mondialisation des esprits » et la diffusion des modes, y compris les modes démographiques conçues ailleurs – en l'occurrence la famille idéale de deux enfants -.

Le rôle décisif des hommes dans la transition démographique

Occulté dans le champ des études démographiques depuis la révolution féministe des années 70, le rôle des hommes dans la transition mérite d'être réhabilité. Dans le cas du Maroc, c'est une nécessité si l'on veut comprendre ce qui s'est passé. Il faut noter que cette mode idéologique a largement conquis le Maroc qui compte nombre d'ONG féministes et où les organisations internationales bien implantées, ont relayé, avec une belle constance, le credo féministe. L'un des dogmes de ce discours est que l'élévation du statut de la femme et l'égalisation des « genres » sont indispensables pour que la transition démographique ait lieu.
Il faut noter cependant qu'au Maroc, ce sont souvent les hommes qui ont été les pionniers à des phases cruciales de la transition démographique. Leur sortie plus rapide que celle des femmes de l'analphabétisme a imprimé sa marque décisive à la baisse de la fécondité lors du tournant des années 70. Aujourd'hui, trente ans plus tard, les contours de l'analphabétisme montrent une relation un peu plus forte entre alphabétisation masculine et basse fécondité qu'entre alphabétisation féminine et basse fécondité. Ce sont aussi les hommes qui ont pris le chemin de l'émigration vers l'Europe à la fin des années 50 avant que les femmes ne les rejoignent en diaspora à partir du regroupement familial des années 70. Ce sont les hommes qui, voyant leurs ressources économiques fondre, à partir de 1975, ont encouragé leur femme et leurs filles à travailler en usine ou dans des bureaux et à recourir aux moyens contraceptifs.
L'opposition des sexes est une idée toute faite qui trouve ses limites. Les enquêtes récentes montrent plus d'autonomie féminine et de concertation homme-femme dans les décisions cruciales de l'existence que ne le suggèrent les idées reçues. Les Marocaines qui peuvent décider de l'utilisation de leurs revenus dans le ménage sont 76%, le mari n'accaparant la décision que dans 9% des cas.


Implications économiques et politiques

Trois décennies de transition démographique du Maroc montrent que l'initiative du changement est partie de la société civile et non des injonctions gouvernementales. Une accumulation de facteurs économiques, culturels, sociaux, psychologiques, moraux a conduit le peuple marocain à percevoir les avantages de la famille restreinte et son comportement a basculé. Le gouvernement, à travers son programme de planning familial, n'a fait que suivre le désir de la population de limiter sa descendance.
Dans les deux à trois prochaines décennies, l'analphabétisme va s'effondrer et si son éradication complète prendra encore deux à trois décennies, le Maroc pourra cependant compter sur une population adulte instruite. Les analphabètes ne seront pas plus de 4% chez les hommes et 8% chez les femmes en 2030. La population, dans son ensemble, sera plus performante au plan professionnel et plus désireuse de limiter sa fécondité.

Avantages économiques à moyen terme de la chute de fécondité

La stabilité du nombre de naissances entre 2005 et 2030, aura pour contrepartie, avec 6 ans de décalage, l'arrêt de la croissance des entrées en première année de l'enseignement primaire, et avec 11 ans de décalage, en première année du secondaire. Le système éducatif marocain - très coûteux, 23% budget de l'Etat et 5,4% du PIB - pourra être amélioré en termes de qualité. Plus généralement, l'Etat utilisera plus efficacement ses ressources pour accompagner la croissance de la production en ayant moins le souci de colmater au coup par coup les déficits dans les secteurs sociaux par l'augmentation rapide de la population.
La forte pression sur le marché de l'emploi va diminuer: les entrées de jeunes sur le marché du travail vont progressivement se ralentir. Les départs en retraite s'accélérer, de sorte que des jeunes mieux formés vont remplacer des personnes âgées, moins compétentes. Ces transformations agiront sur la propension à émigrer à l'étranger; l'absence de travail ou l'insatisfaction liée au travail, en étant la principale raison. Il est même possible que l'immigration de travailleurs étrangers au Maroc puisse lui succéder ou cheminer en parallèle, comme dans la rive nord de la Méditerranée, en Espagne et Italie, désormais importateurs de main-d'œuvre.
La convergence des niveaux de fécondité suscite un rapprochement des tailles des familles et favorise la réduction des inégalités de répartition du revenu. De façon plus générale, la convergence générale des indicateurs de fécondité -régionaux, urbains et ruraux, arabophones ou berbérophones, par classe sociale - évoque l'émergence d'une société plus homogène et plus unitaire. Cette convergence est un acquis structurant précieux, qui renforce en profondeur le sentiment d'appartenance à une nation.
La scolarisation de masse transforme les relations verticales, entre aînés et jeunes, et horizontales, entre hommes et femmes. On doit imaginer, au-delà de la phase transitoire de déstabilisation et de désorientation des comportements, l'émergence d'une société plus égalitaire et plus ouverte. Les nouveaux modes d'union permettront de brasser les populations en rapprochant des conjoints venus d'horizons divers. Ces changements favoriseront l'avènement d'une classe moyenne plus consistante et d'une société plus égalitaire. En fait, la mutation démographique annonce, à moyen terme, l'avènement d'une société plus mûre pour la démocratie.
Il faut voir aussi qu'un passage de la fécondité au-dessous de 3 enfants par femme et a fortiori bien en deçà comme au Maroc, implique une rupture de l'idéologie patrilinéaire et des pratiques patrilocales qui structuraient la vie familiale. Lorsque l'on a 6 enfants, la probabilité d'avoir un garçon, condition nécessaire d'une succession en ligne masculine, est de 99%. Si l'on en a 4, de 94%. Si l'on en a 3, de 88%. Mais si l'on en a deux de 76% seulement; le quart des couples acceptant de ne pas avoir de descendance masculine.

Les risques du court terme

La transition démographique comporte cependant des risques. Eludons d'emblée celui qui est le plus communément invoqué : le vieillissement de la population. Vieillissement accéléré, beaucoup plus abrupt qu'en Europe, avec le doublement des effectifs des personnes âgées et en pourcentage de 5,5% à 9,3% entre 2005 et 2030. Or, cet inconvénient de la transition démographique est très exagéré. Il sera atténué grâce à la pérennité des structures sociales et familiales marocaines, et à la solidarité entre les générations.
En revanche, il faut être clair sur le fait que la transformation du cadre démographique de la vie économique et sociale n'interviendra qu'avec un temps de retard sur la baisse de la fécondité. Un décalage que les projections de population par tranches d'âge permettent d'évaluer avec précision. Avant la baisse de la tension démographique, doit être envisagée une période de tension sociale, durant laquelle la hausse du niveau éducatif et celle du niveau d'aspiration sociale de la population jeune, n'impliquent aucune amélioration de sa situation économique. Au contraire. Les projections indiquent aussi que le Maroc aura à gérer un marché de l'emploi tendu jusqu'au milieu de la prochaine décennie, et que la tension ne baissera qu'à partir de 2013. Mais il ne s'agit pas seulement de chômage. Dans l'immédiat doit être notée une aggravation de la condition concrète des jeunes adultes, qui résulte directement de la mutation du démographique : la forte montée du célibat qui accompagne et qui explique en partie, la chute de la fécondité. Le problème est que le Maroc allie deux éléments de structure sociale contradictoires et générateurs de tension : un régime démographique de plus en plus occidentalisé avec un système de relations entre les sexes largement traditionnel (insistance sur la virginité de la femme, réprobation des relations sexuelles avant le mariage, prohibition du concubinage). Les implications psychologiques et politiques sont sérieuses dans un pays qui compte dans ses villes, 1,3 million de jeunes célibataires, 92% de cette tranche d'âge masculine, par nature particulièrement dynamique pour ne pas dire remuante.
Les indicateurs de fécondité et d'alphabétisation, évoquent-ils la possibilité d'une crise islamiste semblable à celles qui ont touché l'Iran à partir de 1979 et l'Algérie de 1991? Ou sont-ils, à l'opposé, compatibles avec une modernisation de type tunisien, combinant mutation des mœurs et immobilisme politique ? L'examen des paramètres culturels suggère que la transition marocaine est absolument spécifique et ne semble mener ni à une explosion de type iranien ou algérien, ni à une stabilité de type tunisien.
Pas de ressemblance entre les trajectoires iranienne et marocaine tout d'abord. Le seuil de 50% d'hommes de 20 ans alphabétisés, atteint en 1964, a été suivi par des troubles politiques en 1979, soit 15 ans plus tard. Or au Maroc, 34 ans se sont déjà écoulés depuis le passage de ce seuil en 1972. L'alphabétisation de 50 % des femmes iraniennes en 1981 a quant à elle enclenché une chute immédiate de la fécondité. A la fin de la monarchie, la fécondité était de 7 enfants par femme, celle du Maroc actuel n'est déjà plus que de 2,47 (2004). Le Royaume du Maroc a donc passé la phase de transition sans crise idéologique ni politique.
L'examen du cas algérien amène à nuancer cet optimisme, car il rappelle que l'alphabétisation féminine est une variable cruciale. En effet, en Algérie, le seuil de 50% des jeunes hommes alphabétisés fut atteint dès 1964.,La hausse de l'alphabétisation en 1950-1960 rend compte de l'aspiration à l'indépendance. La guerre d'Algérie a absorbé certaines des énergies de rupture dues à la hausse de l'alphabétisation masculine. Après 1962, l'Algérie était par ailleurs trop épuisée par cette lutte. Et ce n'est qu'en 1991 qu'intervient la crise islamiste, soit dix ans après que les jeunes femmes aient atteint une alphabétisation à 50% (dans un système anthropologique patrilinéaire, comme le système arabe, l'éducation féminine est fortement déstabilisatrice). Or, au Maroc, les femmes de 20 ans ont dépassé le seuil d'alphabétisation de 50% en 1996, il y a 10 ans. Une telle évaluation situerait donc le Royaume dans la dernière zone dangereuse. Mais le Maroc n'est pas comparable point par point à l'Algérie du début des années 90, notamment en démographie. En 1991, lors de la poussée islamiste, l'Algérie vivait une chute de fécondité d'une extrême brutalité. Tous les éléments de désorientation psychologique jouaient donc en même temps. Au Maroc, la maîtrise de la fécondité qui date de 1975 est irréversible. On ne peut envisager une tension du niveau de celle qui a déstabilisé l'Algérie.
Trois autres éléments, anthropologiques, politiques et historiques renforcent l'hypothèse d'une différence de nature entre Maroc et Algérie : l'endogamie au Maroc est nettement plus basse que celle de l'Algérie, la contradiction entre modernité individualiste et système familial traditionnel y est moins violente et, d'un point de vue historique, les problèmes d'identité sont moindres, l'Etat marocain et sa monarchie étant inscrits dans une longue histoire.
Si l'on compare le Maroc à la Tunisie, enfin, on relève d'emblée que la baisse de la fécondité s'est déroulée, dans ces deux pays, avec 10 ans de décalage mais selon des rythmes comparables. En revanche, la grande différence est d'ordre familial et anthropologique. Le taux d'endogamie de la Tunisie - 36% - est proche de la norme arabe, alors que celui du Maroc n'est que de 25% (20% dans sa zone centrale). Or, l'endogamie est l'un des indicateurs de l'anti-individualisme du système familial : il existe un rapport entre le degré d'ouverture du système familial et le degré d'ouverture du système politique. En Tunisie, donc, c'est le repli du système familial qui freine la montée de comportements individualistes ou libéraux. Cette forte endogamie est sans doute la clef d'un certain mystère tunisien. L'armée et les femmes, qui font généralement mauvais ménage, ont trouvé en terre tunisienne un rare compromis, effet d'une aversion partagée pour le mouvement islamiste, dont les uns et les autres n'auraient qu'à pâtir. Une telle combinaison « féministe autoritaire » n'est pas envisageable au Maroc, où l'ouverture du système familial conduit à plus d'individualisme et une ouverture du système politique.




*
* *



Le Maroc est à la veille de récolter les bénéfices de la transition ; ils se traduiront par une diminution de la pression démographique, sur le marché de l'emploi notamment, et un recul de la propension des jeunes à émigrer. Les différentes transitions - culturelle, démographique, anthropologique… - concernent l'ensemble du pays et tendent à atténuer les différences régionales et les différences de classe, favorisant ainsi la consolidation de l'Etat-Nation. A ce titre, la dichotomie arabe-berbère paraît de plus en plus artificielle, tout comme la différence linguistique : les processus d'acquisition de l'arabe écrit et celui des langues étrangères (français), ayant évolué en parallèle avec les progrès de la scolarisation et le recul de l'analphabétisme.

La transition de la fécondité et l'entrée dans la modernité comportent néanmoins quelques « déstabilisations », telles que l'érosion du modèle familial patriarcal, l'émergence des femmes dans la sphère publique avec les progrès de leur scolarisation et, enfin, la contradiction entre une liberté individuelle accrue offerte par la contraception et la croissance vertigineuse du nombre des célibataires, hommes et femmes. C'est au regard de ces évolutions que doivent s'analyser les phénomènes d'anxiété religieuse ou idéologique conjoncturels que l'on observe au Maroc et qui pourraient se traduire, à l'occasion des élections législatives de 2007, par une hausse relative du vote contestataire.



Modifié 2 fois. Dernière modification le 07/04/07 17:10 par masque86.
a
7 avril 2007 17:02
masque86 , et celle du Journal Hebdo ?
m
7 avril 2007 17:05
Citation
armel a écrit:
masque86 , et celle du Journal Hebdo ?

la version du journal est commentée par amar
je préfére une lecture neutre à moi d'en tirer mes propres conclusions
a
7 avril 2007 17:12
Citation
masque86 a écrit:
Citation
armel a écrit:
masque86 , et celle du Journal Hebdo ?

la version du journal est commentée par amar
je préfére une lecture neutre à moi d'en tirer mes propres conclusions


je savais que la version originale existe ( genre une publication ... )

Merci
m
7 avril 2007 17:14
Citation
armel a écrit:
Citation
masque86 a écrit:
Citation
armel a écrit:
masque86 , et celle du Journal Hebdo ?

la version du journal est commentée par amar
je préfére une lecture neutre à moi d'en tirer mes propres conclusions


je savais que la version originale existe ( genre une publication ... )

Merci

voici un lien : [www.fondation-res-publica.org]
f
9 avril 2007 08:42
Une petite conclusion a tirer entre autreS est:

L'explosion demographique est une bombe a retardement.
C'est quoi la solution et quelles sont les alternatives..??

C'est deja a probleme pour plein de pays: Egypte, Bengladesh et au Maghreb Algerie et Maroc.
A
9 avril 2007 11:23
Citation
fathi a écrit:
Une petite conclusion a tirer entre autreS est:

L'explosion demographique est une bombe a retardement.
C'est quoi la solution et quelles sont les alternatives..??

C'est deja a probleme pour plein de pays: Egypte, Bengladesh et au Maghreb Algerie et Maroc.

En quoi c'est une bombe a retardement?perplexe

ya des pays beaucoup plus petit que le Maroc avec des populations beaucoup plus élevé. et ya pas de problem.
Je vois voit pas ce que tu veut dire par bombe a retardement.
Ya des politiques de décentralisations qui sont mené au Maroc, a part Casa ya pas de trop forte concentration de population (si c'est ca ta bombe a retardement).

enfin bref... je suis peutetre dans l'érreur. explique moi stp. merci.
H
9 avril 2007 12:53
La question démographique peut se poser à l'échelon d'un pays - aussi petit ou aussi grand soit'il -
mais elle ne peut s'apprécier valablement que dans l'ensemble plus vaste de la planète Terre... tout en tenant compte des sous-ensembles continentaux.



Notre monde est beau et l'activité humaine n'est pas aussi détestable que cela malgré les erreurs commises…dont la plus évidente est l’absence de prévoyance et de maîtrise en ce qui concerne la démographie humaine mondiale.

Pour mémoire :

1804 : pour la première fois est franchi le seuil d'un milliard d'êtres humains
1927 : nous franchissons le seuil des deux milliards
1960 : nous sommes trois milliards
1974 : nous sommes quatre milliards
1987 : nous sommes cinq milliards
1999 : nous sommes six milliards

Depuis quelques semaines nous sommes 6.600.000.000 individus vivant en même temps sur la même petite planète.

Lorsque j'écris "vivre" il faut se rappeler que tout est relatif.

Combien de gens vivent? Combien de gens survivent?
Combien devrions-nous être selon les ressources et capacités de notre planète Terre ?

Même en se concentrant sur le seul territoire et la seule population marocaine, encore faudrait-il se poser la question des capacités du pays à supporter une quantité donnée d'individus y vivant en même temp... et en évaluer les besoins que cela crée... notamment en eau (potable et non potable) ainsi que les infrastructures que cela suppose... etc...

C'est tout le contraire d'une absence de problème.
k
9 avril 2007 16:09
Citation
fathi a écrit:
Une petite conclusion a tirer entre autreS est:

L'explosion demographique est une bombe a retardement.
C'est quoi la solution et quelles sont les alternatives..??

C'est deja a probleme pour plein de pays: Egypte, Bengladesh et au Maghreb Algerie et Maroc.


cette bombe est deja declencher au maroc malheuresement.

la jeunesse marocaine subi le chomage, crise du logement , crise sexuelle ...

de plus en plus de jeunes se mettent a consommer des stupefiants, font du banditisme ,...
c
9 avril 2007 16:41
Quelle bombe démographique ? Ce qui serait bien, ça serait de lire le rapport avant de se lancer dans les clichés d'usage et l'autoflagellation.

Le rapport dit bien :


L'indice de fécondité est passé entre 1982 et 2004 de 5,5 à 2,5 enfants par femmes

Ce qui va changer, c'est la structure de la pyramide des âges, ce qui est normal dans un pays dont le mode familial est en mutation.
f
9 avril 2007 18:58
Citation
ASSAD1 a écrit:
Citation
fathi a écrit:
Une petite conclusion a tirer entre autreS est:

En quoi c'est une bombe a retardement?perplexe

ya des pays beaucoup plus petit que le Maroc avec des populations beaucoup plus élevé. et ya pas de problem.
Je vois voit pas ce que tu veut dire par bombe a retardement.
Ya des politiques de décentralisations qui sont mené au Maroc, a part Casa ya pas de trop forte concentration de population (si c'est ca ta bombe a retardement).

enfin bref... je suis peutetre dans l'érreur. explique moi stp. merci.

1-Resources en eau limitées.
2-Chomage: Deja les generations actuelles ont du mal a se case pour trouver un emploi, sans parler du chomage des diplomés...deja que nos jeunes risquent leurs vie en traversant le Boghaz..
3-Desertifcation: le desert avance dans toute l'Afrique du Nord.
4-Pour les nouvelles generations , il faut des ecoles, des hopitaux , des routes etc..

5-Il est prevu que les generations actuelles vont vivre plus longtemps,..donc plus de retraités..a qui il faut des retraites, etc..

6- etc...

Il ne s'agit pas de nombre de la population..il s'agit de la qualité de la vie..pas de bidonville, securité alimentaire, hydraulique..
Bref c'est mon avis , je ne suis pas expert..mais on discute..wa allahou aalam
Willi ma cheftouni rahmou alyia Wana rani machit, wana rani mchit wel houl eddani Fathi .... dima ghiwani
n
10 avril 2007 15:03
C'est incroyable ce qui est bas le niveau de ce Journal Hebdo!

Il y a quelques semaines déjà j'avais mis, moi simple citoyen, le Link de cette étude sur ce site même en contre-argument à des propos nihilistes habituels sur ce site, le re-voici:

[www.fondation-res-publica.org]

Rapides qu'ils sont ces journalistes ce n'est que maintenant qu'ils le découvrent!

J'ignorais si elle était commandité par le gouvernement marocain (??!?) mais il n'y a rien de secret ni de discret dans cette étude! Surtout qu'elle repose sur une note bien positive et optimiste pour le Maroc, pays étant distingué dans le Monde Arabe et sa région, le Maghreb. Et si c'était le cas il est tout à fait normal qu'un mandant d'une étude en fasse ce qu'il veut et que les études ne sont pas toujours et systématiquement commanditées pour être publiées.

Ce qui est grave c'est que l'article est signé Ali Amar, actuellement chef de la publication, et Cathrine Graciet (une amatrice qui tente sa chance sur les trace des Tuquoi). Les deux ne savent même pas que Todd est plutôt un anthropologue célèbre en France et le qualifient tantôt de démographe et tantôt de politologue, deux choses qu'il n'est qu'en passant.

J'ai honte, mais vraiment honte pour ce niveau bas de ces journalistes incompétents.
J'espère seulement que Mr Todd ni son collaborateur ne liront jamais cet article.
O
10 avril 2007 20:22
Citation
nomad a écrit:
C'est incroyable ce qui est bas le niveau de ce Journal Hebdo!

Il y a quelques semaines déjà j'avais mis, moi simple citoyen, le Link de cette étude sur ce site même en contre-argument à des propos nihilistes habituels sur ce site, le re-voici:

[www.fondation-res-publica.org]

Rapides qu'ils sont ces journalistes ce n'est que maintenant qu'ils le découvrent!

J'ignorais si elle était commandité par le gouvernement marocain (??!?) mais il n'y a rien de secret ni de discret dans cette étude! Surtout qu'elle repose sur une note bien positive et optimiste pour le Maroc, pays étant distingué dans le Monde Arabe et sa région, le Maghreb. Et si c'était le cas il est tout à fait normal qu'un mandant d'une étude en fasse ce qu'il veut et que les études ne sont pas toujours et systématiquement commanditées pour être publiées.

Ce qui est grave c'est que l'article est signé Ali Amar, actuellement chef de la publication, et Cathrine Graciet (une amatrice qui tente sa chance sur les trace des Tuquoi). Les deux ne savent même pas que Todd est plutôt un anthropologue célèbre en France et le qualifient tantôt de démographe et tantôt de politologue, deux choses qu'il n'est qu'en passant.

J'ai honte, mais vraiment honte pour ce niveau bas de ces journalistes incompétents.
J'espère seulement que Mr Todd ni son collaborateur ne liront jamais cet article.

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Il y a rien d'etonnant à voir le journal hebdo transformer une analyse positive ( pour le Maroc) en quelque chose de negatif pour la simple raison que le Makhzen ( un fantasme pour ce journal)aurait évité de publier cette analyse comme si c'etait une affaire d'Etat.

Masque 86 a bien fait de nous montrer l'original de l'analyse et laisser les commentaires torchons de ce Amar faire la joie de certains forumistes algeriens à qui il ne cessent d'apporter de l'eau au moulin pour attaquer le Maroc.
 
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