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la marocaine de sarko.
b
16 août 2006 21:13
il parait que les "arabe" de sarko sont plus sarkosiens que sarko lui meme?

en voila un exxemple que certains ne manqueront pas de qualifier de réussite:









“La France n’a vu en mes parents que des travailleurs”



Rachida Dati, une Marocaine à la Place Bauveau,
magistrate, conseillère du numéro deux du
gouvernement, le ministre de l’Intérieur, Nicola Sarkozy, candidat à la présidence de la République. C’est une femme au parcours extraordinaire, elle est
une personnalité vive et remarquable, elle est
passée de l’entreprise privée à la magistrature
puis à la politique. Quand elle m’a reçu dans son bureau, Place Bauveau, ses téléphones n’ont cessé de sonner : elle parle à son interlocuteur à la CNSS au Maroc, pour le dossier bloqué d’une veuve, «on va pas faire
intervenir Jettou pour ça quand même».
Son interlocuteur promet de régler le problème. Un autre coup de téléphone sur les lois de l’émigration à l’Assemblée nationale. Une autre sonnerie retentit, elle s’excuse …«C’est toujours comme ça, je bascule entre les affaires d’ici et de là-bas».

Entretien.

Libé: Ma première question sera sur votre parcours. Comment avez-vous grimpé les échelons pour être aujourd’hui conseillère du numéro deux du gouvernement et leader de l’UMP, le premier parti en France?

Rachida Dati: Aujourd’hui, je suis magistrate, conseillère du numéro deux du gouvernement et candidat pour être président de la République; donc en valeur absolue, cela n’a rien d’exceptionnel. Mais en valeur relative, c’est un peu exceptionnel, parce que l’on part de rien du tout, on ne connaît pas grand-chose, on ne connaît pas grand monde et on arrive au même résultat que des enfants français d’origine qui ont fait les meilleures études et qui ont eu les meilleurs réseaux. Le côté exceptionnel est là.

De plus en plus en France, on parle d’échec de l’intégration. Partagez-vous cette opinion?

Un échec, oui. Mais la politique française n’a pas été non plus très volontariste sur cette volonté d’intégration. Ils ont oublié que les enfants de la première génération étaient français. Subitement, ils se rendent compte que cette immigration a des enfants, mais ils ne peuvent pas traiter ces enfants-là comme ils l’ont fait pour leurs parents. C’est donc pour eux un vrai problème.

Voulez-vous dire que l’Etat et les institutions n’étaient pas préparés à cette immigration?

Ils n’étaient pas préparés à ce que cette immigration fasse des enfants. Je ne suis pas une enfant du regroupement familial, je suis née en France. Cela fait presque 50 ans que mes parents sont venus en France. L’Etat ne les a vus que comme des gens qui venaient travailler et il a oublié qu’ils pouvaient faire des enfants qui étaient français.
Il faut donc revoir tout le système …
Non, le système est grippé, mais petit à petit, en jouant des coudes, on y arrive.
Il y a le débat sur la discrimination positive et tout le monde politique était réticent sur cette question disant que ce n’est pas français …
Non, parce qu’on considère qu’on n’a pas à vous nommer, parce que vous êtes d’origine étrangère. On vous nomme si

vous êtes compétent. Nicolas Sarkosy a nommé un préfet d’origine maghrébine, parce qu’il était compétent. Il l’a nommé aussi, parce qu’il n’y en avait pas.

Il faut une politique volontariste …

Cela n’est qu’une politique volontariste.

Mais le modèle français est différent du modèle anglo-saxon. En France, on dit que tous les citoyens sont égaux devant la loi.

Oui, mais c’est étrange que dans les grands corps de l’Etat, au plus haut niveau, vous n’ayez pas d’enfants dits issus de l’immigration. Cela veut dire qu’il y a quelque chose qui ne marche pas. Faire de la discrimination positive à la française, cela veut dire qu’on va pousser ceux qui ont un handicap d’environnement pour arriver au même niveau que ceux qui n’en ont pas.

Les exclus du politique


Pensez-vous qu’il est possible de convaincre les Français sur cette idée ?

Entre 2003 et aujourd’hui, Sarkosy en est convaincu, puisque pratiquement tout le monde en parle. Les grandes écoles commencent à en faire. Cela s’inscrit progressivement dans les mœurs. Toutes les grandes entreprises françaises ont engagé quelqu’un pour ce problème.

Avec des quotas ?

Non, ce n’est pas en terme de quotas. On va faire émerger des gens compétents que l’on nommera.
C’est une idée généreuse, mais en même temps les dernières lois de Nicolas Sarkosy sont très contraignantes par exemple sur le regroupement familial, le mariage. Il y a plus de conditions contraignantes.
Non, pas du tout. Il faut des conditions de vie dignes. Si vous avez une chambre, vous ne pouvez pas faire venir votre famille. Si vous avez un appartement c’est possible. On retrouvera certaines situations où dans certains immeubles des familles entières sont tassées dans deux pièces. Les conditions du regroupement familial ne sont pas plus dures, elles sont plus dignes. C’est vraiment la différence. Aujourd’hui, il faut un appartement et des revenus en conséquence, sinon vous ne faites pas venir votre famille.

Certaines personnes ont des revenus corrects, mais elles ne peuvent pas avoir d’appartement …

Cela n’a rien à voir avec les lois Sarkosy. Les bailleurs sociaux ont des instructions pour veiller à ça et si un bailleur privé ne veut pas vous louer d’appartement, vous pouvez le poursuivre. C’est inscrit dans la loi.
L’immigration choisie a été très mal perçue dans les pays d’Afrique qui ont compris qu’on allait leur voler leurs cadres …
Non, parce que dans l’immigration choisie, vous pouvez choisir un ouvrier. Elle est choisie à tout niveau, ça peut être un étudiant, un ouvrier ou un cadre. Mais c’est une concertation entre les pays d’origine et la France.

Si on prend les déclarations du Président sénégalais, on a l’impression …

Il faut être précis, vous savez, je suis magistrate. Ils se sont vus. Que des présidents prennent des positions politiques, c’est une chose, mais que la France fasse une loi qui soit techniquement applicable et humainement reconnues, c’en est un autre. Certains chefs d’Etat en ont fait des déclarations politiques. Je vous mets au défi de trouver une disposition en terme pratique qui soit anti-immigré ou anti-immigration, il n’y en a pas.
On remarque que dans ces 20 dernières années, il y a tous les 8 mois une loi sur l’immigration. Il y a une inflation de lois.

Est-ce une exception française?

Non, pas du tout. C’est une adaptation au cadre et à l’environnement du pays. Il n’y a rien de plus mouvant que l’immigration. La France de 1960 ou 1980 n’est pas la France de 2006. Vous vous adaptez aussi aux phénomènes d’environnement. Il y a eu l’élargissement européen. Plus vous avez une composante internationale ou européenne, plus vous ajustez votre réglementation.

Mais avec l’Europe, l’immigration n’est plus vraiment une compétence nationale.

Mais si. Avoir une politique coordonnée européenne sur l’immigration, c’est une deuxième chose. Vous faites votre politique d’immigration comme vous le souhaitez dans le respect de la réglementation européenne, dans le respect des droits de l’Homme et des textes européens. Il y aura ensuite une politique concertée en terme d’immigration. L’Espagne et la Finlande n’ont pas la même politique d’immigration forcément.
Il n’y a pas vraiment de concertation entre les deux rives. Tous les pays du Sud pratiquement n’ont pas assisté au Sommet euro-méditerranéen.
Les concertations existent. Il y a des réunions tous les 6 mois sur ces sujets. Les pays se rencontrent. L’Europe se concerte. C’est un vrai sujet pour toute l’Europe.
Ces pays disent que l’Europe discute sur le volet sécurité-immigration, mais pas sur la coopération, le développement.
Mais si. Il y a des accords d’échanges. Il y a des accords entre les pays. Des accords de coopération sont en cours avec le Maroc et l’Algérie de la même manière. La sécurité c’est le vrai problème aujourd’hui. Vous n’allez pas parler de la politique culturelle. Vous parlez forcément du problème le plus fréquent qui est lié à l’immigration.

L’immigration est liée aussi au problème économique.

Il y a des rencontres systématiques sur l’immigration.L’Espagne et le Maroc se rencontrent assez fréquemment et le Maroc et la France de la même manière. C’est un sujet majeur pour tout le monde.
Il y a très peu de gens issus de l’immigration dans la vie politique en France. En Belgique ou en Hollande, ils sont plus nombreux. Certains sont élus au Parlement. Il y a beaucoup de discours sur l’égalité mais dans les partis politiques, ils restent peu nombreux.
Dans les partis politiques, les gens issus de l’immigration, c’est récent. Cela arrangeait tout le monde à un moment donné de ne pas intégrer ces gens-là dans les partis politiques. Mais à la prochaine échéance, vous aurez des parlementaires d’origine maghrébine. Il y a déjà des conseillers généraux.

En tant que conseillère et vu le nombre de rencontres qu’il y a, n’êtes-vous pas impliquée dans les réunions entre les deux pays ?

Je suis magistrate et conseillère juridique. Je viens de faire adopter en Conseil des ministres un projet de loi sur la prévention de la délinquance, ce qui est lié à mes fonctions de magistrate.
Je ne suis pas conseillère diplomatique. Mais quand il y a des choses liées au Maroc, le ministre m’a toujours associée. Mais on est toujours un peu surpris que le Maroc ne vous reconnaisse pas. On ne se sert pas assez de nous. Certains pays mettent leur communauté vivant à l’étranger en valeur.
Vous intéressez-vous à la vie politique au Maroc?

Non, je m’intéresse plus au développement. J’aide à la réalisation de plusieurs projets : l’eau potable à Douar Bouaazza à Casablanca, l’alphabétisation, l’aide à des associations locales ... Je me sers de mon carnet d’adresses.
J’aide aussi des Marocains résidant en France à régler certains problèmes. J’ai créé le Club 21ème siècle avec des personnes d’origine maghrébine qui aident les gens de très haut niveau à être visibles dans la société française.


Mon pays d’origine

Mon rapport avec le Maroc est constant et permanent. J’y vais tout le temps. J’ai enterré maman là-bas. Mon rapport avec le Maroc est plus que simplement affectif ou nostalgique. Je n’y suis pas née, je n’y ai jamais vécu, mais j’ai un véritable attachement pour le Maroc.
C’est un attachement psychologique…
Non, c’est un attachement lié à mes racines. Ca ne relève pas de la psychologie. Ce n’est pas sentimental, c’est plus que ça, c’est vraiment viscéral et c’est lié à mes racines.
Dans la politique officielle du Maroc, on évoque le rôle que peuvent jouer la deuxième et la troisième générations dans le développement du Maroc, dans le rapprochement entre la France et le Maroc …
Oui, mais le Maroc fait peu appel à nous, à des gens comme nous curieusement. Je pense que plus vous montez dans les sphères, moins on fait appel à vous. Je suis toujours allée au Maroc en disant «on est votre première vitrine». Peut-être considèrent-ils qu’on n’est pas assez malléables. C’est dommage, ils se privent d’une vraie représentation.
Ils font plus appel pour des sujets associatifs et sportifs, mais pour des sujets majeurs de développement, de co-développement, de représentation, ils ne nous sollicitent pas. Si j’étais une militante associative ou une sportive, on s’intéresserait plus à moi.
Il y a pourtant un discours officiel d’ouverture…
Depuis qu’on m’a donné ma carte nationale à 16 ans, j’ai toujours pensé que j’avais un lien indéfectible. Moi, je donne pour le Maroc, j’aimerais aussi un peu de retour.
J’ai toujours entendu dire au plus haut niveau de l’Etat qu’on était les bienvenus et qu’on était des Marocains. Tant que ce discours ne sera pas contredit, je continuerai à me battre pour mettre le pied dans la porte de ce pays.


Propos recueillis par YOUSSEF LAHLALI [email protected]
 
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