L'opérateur sera mis en Bourse en décembre. Le royaume du Maroc et le groupe Vivendi Universal ont trouvé un accord, jeudi 18 novembre, pour le rachat par ce dernier de 16 % de Maroc Telecom. Cette transaction, d'un montant de 1,1 milliard d'euros, était très attendue. Elle va permettre à Vivendi, déjà propriétaire, depuis février 2001, de 35 % (acquis pour 2,4 milliards d'euros), de prendre le contrôle de l'ex-monopole public marocain des télécommunications.
Dans le cadre d'un pacte d'actionnaires avec Rabat, Vivendi disposait déjà du contrôle opérationnel de Maroc Telecom, et de 51 % des droits de vote, jusqu'au 1er septembre 2005. De plus, il avait négocié une option d'achat de 16 % du capital, pour la somme de 1,1 milliard d'euros, payable initialement en février 2002. Mais entre-temps, le krach des télécommunications (les valeurs du secteur ont chuté de près de 40 % en Bourse depuis 2000) et les graves difficultés financières de Vivendi avaient conduit à plusieurs reports de l'opération et des renégociations quant à sa valorisation. Fin 2001, le groupe, dirigé alors par Jean-Marie Messier, avait déprécié sa participation de 35 % dans Maroc Telecom, dans ses comptes, la ramenant à 1,75 milliard. Début 2002, M. Messier n'était plus prêt qu'à payer 690 millions d'euros pour les 16 % supplémentaires. Ce que le royaume avait refusé.
6 MILLIONS D'ABONNÉS
Aujourd'hui, la situation a de nouveau changé. Le groupe, dirigé par Jean-René Fourtou, a assaini sa situation financière et s'est fixé pour stratégie de devenir majoritaire dans ses deux filiales de téléphonie mobile, fortement génératrices de trésorerie. Après avoir pris le contrôle de SFR fin 2002, il lui fallait donc assurer la pérennisation du contrôle de la pépite Maroc Telecom, certainement l'un des opérateurs de télécommunications les plus rentables au monde. Avec ses 6 millions d'abonnés et ses 70 % de part de marché (face au concurrent Meditel contrôlé par Telefonica et Portugal Telecom), Maroc Telecom devrait dégager 43 % de marge d'exploitation et plus de 30 % de marge nette en 2004, pour un chiffre d'affaires attendu à 1,65 milliard d'euros.
Le prix de 1,1 milliard pour 16 % est plus élevé que ce qu'attendaient les analystes, mais la valorisation totale de l'opérateur marocain, représentant dix fois son résultat d'exploitation, n'est pas exceptionnelle, considérant qu'elle intègre une prime de contrôle. Vivendi affirme ainsi que l'opération aura un impact positif sur son bénéfice net dès 2005. De plus, l'actif de Vivendi va gagner en visibilité et liquidité, puisque le royaume souhaite introduire environ 14 % de l'opérateur historique national sur les Bourses de Casablanca et Paris, début décembre.
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