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Maroc, Le représentant des associations des parents d’élèves interpelle le...
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24 septembre 2005 02:32
Monsieur le ministre,

Dans le cadre de la participation à l’amélioration et à la convenance du système de l’éducation national, nous le représentant des associations des parents d’élèves cycle de primaire de la province d’Errachidia, et soucieux du devenir de nos enfants, nous nous faisons un devoir d’invoquer votre bienveillance sur certains dossiers et des pratiques qui ne peuvent plus avoir cours dans nos établissements scolaires. En effet, certains programmes n’honorent aucunement ni la fonction de l’éducation, ni la mémoire des ascendants et ni le devenir de notre pays.

Suite à une enquête que nous avons mené nous-mêmes, sur le terrain dans des zones oubliées de la province d’Errachidia, nous avons relevé que bien des manières de discrimination, de désistement et d’acculturation sont une monnaie courante dans nos écoles. C’est pourquoi nous avons décidé d’agir, en vous appelant à prendre des mesures qui s’imposent pour mettre fin à ces pratiques qui déshéritent les préceptes de notre civilisation.

Nous joignons ci-après des points relatifs aux constations avancées :


Le constat

Les programmes :


La dénomination :

L’éducation : veut dire connaissance et pratique des bonnes manières des usages de la société. Dans ce cas, celui de l’école, c’est un ensemble des valeurs morales qu’on est appelé à inculquer à des enfants innocents qui formeront la société de demain. Notre pays le Maroc, aux origines plurielles, a grandement besoin d’un apprentissage plus moralisant et plus civique. Il a besoin d’une société civilisée et plus tolérante pour le bien de l’harmonisation de son atavisme. Pourtant, des idées, qu’on inculque au quotidien à des anodins dans nos écoles, ne vont pas malheureusement dans ce sens. Je cite ici, le syntagme " Barbare " que les maîtres utilisent à longueur des journées dans des classes d’enseignement "nationale " pour désigner une majorité de leurs propres concitoyens. Le mot " barbare " en arabe et en français veut dire : Sauvage. Quant un enseignant vous déclare que vos parents sont d’origines sauvages, nous aujourd’hui parents, nous connaissons les ravages que vous cause ce traumatisme difficilement cicatrisable. Une mascarade primitive qui ne peut provenir que des incultes. Tout le monde sait que ses exploitants visaient à ridiculiser et donc à trafiquer l’influence sur le peuple Amazighe. Ce dernier, de sa langue Tamazighet, veut dire dans la réalité : homme noble et émancipé. Le sauvage, c’est plutôt celui qui incite à l’insulte de la mémoire de ses propres concitoyens et surtout quand ils sont des enfants inoffensifs ?

C’est pourquoi, nous exigeons l’abolition pure et simple du mot "barbare"- désignant bien entendu la majorité du peuple marocain- et le remplacer par sa véritable dénomination : AMAZIGH.
Nous demandons également à ce que soit bannit des écoles toutes les formes de discriminations : de couleurs, de religion, d’idéologie ou des origines. Nous avons relevé bien des pratiques de ségrégations de la part de quelques enseignants qui infligent aux enfants des traitements de distinctions. Nous demandons à ce qu’ils soient cités devant vos conseilles disciplinaires. De notre coté, nous vous informons que nous les poursuivrons désormais en justice.

L’histoire

Nous avons constaté, avec consternation, que l’histoire de notre pays, de nos aïeux, et de l’Afrique du nord en générale, à laquelle nous appartenons, n’est pas le centre d’intérêt des programmes de nos écoles. Nous connaissons tous, pourtant, l’utilité fondamentale d’un passé et d’une mémoire antérieure pour chaque peuple. C’est même futile de l’étaler ici ! Un peuple qui ne sait pas d’où il vient ne saura pas ou il va. Cependant, le premier contact de l’enfant marocain avec les leçons de l’histoire – classe du cinquième primaire - lui parle d’une tribu arabe : "Banou Koulaib" quelque part au désert d’Arabie. La deuxième leçon parle d’une autre tribu de la même région. Ce n’est qu’à la troisième qu’on parle de l’Afrique du nord pour dire qu’elle était habitée par une tribu non organisée appelée : Senhaja ! Il y dit également que notre pays est arabe et musulman depuis la vingt-deuxième année après l’apparition de l’islam ! Inculquer des mensonges à des innocents ne serait-il pas un acte d’aliénation ? Tromper la conscience des enfants ne serait-il pas un crime tout court ?

L’histoire connue de l’Afrique du Nord tire ses révérences des milliers d’années. Un passé retentissant fait par des augustes figures dont les Gaia, Massinissa, Jugerten, Kuceila, Dihia, Bochus, les Juba et la liste est longue. Une histoire à foison glorieuse que n’importe quel pays au monde en ferait non seulement sa condescendance mais également un jalon dont il tirera des enseignements pour son devenir. Le nôtre, aveuglé par une idéologie importée, l’a plutôt repoussé aux confins des oubliettes.

Nous demandons donc à notre pays de se réconcilier avec lui-même en levant le voile sur son véritable passé.
Il faudrait que nos enfants apprennent officiellement la vérité sur les antécédents de leur propre pays dont certains accords qui avaient drainé l’assassinat des millions de victimes innocentes notamment : les accords d’Algésiras en 1908 et ceux de Fès en 1912. D’autres accords ont dénué à dessein les trois quarts de la population marocaine et ont froissé le développement de tout un peuple ; pour exemple l’accord d’Aix-les-bains en France. Des vérités qu’il ne faudrait surtout pas passer sous silence.
Les nouvelles générations doivent avoir conscience de la résistance du Rif, celle du moyen Atlas, celle de l’Est du haut Atlas( Baddou et Hemdoun), celle de Saghro et Bougafer, Celle de souss, celle d’Ayet Baâmran...etc.

La langue Tamazighet

Pour rester habile ou alors pour le devenir, un peuple doit être instruit. L’édification réelle ne peut être nécessairement faite en dehors du prolongement de sa propre tradition et en l’absence de sa vision propre du monde acquise dans le cadre de sa propre civilisation et dans celui de sa propre culture. Il se trouve également qu’une langue donnée est la locomotive de ces valeurs justement pour chaque peuple. Par ce biais, on transmet l’âme de sa sagesse, les fondements de sa pensée et l’héritage multiple de son état d’être.

Rare dans l’histoire des peuples habiles ceux qui ont labouré la mer ; c’est à dire ceux pour qui la mémoire est au compteur zéro.

Après plusieurs siècles d’existences, le peuple Amazigh, lui, aux valeurs universalistes et humanistes, est maintenu à la marge de l’héritage de sa civilisation. Voilà maintenant plus de cinq décennies qu’il n’a droit officiellement ni à sa langue, ni à sa culture et ni même d’être cité comme tel depuis 1962. Cela sur la terre de ses ancêtres ! Il n’est pas chassé non plus de son territoire mais il est chassé sur son espace. Pour avoir l’entrée à l’usage de sa langue, le peuple Amazigh subit toujours des entraves qui ne se comptent plus sur les doigts d’une seule main dans le cas général. Ici, à mon sens il reste et de loin le cas le plus complexe, voire le plus fou ! Oui, à cause de l’école, il est le plus fou car d’habitude il y a le jeu et l’enjeu, mais pour Imazighen on leur a administré l’enjeu du jeu. Comment un peuple civilisé et sédentaire sur sa terre où il a vu le monde est contraint à participer par ses propres moyens au gommage de sa propre mémoire ? Comment un peuple devient-il un ustensile dans l’éradication de sa propre civilisation pour se démettre de son propre mode de vie si ce n’est pas par un bourrage de crâne déguisé en éducation ? Il n’y a pas de démocrate au monde, il n’y a pas de morale qui se respecte et il n’y a pas non plus de religion capable de justifier cette mascarade singulière en son genre. C’est une inculture de penser que Tamazighet est un mythe et Imazighen sortent de la terre ! Le laisser pour compte de la langue de la majorité du peuple marocain est une trahison à la conscience collective de tout le pays.

L’école marocaine doit refléter la maturité des idées du peuple Amazigh plusieurs fois millénaires et donc assume le besoin de l’éducation, d’arts, de littérature, de communication... etc.

C’est pourquoi la langue Tamazighet s’impose et doit être généralisée positivement et réellement pour tous les niveaux de l’enseignement de notre pays au même titre que sa consœur arabe.

Le maniement des matières


Nous avons relevé avec stupeur la gestion des matières par un facteur des coefficients très excentrique. En effet des matières reconnues de base dans le monde, telles les mathématiques, ne représentent pour nos écoles que le un cinquième des autres grandement privilégiées. Nous notons également, que les matières islamiques sont multipliées par six ; pour des enfants de six à dix ans. Les mômes de cet âge ne peuvent pas encore assimiler toutes les recommandations concurremment. Les mathématiques sont enseignées, approximativement, en langue arabe pour un certain épisode. Sachant que, par la suite, elles seront enseignées en langue française ! C’est pour ce fondement que nous nous demandons pourquoi une telle aventure au détriment du sort des enfants ?

Nous demandons donc à ce que les matières de nos écoles soient gérées par un ordre de mérite conventionnel, hors de toute incursion idéologique quelle que soit son origine.


Les enseignants

Sur le terrain, nous avons vu bien des maîtres compétents, honnêtes et autodidactes ; mais marginalisés et considérés comme rebelles par leur propre hiérarchie : des directeurs et des inspecteurs. Par contre, ceux qui n’ont plus lu un seul livre depuis leur centre de formation sont couverts de largesse. La compétence, qui devrait être un critère de choix premier, n’est pas prise en considération par le système de notre éducation nationale. Pour progresser, légitimement dans leurs carrières, les enseignants sont forcés de chercher d’autres formules gagnantes au détriment de la qualité de la formation.

Nous avons vu également deux maîtres pour une soixantaine d’écoliers dont six niveaux ; alors que d’autres sont considérés comme des excédents et s’entassent au quotidien sur des terrasses des cafés !
Nous avons relevé à ce point, dans des régions dites " indésirables ", que bien des maîtres ne travaillent en moyenne que deux à trois mois par an à la périphérie des régions suivantes :
Bou Ouzmo
Ayet Hani
Agdal
Amsed
Amellago
Idelsen
Rissani
Alnif
Ces pratiques nous ont amené à nous rendre compte que certains établissements, ouverts il y a trente ans, n’ont produit à ce jour que des bergers. Sur des hauteurs comme au désert, nous avons rencontré des centaines d’enfants qui n’ont jamais vu un tableau noir.

C’est pourquoi nous vous demandons que l’école nationale soit pour tous les Marocains sans distinction aucune.
Nous vous faisons part aussi, de la modification délibérée et abusive des noms de nos écoles. Elles portent, désormais, des dénominations étrangères d’origines du Liban, de Syrie, d’Arabie... etc. Nous refusons à ce que notre mémoire soit biffée et nous vous sollicitons à ce que nos établissements d'instructions retrouvent leur postérité naturelle et des appellations nationales.



Le représentant des associations Des parents d’élèves d’Errachidia,cycle du primaire ,M. Zaid Ouchna.Goulmima.
 
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