Pourquoi singulariser le Maroc ? Ce pays occupe une place singulière dans le monde arabe par la continuité de sa civilisation et de ses institutions; il n’en pas une création récente ni artificielle; née de la décolonisation. Son État est ancien, pas un placage copié de l’occident. Les conditions géographiques du pays sont favorables. Le peuple, à la fois berbère et arabe, n’est pas traversé de dissensions ethniques ou religieuses insurmontables. S’il a été colonisé par les Français, chacun, en France comme au Maroc, reconnaît que ce bref protectorat sans être exempt de brutalité fut modernisateur, dotant le royaume d’une administration et d’infrastructures de qualité. Les ressources naturelles ne manquent pas, en particulier les phosphates. Pourtant, le Maroc est extrêmement peu développé; le revenu par habitant le place dans le quart des nations les plus pauvres du monde, la moitie de la population est analphabète, la moitié des familles n’ont pas accès à l’eau potable. Selon le classement synthétique de l’ONU, le Maroc occupe le 123e rang dans la hiérarchie du développement humain, soit l’un des derniers. On pourrait multiplier les indicateurs d‘une misère qui échappe aux touristes pressés ; eux ne retiennent de leur traversée du Maroc que la lumière et les couleurs. Notre intelligence de ce pays est également abusée par l’éclat d’une classe dirigeante francophone est brillante qui mène grand train derrière son monarque. Certes, Mohamed VI est plus discret que ne le fut son père Hassan II ,mais le system dans il a hérité à ce jour reste inchangé. Cette aristocratie ---1% de la population--- dispose de la moitié du revenu national ; ce 1% contrôle l’image du Maroc à l’étranger. Reste à vérifier si de bonnes relations publiques remplacent la politique économique et le développement. Cruellement, non! Dans les faubourgs de Casablanca, loin des circuits touristiques, des jeunes femmes chassées de la campagne par a pauvreté portent dans leurs bras des nourrissons dont les yeux mangent le visage. Nous ne sommes pas au fin fond de l’Afrique noire, mais a trois heures de vole de paris ; nulle désolation ne révèle plus la misère, l’ignorance et l’absence de services médicaux que ces enfants dénutris. Ces mères désespérées ne trouvent assistance qu’au de rare dispensaires privés. Souvent elles sont célibataire, ce qui en dit long sir l’irresponsabilité et la lâcheté masculines dans ce monde musulman. les riches Marocains qui croisent ces femmes dans les rues de Casablanca ne leur jettent pas un regard ni une aumône ; sans doute ne les voient-ils pas. Ou ils ne les voient pas comme nous les voyons. Le sous-développement, dans son acception inhumaine autant qu’économique, tient dans ce chassé-croisé en un même lieu de deux univers invisibles l’un à l’autre : l » extrême richesse de quelques-uns, la misère absolue de tous les autres. Entre les deux, une maigre classe moyenne, le plus souvent salariée du secteur public, essaie d’imiter les mœurs occidentales aux prix d’un endettement excessif. Comment parvient-on à une telle polarisation de la société en l’espace de trente ou quarante ans?" Extrait du livre de Guy sorman :Les Enfants de Rifaa
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