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En marge des auditions publiques de l'IER
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21 janvier 2005 01:26
En marge des auditions publiques de l'IER
Les partisans du Non

Mohammed V, Hassan II :
deux règnes en question (AFP)
La première session des audiences de l’IER a provoqué une (mini) levée de boucliers emmenée par Abdelkrim Khatib et quelques autres. Tour d’horizon.


"Le processus en cours revient, en fait, à faire le procès de Hassan II et de Mohammed V. Nous exhortons le roi (Mohammed VI) à tout arrêter". Tout est parti de ces deux phrases lancées par Abdelkrim Khatib, lors du dernier conseil national du MNP, le parti de Mahjoubi Aherdane, tenu en décembre 2004. Le fondateur du PJD (et du MP, à l’origine de
tous les partis de la mouvance populaire, qui vont jusqu’au MDS de Mahmoud Archane et à l’UD de Bouazza Ikken) a exprimé haut et fort ce que d’autres vieilles connaissances de la haraka ont toujours pensé. Aujourd’hui encore, Khatib continue de tirer la sonnette d’alarme : "Je l’ai dit et je le redis. La relecture du passé telle qu’elle nous est actuellement proposée est non seulement biaisée mais extrêmement dangereuse. Elle n’a d’autre but que de (mal) juger les deux anciens monarques. Le plus grave est que personne ne lève le petit doigt pour dénoncer cette mascarade". Khatib ne joue pas la comédie. L’attitude plus royaliste que le roi de cet ancien médecin de Mohammed V repose sur un argument de base : le processus dit de la vérité a été initié par d’anciens "éléments subversifs" qui ont essayé, par le passé, de renverser la monarchie… Comme nous le dit, en aparté, ce dirigeant socialiste, "Khatib occulte en fait deux points : son propre rôle dans la construction de ce passé de plomb et l’idée, que certains partagent actuellement, que Mohammed VI mettrait en péril son trône en soldant en public les comptes de son père". La sortie du docteur a, dans tous les cas, mis dans l’embarras ses propres amis. à commencer par ses protégés du PJD, qui ont tôt fait de se désolidariser. "Les opinions de Khatib le concernent et il a le droit de les exprimer", nous commente Lahcen Daoudi. La seule position officielle du PJD sur la question est la suivante : "nous sommes pour le processus actuel auquel nous applaudissons, mais nous espérons qu’il s’étendra aussi aux victimes (ndlr : les islamistes arrêtés, ou disparus) du 16 mai. Dénoncer les torts d’hier ne nous prémunit pas contre ceux d’aujourd’hui. Pour que le vaccin de la vérité et de la réconciliation prenne, il faudra qu’il soit conjugué au présent, et pas seulement au passé".
A l’instar du PJD, la mouvance harakie a été, elle aussi, mise dans l’embarras par les sorties de Khatib. Le cas le plus flagrant est celui de Bouazza Ikken. Le leader de l’UD a commencé par se solidariser à Khatib lors du dernier conseil du MNP, auquel il était lui aussi invité… avant de se rétracter. "J’ai été mal compris, nous explique Ikken, Je ne suis pas contre le processus en cours, bien au contraire. J’invite les victimes de procès politiques ou de détentions arbitraires à livrer le nom de leurs bourreaux. Je ne partage pas le point de vue de Khatib. Je suis pour le jugement des coupables, ils ne peuvent pas se prévaloir d’avoir été de simples exécutants. Un ordre reçu, quand il n’est pas conforme à la loi, n’a pas à être exécuté". Dans la bouche d’Ikken, ces propos prennent une dimension toute particulière. L’homme n’est pas tombé de la dernière pluie. Avant de devenir le chef d’un parti taillé sur mesure, il a longtemps exercé comme procureur du roi et certaines de ses plaidoiries pourraient bien remonter à la surface… Autre haraki en difficulté par rapport au passé : Mahjoubi Aherdane. Il a officiellement joué, à côté de Khatib, un rôle déterminant dans la résistance, dans la constitution du MP (à l’époque qualifié, chez les socialistes, de "premier parti fabriqué par le Palais"winking smiley, mais aussi dans certains procès politiques. N’a-t-il pas pris la parole lors du fameux procès consécutif à l’enlèvement de Ben Barka pour tenter de disculper le duo Oufkir – Dlimi ? Son attitude est d’autant plus intéressante qu’il fait partie, aujourd’hui, du pléthorique CCDH, dont les liens avec l’IER sont évidents. C’est Mohand Laenser, chef du MP, qui prend la parole pour expliquer la philosophie de son ancien mentor : "On a prêté beaucoup de choses à Aherdane, notamment des déclarations mal interprétées. En fait, il n’est ni pour ni contre le processus actuel, il craint simplement que les déballages ne renforcent les clivages déjà existants dans la société marocaine. Ce que je partage amplement". Laenser se démarque à son tour de Khatib, en estimant que "les témoignages sur le passé ne reviennent pas à faire le procès de Hassan II", mais il rappelle que "les comploteurs aussi doivent exposer leurs motivations, admettre leurs torts et demander pardon". "Regardez ce qu’a dit Ahmed Herzenni (ndlr : dirigeant de la GSU, qui a avoué avoir recouru aux armes contre la monarchie et rendu un surprenant hommage à Hasan II), son témoignage est équilibré et fait bien la part des choses. Je n’en dirai pas autant des autres". Laenser, comme Khatib, Aherdane et les autres, fait notamment allusion aux anciens de Tazmamart (les Marzouki, Raïss, Agaou), auxquels ils reprochent d’avoir "tué des innocents, lors du coup d’Etat manqué de Skhirat, sans demander pardon à leurs familles ni exprimer le moindre remords". Une opinion partagée par l’association des victimes de Skhirat, dont une voix autorisée nous livre le point de vue suivant : "Nous ne pouvons qu’être touchés par la douleur de ceux qui ont survécu, mais comment ne pas être blessés quand on voit que les putschistes n’ont eu aucun mot, aucune attention pour leurs victimes dont beaucoup vivent pratiquement dans la misère. Contrairement à d’autres victimes du passé, ces gens n’avaient aucune étiquette politique, ils ne militaient pour rien mais ont simplement pris les armes pour tuer… Pourquoi ne pas donner, aussi, la parole aux familles de ceux qui ont été égorgés ?".





Auditions. Le malaise des partis

Quelques jours avant les audiences des 21 et 22 décembre, les membres de l’IER ont compris que le plus dur ne sera pas d’écouter les victimes du passé, mais les partis politiques d’aujourd’hui. Le rejet initial des uns (mouvance populaire), conjugué aux appréhensions et à la réserve des autres (Istiqlal), ont laissé des traces. "Entendons-nous, résume ce dirigeant de l’IER, des partis se sont livrés à une guerre sanguinaire par le passé. Les plaies sont toujours ouvertes. Pensez que l’Istiqlal et l’USFP (ex-UNFP) ne se sont jamais expliqués depuis la scission de 1959, sur le fait que des centaines de militants de la Choura ont été massacrés par des milices dirigées par l’Istiqlal, que la gauche radicale en veut toujours au PPS et à l’USFP, que certains chefs de parti ont été policiers ou militaires dans les années de plomb. Mesurez toute la difficulté de rassurer tout ce beau monde autour de la nécessité d’ouvrir les pages du passé". En dehors du cas Khatib et, à un moindre degré, de celui d’Aherdane, visiblement embarrassés par un vécu lourd à porter, aucune voix ne s’est ouvertement prononcée contre le processus en cours. Ce n’est pas l’envie qui leur a manqué. "En se positionnant franchement contre, beaucoup craignent de passer pour des dissidents, nous assure encore cette source à l’IER. Il s’agit pour nous de les rassurer et de les amener à se poser des questions qu’ils éludaient : sur la genèse de leurs propres partis et sur le rôle joué par leurs figures historiques, souvent assimilées à des héros".




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21 janvier 2005 13:41
Je cite Bouazza Ikken
Je suis pour le jugement des coupables, ils ne peuvent pas se prévaloir d’avoir été de simples exécutants. Un ordre reçu, quand il n’est pas conforme à la loi, n’a pas à être exécuté". Fin de citation

Mon point de vue.
C'est merveilleux comme raisonnement! les coupables ne peuvent pas se prévaloir d’avoir été de simples exécutants, parce que le Maroc est un pays démocratique et de ce fait, un Chabakouni peut refuser les ordres de son supérieur s’ils ne sont pas conforment à la lois.
Lorsque je vous dis que l’hypocrisie et la culture des courbettes sont généralisées dans notre cher pays, il se trouve toujours des énergumènes dans ce forum pour nous dire qu’on déverse notre venin et notre haine sur le magnifique peuple marocain.




Modifié 2 fois. Dernière modification le 21/01/05 13:49 par kardach.
 
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