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La marche verte, vue autrement
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13 novembre 2005 00:06
[www.telquel-online.com]

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Revenons à l'événement en soi. Le roi a voulu 350 000 personnes pour sa marche. Il en a certainement eu beaucoup plus. Au fur et à mesure de la progression des autocars et des camions vers le sud, plusieurs centaines de personnes s'y infiltrent spontanément. Celles-là n’ont jamais été comptabilisées. Mais avant, les médecins chargés d'accompagner la marche ont dû refuser plusieurs candidatures, difficilement. “Nous faisions subir des interrogatoires médicaux aux marcheurs. Beaucoup d'entre eux nous mentaient, refusaient de reconnaître leurs maladies pour pouvoir participer à la marche. Il y avait un enthousiasme presque nerveux pour cet événement”, écrit dans ses mémoires un médecin qui a accompagné la Marche Verte.

Quelques jours avant le 6 novembre donc, plus de 350 000 enthousiastes se lancent vers l'inconnu avec légèreté. Entassés dans des camions de marchandises, ils chantonnent durant tout le trajet qui sépare leurs provinces d'origine de Tarfaya, premier grand point de rassemblement. Arrivés sur place, les observateurs internationaux sont épatés par l'organisation des campements. “Des milliers de tentes dressées en lignes ordonnées, du pain frais et des boîtes de sardines en abondance et d'immenses citernes d'eau, ressemblant à des baleines échouées, posées le long de la route menant à la frontière”, écrit un journaliste britannique. Pour une opération inspirée par un rêve, l'organisation laissait perplexe.

Les marcheurs sont ensuite divisés en plusieurs groupes de quelques milliers de personnes. “Chaque groupe avait à sa tête un caïd chargé de distribuer les rations alimentaires et de coordonner le rythme de progression”, raconte Mbarek, un marcheur aujourd'hui âgé de 53 ans. Ainsi divisés, les groupes sont ensuite installés dans des campements à Tarfaya et à Tan Tan. Quand Hassan II donne l'ordre de “marcher”, les premiers groupes prennent le départ à Sebkhat Tah, 15 Km au nord du premier poste frontalier espagnol, situé à Tah. Combien sont-ils à marcher ? Mystère. Toujours est-il que des versions concordantes de marcheurs et d'observateurs affirment que plusieurs milliers de personnes n'ont jamais quitté leurs campements à Tarfaya et à Tan Tan.

Pour le reste, la progression est très lente. “Normal, explique ce militaire aujourd'hui à la retraite, il fallait d'abord tâter le terrain. Le Maroc entier retenait son souffle et se demandait si les Espagnols allaient tirer. En cas d'incident majeur, il fallait donner l'ordre aux marcheurs de se replier. Et le retrait serait évidemment beaucoup plus simple si la distance à parcourir n'est pas très importante”. Finalement, l'ordre de retrait sera donné trois jours plus tard, le 9 novembre. Trop tôt, estimaient plusieurs participants, qui voulaient marcher sur le Sahara tout entier. Mais Hassan II, porté sur la symbolique et contraint par la communauté internationale, sauve ainsi la mise. Symboliquement, ses hommes ont planté le drapeau marocain sur un poste frontalier espagnol au Sahara. Stratégiquement, ils ont évité une confrontation inévitablement sanglante avec des militaires espagnols postés 12 Km plus au sud, à Daoura.

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