Le conférencier s’attardera ensuite sur deux notions, et deux mots qu’il a inventés : L’humiliocratie, c’est-à-dire, quand l’humiliation du plus faible devient une forme de gouvernance, et la pauvrocratie, c’est-à-dire, le fait de distribuer la pauvreté, au lieu de chercher à l’éradiquer en s’attaquant à ses racines. Au Maroc, ces simples chiffres parlent d’eux mêmes : les deux tiers de la population ont moins de 30 ans, et 60% des hommes politiques ont plus de 65 ans. Comment, dés lors, peut-on établir un équilibre entre ces deux « forces » ? Au Maroc, comme partout dans le monde arabe, les politiciens ne cessent de décevoir les jeunes, et le fossé séparant les deux devient de plus en plus grand. Les jeunes, dans ce cas-là, subissent la pire des humiliations, celle qu’on inflige à soi-même quand on s’abstient de réagir, quand on accepte son sort avec passivité, quand on incarne la « société de spectacle » dont parle Guy Debord. (3)
Une des plus grandes leçons de l’Histoire est que le plus fort cherche toujours à prouver sa suprématie par UN seul moyen : humilier l’Autre. Les Chefs d’Etats arabes sont humiliés par les Etats-Unis qui leur imposent leurs décisions. Ils cherchent, de leur part, à se « débarrasser » de cette humiliation en humiliant leurs ministres en fonction du mécanisme de « compensation » (dans le sens Freudien du terme), et ainsi de suite. Et, enchaînement oblige, c’est le peuple qui « reçoit » l’addition de toutes ces humiliations. Il est temps que les peuples arabes cherchent à se libérer, en faisant appel à cette force intérieure qui nous pousse à échapper à toute relation de servilité. Les Intifadates sont inévitables. Elles prendront des formes violentes, au départ de ce postulat évident : dans les pays totalitaires, les révolutions tendent à être plus sanglantes, car elles ont longtemps été réprimées.
L’auteur conclura sur ce qu’il appelle « la fin de l’exception marocaine », titre qui fait référence aux tristes événements du 16 Mai 2003. Le terrorisme, contrairement à ce qu’on voudrait nous faire croire, n’est pas le fruit d’une idéologie extrémiste de quelque religion que ce soit. Ce n’est pas par pur hasard si le terrorisme s’est développé dans le pays le plus misérable des pays musulmans, en l’occurrence l’Afghanistan, un pays où les gens vivent encore au niveau de la préhistoire. Les attentats du 11 Septembre, par exemple, sont moins liés à l’argent de Ben Laden qu’à la détermination des enfants de la misère et de la guerre, bien disposés à la revanche et au sacrifice. « Tant qu’à vivre comme un mort, je me donne la mort pour vivre ! ». Ce discours, quoique absurde, a séduit bon nombre de nos jeunes, et continue, malheureusement, de le faire. M. Elmandjra explique, chiffres à l’appui, l’écart énorme entre les riches et les pauvres au Maroc : en 1956, 10% des gens les plus riches gagnaient 10 à 12 fois plus que les 50% les plus pauvres. Aujourd’hui, 5% des plus riches possèdent 30% de l’ensemble des richesses. Les chiffres parlent pour eux-mêmes…
La décolonisation culturelle est le défi majeur que l’ensemble des peuples arabes sont appelés à relever, dans l’espoir de vivre des lendemains meilleurs. Elle doit commencer, comme toute action, dans l’esprit de chaque citoyen. Et elle nécessite la présence de trois éléments : D’abord, le sens du beau, c’est-à-dire, avoir une certaine sensibilité pour la beauté là où elle se trouve. « Dieu est beau, et aime la beauté ». Ensuite, l’Amour, c’est-à-dire, se sentir impliqué dans la vie de son prochain, être tellement proche de lui qu’on arrive à sentir les crispations de son cœur. L’Amour doit être une prière pratiquée au quotidien. La Compassion qui en découle est le facteur qui assure les liens affectifs dans une société. Et enfin, la dignité. On ne le répétera jamais assez : la dignité de la personne humaine doit être le moyen et la fin de tout développement. Elle est caractéristique de l’humanité. Ainsi, un homme cesse d’être un être humain dés lors qu’il a perdu sa dignité. En se comportant autrement, il devient un salaud au sens Sartrien du terme. L’auteur finira en évoquant son emprisonnement à l’âge de 15 ans, après avoir manifesté son refus lorsqu’un français, dans une piscine à Ifrane, traita les Arabes de « chiens ». Dés lors, quand il nous parle de dignité et de combat en faveur de la liberté, on croit en sa sincérité.
le Maroc au coeur.
Ah ! Que lentement la vérité fait son chemin dans les esprits...
il a tjrs refusé de faire partie d'une equipe des incompetents et d'ailleurs c un Mr. qui a bcp de principes il vendra jamais l'une de ses convictions pour une richesse du monde. Bravo Mr. El Manjera on est fier de vous!
le Maroc au coeur.
Ah ! Que lentement la vérité fait son chemin dans les esprits...