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les maniféstations de londre violemment réprimés
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28 mars 2011 11:58
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Vitrines brisées, poubelles en feu, scènes d'émeutes. Diffusées en boucle sur les télévisions du monde entier, les images spectaculaires des débordements de la première grande manifestation contre les coupes budgétaires, samedi soir à Londres, donnent l'impression d'un pays livré au chaos.

Les vandales avaient soigneusement choisi leurs cibles : la très chic épicerie fine Fortnum & Mason, un magasin Porsche, le palace Ritz, plusieurs banques. La police, attaquée à coups de bouteilles vides, de pots de peinture et même de bombes artisanales à l'ammoniac, s'est largement laissée dépasser par quelques centaines manifestants radicaux encagoulés.

Les violences ont pris fin à 2 heures du matin et se sont soldées par 200 arrestations, plusieurs dizaines de blessés et des milliers de livres de dégâts matériels. Elles ont presque réussi à éclipser la manifestation géante, pacifique et bon enfant qui, quelques heures plus tôt, avait réuni entre 250 000 et un demi-million de personnes.
La plus grande manifestation depuis la guerre en Irak

Un manifestant avec un masque du Prince William et une pancarte "pas de coupes" à Hyde Park (Suzanne Plunkett/Reuters).Depuis le retour au pouvoir des conservateurs en mai 2010, les Britanniques subissaient sans broncher le plan d'austérité le plus drastique de l'histoire du Royaume-Uni depuis la Seconde Guerre mondiale.

Samedi 26 mars, ils sont descendus en masse dans les rues de Londres pour réclamer une pause. Trois jours après la présentation du budget 2011, qui promet encore plus de coupes dans les dépenses publiques, ils étaient venus des quatre coins du pays pour défiler le long de la Tamise.

Même les syndicats, à l'origine du mouvement, ont été surpris par l'affluence. On n'avait plus vu une telle mobilisation à Londres depuis les manifestations contre la guerre en Irak, en 2003.

Dans la foule bigarrée, on trouvait tous ceux qui, de près ou de loin, commencent à sentir les effets de l'amère potion gouvernementale :

* les fonctionnaires menacés par la disparition annoncée de 500 000 emplois publics ;
* les étudiants indignés par le triplement des frais d'inscription à l'université – ils ont été à l'avant-garde de la mobilisation en étant les premiers (et à l'époque les seuls) à manifester dès l'automne ;
* les mères de famille inquiètes de la baisse des allocations familiales, venues avec leurs enfants ;
* le personnel médical perturbé par la réorganisation du NHS, le système de santé ;
* les retraités qui voient leur pension diminuer ;
* les classes moyennes visées par des augmentations d'impôts ;
* les usagers des bibliothèques municipales qui ferment les unes après les autres, faute de subventions ;
* tous ceux qui, avec la hausse de la TVA, la baisse des aides publiques et une inflation galopante (4,4% en février), n'arrivent plus à joindre les deux bouts.

Le spectre des années Thatcher

« Ça me rappelle les années 80 », commente un syndicaliste, presque nostalgique des manifestations anti-Thatcher. Sauf qu'il y a trente ans, les syndicats étaient encore puissants. Cette année, ce sont eux qui ont lancé le mot d'ordre, mais les foules qui se sont déplacées vont bien au-delà de leur clientèle habituelle.

C'est ce qui fait la force du mouvement : sa diversité. Mais c'est aussi sa faiblesse. Dans le défilé, il y avait presque autant de mots d'ordre que de manifestants. La majorité de la population est affectée par les coupes budgétaires, mais chacun à sa manière.

Logo de la manifestation du 26 mars (DR).Difficile, dans ce contexte, de définir un message unifié. Il est encore plus ardu, voir impossible, de proposer une « alternative » – c'était le slogan officiel du défilé – à la rigueur proposée par la coalition au pouvoir.
Les casseurs, seule alternative à David Cameron ?

Ed Miliband, le terne leader travailliste, espérait trouver sa voix en s'invitant à la manif. Mais sa tentative de récupération a fait flop lorsqu'il a, dans un élan lyrique fort déplacé, comparé l'actuelle mobilisation des Britanniques contre l'austérité aux revendications des suffragettes pour le droit de vote des femmes au début du XXe siècle, au mouvement des droits civiques aux Etats-Unis dans les années 1960 et même à la lutte anti-apartheid.

La forte mobilisation de samedi est certainement un avertissement pour le gouvernement. Les syndicats, qui ont mis presque un an à appeler à manifester contre les coupes budgétaires, veulent y voir le début d'un mouvement durable.

Mais si la seule alternative clairement identifiée à David Cameron et à son chancelier de l'Echiquier George Osborne est celle offerte par les casseurs, qui saccagent les signes extérieurs de richesse, elle risque de dissuader une grande partie de ceux qui ont défilé samedi après-midi.

Des policiers devant un feu lors de la manifestation à Londres, le 26 mars 2011 (Paul Hackett/Reuters).

Photos : des manifestants contre l'austérité à Hyde Park, à Londres, le 26 mars 2011 (Kevin Coombs/Reuters) ; un manifestant avec un masque du Prince William et une pancarte « pas de coupes » à Hyde Park le 26 mars (Suzanne Plunkett/Reuters) ; logo de la manifestation du 26 mars (DR) ; des policiers devant un feu lors de la manifestation à Londres, le 26 mars (Paul Hackett/Reuters).
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28 mars 2011 12:00
Manifestation sans précédent à Londres contre la cure d'austérité
Les organisateurs affirment que la manifestation du 26 mars 2011 est le plus grand rassemblement depuis des décennies.
Les organisateurs affirment que la manifestation du 26 mars 2011 est le plus grand rassemblement depuis des décennies.
Reuters/Suzanne Plunkett
Par RFI

Quelque 200 000 Britanniques auraient répondu à l'appel des syndicats ce samedi 26 mars 2011 pour manifester contre la cure d’austérité. « Ne cassez pas la Grande-Bretagne », ont-ils proclamé. Aucune estimation officielle n'est disponible. Mais la Conféderation des syndicats assure que c'est la plus grande manifestation dans le pays depuis une génération.

Avec notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix

« Pas touche à nos services publics », voilà en substance ce que sont venus hurler à la coalition de David Cameron ces centaines de milliers de Britanniques tout au long d’une marche compacte où les slogans scandés à pleine voix devaient rivaliser avec le vuvuzela sud-africain omniprésent et… assourdissant.

Mais derrière l’ambiance de carnaval, la colère est profonde : Annah est une enseignante venue de Newcastle qui travaille avec des enfants handicapés et va probablement perdre son emploi : « Nous avons des équipes entières de collègues dont les emplois ont été supprimés depuis octobre sans qu’il y ait eu la moindre réflexion sur ce que ça implique pour l’avenir, dit-elle. Nous savons que des coupes sont nécessaires mais il est important que le gouvernement réfléchisse avant de couper, c’est tout ce que nous voulons dire. »

Rencontré un peu plus loin, Iain, fonctionnaire au sein du NHS estime qu’il existe des solutions alternatives aux coupes brutales du gouvernement : « Je pense qu’il y a tant d’autres façons dont nous aurions pu économiser de l’argent. L’alternative ce sont des coupes budgétaires moins rapides, préserver les allocations universelles, créer des impôts à la Robin des bois pour que le monde de la finance soit taxé sur chaque transaction, mais aussi créer plus d’emplois notamment des emplois pour préserver la planète, des emplois verts… »

Cette démonstration de force est un succès pour les syndicats et leur donne ainsi le feu vert à un printemps de revendications qui ne vont pas manquer d’embarrasser la coalition.

Les revendications des manifestants

La priorité pour le gouvernement britannique est de pouvoir économiser 90 milliards d'euros d'ici à 2015.

La cure n’épargnera personne : des ménages les plus pauvres à la reine Élizabeth II en personne. Pour y arriver, le gouvernement a décidé de réduire les dotations aux collectivités locales, de geler les salaires des fonctionnaires et de supprimer plus de 300 milles emplois publics. Car le temps presse : le pays a enregistré un déficit record de 10% du PIB en 2010.

Face à l’impopularité croissante de la politique d'austérité, le Premier ministre David Cameron a lâché un peu du lest en faveur des classes moyennes. Le gouvernement a notamment rehaussé les seuils d'imposition sur le revenu et annoncé une baisse des taxes sur l'essence. Il a annoncé dans la foulée une série de mesures destinées à encourager la reprise économique : comme des simplifications administratives pour les créations d'entreprises ou la mise en place d'aides pour l'accession à la propriété.
 
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