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Le Maghreb face à une Europe tournée vers l’Est
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11 janvier 2005 02:42

mercredi 5 mai 2004

L’avenir de l’Europe est-il à l’Est ? Telle est la question que ne cessent de se poser bon nombre d’observateurs des pulsions européennes. Maintenant que l’UE a été portée à 25, se tournant vers l’est, les eurosceptiques appréhendent un déferlement d’immigrés dans la vieille Europe.

Paradoxalement, ils craignent la délocalisation des entreprises vers l’Est ! C’est un marché de 75 millions d’habitants qui s’ouvre à la vieille Europe, et qui va bénéficier de ses subventions. En revanche, c’est peut-être une chance pour les 10 pays nouvellement membres, puisque la plupart d’entre eux traînent une croissance qui tourne autour 4,5 à 6% chez les 3 Etats Baltes (Lettonie, Lituanie, Estonie), et autour de 1% chez les autres. Pour se développer, ces pays ont des besoins considérables en matière d’infrastructures (des routes, des logements, des réseaux ferrés), mais aussi des produits de consommation, de l’agroalimentaire, des voitures (2 millions et demi de véhicules pour les 5 prochaines années). L’Europe s’achemine vers une zone économique de 455 millions d’habitants. Soit la 3e au monde derrière la Chine et l’Inde.

Un Maghreb historiquement tourné vers l’Europe

Cette Europe qui se tourne vers l’est contraste avec son ouverture plus prudente sur le Maghreb. Des relations marquées par la prééminence des relations commerciales et une politique restrictive en matière d’immigration maghrébine. Une situation kafkaïenne que celle que s’offrent aujourd’hui les pays du Maghreb, qui, dans la désunion, voient l’Europe s’accomplir et se « barricader ». Lorsque cinq pays de l’UMA trouvent toutes les peines du monde à s’unir, en Europe, dix pays font leur entrée dans un regroupement régional époustouflant. Face à une Europe forte, et des pays maghrébins ayant négocié individuellement leur accord d’association et leur insertion dans l’économie mondiale, la réduction asymétrique des tarifs douaniers et une ouverture non maîtrisée, des analystes prédisent des retombées néfastes pour des secteurs productifs fragiles, se traduisant par une nouvelle baisse de la demande intérieure et une hausse des taux du chômage, par la diminution du rythme d’activité des unités industrielles locales.Le Maghreb est historiquement tourné vers l’Europe. Il effectue environ 80% de ses échanges avec l’Union européenne dans le cadre de relations commerciales. Même sur le plan culturel, l’espace méditerranéen a une forte emprise sur les Maghrébins.
Hormis ces liens historiques, le Maghreb peut se tirer d’affaire puisqu’il constitue une zone stratégique suscitant l’intérêt grandissant des Américains. Ces derniers sont soucieux de consolider leur influence dans une région disposant de ressources énergétiques et qui plus est peut jouer les premiers rôles dans bon nombre de questions brûlantes de l’actualité internationale, allant de la lutte contre le terrorisme international jusqu’au conflit israélo-palestinien ou la question irakienne, pour ne citer que celles-la. Représentant quelque 60 millions de consommateurs, les Etats-Unis ont même plaidé l’intégration économique des pays du Maghreb à l’OTAN. L’un des piliers énergétiques du Maghreb, l’Algérie avec la Libye, dispose de réserves prouvées de pétrole de plus de 5 milliards de tonnes, et quelque 5 000 milliards m3 en ressources gazières. L’Algérie étant le 5e producteur et 4e exportateur mondial de gaz naturel.
Mais les pays du Maghreb, en assistant séparément aux grands ensembles mondiaux qui se forment, l’UE, l’ALENA, et bien d’autres encore, résultat de la mondialisation, voient le coût de leur désunion exorbitant et ce, à en juger par le déficit des IDE attirés par la région. A titre d’exemple, la Chine, selon ses projections, attirera, à elle seule pour cette année, quelque 60 milliards de dollars.

L’Algérie premier importateur des produits agricoles de l’UE

En ce qui concerne l’Algérie à proprement parler, elle est le premier pays importateur des produits agricoles de l’UE avec un volume de près de 1,2 milliard d’euros. Sur les douze partenaires méditerranéens de l’UE (Algérie, Maroc, Tunisie, Egypte, Syrie, Liban, Jordanie, Turquie, Chypre, Malte, Israël et Autorité palestinienne), l’Algérie absorbe le quart des exportations de l’Union vers ce groupe régional. Les exportations de l’Europe des Quinze vers l’Algérie en 2002 représentaient 24% des exportations globales vers les 12 partenaires sud-méditerranéens et 1% des exportations agricoles de ces derniers vers les Quinze, selon le bulletin statistique de la Commission européenne Eurostat. Parmi les principales importations algériennes figurent notamment la farine de froment (blé) ou le méteil (334 millions d’euros), les sucres de canne ou de betterave (136 millions d’euros), laits et crème de lait (229 millions d’euros), la pomme de terre de semence (64 millions d’euros), les huiles (80 millions d’euros), les fromages et caillebotte (24 millions d’euros) et les tabacs bruts (14 millions d’euros). Les exportations algériennes vers l’UE sont assimilées à zéro par Eurostat. Les principales (94%) exportations agricoles vers l’Europe proviennent de la Turquie pour un montant de 1,54 milliard d’euros, du Maroc (666 millions), Israël (592 millions), de Tunisie (314 millions) et d’Egypte (208 millions).
Du côté de l’UE, la France, l’Allemagne et les Pays-Bas sont les plus importants partenaires des pays du pourtour méditerranéen, suivis du Royaume-Uni et d’Italie. Parmi eux, seuls la France et les Pays-Bas enregistrent un surplus commercial face aux pays du Sud méditerranéen. La valeur ajoutée agricole dans le PIB représente 10% pour l’Algérie, révèle la même source, alors que celle de la valeur ajoutée du secteur primaire est de 6 milliards d’euros pour l’Algérie, 20 milliards d’euros en Turquie, 15 milliards en Egypte, 6 milliards au Maroc et 2 milliards en Tunisie. Ce secteur primaire occupe en outre une part importante de l’emploi dans ces pays : Syrie, Tunisie et Algérie (seul pays des douze où l’emploi agricole est en hausse avec plus de 20%) ; en Turquie, il est de 35% et au Maroc, il dépasse 45% contre 4,5% en moyenne dans les quinze pays d’Europe.Même si l’Algérie entretient des relations commerciales avec les pays nouvellement membres de l’UE, des voix au sein de la Commission européenne au commerce assurent que les pays maghrébins bénéficieront de l’accès au marché de l’Europe des 25 dans les mêmes conditions que l’Europe des 15. Face aux inquiétudes nées de cet élargissement chez les Maghrébins, des observateurs tempèrent les ardeurs et considèrent que du point de vue commercial, l’élargissement a été déjà fait, puisque, assurent-ils, 70% des échanges des pays adhérents se font avec l’UE.
Le commerce s’est libéralisé avec eux progressivement depuis 10 ans et, indiquent-ils, ce sont les pays maghrébins qui auront accès à un marché plus large, donc forcément plus bénéfique pour eux. Mais ils omettent de signaler que la concurrence sera rude sur un marché où les produits maghrébins seront supplantés par ceux européens.

Par Mahmoud Mamart, La Tribune

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