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la machine de la propagande israelienne
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29 janvier 2009 12:12
James Zogby

The Huffington Post

Vendredi 9 janvier 2009



Comme pour les précédents conflits du Moyen-Orient, la version officielle défendue par les médias et les analyses politiques ici, aux États-Unis, correspondent fidèlement à la position d’Israël concernant cette guerre. Ce point constitue une des causes majeures des précédentes victoires israéliennes et de la capacité d’Israël à faire durer les combats sans que les États-Unis ne lui retirent son soutien. Puisqu’il a conscience de l’importance de la guerre de propagande, Israël combat de manière vigoureuse et disproportionnée sur ce front-là aussi.

Voici comment il s’y prend :

1/ Définir le cadre du débat : la clé pour le remporter. Au départ, les Israéliens s’efforcent de définir le contexte, la genèse, et la version officielle qui conditionneront la compréhension du conflit. Dans le cas présent, par exemple, ils ont réussi, grâce à des répétitions ininterrompues, à établir la notion selon laquelle la guerre avait commencé le 19 décembre, date de fin du cessez-le-feu de 6 mois (décrit par Israël comme « rompu unilatéralement par le Hamas »). En agissant ainsi, ils ont évidemment ignoré leurs propres violations de la trêve en novembre, et le non-respect de leur engagement, pris au début du cessez-le-feu, visant à ouvrir les frontières de Gaza. Ils ont également fermé les yeux sur leur propres décisions qui ont condamné Gaza à la dépendance, processus qui a commencé bien avant leur retrait en 2005. Comme ils savent que les Étasuniens ne suivent pas ce conflit de près, et sont enclins à croire ce qu’on ne cesse de leur répéter, cette tactique de définition préalable du contexte et de répétition de la version officielle est un succès.

2/ Avoir conscience de l’efficacité des stéréotypes. Comme, depuis des générations, le conflit israélo-palestinien est décrit sous des auspices favorables à la culture israélienne et via des stéréotypes négatifs sur les Palestiniens, les agents de la propagande israélienne disposent ici d’un avantage facile à exploiter. Puisque ce conflit est considéré depuis des lustres comme « une confrontation de l’humanisme israélien au problème palestinien », la couverture médiatique de chaque nouvel épisode commence par décrire comment « le problème » affecte les Israéliens. Comme Golda Meir l’a déclaré : « Nous pouvons pardonner aux Arabes le meurtre de nos enfants, mais nous ne pourrons jamais leur pardonner de nous forcer à tuer les leurs ». Par conséquent, malgré la souffrance disproportionnée du peuple palestinien, rien de surprenant dans le fait que la couverture médiatique tente de « rééquilibrer » le sujet en traitant exhaustivement, photos à l’appui, de l’angoisse et de la peur que la guerre fait subir aux Israéliens. Plus tôt dans le conflit, lorsque l’analyse médiatique jouait le rôle principal, les Palestiniens étaient réduits, comme toujours, à de simples chiffres, ou chosifiés comme « dommages collatéraux ».

3/ Anticiper et compter sur les erreurs de l’adversaire. La stupidité du Hamas a servi la stratégie d’Israël. Dès le début, Israël a pu compter sur le fait que le Hamas lancerait des roquettes et émettrait le type de menace qui permettrait à Israël de rallier la sympathie de l’Occident. Savoir que ces tirs et ces menaces auraient très certainement lieu, et pourraient être exploités, constitua un avantage pour leur guerre de propagande.

Note de Futur Quantique : quand on sait qu’Israël est le champion des opérations sous « fausse bannière », et qu'il a tendance à se faire parfois passer pour le Hamas, on peut se demander qui est derrière les tirs de roquettes et les menaces qui servent si bien la propagande israélienne.

4/ Etre partout et répéter la même chose – et s’assurer que l’adversaire demeure aussi invisible que possible. Israël entame chacune de ses guerres aidé d'une légion de porte-paroles anglophones (la plupart nés dans des pays occidentaux) disponible à tout instant dans chaque organe médiatique (ce n’est pas un hasard si, par exemple, Israël dispose d’un consul général « arabe » à Atlanta – ville où est basé CNN). Cette opération de propagande, qui consiste à dépêcher dans tous les événements médiatiques des États-Unis des porte-paroles présentant la même version des faits, est une garantie de succès. En même temps, ils arrivent à interdire l’accès des médias à Gaza, autorisant les journalistes occidentaux à opérer uniquement dans les zones supervisées par l’armée israélienne, ce qui garantit à Israël l’opportunité de définir chaque détail de la version officielle tout en interdisant toute possibilité de vérification indépendante des horreurs perpétrées à Gaza.

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Modifié 1 fois. Dernière modification le 29/01/09 12:13 par rifton75.
"L'orgueil du savoir est pire que l'ignorance"
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29 janvier 2009 12:12
/ Coller à la version officielle. Comme une bonne partie de l’histoire sera définie par les déclarations et les actes des politiciens, l’appareil politique à Washington est également mis à contribution, assurant que les dirigeants de la Maison-Blanche et du Congrès communiquent la version officielle. Ainsi, les communiqués du Congrès reprennent cette version des faits tandis que les porte-paroles israéliens, les commentateurs politiques, et les déclarations du Congrès se corroborent mutuellement.
6/ Nier, nier, nier. Lorsque les événements et la réalité font surface, en contradiction avec le scénario élaboré par Israël, et contestant la version officielle, la machine de propagande s’active pour nier, nier et nier encore (déclarant éhontément, « qui croyez-vous, moi ou ce que vos yeux trompeurs vous disent ? ») et/ou élaborant une nouvelle version qui reporte la faute sur la victime (« nous ne sommes pas responsables, ils nous ont forcés à le faire »). Dans le cas présent, cela consiste à affirmer que quelqu’un autre, toujours, est responsable de la mort des Palestiniens, et/ou que les photos montrant la souffrance du peuple palestinien sont des mises en scène de la part des journalistes ou de l’ennemi (comme pour dire : « les Arabes ne souffrent pas vraiment comme nous »).
7/ La dernière carte… Lorsque toutes les techniques précédentes ont échoué, invoquer quelques exemples d’antisémitisme flagrant et les généraliser – suggérant ainsi que les critiques sont motivées par l'antisémitisme. Cette tactique est risquée et peut-être trop utilisée, mais elle peut réduire les critiques au silence ou les mettre sur la défensive.

Note de Futur Quantique : apparemment, cette dernière carte est toujours autant employée, en témoignent les multiples articles et reportages sur la montée de l'antisémitisme en France. L'agression d'une jeune juive a même traversé l'Atlantique pour servir le discours d'un sioniste lors d'un rassemblement pro-israélien à New York. A croire qu'ils ont du mal à trouver le moindre acte antisémite sur toute la planète... et pour cause : dans la majorité des cas, l'antisémitisme est un phénomène monté de toute pièce pour les besoins de la propagande. Ne vous attendez pas à voir les médias diffuser des informations en totale contradiction avec la propagande, comme, par exemple, ce très beau discours humaniste prononcé hier à Lyon dans le cadre d'une manifestation pour Gaza :


[www.futurquantique.org]



Traduction : Axel D. pour Futur Quantique
"L'orgueil du savoir est pire que l'ignorance"
 
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