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La lutte contre le sida en Afrique est une question de sécurité.
a
18 février 2005 15:48
Le colonel Edward Huycke, chirurgien en chef de l'EUCOM et responsable de la coordination
des programmes de lutte contre le sida dans les armées étrangères, a
posé
la question : « Pourquoi l'EUCOM se préoccupe-t-il du sida en
Afrique ? »

Et de répondre : « Parce qu'il y a une incroyable augmentation du taux
d'infection au VIH en Afrique subsaharienne. L'effet présent et futur
de
la pandémie - sur le plan social, politique, économique et militaire -
(...) est énorme (...) et ahurissant. Le risque de désintégration
sociale
- la perte de juges, de médecins, d'avocats, de parlementaires, de
parents, d'enseignants - est considérablement augmenté par la
pandémie. »

La santé des armées africaines est particulièrement importante, a-t-il
ajouté, parce que le ministère américain de la défense compte de plus
en
plus sur elles pour assumer la responsabilité des opérations de
maintien
de la paix sur le continent et pour le protéger des incursions
terroristes.

M. Huycke a tenu ces propos le lendemain du jour où un groupe spécial
de
travail sur le sida créé par l'International Crisis Group (ICG) et le
Centre d'études stratégiques et internationales (CSIS) - deux
laboratoires
d'idées indépendants - s'était réuni pour discuter des programmes
bilatéraux mis en œuvre par les Etats-Unis pour lutter contre le sida
dans
les armées étrangères.

Des responsables du Programme de prévention du VIH/sida du ministère de
la
défense des Etats-Unis (DHAPP) et du Programme de recherche sur le
VIH/sida de l'armée des Etats-Unis, ainsi que des représentants de
l'ICG
et du CSIS, participaient également à ce colloque.

L'armée des Etats-Unis développe depuis plus de 30 ans des partenariats
sanitaires, d'un coût de plusieurs millions de dollars, avec des pays
tels
que le Kenya et la Thaïlande. Dans l'ensemble, le Pentagone a financé
des
programmes médicaux dans 41 pays, dont 29 en Afrique.

L'EUCOM a démarré son programme avec l'armée éthiopienne en 2001. Il
s'est
révélé efficace et a par la suite servi de modèle à d'autres démarches
du
ministère de la défense des Etats-Unis. Oeuvrant de concert avec
l'université Johns Hopkins pour réduire le taux d'infection au sein des
250.000 soldats de l'armée éthiopienne, le DHAPP a mis en œuvre un
programme (d'un coût de plusieurs millions de dollars) de conseil et de
formation au dépistage, a augmenté l'utilisation des préservatifs par
les
troupes, et a formé des auxiliaires médicaux.

Au bout de quatre ans, l'EUCOM a rapporté que la plupart de ses
objectifs
en Ethiopie avaient été atteints : 6.554 soldats ont reçu des
informations ; plus de 25.000 ont participé à des séminaires de
prévention
du sida ; et 2.969 soldats se sont soumis à un test de dépistage
effectué
par 100 conseillers nouvellement formés. Enfin, trois centres de
conseil
et de dépistage ont été créés dans des hôpitaux militaires éthiopiens.

Mme Kathy Ward, spécialiste de l'ICG, partage les inquiétudes de M.
Huycke. Elle a notamment précisé que plus de 22 millions de soldats des
forces armées du monde étaient menacés par le virus. « Le ministère de
la
défense des Etats-Unis entrevoit donc un intérêt de sécurité dans les
activités de prévention du VIH/sida au sein des armées étrangères,
parce
que la propagation du VIH est un énorme facteur de déstabilisation dans
les sociétés en développement, notamment en les rendant vulnérables à
l'agitation ou à l'infiltration d'éléments terroristes. »

L'inquiétude du ministère est également justifiée, selon elle, par le
fait
que les Etats-Unis espèrent pouvoir compter de plus en plus sur les
troupes africaines et autres forces régionales pour déployer des
contingents opérationnels afin de réduire la pression sur les forces
américaines qui ont déjà fort à faire dans la lutte contre le
terrorisme
dans le monde.

(L'EUCOM est l'un des grands commandements régionaux de l'armée des
Etats-Unis. Basé en Allemagne, il est responsable de l'organisation des
programmes entre armées dans 91 pays d'Europe et d'Afrique
subsaharienne.
Au fil des ans, ces commandements régionaux se sont vu attribuer de
plus
grandes responsabilités de création et de supervision de programmes
bilatéraux allant de la formation militaire à la surveillance des
frontières, en passant par des projets médicaux ayant une incidence sur
la
sécurité internationale.)

Le fait que l'Afrique a besoin d'aide pour lutter contre le sida est
devenu évident, récemment, lorsque le ministre sud-africain de la
défense,
Mosiuoa Lekota, a révélé que de 17 à 23 % des forces armées
sud-africaines
étaient probablement infectées par le VIH. C'est en tout cas ce que
révèle
le site web d'information iafrica.com.

M. Lekota a admis que les recrues devaient d'abord subir un test de
dépistage qui permettait de déterminer leur capacité de servir dans
l'armée. Mais une fois qu'ils sont acceptés, les tests ne sont
obligatoires qu'en cas de déploiement à l'étranger. « Nous encourageons
nos soldats a se faire tester de leur plein gré, mais ne pouvons pas
les y
forcer. »
article retransmis par : acharif moulay abdellah bouskraoui.
 
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