Au cours des cinq dernières années, grâce en partie à l'argent fourni par les Etats-Unis au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme et aux progrès réalisés à la fois dans le domaine des nouvelles techniques et des médicaments, les nouveaux cas de paludisme dans la région de Lubombo, en Afrique australe, ont diminué de près de 90 %. En Afrique, le paludisme est l'affection qui fait encore le plus de victimes.
Le 15 février, M. Brian Sharp, directeur du Projet de lutte contre le paludisme dans la région de Lubombo, ainsi que M. Richard Feachem, directeur exécutif du Fonds mondial, Mme Melinda Moore, directrice de l'Initiative pour un vaccin contre le paludisme et M. Susumu Yoshida, attaché à la société Sumitomo Chemical Co Ltd, participaient à une conférence organisée par les « Amis de la lutte mondiale contre le sida, la tuberculose et le paludisme », afin de faire le point des progrès enregistrés dans la lutte contre le paludisme.
A partir de 1999, les efforts visant la lutte contre le paludisme se sont intensifiés dans la région de Lubombo qui comprend le Swaziland ainsi que des parties du Mozambique et de l'Afrique du Sud, après que les dirigeants des trois pays eurent créé la Commission régionale de contrôle du paludisme (RMCC). Très tôt, des progrès furent enregistrés, mais le financement manqua pour continuer ou élargir le projet.
En 2003, le Fonds mondial est intervenu et a accepté de financer à hauteur de 22 millions de dollars le projet sur cinq ans de la RMCC afin d'éradiquer le paludisme dans la région de Lubombo. Les fonds ont permis de tripler les zones d'intervention au Mozambique et d'offrir de nouveaux traitements.
Dans certaines régions du sud du Mozambique, on a enregistré une baisse de 88 % des cas de paludisme et, en Afrique du Sud, on a constaté, en cinq ans, une diminution de 90 % des cas. « Le Fonds mondial a été la meilleure chance qui nous soit donnée de parvenir à contrôler le paludisme sur une grande échelle dans la région », a précisé M. Sharp.
Les Etats-Unis sont le pays qui donne le plus d'argent au Fonds mondial et leurs engagements jusqu'en 2008 s'élèvent à plus de 2 milliards de dollars. Le Fonds mondial alloue 35 % de son budget à la lutte contre le paludisme, a indiqué M. Feachem, et environ un milliard de dollars y seront consacrés au cours des deux prochaines années. Le total sur cinq ans devrait atteindre 2,5 milliards de dollars, et on s'attend à ce que les fonds alloués augmentent.
Au Mozambique, plus de trois millions de personnes contractent le paludisme chaque année. Parmi les enfants de la région, 90 % sont infectés et environ 35 % des décès touchant les enfants de moins de cinq ans sont dus au paludisme.
De l'avis de M. Yoshida, l'éradication du paludisme pourrait avoir des conséquences bénéfiques sur l'économie africaine. « L'Afrique est une région vitale qui a un énorme potentiel en matière de développement économique au XXIe siècle (...) La Banque mondiale estime que le paludisme entraîne une réduction de 12 milliards de dollars par an du produit intérieur brut de l'Afrique », a-t-il déclaré.
M. Feachem a expliqué qu'il existe trois stratégies principales pour éviter le paludisme en Afrique et ailleurs dans le monde. La première consiste à s'attaquer aux moustiques afin d'en réduire le nombre. La première année que le Fonds mondial a apporté son aide à la région de Lubombo, de l'insecticide à été pulvérisé sur 820.000 habitations et une forte réduction des cas de paludisme en a résulté.
Un autre moyen, moins coûteux, est d'équiper les lits avec des moustiquaires. Une nouvelle technique permet d'incorporer de l'insecticide à la fibre constituant le filet de la moustiquaire, a précisé M. Yoshiba, dont la société fabrique des moustiquaires traitées par insecticide qui durent plus de cinq ans. La publication « Time » a décerné à ce produit, qui coûte entre 5 et 8 dollars pièce, son prix d'« invention la plus sensationnelle de 2004 ».
Le troisième moyen de se protéger contre le paludisme, et celui que l'on recherche surtout, c'est de trouver un moyen de le guérir, a dit Mme Moore. Elle prévoit que si les contributions financières se poursuivent, les scientifiques seront en mesure de mettre au point un vaccin contre le paludisme d'ici 2010.
Selon une fiche d'information publiée par l'organisme « Les amis de la lutte mondiale contre le sida, la tuberculose et le paludisme », il existe de nouveaux médicaments plus efficaces pour aider ceux qui sont porteurs de la maladie et qui sont devenus résistants aux médicaments courants.
La thérapie combinée incorporant l'artémisinine (ACT) est un traitement anti-paludéen à effet rapide. C'est à l'introduction de ce genre de traitement au Mozambique par le Fonds mondial qu'on attribue la baisse de 88 % du taux de prévalence du paludisme dans ce pays.
La mise au point de nouveaux médicaments et la recherche d'un vaccin contre le paludisme coûtent cher mais, a souligné Mme Moore, l'éradication du paludisme en dépend.
« Les Etats-Unis sont un pays riche, non seulement au plan financier, mais aussi au plan du talent scientifique, du savoir-faire de l'industrie, et des expériences en matière de développement (...) Les Etats-Unis doivent aider à faire à l'échelle mondiale ce que leurs responsables de la santé publique ont réussi à faire lorsqu'ils sont parvenus (à la fin des années 1940) à éradiquer chez eux le paludisme, cette maladie mortelle qui peut et doit être vaincue. » article retransmis par : acharif moulay abdellah bouskraoui.