LILLE (AFP) - Le premier lycée privé musulman de France métropolitaine ouvrira ses portes en septembre à Lille, fort de l'autorisation accordée jeudi par le conseil supérieur de l'éducation (CSE), à l'issue de longs mois d'hésitation.
"Nous sommes très contents de ce nouveau né. On peut dire que nous l'avons porté pendant de longs mois, des années même!", a déclaré à l'AFP Makhlouf Mamèche, futur directeur adjoint du lycée Averroès, du nom du philosophe arabo-andalou du XIIème siècle.
Le CSE a constaté qu'il n'y avait "aucun obstacle matériel de sécurité pour cette ouverture", a indiqué le ministère de l'Education nationale.
La décision fait suite à trois refus successifs émanant du rectorat de Lille. Elle "permet au lycée Averroès d'ouvrir dès la prochaine rentrée scolaire, en tant que lycée hors contrat", a précisé le ministère.
Le rectorat de Lille avait refusé une première fois, en mai 2002, d'autoriser l'ouverture de ce lycée, le critère de cinq ans d'ancienneté dans l'Education du proviseur n'étant à l'époque pas rempli.
Un deuxième avis défavorable avait été émis en décembre 2002, justifié par le manque de sécurité des salles de cours du lycée, installées provisoirement dans le bâtiment abritant la mosquée de Lille-sud.
Amar Lasfar, recteur (UOIF) de la mosquée et président de l'association Averroès, avait reconnu la légitimité des deux premiers refus, mais contesté le dernier - le 23 mai, qui portait également sur les mesures de sécurité - affirmant que "tout était réglé".
Le CSE, qui dans ce cas précis agissait comme une juridiction administrative spécialisée traitant des conflits liés à l'enseignement privé, a finalement tranché, autorisant une ouverture dès la rentrée scolaire 2003.
"C'est une première en France métropolitaine", s'est réjoui M. Lasfar, saluant "la courageuse décision du CSE", le seul autre établissement scolaire privé musulman étant situé à la Réunion.
"Tout est déjà aménagé. Même l'équipement des laboratoires de chimie est arrivé. Il ne manquait plus que l'accord du ministère de l'Education nationale", a précisé M. Mamèche.
Le lycée Averroès devait accueillir dès septembre une trentaine d'élèves - musulmans ou non - en classe de seconde généraliste, avec pour but affiché la "formation des jeunes dans un climat de respect et de tolérance", selon la plaquette de présentation du lycée, déjà disponible.
Cette première classe sera mixte, le port du voile sera autorisé mais non obligatoire et des cours d'éducation physique sont prévus dans une salle proche, prêtée par la municipalité.
"L'enseignement y sera le même que dans les autres établissements, avec une ouverture sur les religions et le monde arabo-musulman", avait souligné en mai M. Lasfar, affirmant répondre aux demandes de la communauté musulmane du Nord-Pas-de-Calais, forte de plus de 450.000 membres.
"Le budget de fonctionnement du lycée est d'environ 150.000 euros. Tout notre financement vient des dons des fidèles, sans aucun apport étranger. L'association Averroès, chargée de recueillir des financements, a environ 500 adhérents qui font chaque mois des dons de 15 à 200 euros", a expliqué M. Mamèche.
Le lycée, qui prévoit d'ouvrir une deuxième classe dès la rentrée 2004, envisage au bout des cinq ans réglementaires de demander un contrat d'association avec l'Etat, pour bénéficier de la prise en charge du salaire des enseignants, comme c'est déjà le cas pour la grande majorité des établissements privés confessionnels ou non.
Source AFP
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