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Lilian Thuram Président ?
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6 octobre 2006 18:01
04/10/2006 - 18h25, par SPORT / Claire Raynaud



L'UMP ne rate pas une occasion de le tacler. Le PS et le PC, eux, donneraient cher pour le transférer dans leur équipe. Et son nom revient de plus en plus souvent à l'évocation du grand mercato ministériel qui suivra les élections présidentielles d'avril prochain.


Un portefeuille aux sports ou à l'intégration ? La gauche en rêve tout bas. Tandis que la droite enrage d'avoir laissé échapper celui qu'elle se targue d'avoir été la première à " repérer". En bon animal politique, Lilian Thuram se défend, pour l'instant, de toute appartenance à un parti et de toute ambition ministérielle. Mais sa reconversion politique semble inéluctable. Il s'est engagé dans ce processus dès 1998, en profitant de la tribune offerte par le sacre mondial des Bleus pour clamer haut et fort ses opinions. Footballeur citoyen, Thuram multiplie depuis huit ans les prises de position sur l'immigration, les sans-papiers, les mal-logés et beaucoup d'autres grandes causes dont il est devenu... le défenseur.

Nommé par Raffarin

Nommé membre du Haut Conseil à l'intégration en 2003 par Jean-Pierre Raffarin, alors Premier ministre, Thuram accepte le poste mais botte en touche ce gros appel du pied de l'UMP, qui croyait réaliser ainsi le plus gros transfert politico-sportif de l'histoire. Le footballeur pousse même l'insolence jusqu'à faire de Nicolas Sarkozy la cible favorite de ses attaques. Pour l'UMP, c'est une grosse claque. Mais alors que Thuram affirme chaque jour un peu plus ses idées a priori de gauche, son mandat au Haut Conseil à l'intégration est tout de même renouvelé au printemps... par Dominique de Villepin, qui voit peut-être là une occasion inespérée de narguer son féroce rival du ministère de l'Intérieur.

Chez les sarkozystes, Thuram devient donc l'homme à abattre. Reste à trouver le bon moment. En septembre dernier, Lilian Thuram décide d'inviter 70 des expulsés du squat de Cachan à assister, au Stade de France, au match France - Italie, déclenchant une salve de déclarations assassines de la part des proches de Nicolas Sarkozy. Yves Jégo, député UMP de Seine-et-Marne, qui s'est fait " virer " du Haut Conseil à l'intégration par Dominique de Villepin, traite Thuram de " piètre individu politique " sur les ondes de RTL. " Je regrette mes propos. Ce n'est pas l'homme que je voulais attaquer, temporise aujourd'hui le député UMP. Ce qui m'agace, c'est que sous couvert de son image de champion, il se permette de donner des leçons aux hommes politiques. Et qu'en plus, il avance masqué. Qu'il défende la politique d'immigration de la gauche, ce n'est pas une honte, mais qu'il ait au moins le courage d'avouer qu'il a choisi son camp. "

En d'autres termes, les sarkozystes accusent Thuram de n'être plus désormais qu'un pantin téléguidé par la gauche. " Mais, nom d'une pipe, c'est ridicule", s'insurge Marie-George Buffet, la secrétaire nationale du Parti communiste. " Cela veut dire que parce que c'est un sportif, il serait incapable de construire sa pensée ? En tout cas, même si je me retrouve dans ses prises de position, je me refuse à les instrumentaliser. Ses propos ont de la portée parce ce qu'on sent justement que ce sont ses convictions, ses colères et ses envies. Je souhaiterais même plutôt qu'il n'endosse jamais le costume du politiquement correct. "

Approché par Royal

Si Marie-George Buffet nie avoir approché le footballeur, la situation est moins nette au PS. François Hollande ne souhaite pas s'exprimer sur le sujet et dans l'entourage de Ségolène Royal on refuse aussi d'aborder publiquement " le cas " Thuram. " Est-ce que nous l'avons approché ? C'est possible ", confie de manière sibylline et sous couvert d'anonymat l'un des proches de la candidate. " En tout cas, ce que je peux vous confirmer, c'est qu'en cas de victoire, nous voulons faire un geste très fort en direction des jeunes. Et que nommer dans un gouvernement une personnalité comme Lilian Thuram s'inscrit tout à fait dans ce cadre. "

Reste qu'entre un poste de défenseur au Barça à 4,8 millions d'euros annuel et un portefeuille ministériel à 160 000 € par an, soit trente fois moins, Thuram n'acceptera pas forcément une éventuelle proposition socialiste. Le footballeur n'est de toute façon pas pressé. Depuis qu'il a qualifié l'équipe de France pour la finale de la Coupe du Monde, le 8 juillet 1998, en inscrivant deux buts face à la Croatie, il sait de toute façon que son avenir politique est assuré. Ce soir-là, en effet, Royal et Sarkozy l'ont sans doute oublié, un million de personnes sont descendues sur les Champs-Élysées pour scander jusqu'au bout de la nuit les deux mêmes cris d'amour : " Lilian président ! "
 
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