Menu
Connexion Yabiladies Ramadan Radio Forum News
Lettre imaginaire de Mohammad Al-Dourra
S
20 novembre 2007 16:12
La lecture de la lettre du jeune résistant Guy Môquet dans les écoles en France a fait des émules. L’Autorité Palestinienne a décidé de lire (pure fiction) la lettre « imaginaire » du feu Mohammad al-Dourra dans toutes les écoles de la Palestine occupée.

En voici le texte :

Ma maman, ma très chère maman,

C’est moi, Mohammad. C’est vrai, je te jure. J’ai beaucoup hésité avant de t’écrire. J’avais peur que tu ne me croies pas. J’avais peur que les gens se moquent de toi si tu leur lis mon message. Mais je voyais comment tu étais depuis le jour où je n’étais pas retourné avec papa. On t’avait alors dit que je n’étais plus et tu t’es écroulée… Et depuis tu ne cessais de penser au petit Mohammad et de pleurer. Alors j’ai décidé de t’écrire.

Ma maman bien-aimée, c’est peut-être difficile à croire mais je ne suis pas mort. Je suis heureux et même très heureux.

Ces « êtres » (je ne sais comment les qualifier car ils ne sont plus des humains) qui m’ont lâchement tiré dessus, pensaient envoyer un message à tous les enfants de la Palestine et même à toute l’humanité. Ils voulaient tuer l’espoir. Ils voulaient nous dire qu’ils étaient les soldats de l’ogre tout puissant qui pouvait nous dévorer quand il voulait. Ils voulaient nous dire que sur cette terre des Messagers et des Martyrs, ils pouvaient détruire nos maisons, fermer nos écoles et arracher nos arbres, qu’ils avaient droit de vie et droit de mort sur toute âme vivante. Ils voulaient nous dire que nous devions nous prosterner devant cet ogre, et il saura alors nous contenter de quelques miettes et de quelques os.

Mais ils se trompent et je les plains car ils sont aveugles. En me tuant ils m’ont propulsé à un degré dont je ne rêvais pas. Je t’assure. Je suis bien vivant et très bien entouré. On m’a dit que j’étais avec les Martyrs ; des personnes braves et sincères qui aimaient Dieu, aimaient la vie et aimaient l’humanité, et qui voulaient la servir et qu’elle soit libre, mais qui se sont fait tuer par l’ogre et ses soldats.

Je n’arrive pas à les compter. Il y a beaucoup de monde, énormément de monde, des hommes, des femmes et des enfants. Ils sont comme frères et sœurs et ils s’aiment beaucoup entre eux. Ils sont tous beaux, chaleureux, souriants, et aimables. Je n’ai jamais senti un tel amour.

Dès le premier jour j’ai été tout de suite accueilli par des personnes dont, pour quelques unes, j’avais déjà entendu les noms en Palestine. Il y a ce vieux Monsieur très aimable qu’on appelle le cheikh Ahmad Yassine. Je me souviens avoir vu son image sur un fauteuil roulant, mais ici, il marche ! Je te jure maman, il marche sur ses deux pieds. Il y a aussi bien d’autres personnes dont je n’ai pas retenu les noms et qui sont venues m’embrasser très chaleureusement.

On m’a aussi présenté des hommes et des femmes d’autres pays lointains, tous aussi beaux et chaleureux. Ils viennent de tous les continents et de toutes les origines. Eux aussi, ils ont combattu pour la liberté et ils refusaient l’injustice. Et c’est pour cela qu’ils ont été tués par les soldats de l’ogre, car ses soldats viennent aussi de tous les pays et de toutes les origines. Et toutes ces personnes tuées lâchement, elles ne sont pas mortes, elles sont bien là autour de moi, rayonnant comme des étoiles brillantes dans un beau ciel. Je n’ai pas retenu tous les noms car la liste est très longue, ma chère maman, mais le jour viendra où tu feras leur connaissance.

Maman, ne pleure pas et lève ta tête. J’aurai bien aimé rester avec toi un petit peu plus, mais ici je ne suis pas malheureux. Je suis seulement triste de voir que l’ogre et ses soldats continuent à semer le désordre et à tuer impunément.

Mais cela ne pourra durer, et cela tu dois le dire à tous les enfants, ma très chère maman. Il faut leur dire que l’espoir de vivre libre et la tête haute ne pourra jamais être vaincu. Car cet espoir est une flamme divine que le Bon Dieu a allumée dans les cœurs de tous les enfants. Et l’ogre ne pourra jamais l’éteindre et finira par s’y faire brûler. Tous les enfants connaissent cette vérité, alors il ne faut pas avoir peur de résister.

Maman, je suis là. Je t’aime de tout mon cœur et je t’attends. Ne baisse pas les bras et continue ton combat pour les autres enfants et pour la Palestine. L’ogre est déjà condamné. Il le sait et il ne fait que paniquer.

Ton fils qui t’embrasse très fort.
 
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com
Facebook