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Leïla Shahid, fille de famille
h
26 janvier 2005 14:42
Leïla Shahid, fille de famille
LE MONDE
Les souvenirs de sa mère, Sirine, publiés en français, racontent les origines de la déléguée générale de Palestine en France, descendante des Husseini
Leïla shahid exulte. Dans un de ces moments de lucidité qu'autorise parfois la maladie d'Alzheimer, Sirine, sa mère, a compris que l'ouvrage qu'on vient de lui soumettre, ces Souvenirs de Jérusalem, tout juste publiés en français (Fayard), est le sien. Une consécration à laquelle elle n'osait croire. Lorsque l'édition originale en anglais avait été publiée à Londres, en 2000, elle avait eu cette réflexion : "Plus rien ne compte désormais ; je peux mourir."

Sirine Shahid semblait enfin apaisée d'avoir apporté sa contribution à l'histoire de "sa" ville, par le simple récit d'une vie ordinaire avant l'exil, au sein de l'une des familles palestiniennes les plus prestigieuses et les plus impliquées dans le mouvement national du temps du mandat britannique, les Husseini. De cette famille sont issus l'ancien mufti de Jérusalem, Amin Al-Husseini, personnage controversé, ainsi que le héros de la révolte des années 1930 contre les Britanniques, Abdel Qader Al-Husseini, et son fils, Fayçal Husseini, ancien directeur de la Maison d'Orient. "Tragique ironie de l'histoire, qui veut que Sirine perde la mémoire au moment où paraissent ses Mémoires", commente la déléguée générale de Palestine en France, sa fille.

"Ce sont ces histoires vraies, et non les contes du Petit Poucet ou du Chaperon rouge que, à Beyrouth, où nous vivions, Sirine nous racontait à l'heure du marchand de sable, dit une Leïla Shahid attendrie. A cause des soins et de l'attention qu'exigeaient mes crises d'asthme – ou peut-être grâce à cela –, j'ai bénéficié, plus que mes sœurs, de ces scènes de vraie vie dans un pays d'origine dont je n'ai pu fouler le sol qu'en 1994." Plus tard, ajoute-t-elle, "j'ai compris qu'en racontant ces histoires Sirine cherchait à sauvegarder sa mémoire, celle de son enfance, de sa jeunesse et d'un pays".

Ce sont ces mêmes histoires que Leïla, devenue, en 1978 l'épouse de l'écrivain marocain Mohammed Berrada et vivant au Maroc, racontera, à son tour, aux enfants de ses amis marocains.

C'est peut-être dans cette tendre enfance qu'il faut trouver le déclic qui a conduit Leïla à la recherche de ses racines, attirée "comme par un aimant"dans les lieux parfois les plus improbables, puisque "l'histoire des Palestiniens est celle d'un perpétuel mouvement de départs et d'arrivées, de constants déplacements".

Après les accords d'Oslo, en 1993 entre Israéliens et Palestiniens, elle se rend partout où ont vécu les siens : à Jérusalem, bien sûr, où la grande maison de sa mère est occupée par des familles israéliennes ; à Charafat, près de Jérusalem, où se trouvait la maison de campagne ; à Saint-Jean-d'Acre, où est né son père ; à Haïfa, où il a grandi et où sa demeure est aujourd'hui un conservatoire de musique ; à Jéricho et ailleurs... "On peut déplacer les gens, mais les lieux gardent leur mémoire. La présence israélienne n'est pas arrivée à occulter la mémoire palestinienne."

1967 est une année charnière. Le 5 juin – "le jour où je devais passer mon bac" – éclate la guerre dite de six jours. Le choc de la défaite est "si brutal et si humiliant qu'il est impossible de ne pas s'intégrer à une famille politique". "Je suis alors convaincue que quelque chose va se passer", dit-elle. Un départ prévu pour Londres passe aux oubliettes et, avec lui, un projet d'études de médecine, dans les pas d'un père professeur et praticien à l'hôpital américain de Beyrouth. Leïla décide de suivre des études d'anthropologie et de sociologie à l'université américaine, foyer historique de la contestation politique à l'échelle arabe.

Membre du Fatah, le principal mouvement de l'Organisation de libération de la Palestine, dès 1968 elle découvre avec "fascination l'anthropologie des camps de réfugiés palestiniens". "C'était un bonheur, dit-elle, de retrouver là une Palestine refabriquée, par familles, par quartiers, villages et villes, une Palestine qui remplaçait le pays perdu. Ma Palestine, c'était les camps ! Ce n'était pas un sacerdoce, ou quelque entrée taciturne dans les ordres, mais une joie immense, un plaisir intense, une vraie fête."

Ce dont nul ne se souvient, mais qui a profondément marqué la jeune étudiante, c'est l'Intifada, la première, bien avant celle qui allait s'emparer de la Cisjordanie et de Gaza en 1987, et qui allait devenir le sujet de sa thèse de maîtrise. C'était en 1969. Les quelque 400 000 habitants de ces quinze lieux de misère se révoltent contre le corset de fer que leur impose l'armée libanaise et conquièrent leur liberté dans les camps. "Dès lors, tous les soirs c'était la fête. Jean Genet est le seul à avoir senti et compris cela. Lui qui a toujours traversé les lieux sans s'y arrêter, pourquoi a-t-il passé tant de temps dans les camps palestiniens entre 1970 et 1986 ? Parce qu'il était au cœur d'une euphorie, d'un bonheur sensuel, drôle, enrichissant. C'est cela qu'il a raconté dans Un captif amoureux."

L'euphorie ne va pas durer. Leïla Shahid vit la guerre du Liban comme une déchirure, comme la métaphore d'une guerre entre deux pays qu'elle aime : son pays d'origine et celui dont elle est citoyenne. Son "exil" marocain, après son mariage, agit comme une cure. Mais avec l'Intifada des territoires occupés, en 1987, la Palestine la rattrape. Elle y revient, en écrivant dans la Revue d'études palestiniennes.

Deux ans plus tard, "Yasser Arafat, qui a compris le rôle des femmes dans l'Intifada, décide qu'il veut nommer des femmes ambassadeurs". Trois sont sollicitées. D'abord hésitante, manquant de confiance en elle-même, mais très vivement encouragée par son époux, Leïla est la seule à accepter. Ce fut d'abord l'Irlande, puis les Pays-Bas (1990) qu'elle cumulera l'année suivante avec le Danemark (1992) avant l'Unesco, puis Paris.

Compte tenu de son parcours et de celui de sa mère, Leïla Shahid aurait beaucoup de choses à écrire, mais son rôle, dit-elle, "est de parler, d'expliquer ce qui se passe en Palestine." C'est un sujet d'autant plus compliqué que, selon elle, "les Palestiniens subissent les conséquences de deux faits historiques qui ont lieu sur le continent européen : le génocide du peuple juif et l'antisémitisme d'une part, la colonisation et le racisme anti-arabe de l'autre".


Mouna Naïm


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• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 26.01.05
K
26 janvier 2005 15:15
j'ai une grande admiration pour cette femme


mais bon, tout le monde s'en fout , je supoose................ grinning smiley
kARMOSS / Droits de reproduction et de diffusion réservés © kARMOSS 2004/2020.
c
26 janvier 2005 15:19
detrempes toi ,j admire aussi se qu elle fait comme travaille
h
26 janvier 2005 15:20
salam karmoss, tu as du goût car c'est une grande dame smiling smiley
K
26 janvier 2005 15:27
Elle parle bien en plus :-)
kARMOSS / Droits de reproduction et de diffusion réservés © kARMOSS 2004/2020.
c
26 janvier 2005 21:20
Non, pas du tout Karmoss, ton avis est très interessent et même pertinent;

Oui, c'est vrai c'est dame forte de caractère, de la voix et en plus seule femme arabe diplomate, les palestiens l'ont fait par les marocains, voila

m
26 janvier 2005 22:19
SON MARI EST UN MAROCAIN BRILLANT
c
27 janvier 2005 00:03
et comment tu qualifies brillant, tu le connais ou un coup à la marocainesmiling smiley
O
27 janvier 2005 00:33
merci pour elle hux02.

Effectivement, j'ai un respect sans limite pour " Leïla Shahid " et l'engagement idéologique qu'elle défend.

Voila, une grande Dame que nous devrions soutenir et aider plus massivement.
27 janvier 2005 04:48
j'ai le regret de stoper votre exitation pour cette planquée mais je dois vous dire qu'elle fait partie de ceux qui ne font que parcourire les salons feutrés pendant que les vrais combattants donnent leurs vies pour la cause de nous freres de la palestine.

elle ne fait que faire de la diplomacie pour un pays qui n'existe meme pas et manger et faire les vitrines de paris.

ps: celui qui a été avant elle a tout compris: il a maintenant opté pour la nationalité de la france et ...on entend plus parler de lui.

son nom: ibrahim souss et il est masihi.

grinning smiley



Modifié 1 fois. Dernière modification le 27/01/05 04:51 par amir.
:o
O
27 janvier 2005 08:41
Bonjour,

Comme tu le dit si bien...

je ne suis pas obligé d'ouvrir(e) la meme porte que vous. ( et l'idée aussi ). eye rolling smiley

voila.

moody smiley
s
6 février 2005 20:10
Voila le sujet ,



Pour Be , Aicha et Abdeslam .
siryne
6 février 2005 20:24
sirynewinking smiley merci hux02, je recherchais les références de ce livre, surtout le nom de l'éditeur,puisque siryne a eu la gentillesse de nous dire le prénom de l'auteur.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 06/02/05 20:27 par aicha.
La vie est un CDD. lorsque tu seras DCD, l'au delà sera ton CDI ,améliores ton CV en attendant ton Entretien.Allah punit les injustes tot ou tard !
 
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