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Lalla Salma: Les marocaines donnent leur avis
O
9 mars 2007 11:42
L’épouse du roi doit-elle s’engager davantage dans le social ? A-t-elle un rôle politique à jouer ? Qu’a-t-elle changé dans la perception qu’ont les Marocains du Palais ?… TelleQuelle a posé ces questions, et bien d’autres, à un panel de Marocaines. Les réponses sont édifiantes.


Comment les Marocaines se représentent-elles Lalla Salma ?

À l'occasion du 8 mars, TelleQuelle a mené l’enquête auprès d'un large panel de femmes, de 18 à 60 ans, pour essayer de comprendre comment elles imaginent la vie de la princesse et ce qu'elles attendent
d'elle. Ces femmes ont été choisies en fonction de leur catégorie sociale, activité professionnelle, lieu de résidence, pinions politiques, engagement social et convictions religieuses. L'échantillon comprend ainsi des femmes au foyer, des ouvrières, des cadres d'entreprise, des politiciennes, des universitaires, des analphabètes, des militantes associatives, des citadines, des rurales, des Marocaines résidentes à l’étranger…



Le but de cette enquête était de dégager des tendances générales sur l'appréciation de l'activité de la première dame du royaume. La méthode : des entretiens réalisés à partir d'un questionnaire commun. Et le résultat final est un assemblage, fidèle quoique synthétique, des réponses récoltées.



Chacune des femmes interrogées était appelée à émettre son avis sur un certain nombre de questions touchant l'engagement social de la princesse, son implication dans la cause féminine, mais aussi son rôle de mère, son look… Nous avons aussi sollicité leur avis sur des idées “avant-gardistes” ayant trait au rôle politique de Lalla Salma. Leur jugement a révélé beaucoup de surprises. Bonnes ou mauvaises ? À vous d'en juger. En tout cas, elles soulignent encore une fois cette manière très particulière qu'ont les Marocain(e)s de “concilier” tradition et modernité. Notons aussi que les femmes interviewées ont exigé l'anonymat, à deux exceptions près. Preuve que parler de la famille royale suscite encore très souvent la réticence (la peur ?), quelle que soit le sujet.
N.L



Que pensez-vous de son engagement social ?


Avec la lutte contre le cancer, Lalla Salma s'est construit un énorme capital de sympathie. La défense d'une telle cause est unanimement saluée, vu qu'elle touche la santé de la population. Mais d'après les témoignages, le fonctionnement de l'association et ses domaines d'intervention sont toujours peu connus. Un déficit de communication ? Un manque de présence sur le terrain ? Visiblement, les deux. Les femmes au foyer ne connaissent de cette association que le nom. Pour elles, sa mission consiste vaguement à “guérir les malades du cancer”. C'est dire !
Plus on monte dans l'échelle sociale, plus on commence à parler du rôle de l'association en matière de prévention, de recherche et d'assistance aux malades (notamment via les Maisons de vie). Logique, puisque l'accès à l'information dépend toujours du niveau socio-professionnel. Cependant, les connaissances restent succinctes. Il est vrai que l'association est encore jeune (elle a été créée il y a à peine un an et demi), mais sur le terrain, les femmes, dans leur grande majorité, ne savent pas “comment ça se passe”, ni “comment entrer en contact” avec les responsables. “Je veux contacter Lalla Salma pour lui dire que le milieu rural a besoin d'elle plus que la ville. Les femmes sont malades, analphabètes et subissent la domination de leurs maris et de leurs enfants”, déclare une militante associative de 60 ans de la région de Tamesloht, dans les environs de Marrakech. “J'aurais aimé que la princesse soit plus accessible, qu'on puisse la contacter d'une façon ou d'une autre pour soutenir son action”, s'agite une jeune femme au foyer, faisant quand même partie de la bourgeoisie casablancaise. “Je rentre très souvent au Maroc, mais je n'ai jamais entendu parler de l'action de Lalla Salma”, confie une MRE installée en France.
Ce qui importe aux yeux des femmes, c'est que la princesse ait une présence soutenue sur le terrain et qu'elle ne se contente pas d'utiliser son image pour “les besoins de la médiatisation”. Elles demandent aussi l'extension de l'action de son association pour englober l'ensemble du territoire marocain.
Dans leur grande majorité, les femmes interviewées ne sont pas dupes. Elles savent que c'est l'image de Lalla Salma qui explique le succès de l'association. En témoignent les fonds générés et le pool d'experts qui s'est très vite constitué. “Nous sommes au Maroc. L'image des princesses ramène toujours de gros financements”, remarque à juste titre une femme médecin.






Devrait-elle s'impliquer davantage dans la cause féminine ?


À part quelques témoignages qui insistent sur le fait que ses apparitions publiques sont en soi un signe fort de l'émancipation de la femme, la première dame n'a pas encore marqué la scène féminine. Et elle reste très attendue sur le terrain des droits des femmes. À ce sujet, les Marocaines aimeraient la voir aider les associations existantes plutôt que d'en créer de nouvelles. “Il y a beaucoup d'associations au Maroc. Il faut juste les subventionner”, propose une jeune commerciale. “Je ne la vois pas forcément en tant que présidente d'une autre association. Elle peut très bien s'impliquer sans avoir de titre”, ajoute une autre. A ce niveau, il est intéressant de souligner que peu de femmes font attention à la répartition de fait instaurée dans les implications sociales des princesses, selon laquelle chacune est en charge d'une association dans un domaine spécifique. Pour elles, le social n'est pas une question de “titres”. “C'est un énorme chantier, et chacun ou chacune peut apporter sa contribution”, note cette militante associative.
D'une manière générale, Lalla Salma est appelée à agir d'une façon transversale pour consolider le tissu associatif existant. La nature de l’assistance souhaitée diffère selon les femmes interviewées. Dans les milieux défavorisés, on aimerait que la première dame s'occupe des problèmes de mères célibataires, de divorce, de violence conjugale… En somme, des problèmes “de pauvres”, liés au manque de moyens, d'éducation et de filets sociaux. Chez les femmes actives, l'attention est plutôt portée sur les droits des femmes dans le milieu du travail (égalité des salaires, leadership féminin…). Reste que la majorité des témoignages mettent l'accent sur l'éducation des filles, “la base de tout changement”. “Toutes les petites filles doivent aller à l'école. Une fois instruites, elles sauront se défendre toutes seules”, souligne une femme rurale.
Les Marocaines installées à l'étranger ont une autre vision des droits féminins. “Arrêtons d'importer des modèles occidentaux qui ne collent pas au Maroc. Même si elle travaille, la femme ne peut pas se défaire de son rôle de mère. Elle doit s'occuper de sa famille pour que la société de demain soit bien éduquée”, estime Daouia Cases, cadre à la Chambre de commerce et d'industrie de Versailles, en France.
Bref, les attentes sont grandes. Toutes les femmes, sans exception, sollicitent Lalla Salma parce que “c'est une fille du peuple et qu'elle connaît ses problèmes”. “À la limite, le social est beaucoup plus son affaire que celle du roi”, pense une jeune cadre dans une entreprise.






Quel rôle politique devrait-elle jouer ?


C’est la question qui a suscité le plus de débat au sein de notre échantillon. Les femmes, contrairement à ce que l'on pourrait croire, ne veulent pas que leur princesse intervienne dans les orientations politiques ou diplomatiques du pays. “Je voudrais la voir agir pour une cause sociale et non parler de l'accord de libre-échange ou du Sahara”, tranche une salariée. Même les plus progressistes conviennent que “la situation” du Maroc ne permet pas l'ingérence de l'épouse du roi dans la gestion du pays. “Cela créera une polémique inutile. Ce qu'elle fait pour la lutte contre le cancer est déjà une grande responsabilité. Pourquoi aller chercher des problèmes ?”, tranche une femme cadre commercial. Et d'ajouter : “Au Maroc, c'est le roi qui gouverne, et non sa femme”. De quoi révolter cette féministe, la seule d'ailleurs à avoir émis un avis contraire : “Le social et la bienfaisance sont un terrain classique pour les princesses du Maroc. Lalla Salma n'a en rien innové en s'engageant dans son association. Nous voulons une première dame plus affirmée, plus courageuse, et qui a ses propres opinions politiques”, tempête-t-elle.
Vous êtes bien la seule, Madame ! Pour la Marocaine lambda, Lalla Salma est d'abord une femme, mère de famille. On veut bien qu'elle voyage aux côtés de son mari pour donner une image moderne du Maroc, mais uniquement pour les grandes missions. “S'afficher tout le temps avec son mari ? Pourquoi veut-on inutilement perturber les traditions ? Ses apparitions publiques doivent être étudiées. Elle doit créer le besoin et entretenir un certain mystère”, s'enflamme une jeune mère.
D'une manière ou d'une autre, les femmes, toutes tendances confondues, reproduisent le schéma traditionnel de la femme marocaine, qui conseille son mari sans s'afficher, qui influe sur les décisions politiques sans que cela ne se sache. “De toute façon, elle est présente, même quand on ne la voit pas”, glisse une femme au foyer, sourire en coin.
Avec cette opposition quasi générale à une intervention politique explicite de Lalla Salma, est-il finalement important de demander à ce qu'elle s'assoie à côté de son mari quand il lit ses discours officiels ? “Puisse Dieu donner longue vie à Moulay Rachid”, s'oppose une activiste associative. “Cela ne rapporterait rien au Maroc. Je défends l'égalité entre les hommes et les femmes. Mais les changements doivent venir en douceur”, lâche une militante des droits de l'homme.
Bizarrement, quand il s'agit des orientations politiques du Maroc, on se demande si Lalla Salma “a les compétences” pour gérer les affaires du pays. On se pose mille et une questions sur ses capacités. On préfère qu'elle assume les missions qu'elle maîtrise, comme l'ingénierie informatique (puisqu'elle est informaticienne de formation). Et laisser le reste à son mari, le roi !






Aimeriez-vous qu'elle porte le titre de reine ?


Cette question a créé un choc chez les femmes interviewées. Surprises, beaucoup ont préféré ne pas y répondre, parce que “c'est gênant”. Et celles qui ont bien voulu s'exprimer, malgré leur haut niveau d'études, ne voient pas où réside l'utilité d'un tel titre. “Elle est déjà notre reine. C'est la femme d'un roi et la mère d'un futur roi”, répondent-elles en chœur. “Je ne vois pas pourquoi le Maroc devrait suivre l'exemple de la Jordanie. La reine Rania est un montage politique. Elle est d'origine palestinienne. Et son titre vise à réconcilier les Palestiniens avec les Jordaniens”, analyse Khadija, médecin. Au-delà de ce rejet, les Marocaines redoutent “une éventuelle concurrence” entre le roi et Lalla Salma, si jamais elle devenait reine, à l'exemple de Rania de Jordanie, qui a visiblement volé la vedette à son mari par ses actions politiques et humanitaires.
Plus polémique, le titre de reine entraîne une confusion révélatrice de la mentalité féminine marocaine. Pour les femmes au foyer, “il est inadmissible que le Maroc ait une reine alors qu'il a déjà un roi”. Dans leur esprit, en devenant reine, Lalla Salma se substituerait à son mari. C'est elle qui gérerait le pays à sa place.
L'idée qui ressort de tout ce débat, c'est que les esprits sont loin d'être préparés à une telle “révolution”. “Le Maroc connaîtrait une secousse politique et sociale. Ce titre pourrait engendrer des conséquences fâcheuses dans ce contexte d'islamisation galopante”, analyse une militante associative. “Les filles vont circuler à moitié nues dans la rue. Dsara hadi (quelle audace!)”, rigole une jeune lycéenne voilée de Sidi Moumen.
Certaines poussent plus loin encore leurs commentaires. Une militante des droits de l'homme compare ainsi l’idée de ce changement au limogeage de Driss Basri : un geste certes démocratique, mais qui secouerait sérieusement le pays. Pour pratiquement toutes les sondées, qu'elle soit bénéfique ou pas, cette “révolution” n'est pas jugée cruciale. “Ce ne serait pas bon de lui accorder trop de privilèges d'un coup, au risque de réveiller les démons. Elle doit rester comme elle est. Ce qu'une reine peut faire, une princesse peut aussi le faire”, suggère en conclusion une jeune mère, couturière de profession.






Que pensez-vous de son look ?


Tenue moderne et respectable, allure spontanée, cheveux au vent… Le look de Lalla Salma ajoute à sa popularité parmi les femmes. Plus, il les fait rêver. “Elle n'a pas noué ses cheveux sous forme de chignon comme l'exige le protocole royal”, fait remarquer une femme trentenaire. “Elle dégage tellement de simplicité que j'ai envie de lui demander quel produit cosmétique elle utilise pour assagir ses boucles”, s'emballe une jeune femme.
La chevelure rousse de Lalla Salma fait visiblement un tabac. Elle entretient le conte de fées tissé autour de cette orpheline de mère, devenue épouse du roi. “Avec ses cheveux lâchés, elle ressemble à une vraie princesse. On dirait Cendrillon !”, lâche une enseignante universitaire de Mohammedia. “Malgré les cours d'étiquette qu'elle a reçus, elle est restée spontanée. Chaque fois qu'elle marche, on a peur qu'elle trébuche. C'est attendrissant”, confie ce médecin. Fini les avis partagés dans les foyers et les salons de coiffure, lorsque les Marocaines ont découvert la femme du roi. Mince et ressemblant plutôt à une Européenne, Lalla Salma a suscité beaucoup de réactions. “À l'époque, les Marocaines ne s'identifiaient pas à elle”, se rappelle cette couturière, qui reçoit des clientes de la jet set.
Aujourd'hui, le look de Lalla Salma est devenu “une référence”. Les couleurs chatoyantes de ses caftans sont longuement commentées dans les cercles féminins. Les Marocaines s'interdisent même de la comparer avec une autre princesse étrangère. Celles qui évoquent une ressemblance avec Lady Di ou Rania de Jordanie se ressaisissent aussitôt pour insister sur le fait que Lalla Salma est différente. “Elle a beaucoup de personnalité”, concède une militante féministe.
Une princesse résolument moderne, c'est l'image qui est brossée par les témoignages. À ce niveau, il faut souligner que même les femmes voilées deviennent soudainement plus pragmatiques quand on leur demande si la princesse doit porter le hijab. “C'est un choix personnel”, admet une militante du PJD. “J'aimerais bien qu'elle mette le voile, puisqu'elle est la femme du Commandeur des Croyants. Mais je sais que ce serait trop lui demander. Cela risque de désavantager le Maroc au niveau international”, justifie une femme voilée et analphabète. D'autres mouhtajibate proposent un foulard discret, moderne et qui laisse même apparaître une partie des cheveux. “Il y a des modèles sympathiques dans la haute couture”, suggère une femme voilée de la bourgeoisie casablancaise.






Ses origines modestes ont-elles changé votre perception de la famille royale ?


Depuis que Lalla Salma est devenue princesse, les femmes ont noté une certaine ouverture à Dar Al Makhzen. “Lalla Oum Sidi” a ouvert les portes du Palais, selon ces dames. “On voit de plus en plus les femmes de ce milieu. Pourtant, elles ont grandi dans l'anonymat”, remarque une employée dans une imprimerie.
Photos distillées aux médias au compte-gouttes, baptêmes où l'on voit les princesses perchées au balcon, activités associatives… Les femmes de la famille royale, même les plus discrètes, sont devenues des figures publiques. Lalla Salma est-elle réellement derrière cette ouverture ? Ne serait-elle pas, plutôt, un maillon d'une stratégie de rapprochement initiée par son mari ? Quel que soit son rôle, les Marocaines continuent à voir en elle “l'ambassadrice du peuple au Palais”. “J'imagine qu'elle a dû souffrir au départ avant de s'intégrer. Le cercle royal est tellement différent”, specule une femme au foyer. Et d'ajouter : “Mais en même temps, je me dis que chaque couple a ses problèmes. Au Maroc, souvent, la femme ne s'entend pas avec sa belle famille. Il n'y a rien d'extraordinaire là-dedans”.
Ce qui mérite d'être souligné, selon les femmes interrogées, c'est la révolution orchestrée par le couple royal. Maintenant, ce couple a un visage, une vie, un domicile conjugal… Dans la presse française, les Marocaines ont découvert leur roi et leur princesse dans leur petit jardin secret, jouant avec leur fils Moulay El Hassan. “Les deux époux habitent dans une résidence privée et non au Palais royal. Pour moi, c'est une rupture spectaculaire avec les traditions du harem, où la femme du roi vivait cloîtrée avec d'autres femmes et où chacune avait son mot à dire”, estime une actrice associative.
“C'est très important qu'on puisse comprendre que la relation entre le roi et la princesse a été bâtie sur l'amour”, note Rkia, 45 ans. Le conte de fées Lalla Salma a eu des retentissements même au sein de la famille marocaine. “Ma fille de 18 ans adore lire tout ce qui se rapporte à la princesse. Elle voudrait lui ressembler, devenir comme elle”, raconte une enseignante. “Le principal enseignement dans l'histoire de la princesse est qu'elle a montré aux filles marocaines que les études et l'intelligence sont déterminantes dans l'ascension sociale”, conclut, emballée, une féministe.






Doit-elle faire des discours, accorder des interviews ?


Peu de femmes ont entendu Lalla Salma parler. Et elles aimeraient bien qu'elle fasse, de temps à autre, des discours, notamment pour “voir si elle sait défendre ses idées”. Mais, encore une fois, elles sont nombreuses à penser qu'il est préférable que la princesse ne s'affiche pas trop souvent. “C'est bien qu'elle prononce deux ou trois phrases officielles comme les autres princesses. Mais il est hors de question qu'elle fasse des discours comme son mari, ou qu'elle parle tout le temps aux médias. Ce n'est quand même pas une animatrice télé !”, tranche une jeune fille. “J'ai du mal à l'imaginer en train de faire un discours officiel”, doute une femme, cadre à Paris.
Et si jamais Lalla Salma parle au peuple, on préférerait que ses interventions portent sur les sujets qu'elle connaît : le social et peut-être la vie culturelle. En somme, des discours de femmes. “Je crois que son rôle n'est pas de parler à tout le monde. Elle doit sensibiliser les femmes et les mobiliser comme l'ont fait les épouses de Sidna Mohammed, notre prophète”, pense une dame voilée. “Je la verrais bien dans une conférence de presse, mais il faut qu'elle soit à sa place, qu'elle maîtrise son sujet”, suggère une autre. “De toutes les façons, on en a marre des discours. Qu'elle descende sur le terrain !”, tonne une présidente d'association.
Les interviews ? Elles pourraient aider Lalla Salma à s'affirmer, estiment ces dames. Mais, avant tout, il faudrait qu'une nouvelle approche journalistique soit élaborée. “Les médias ont acquis une expertise dans le traitement des sujets politiques, sociaux et économiques. La femme du roi est un nouvel élément dans notre paysage. Et il faudrait réfléchir sur la manière avec laquelle il faut le traiter”, propose une ancienne militante de gauche.






Peut-elle être une mère comme les autres ?


“Quand je l'ai vue avec son fils à la télé, j'ai tout de suite compris que toutes les mères se ressemblent”, lâche cette mère de deux enfants. “Elle cherchait à le protéger, à le câliner”, se rappelle une autre. Qu'elle soit princesse ou femme du peuple, une mère est une mère, pensent nos femmes. Ce qui change, c'est le milieu et la nature de l'éducation. “Avec Moulay El Hassan, Lalla Salma a une obligation de résultat beaucoup plus forte que n'importe quelle autre maman marocaine. Mais vu comment son garçon lui sourit, je crois qu'elle accomplit bien sa tâche”, analyse une mère de 30 ans. Grosso modo, les Marocaines ne sont pas loquaces sur l'éducation des princes et des princesses. Pour elles, ce milieu reste méconnu, malgré les apparitions publiques de la famille royale. “J'imagine qu'ils ont un staff d'éducateurs à leur service. La princesse doit faire preuve de beaucoup de caractère pour donner elle-même à manger à son fils”, remarque notre jeune maman. Elle poursuit : “J'aimerais bien savoir comment le jeune Moulay El Hassan joue, ce qu'il fait de sa journée, si c'est sa mère qui lui prépare à manger… Au fait, comment se comporte-t-elle avec son mari ?”. Aux oubliettes le droit de Lalla Salma de préserver sa vie privée ! Les Marocaines manifestent une curiosité sans limites quand il s'agit de la princesse. Peut-on le leur reprocher ? Pour elles, elle ne peut être qu'une femme comblée. “Rien ne lui manque. Elle a tous les ingrédients pour être heureuse”, répondent ces dames à l'unanimité.






Est-il normal que la grossesse de Lalla Salma ait été aussi longtemps tenue secrète ?


En octobre dernier, le magazine Paris Match annonçait dans une petite brève que Lalla Salma attendait un deuxième bébé pour l'hiver. La presse marocaine, prise de court, n’a pas compris qu'un tel scoop ait été accordé à des journalistes français et non à leurs confrères marocains. La grossesse de la princesse doit-elle être entourée de secret ? “D'un point de vue démocratique, le peuple a le droit d'être informé”, affirme cette jeune Casablancaise. Il s'agit d'un principe qui, bizarrement, ne fait pas l'unanimité au sein de la population féminine interviewée. Traditionaliste dans l'âme, la majorité estime que la grossesse de la princesse relève de la vie privée de la famille royale. “Personne n'a le droit de s'immiscer dans la vie d'une maman qui est en attente de son bébé”, s'élève une enseignante universitaire. “Si le Palais a choisi de ne pas révéler cette grossesse, c'est qu'il a ses motivations. Lalla Salma est la première responsable de la sécurité de son enfant”, ajoute une MRE. “Les Marocaines en général ne communiquent pas trop sur leur grossesse. Elles ont peur du mauvais œil”, justifie cette jeune femme médecin.
De telles déclarations peuvent décevoir les démocrates les plus endurcis. Friandes de “tberguig”, nos concitoyennes interdisent pourtant aux médias de toucher à la vie privée du roi et de la princesse “pour ne pas reproduire les dérapages de la presse people anglaise”, dixit une quadragénaire portant le voile. “Cela ne me choque pas que la grossesse soit tenue secrète. Je pense qu'on n'a pas besoin d'avoir beaucoup plus de détails sur le cours de la grossesse. Mais cela fait toujours plaisir de rassurer les gens, qui peuvent se sentir très concernés par le sujet. Toute autre information entre dans l'ordre du respect de leur vie privée !”, concède une autre MRE à Paris. Rien de révolutionnaire, en somme.






Us et coutumes. Un accouchement royal


Au palais royal, attendre un bébé déclenche l’état d'urgence. Historiquement, les grossesses princières obéissent à des règles strictes. “à partir de son septième mois, la princesse enceinte est entourée d'une équipe de médecins et de femmes qui suivent de très près le cours de sa grossesse”, indique le Dr Abdelhadi Tazi, membre de l'Académie du royaume. On la transfère dans un endroit où, nous explique-t-on, “elle ne voit que de belles choses, de belles personnes, pour que son mental soit au top et que son bébé soit beau”. L'accouchement se déroule dans les pures traditions du Makhzen. Après, la mère boit de la sauce de poulet pendant 40 jours pour recouvrer sa vigueur. Une tradition qui existe d'ailleurs chez certaines familles marocaines. Si le bébé est un garçon, la sauce est préparée avec une poule. Si c'est une fille, c'est un coq. Appréciez l'équilibre des sexes ! La nuit du baptême, deux moutons avec de grandes cornes sont égorgés au nom du nouveau-né et de sa mère. Au moment du sacrifice, le bruit des tambours retentit aux quatre coins du palais. Famille, personnel, hauts commis de l'Etat, délégations étrangères… tout ce beau monde est invité au baptême. Une sélection de mères marocaines qui ont accouché le même jour que la princesse font partie des invités. Au quarantième jour, les cérémonies reprennent, mais dans un cadre plus intime. La mère va au bain. Les cheveux du bébé sont rasés. Et leur poids en or est distribué aux pauvres. ça ne doit pas faire grand chose…
k
9 mars 2007 11:50
Cette enquête est révélatrice de notre société. C'est une société qui accorde bcp d'importances aux socle traditionnel amis qui rest ouverte au changement à petite dose.
M
9 mars 2007 12:45
Ce serait bien qu'elle suive l'exemple de la Reine Rania de Jordanie
a
9 mars 2007 13:11
Ce qui me touche c'est, dans le texte, quand l'auteur emploi le mot "mari". C'est émouvant de parler de SM comme ça ...

Je ne pense pas qu'il faille à tout qu'elle ressemble à la reine Rania. Lalla Salma est marocaine ...

Chacun ses traditions...

Sinon, très intéressante l'enquête .
M
9 mars 2007 13:15
Je parlais des engagements dans des causes sociales: droits de l'enfant, femmes, malades, handicapés et faire des actions à échelon international
 
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