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L’OCCIDENT EN QUETE D’UN "ENNEMI TOTAL" (1994-le monde...
B
8 juin 2009 15:36
Guerres de civilisations ?


QUEL adversaire prendra la place, aux yeux de l’Occident, du communisme désormais vaincu ? Tout semble indiquer que géopoliticiens et stratèges s’accordent pour désigner l’islam comme l’"ennemi total" de cette fin de siècle. Afin de mieux le combattre, des intellectuels conservateurs affinent la thèse du "choc des civilisations", tandis que les militaires mettent au point une nouvelle doctrine de guerre pour "éliminer et détruire" cet exotique antagoniste.
Par Mariano Aguirre *




Quelle relation entre la montée des mafias dans l’ex-URSS et les assassinats d’Occidentaux en Egypte et en Algérie ? Apparemment aucune. Mais les médias insistent sur l’origine "tchétchène" ou "azérie" (deux ethnies caucasiennes à dominante musulmane) des mafias, et attribuent aux islamistes (qui d’ailleurs les revendiquent) les meurtres d’étrangers en Afrique du Nord et au Proche-Orient. Dans les deux cas, c’est de l’"aire islamique" que viendraient, en cette fin de siècle, dangers, menaces et périls.

Cette méfiance à l’égard de l’islam n’est certes pas nouvelle. Elle résulte aujourd’hui d’une nébuleuse de xénophobies discrètes qui, toutes, le désignent comme le grand spectre planant sur l’Occident. Indirectement, certains débats d’actualité entretiennent la paranoïa. Par exemple, lorsque des partis européens sont tentés par la défense de l’emploi - devenu rare - réservé aux seuls nationaux ; ou lorsque des Parlements approuvent des lois restrictives sur l’asile politique ; ou quand des leaders d’opinion craignent que des immigrés musulmans en viennent à "frelater les valeurs nationales" ; enfin, lorsque des stratèges militaires, maintenant que l’URSS a disparu, s’interrogent sur le risque que constituerait un islam doté d’engins nucléaires pour la sécurité de l’Europe au XXIe siècle.

Durant la guerre froide (1947-1990), l’"ennemi total" était une idéologie - le communisme - qui avait pris corps dans un Etat concret, l’URSS. L’adversaire était circonscrit, cerné, enfermé derrière le rideau de fer ou le mur de Berlin qui rendaient son accès à l’Occident presque impossible ; une "chasse aux sorcières" plus ou moins déclarée plaçant, par ailleurs, les militants communistes d’Occident sous stricte surveillance. Avec l’islam c’est différent ; ceux qui s’en réclament, provenant d’Afrique ou du Proche-Orient, traversent frontières et détroits sans grande difficulté et atteignent, légalement ou clandestinement, Marseille, Barcelone ou Francfort.

"Pour les Européens , affirme un rapport du Royal Institute of International Affairs de Londres, l’islam a toujours été un sujet de préoccupation. Mais ce n’est plus un phénomène lointain. (...) Désormais il fait partie d’une réalité culturelle qui caractérise les quartiers les plus pauvres de certaines villes d’Europe occidentale. (...) Le vieil ennemi s’est glissé par la porte de derrière et il doit affronter des clichés et des fantasmes irrationnels élaborés pendant des siècles : djihad contre les infidèles, acceptation passive du gimat (destin), et foi fanatique (1)."

La tradition d’affrontement entre le monde islamique et le monde chrétien relève de la longue durée, mais au cours des deux dernières décennies une nouvelle conscience anti-islamique s’est indiscutablement forgée. La crise du pétrole, au début des années 70, a créé la perception (erronée) que le monde arabe pouvait déterminer l’avenir économique des pays développés. Dans les années 80, la prise d’otages occidentaux, en Iran et surtout au Liban, a conféré aux organisations islamistes un caractère foncièrement cruel et anti-occidental. Par ailleurs, le soutien massif des médias occidentaux à Israël, Etat souvent victime d’attentats, a fait apparaître les causes politiques arabes, même les plus légitimes (en particulier, la lutte des Palestiniens), comme dévoyées par le terrorisme. Enfin, l’invasion du Koweït par l’Irak, en 1990, et la découverte du programme nucléaire de Bagdad ont renforcé l’image de l’Arabe qui trahit l’Occident...

Les récents assassinats d’Occidentaux en Egypte et en Algérie portent la confrontation jusqu’en Europe, ainsi que semblent le montrer les arrestations, fin octobre, de militants islamistes algériens dans la banlieue parisienne en possession de stocks d’armes et de munitions. En outre, cet islamisme radical parvient à créer des frictions entre Paris, d’un côté, et Londres et Washington, de l’autre, à propos de l’attitude à adopter à l’égard de la situation algérienne : faut-il aider le pouvoir militaire ou entamer le dialogue avec les islamistes, comme a commencé à le faire le département d’Etat américain, et comme le recommande Londres (2) ?

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B
8 juin 2009 20:13
Un récent rapport du Conseil de l’Atlantique nord estime que l’islam est perçu comme une "menace" par les pays de l’OTAN en raison de l’ "hostilité des mouvements islamistes et plus particulièrement les plus radicaux d’entre eux à l’égard des valeurs occidentales ; et la conviction que ces groupes useront de la violence contre les citoyens et les intérêts occidentaux" . Il ajoute : "Quelques dirigeants politiques [considèrent que les groupes islamistes pourraient] "affaiblir, aussi bien dans les pays musulmans qu’occidentaux, la confiance de l’opinion publique en la démocratie." L’islamisme radical, selon ce rapport, pourrait "pousser un important flux d’émigrants et de réfugiés vers l’Europe occidentale (3)".

Le "grand chaos du Sud"

DANS de nombreux documents officiels occidentaux, les problèmes se mêlent sans méthode pour montrer une région méditerranéenne en croissante instabilité. L’absence de démocratie dans certains Etats de la rive sud est parfois désignée comme l’une des causes de cette instabilité, mais il n’est jamais fait mention des politiques économiques excluantes du Nord, du système de Bretton-Woods ou de la suprématie militaire occidentale. Voici, par exemple, comment une résolution du Parlement européen explique l’aggravation de l’instabilité en Méditerranée : "L’expansion du fondamentalisme islamique, la nature endémique du conflit arabo-palestinien, l’affrontement entre les différentes nationalités et groupes, l’effet cumulé des problèmes écologiques, la dépendance économique, la dette, l’existence persistante de régimes politiques opposés au développement de la démocratie et des droits de l’homme, le chômage, l’explosion démographique et les migrations ont aggravé grandement la déstabilisation du sud et du sud-est de la Méditerranée (4)."

Toutes ces spéculations désordonnées pour expliquer le "grand chaos du Sud" et mettre l’Occident hors de cause ont soudain trouvé une sorte de corps de doctrine lorsque, au cours de l’été 1993, le prestigieux professeur américain Samuel Huntington (conservateur) a publié un retentissant article : "Mon hypothèse - écrit-il - c’est que la source fondamentale du conflit dans le monde à venir ne sera pas principalement idéologique ou économique. La grande division de l’humanité aura pour source dominante la culture. L’Etat-nation demeurera l’acteur le plus puissant des affaires mondiales, mais les conflits principaux de la politique globale auront lieu entre nations et groupes de différentes civilisations (5)." Le professeur Huntington prétend qu’une civilisation est "le plus grand rassemblement de personnes d’une même culture" , et il en définit huit : occidentale, confucéenne, japonaise, islamique, hindoue, slavo-orthodoxe, latino-américaine et ( "probablement" ) africaine.

Les thèses de Samuel Huntington ont été, en général, fort durement contestées en raison de leurs simplifications, de leur découpage extrêmement grossier des frontières culturelles et de l’appel de l’auteur à un sursaut politique et militaire de l’Occident pour résister, en particulier, à l’islam et au confucianisme (6). Selon l’éminent professeur, une alliance islamico-confucéenne est en train de se constituer à travers les réseaux du commerce des armes entre des pays comme l’Iran et la Corée du Nord. Son texte n’a pas peu contribué à la crise de l’été dernier entre les Etats-Unis et la Corée du Nord à propos du programme nucléaire de Pyongyang, et à envenimer les relations commerciales, déjà habituellement difficiles, entre Washington et Tokyo.
B
8 juin 2009 20:13
Dans la recherche de paradigmes pour expliquer les relations internationales en cette après-guerre froide, Francis Fukuyama et sa désormais célèbre "fin de l’histoire" avaient précédé Samuel Huntington dans le star-system intellectuel américain (7). Le prestigieux orientaliste Bernard Lewis a apporté son grain de sable à la polémique en affirmant : "Nous affrontons une ère où le style et le mouvement transcendent le niveau des questions et des politiques ainsi que celui des gouvernements qui les proposent. Ce n’est rien de moins qu’un choc de civilisations (8)." Joseph S. Nye, célèbre professeur au Harvard’s Center for International Affairs, considère, de son côté, les demandes de groupes ethniques comme "un nouveau tribalisme (9)" . Enfin, dans un article qui a eu un énorme retentissement aux Etats-Unis, l’essayiste Robert D. Kaplan observe que tous ces auteurs permettent de mieux comprendre un monde dramatiquement immergé dans la pauvreté, dangereusement ravagé par le crime, et il présente Samuel Huntington comme l’un des intellectuels qui expliquent le mieux "l’anarchie qui nous menace (10)".

Francis Fukuyama avait posé cette question : "Que serait devenue la crise du Golfe si l’Irak avait pu disposer d’armes nucléaires et en équiper ses missiles Scud ? (11)" Huntington lui répond : il faut "limiter l’expansion de la puissance militaire des Etats confucéens et islamiques, stopper la réduction de la capacité militaire de l’Occident, et maintenir la supériorité militaire occidentale en Asie orientale et sud-orientale. (...) L’Occident doit conserver une puissance militaire et économique suffisante pour protéger ses intérêts vis-à-vis de ces civilisations non occidentales (12)".

Quel impact provoquent toutes ces théories et spéculations paranoïaques qui, au lieu d’en appeler au dialogue, à la coopération, à la réforme du système international et à l’exploration du consensus entre Etats, cultures et peuples, proposent de se préparer à la confrontation ? La première conséquence c’est que, de plus en plus en Occident, on tend à confondre "culture différente, non occidentale" et "culture irrationnelle". Ainsi, par exemple, dans un document publié par l’Assemblée de l’Union de l’Europe occidentale (UEO), on peut lire : "Les nouvelles menaces nucléaires pourraient venir de pays du tiers-monde dont les chefs d’Etat peuvent être qualifiés d’irrationnels et par conséquent non sensibles à une dissuasion ; ils pourraient ne pas suivre la logique adoptée par les Etats-Unis et l’URSS au cours de leurs relations durant la guerre froide (13)."

Une fois la coopération abandonnée ou renvoyée au second plan, on fait appel aux arguments militaires : forces de déploiement rapide, spéculations sur les "frappes préventives" et recours à la stratégie "air power with high tech" , menaces nucléaires pour en finir avec la menace nucléaire (comme avec la Corée du Nord) et mise sur pied de programmes de protection antimissile pour pays et continents.
H
9 juin 2009 00:33
J'ai lu cette longue dissertation. Je dirai une hypnose plutôt puisque j'ai le cerveau qui m'ordonne de fermer les yeux!
Merci pour le partage de cette information médiatique. Je pense revenir, s'il plait à Dieu, disucter un peu ce phénomène.
Bonne nuit
O
9 juin 2009 11:11
Pffff le monde diplomatique, encore un torchon qui veut faire vendre aux français beauf qui voient en l'islam un danger.

Ce sont ces même torchons et les médias en général qui attisent la haine est les tensions pour provoquer des guerres.

C'est pathétique. C'est pas les pays musulmans qui risquent de leur botter le derrière à ces occidentaux mais l'empire du milieu qui vient de se réveillé, la Chine.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 09/06/09 11:12 par Ouarza.
B
9 juin 2009 13:18
Citation
Ouarza a écrit:
Pffff le monde diplomatique, encore un torchon qui veut faire vendre aux français beauf qui voient en l'islam un danger.

Ce sont ces même torchons et les médias en général qui attisent la haine est les tensions pour provoquer des guerres.

C'est pathétique. C'est pas les pays musulmans qui risquent de leur botter le derrière à ces occidentaux mais l'empire du milieu qui vient de se réveillé, la Chine.

ya pas plus anti-système que le monde diplomatique.

T'as pas bien compris l'article.Relis merci.
H
9 juin 2009 17:51
(C'est le corrigé à poster svp)

Ces articles disent grand mais n’apportent pas du nouveau. Je me rappelle ayant été une acharnée des News. Parfois focalisée sur les médias qui appelaient mes convictions et parfois sur leurs antagonistes qui déstabilisaient mon équilibre. Il m’arrivait de me presser le citron par en vouloir si fort à certaines politiques et parfois par me souler avec celles qui m’allaient à merveille. Avec le temps, je me suis rendue compte que la politique ne tolère pas les sentiments, elle ne tolère pas la sincérité, elle ne tolère pas l’honnêteté, elle est une grande égoïste, aucune place pour l’altruisme ou l’empathie, aucune place pour le partage et le sauvetage, aucune place pour la clairvoyance et la reconnaissance. C’est une grande matérialiste qui ne discerne que son bien, elle aime y arriver même sur le détriment des autres. C’est bien le seul genre de politique qui règne dans notre globe. Les humains se terrorisent pour des fins vides de sens. Même lorsque le principal objectif est instauré pour fins idéologiques, tantôt encrées d’obscurantisme et d’obsolètes et tantôt de mondialisme et de titanesques, la couleur reste la même, une couleur de sang puisque justement l’agression est le grand tableau derrière les coulisses.
L’article traite le nouveau fondement chez les penseurs, les stratèges, les politiques, les militaires sur lequel ils s’adossent pour réaliser quelques desseins, pour satisfaire quelques besoins : la culture, la civilisation sont leurs mots clé. On fait passer que la différence dans les cultes ravage des esprits qui se sentent inférieurs à cause de ce degré de différence, les poussant justement à entamer une guerre contre le non semblable. Je ne suis pas choquée de lire de tels propos. L’humain est très intelligent et la politique le pousse continuellement à creuser dans sa cavité d’intelligence espérant y ressortir de la nouveauté pour sa maintenance, pour sa cadence, pour son subsistance dans ce bas monde. La politique l’exige. Le remarquable, c’est que cet humain travaille sans s’approprier d’un processus de filtration ou de distillation. Avec sa manière si primitive, il ressort après son forage des nouveautés sans pouvoir trier entre ce qui lui est constructif ou destructif. Drôle d’intelligence.
Bref ce blabla, c’est pour dire que les faibles à nos jours doivent se réveiller de leur sommeil pour affronter les forts qui ne cessent de vouloir et vouloir, qui se procurent pour leur survie des moyens interdits. L’intelligent est celui qui sait se satisfaire de ce qu’il possède tout en essayant de l’user comme source à d’autres ressources. Donc que les faibles discernent cette boulimie engendrée très visiblement chez les forts et qu’ils commencent à la considérer comme leur point faible au lieu de la concevoir comme une audace ou tenace de l’autre rive. Et que les faibles arrêtent de ne penser qu’aux moyens de défense. Qu’en est-il avec des moyens d’offensive ? C’est le moyen qui mène à marquer le goal non ?
J’ai trop de choses à dire, beaucoup plus spécifiquement sur notre actualité qui lamente mais je n’en ai plus envie. Tant qu’il y a des forces destructrices auxquelles je suis soumise, je préfère la boucler. La fameuse question : Est-ce la même attitude qu’optent les sois disant moins intelligents en politique ?
En conclusion : Nos médias peuvent jouer aussi forts sur le verbe comme le font les médias occidentaux mais malheureusement ils n’en ont pas la capacité. Ils peuvent leur créer à leur tour des expressions qui ciblent le trouble de la philosophie occidentale mais rien de cela. Leur information reste du chant qu’on leur ordonne de répéter et ça n’a pas d’écho pour moi tant que le CD original peut être entendu ailleurs. J’observe ce que prononcent les autres comme conneries à faire avaler et me dit : Eh oui… y aura bien des uns qui tomberont dans le piège et réagiront exactement comme les invisibles le souhaitent pour conquérir les champs visés. Ô intelligence orientale, où es-tu ?
A
9 juin 2009 22:48
Hasnaa avec 2a, y a pas moyen de résumer en quelques lignes ton message ? grinning smiley
"Pas de guerre entre les races, pas de paix entre les classes" !
 
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