Vu sous cet angle qui détermine le tournant de l'évolution des enseignements religieux, l'Islam diffère de toutes les religions, croyances et philosophies de la vie. Il s'agit en effet d'une nouvelle manière d'aborder les différentes questions, qui reflète un aspect de la nouvelle et tout à fait originale philosophie de l'Islam. Il est une ambition philosophique que l'homme vive en même temps la vie interne et extérieure, la vie morale et sociale, la vie spirituelle et matérielle, ou, plus précisément, qu'il accepte, volontairement et consciemment, ces deux faces de la vie comme étant un destin qui lui est arrêté et un sens de sa vie dans ce monde [ Ô enfants d'Adam, dans chaque lieu de .Salât (prière) portez votre parure (vos habits). Et mangez et buvez, et ne commettez pas d'excès, car il (Allah) n'aime pas ceux qui commettent des excès. Dis: « Qui a interdit la parure d'Allah, qu'Il a produite pour Ses serviteurs, ainsi que les bonnes nourritures ? » Dis: « Elles sont destinées à ceux qui ont la foi, dans cette vie, et exclusivement à eux au jour de la Résurrection. » Ainsi exposons-Nous clairement les versets pour les gens qui savent]1 ; [Et recherche à travers ce qu'Allah t'a donné la Demeure dernière. Et n'oublie pas ta part en cette vie. Et sois bienfaisant comme Allah a été bienfaisant envers toi. Et ne recherche pas la corruption sur terre. Car Allah n'aime pas les corrupteurs] [Qur’an, 28 ::77]. En traduction de cette revendication dans la langue de la vie quotidienne nous pouvons dire: celui qui croit qu'il faut régir la vie humaine non seulement par la religion, les invocations et la prière, mais aussi par la science et l'action; celui dont la vision du monde ne permet pas seulement que le temple et le chantier coexistent, mais aussi réclame une telle coexistence; celui qui croit qu'il ne suffit pas de se contenter d'éduquer les gens, mais qu'il faut aussi rendre leur vie plus aisée et relever son niveau; celui qui croit que rien dans ces exemples ne justifie le sacrifice de l'un des deux objectifs au profit de l'autre; celui qui adhère à ces manières de voir est à juste titre l'homme musulman.
Avec la foi en Dieu, ce que l'on vient de dire est le plus important de ce que recommande le Qur'ân; c'est tout l'Islam; tout ce qui reste n'est que détail et explication de cette idée principale. Cet aspect de l'Islam comporte le principe de l'ordre islamique, voire l'unité de la Religion et de la politique, mais il conduit aussi à d'autres conséquences d'une importance pratique primordiale, dont en premier lieu l'impossibilité de confondre l'ordre islamique avec les systèmes non islamiques. Il n'est en effet pas possible qu'une paix ou qu'une coexistence ait lieu entre la « Religion islamique » et les institutions sociales et politiques non islamiques. La distorsion de telles institutions et l'instabilité des systèmes politiques dans tous les pays islamiques, qui apparaissent manifestement dans les changements et les coups d'Etat successifs, sont le plus souvent la conséquence de l'hostilité radicale de ces institutions à l'Islam en tant que sentiment essentiel chez les peuples de ces pays.
L'Islam se réserve en exclusivité le droit de discipliner ses contrées, sans qu'aucune autre doctrine étrangère ne lui partage ce droit. Il n'y a pas de principe de laïcité, et l'Etat doit être pour les Musulmans l'expression scrupuleuse et la colonne des conceptions morales de la Religion.
Ce qui vient d'être dit n'est que la première et la plus importante des conséquences de l'étude et de la compréhension de l'Islam en tant que mode complet de vie. Quant aux trois autres conséquences également importantes, bien que moins délimitées, ce sont :
Premièrement :
En déclarant son acceptation du bas-monde, l'Islam déclare son soutien pour la meilleure forme de réglementation de ce monde. Dès lors, tout ce qui aide à ce que ce monde soit meilleur, on ne peut pas le rejeter par principe sous prétexte qu'il n'est pas islamique.
Deuxièmement :
L'ouverture de l'Islam à la nature signifie aussi son ouverture à la science. Toute solution, pour qu'elle soit islamique, doit réunir deux conditions : qu'elle soit efficace au plus haut point et qu'elle soit humanitaire au plus haut point. Autrement dit, cette solution doit être la meilleure formule d'harmonisation des thèses de la Religion et de la science.
Troisièmement :
En indiquant une sorte de rapport entre la Religion et la science, la morale et la politique, l'individu et la communauté, la spiritualité et la matérialité - ces choses au sujet desquelles le monde d'aujourd'hui s'est spirituellement scindé - l'Islam confirme son rôle de pensée de juste milieu et le monde islamique assure son rôle de nation juste dans ce monde divisé. En laissant prévoir « une Religion sans mysticisme et une science sans athéisme », l'Islam est de nature à susciter l'intérêt de tout le monde et à inviter tous les humains, sans différence aucune, à l'étudier .