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L’homme en équilibre, au cœur des mondes
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14 février 2014 12:09
L’homme en équilibre, au cœur des mondes

Il y a des correspondances évidentes entre l’homme et son milieu naturel. L’homme est la synthèse de l’univers. On trouve en lui la terre, à partir de laquelle il a été créé[1].

Une dimension céleste aussi, puisque Dieu lui a donné une âme. Et une part animale, qu’il partage avec les bêtes, et qu’il aurait tort d’ignorer. Parce qu’il n’est pas Dieu. Le Coran, réfutant la divinité de Jésus, affirme ainsi clairement : «Le Messie, fils de Marie, n'était qu'un Messager. Des Messagers sont passés avant lui. Et sa mère était une véridique. Et tous deux consommaient de la nourriture. Vois comme Nous leur expliquons les signes et puis vois comme ils se détournent ! » (Coran, 5, 75)

La sagesse, ce n’est donc pas de vivre en reniant complètement une part de nous-mêmes : tel individu perd son âme en menant une vie de débauche, où seuls les plaisirs matériels constituent le centre de ses intérêts ; tel autre décide de vivre dans un cloître en se contraignant au célibat. Mais le Prophète - que Dieu le couvre de Sa miséricorde - nous a cependant clairement indiqué qu’il faut nous écarter des excès et des extrêmes, en nous disant :

« Remémorez-vous souvent celle qui anéantit les plaisirs. » Il voulait dire : la mort (At-Tirmidhî) ; et en interdisant à sa communauté de pratiquer le monachisme.

La sagesse consiste donc à réaliser un équilibre salutaire entre l’ensemble des composantes de notre nature, et celui qui nous en donne le meilleur exemple est le Prophète lui-même. Rien ne nous permet de mieux illustrer ce propos que le hadith suivant : Anas a dit : « Un groupe de trois hommes vint vers les maisons des épouses du Prophète , (les) interrogeant sur la dévotion du Prophète . Lorsqu’ils en furent informés, ils semblèrent la considérer de peu d’importance. Ils dirent : « Quelle place occupons-nous par rapport au Prophète, alors que Dieu lui a certes pardonné ses péchés passés et futurs ? » L’un d’entre eux déclara : « Quant à moi, je prierai la nuit sans interruption. » Un autre ajouta : « Moi, je jeûnerai tous les jours sans interruption. » Le troisième renchérit : « Moi, je m’écarterai des femmes et jamais je ne me marierai. » Le Prophète Messager de Dieu vint alors et demanda : « C’est vous qui avez dit telle et telle chose ? Par Dieu, je suis parmi vous celui qui craint le plus Dieu et qui Lui est le plus pieusement dévoué ; et cependant je jeûne et j’interromps le jeûne, je prie et je dors la nuit, et je prends des femmes pour épouses. Celui donc qui s’écarte de ma voie (sunna) ne fait pas partie des miens. » (Al-Bukhârî, Muslim)

On peut supposer, à partir de ce qui précède, qu’il doit exister des points de comparaisons nécessaires entre l’espèce humaine et les végétaux. Comme les plantes, nous nous nourrissons des produits de la terre et de l’eau qui constitue une part importante de notre organisme. Le verbe arabe anbata : faire croître (les plantes), dérivé du verbe nabata : pousser, germer, est utilisé dans le Coran à plusieurs reprises. Dieu rappelle les paroles que Nûh (Noé) dit à son peuple en les exhortant et en leur rappelant Ses multiples bienfaits : «Et Dieu vous a vraiment fait pousser (anbatakum) de la terre. Puis Il vous y fera retourner et Il vous en fera vraiment sortir.» (Coran, 71, 17-18) La très belle expression dont se sert la Prophète Nûh souligne que la croissance des humains est comparable à la croissance des plantes, qui finiront par s’assécher pour revenir à la terre. Mais l’homme sera ressuscité pour être jugé.

D’autres versets du Coran évoquent les paroles de la mère de Marie, lorsque cette dernière vint au monde : « Je l’ai nommée Marie, et je la place, ainsi que sa descendance, sous Ta protection contre le diable banni. » Son Seigneur l’agréa alors du bon agrément, et la fit croître d’une bonne croissance (anbatahâ nabâtan hasanan). (Dieu) confia la garde (de Marie) à Zacharie.» (Coran, 3, 36-37) Marie, la mère de Jésus, bénéficia de la grâce divine et connut ainsi une belle croissance.

Hani Ramadan

Extrait de Méditations sur les plantes et les arbres,

à paraître in shâ Allah

Source : [haniramadan.blog.tdg.ch]
f
17 février 2014 22:10
Assalam alaikoum


L'islam se présente comme une voie médiane, « ainsi avons-Nous fait de vous une communauté médiane » (Coran), alors que c'est à travers cette voie que le témoignage du principe de l'Unicité est le mieux perçu, et que l'être peut renouer avec sa nature originelle, avec sa fitra, elle est la voie de la fitra, celle en laquelle il cherche son point d'équilibre, entre, d'un côté l'obscurité du monde avec tout ce qu'elle peut contenir de troublant et de violent pour lui et, d'une autre côté, le principe de l'unicité qui le ramène à l'essentiel de lui-même, et grâce auquel il ressent la miséricorde se manifester en la création et en chacune des créatures.
Lorsque nous parvenons à ce point d'équilibre, nous retrouvons notre état originel, ancré en chacun de nous, et se manifestant à nous sous la forme d'un appel intérieur, qu'aucun langage ne peut vraiment traduire ou faire comprendre, et c'est seulement par notre propre vécu que nous pouvons en avoir le pressentiment. Goûter à cet état paradisiaque ici-bas n'implique pas que le monde va se mettre soudainement à changer assez pour qu'il cesse de nous préoccuper. C'est plutôt notre perception du monde qui va changer en nous faisant perdre l'habitude de porter des jugements de valeur sur lui et en acceptant d'en assumer les contradictions pour mieux les transcender. La plupart du temps les jugements que nous portons sur le monde et les hommes sont hâtifs et cruels, oubliant par là même combien nous pouvons être parfois nous aussi injustes et ignorants, « certes il est injuste ignorant » (Coran). Par conséquent, commençons par être déjà fidèles à nous-mêmes, à notre nature originelle, à notre fitra. Veillons à ne pas tomber dans le piège du kâfir, de celui qui la renie ou l'occulte, ce qui en fait a été le problème de l'homme d'aujourd'hui et d'hier, qu'il n'a eu de cesse d'occulter sa fitra en préférant s'attacher à des idoles.

La voie médiane que propose l'islam est donc un cheminement par lequel l'individu va apprendre à se dépouiller progressivement de tous les voiles et illusions qui viennent à faire obstacle à la redécouverte de sa nature adamique. Ce travail sur soi suppose un éveil constant de la conscience qui ne vise pas à nous rendre plus intelligents (dans le sens intellectuel du terme) ou érudits mais à être plus attentifs au principe d'unicité qui nous relie à l'ensemble des êtres.
Grâce à l'éveil de la conscience l'homme est rappelé au principe de son unicité ; il apprend alors à ne pas se perdre dans l'obscurité de son être, ni dans la multiplicité des réalités matérielles et à trouver en lui ce point d'équilibre où la lumière éclaire sa fitra. Poursuivre son voyage terrestre dans et par la voie du juste milieu, c'est permettre à l'homme de construire dans la paix son projet de vie.
Car une paix profonde naît en nous lorsque nous prenons conscience de notre fitra et que nous nous relions à elle. Plus nous nourrissons notre conscience, plus nous acheminons le cœur de l'être vers la paix. La conscience n'est pas la paix, mais elle amène à apaiser ce qui est en nous source de conflits.

La voie du milieu est celle qui prend en compte l'homme tel qu'il est dans sa complexité. Si, en tant qu'homme, nous prenons conscience que nous n'existons que par Lui et qu'Il est présent où que nous allions, nous sommes capables de transcender toutes les oppositions engendrées par la multiplicité (du monde) ou la dualité (de notre être) pour ne retenir d'elles que leur complémentarité. L'attachement à une parie de nous-mêmes, nous pousse à être en contradiction avec une autre (dualité). Se détacher (intérieurement) des réalités du monde qui accaparent notre être revient donc à se libérer et à faire grandir en nous le principe de l'Unicité. Le problème est de pouvoir, tout en étant rattaché à une tradition, à un lieu, à une famille, s'affranchir des contraintes qui pèsent sur nous. Pour cela la conscience doit intervenir, non pas comme une réflexion théorique, mais en se vivant au quotidien dans la qualité de nos relations avec autrui et dans le parachèvement des vertus cardinales que sont la fraternité, l'humilité et la sincérité.

Comment apprendre aux êtres à vivre dans cette voie du milieu, sans adopter des comportements excessifs ? Dès que des excès sont commis, nous cherchons à rétablir en nous l'équilibre perdu. Cependant, l'excès faisant partie de la nature humaine, nous avons donc tous des défauts, des moments de faiblesse, de démence et d'ignorance, autant de perturbations dans notre être qui paradoxalement sont salutaires à la bonne harmonie du tout. Si notre être comporte naturellement une part d'éléments négatifs, il faut trouver, entre l'ombre et la lumière, la voie du milieu. Cette voie du milieu est, en fait, le lest, à l'image du poids que l'on met dans le fond des bateaux pour qu'ils ne chavirent pas pendant les tempêtes. 
La conscience est le seul moyen pour l'homme de mettre du lest en lui, s'il ne veut pas perdre pied dans les épreuves. Toute la problématique est de savoir comment développer la conscience de l'être afin qu'il prenne de plus en plus de densité, et que, dans les moments difficiles de sa propre vie, il ne sombre pas mais sache y faire face en puisant en lui la force intérieure. C'est en nourrissant sa conscience, à travers la voie médiane, que l'être peut éviter toute rupture avec le point d'équilibre et vivre en harmonie avec le principe de l'Unicité, vivre en harmonie avec lui-même et le monde qui l'entoure.
 
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