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L'etiquette "wahabi" ?????
s
29 mai 2005 18:41

Bismillahi al hamdoulilahi salat wa salam ala nabiyyina mohammad


“Ils nous ont donné l'étiquette du terme 'Wahhabiyûn', et ils ont appelé notre madhhab 'Wahhabi' le considérant comme un madhhab spécifique, et c'est une grosse erreur, qui apparaît dans la fausse propagande répandue par les gens des commérages. Nous ne sommes pas les partisans d'un nouveau madhhab ou d'une nouvelle 'aqîdah, notre 'aqîdah est la 'aqîdah des prédécesseurs bien-guidés, nous respections les quatre Imams et nous ne faisons aucune distinction entre Mâlik, Ash-Shâfi'î, Ahmad, et Abû Hanîfah, ils sont tous profondément respectés.

Cette 'aqîdah est celle qui a été ré-établie par Shaykh al Islâm Muhammad bin 'Abdul-Wahâb et ceux qu'il a appelés [à cette 'aqîdah]. Ceci est notre 'aqîdah et c'est une 'aqîdah structurée basée sur le Tawhîd d'Allah (Subhana Wa Ta'ala), sans défauts, et purifiée de toute innovation."

Al hamdoulilahi rabi al alamin


t
29 mai 2005 22:29
salam, bonsoir, smiling smiley

Lit ça stoff et dit mo ice que tu en pense, tu parle d'un tawhid pur et sans innovation mais là je suis pas d'accord et l'article l'explique très clairement.

[www.islamophile.org]

Critique de la subdivision du tawhîd en ulûhiyyah et en rubûbiyyah

Au nom d’Allâh, Clément et Miséricordieux.

L’érudit Abû Al-Mahâsin Jamâl Ad-Dîn Yûsuf Ibn Ahmad Ad-Dijwî, décédé en 1365 A.H., dit :

Nous avons reçu de nombreuses questions au sujet de tawhîd ar-rubûbiyyah et de tawhîd al-ulûhiyyah [1] : Quelle est leur signification ? Quelles en sont les implications ? Qui les a distingués ? Quels arguments soutiennent ou infirment la justesse de ces notions ?

Nous répondons — sachant que tout succès vient d’Allâh — :

L’auteur de cette thèse, réputé pour l’avoir soutenue, est Ibn Taymiyah, qui dit : « Les Messagers n’ont été envoyés que pour promouvoir tawhîd al-ulûhiyyah, c’est-à-dire la vocation exclusive de l’adoration à Allâh. Quant à tawhîd ar-rubûbiyyah, qui consiste à croire qu’Allâh est le Seigneur et le Gérant des mondes, nul ne l’a contesté parmi les polythéistes et les musulmans, comme le prouve la Parole du Très-Haut : « Si tu leur demandes qui a créé les cieux et la terre, ils répondront : Allâh » [2]. »

Puis les tenants de cette opinion ont ajouté : « Ceux qui usent du tawassul [3] par le biais des Prophètes et des saints, demandant leur intercession et les invoquant lors des épreuves, en sont des adorateurs. Ce sont des hérétiques, en vertu du fait qu’ils croient à la divinité (ulûhiyyah) de ces idoles, des Anges et du Christ. Ce n’est pas en croyant à la seigneurie (rubûbiyyah) de ces idoles qu’ils ont sombré dans l’hérésie mais en se détournant du tawhîd al-ulûhiyyah par le culte qu’ils vouent à ces choses. Ceci s’applique également aux visiteurs des tombes qui recherchent l’intercession des saints et leur demandent des choses que seul Allâh — Exalté soit-Il — peut accomplir. » Pis encore, Muhammad Ibn `Abd Al-Wahhâb dit : « Leur hérésie est pire que celle des idolâtres. »

Si on le souhaite, je pourrais également citer sa malheureuse et audacieuse sentence à ce sujet. Quoiqu’il en soit, il s’agit là brièvement de leur ligne de pensée, qui comprend plusieurs points que nous allons passer en revue succinctement. Notre propos s’articulera en deux volets, et nos arbitres seront la raison et les textes de la révélation.

Leur subdivision du monothéisme en tawhîd ar-rubûbiyyah et en tawhîd al-ulûhiyyah est une subdivision inédite et inconnue avant Ibn Taymiyah, allant par ailleurs à l’encontre de la raison comme on pourra le constater [4]. Lorsqu’une personne embrassait l’islam, le Messager d’Allâh — paix et bénédictions sur lui — ne lui enseignait pas que le monothéisme comportait deux volets et que l’on ne devenait musulman qu’après avoir adhéré à tawhîd al-ulûhiyyah. Il ne fit aucune allusion à ce sujet, pas même par un mot, et nul, parmi le salaf [5], dont les tenants de la subdivision se réclament frauduleusement à tout bout de champ [6], n’a opéré cette distinction.

Cette subdivision n’a aucun sens car une vraie divinité est un vrai seigneur, et une fausse divinité est un faux seigneur. Seul un seigneur est digne d’être adoré et divinisé. Réciproquement, cela n’a aucun sens d’adorer celui qu’on ne tient pas pour un seigneur capable d’octroyer le bien et d’infliger le mal. L’un est la conséquence de l’autre comme cela est stipulé dans la Parole du Très-Haut : « Il est le Seigneur des cieux et de la terre et de tout ce qu’il y a entre eux. Adore-Le donc, et sois constant dans Son adoration. Lui connais-tu un égal ? » [7] Ainsi, l’adoration est-elle la conséquence du statut de Seigneur. Si l’on ne croit pas en effet que tel seigneur est capable d’octroyer le bien et d’infliger le mal, alors cela n’a pas de sens de l’adorer, comme nous venons de le dire. Le Très-Haut dit aussi : « Que ne se prosternent-ils devant Allâh Qui fait sortir ce qui est caché dans les cieux et la terre, et Qui sait ce que vous cachez et aussi ce que vous divulguez ? » [8] Ce verset indique qu’il ne faut se prosterner que devant Celui dont la Toute-Puissance [9] est avérée et qu’il est insensé de se prosterner devant autre que Lui. Voilà pour l’aspect rationnel de la chose. C’est également ce qu’établissent le Coran et la Sunnah.

Le Coran dit pour sa part : « Il (Allâh) ne va pas vous commander de prendre pour seigneurs Anges et Prophètes » [10]. Il affirme ainsi la pluralité des seigneurs chez les idolâtres. Malgré cette affirmation explicite du Coran selon laquelle les polythéistes prenaient les anges pour des seigneurs, Ibn Taymiyah et Muhammad Ibn `Abd Al-Wahhâb disent d’eux qu’ils étaient des monothéistes dans le sens où ils adhéraient à tawhîd ar-rubûbiyyah et ne reconnaissaient qu’un seigneur unique ; leur polythéisme ne proviendrait ainsi que de leur refus de proclamer l’unicité de la divinité !!

Joseph — paix sur lui — dit à ses deux compagnons de geôle, alors qu’il les invitait au monothéisme : « Lequel est meilleur : des seigneurs disparates ou Allâh, l’Unique, le Dominateur suprême ? » [11] Allâh — Exalté soit-Il — dit aussi : « Ils ne croient pas au Tout Miséricordieux. Dis : ’C’est Lui mon Seigneur’ » [12] ; les infidèles, quant à eux, ne le reconnaissent pas comme seigneur. La Parole du Très-Haut « Mais c’est Allâh, mon Seigneur » [13] vient également interpeler ceux qui nient Son statut de Seigneur. Considèrons également les propos tenus pas les polythéistes le Jour de la Résurrection : « Par Allâh ! Nous étions certes dans un égarement évident, alors que nous faisions de vous des égaux au Seigneur des mondes » [14]. Ainsi, ils élevaient leurs idoles au statut de seigneurs, comme le suggère la lettre du texte. Considèrons aussi la Parole du Très-Haut : « Et quand on leur dit : "Prosternez-vous devant le Tout Miséricordieux", ils disent : "Qu’est-ce donc que le Tout Miséricordieux ? Allons-nous nous prosterner devant ce que tu nous commandes ?" » [15] Peut-on seulement admettre que celui qui profère de tels propos puisse être considéré comme un monothéiste ou un croyant ? Ou encore : « Or ils disputent au sujet d’Allâh » [16] ; il existe de nombreux autres exemples que nous ne citerons pas, par souci de concision.

Ainsi donc, ces infidèles n’adhéraient manifestement pas au tawhîd ar-rubûbiyyah — contrairement à ce que prétendait Ibn Taymiyah. Joseph — paix sur lui — n’invita ses compagnons de geôle à rien d’autre qu’au tawhîd ar-rubûbiyyah, car il n’y a pas chez lui cette distinction entre tawhîd ar-rubûbiyyah d’une part et tawhîd al-ulûhiyyah d’autre part. Ibn Taymiyah et ses partisans connaîtraient-ils le monothéisme mieux que Joseph — paix sur lui — et trouveraient-ils à redire dans son usage du vocable « seigneurs » au lieu de « divinités » ?!

Allâh dit lors de l’établissement du pacte avec les hommes [17] : « Ne suis-je pas votre Seigneur ? » [18] Si la reconnaissance d’Allâh comme seigneur unique ne suffisait pas, et que ce critère se trouvait rempli par les polythéistes, sans qu’il leur soit de la moindre utilité — comme le prétendait Ibn Taymiyah —, alors il ne conviendrait pas d’établir le pacte de cette façon et les hommes ne diraient pas le Jour de la Résurrection : « Vraiment, nous n’y avons pas fait attention » [15]. Il aurait fallu qu’Allâh change la formulation du pacte de manière à ce qu’ils proclament Son unicité en tant que divinité, étant donné que tawhîd ar-rubûbiyyah ne suffirait pas — comme le prétendent Ibn Taymiyah et ses partisans. Nous pouvons bien entendu développer ce point davantage. Mais quoi qu’il en soit, Allâh S’est satisfait de la reconnaissance de Son statut de Seigneur. Si le tawhîd ar-rubûbiyyah et le tawhîd al-ulûhiyyah étaient dissociés, Il leur aurait demandé de reconnaître Son statut de Divinité également.

À ce propos, on peut citer le verset suivant : « C’est Lui qui est dieu dans le ciel et dieu sur terre » [19]. Il est dieu sur terre quand bien même il ne resterait plus personne pour L’adorer comme cela sera le cas à la fin des temps. Si les tenants de la subdivision du monothéisme objectent que, ce que l’on entend par là, c’est qu’Il est digne d’être adoré, nous répondons alors qu’il n’y a donc aucune différence entre le dieu et le seigneur, puisque celui qui est digne d’être adoré n’est autre que le seigneur. D’ailleurs, le débat entre Pharaon et Moïse — paix et bénédictions sur lui — ne portait que sur la qualité de seigneur. Pharaon dit en effet : « Je suis votre Seigneur le Très-Haut » [20] ; il dit aussi : « Si tu adoptes une autre divinité que moi, je te ferai prisonnier » [21] ; il est inutile de s’étendre davantage sur ce point.

Pour ce qui est des preuves tirées de la Sunnah prouvant l’inconsistance de cette thèse de la subdivision du monothéisme, on peut mentionner le fait que les Anges interrogent le défunt sur son seigneur et non pas sur son dieu ; les Anges ne sont, en effet, ni des taymiyens ni des demeurés. Si l’on s’en tenait à cette thèse de la subdivision, il aurait fallu que les Anges interrogent le défunt sur l’identité de son dieu, et non pas sur celle de son seigneur, ou qu’ils l’interrogent sur les deux à la fois !

Quant à la Parole du Très-Haut : « Si tu leur demandes qui a créé les cieux et la terre, ils répondront Allâh » [2], elle signifie que les infidèles disent avec leurs langues ce en quoi ils ne croient pas dans leur cœur, se pliant — bien malgré eux — au besoin du moment, face aux arguments décisifs et aux signes manifestes. Ils disent cela alors qu’ils n’en sont pas convaincus au plus profond de leurs cœurs et de leurs consciences. La preuve en est qu’ils associent à cette parole des actes démontrant leur mensonge, qu’ils attribuent la capacité d’octroyer le mal et d’infliger le bien à autre qu’à Lui, qu’ils ignorent complètement Allâh, et Lui préférent autrui dans les affaires les plus prosaïques. Par exemple, ils dirent à Hûd — paix sur lui — : « Nous dirons plutôt qu’une de nos divinités t’a affligé d’un mal. » [22] Comment Ibn Taymiyah peut-il dire entre autres que ces gens croient que les idoles ne peuvent infliger le mal ni octroyer le bien ? Considèrons aussi ce qu’ils font de leurs cultures et de leurs bestiaux : « Ils disent : "Ceci est pour Allâh — d’après leurs prétentions — et ceci pour nos divinités." Mais ce qui est pour leurs divinités ne parvient pas à Allâh, tandis que ce qui est pour Allâh parvient à leurs divinités. » [23] Ils donnaient ainsi la préséance à leurs divinités par rapport à Allâh — Exalté soit-Il — et ce, dans la moindre de leurs affaires.

Au sujet de leurs croyances idolâtres, Allâh clarifie : « Nous ne vous voyons point accompagnés des intercesseurs que vous prétendiez être nos associés. » [24] Il rappelle donc que ces gens croient que leurs divinités sont associées à Allâh. Un exemple qui caractérise cette croyance réside en la parole de Abû Sufyân lors de la bataille de Uhud : "Ô Hubal, sois supérieur" ce à quoi le Prophète — paix et bénédictions sur lui — répondit : « Allâh est le Supérieur le Magnifique ». Après lecture de ces paroles, où parvient-on à déceler le moindre soupçon de ce monothéisme qu’Ibn Taymiyah attribue aux polythéistes, à travers tawhîd ar-rubûbiyyah, lorsqu’il dit qu’ils sont en cela parfaitement semblables aux musulmans mais qu’il leur manque tawhîd al-ulûhiyyah pour parfaire leur monothéisme ?

Plus probante encore est cette parole divine : « N’injuriez pas ceux qu’ils invoquent en dehors d’Allâh, car par agressivité, ils injurieraient Allâh, dans leur ignorance. » [25]. De nombreux autres versets de ce genre existent, mais qu’il serait long de développer ici. Perçoit-on donc chez ces polythéistes un quelconque monothéisme digne d’être qualifié de "credo" (`aqîdah) ?

Mais, malgré tout, les taymiyens diront que les idolâtres adhéraient à tawhîd ar-rubûbiyyah et que les Messagers ne les combattirent que pour promouvoir tawhîd al-ulûhiyyah, dont l’abandon est la seule raison justifiant leur infidélité ! J’ignore à quoi rime cette restriction alors que les idolâtres ont démenti les Prophètes, rejeté la révélation, rendu licites les interdits, nié la résurrection et le Jour dernier, affirmé qu’Allâh avait une compagne, un enfant et que les anges étaient Ses filles : « Certes, ils disent dans leur calomnie : "Allâh a engendré" ; mais ce sont certainement des menteurs ! » [26] Les Messagers ne les auraient donc combattus pour rien de tout cela, mais uniquement parce qu’ils n’adhéraient pas à tawhîd al-ulûhiyyah — comme ils le prétendent ! Et en dehors de ce point, ils seraient parfaitement semblables aux musulmans ! Et les musulmans seraient même pires, selon Ibn `Abd Al-Wahhâb !

Laissant tout cela de côté, nous ajoutons pour les tenants de cette subdivision : À supposer qu’il y ait une différence entre tawhîd ar-rubûbiyyah et tawhîd al-ulûhiyyah — comme ils le prétendent —, le tawassul [3] ne contrevient en rien à tawhîd al-ulûhiyyah, car il ne relève en rien de l’adoration, que ce soit au plan linguistique, juridique ou coutumier. Nul n’a jamais dit que le fait d’invoquer ou d’implorer l’intercession des gens pieux était un acte d’adoration. Le Messager — paix et bénédictions sur lui — ne nous a rien dit de tel non plus. S’il s’agissait d’un culte ou d’un semblant de culte, cela ne serait autorisé ni par l’entremise d’une personne vivante ni par l’entremise d’un défunt.

Si quelqu’un objecte qu’Allâh est plus proche de nous que notre veine jugulaire et qu’il n’y a, par conséquent, nul besoin d’un intermédiaire, nous lui répondons : « Tu as retenu une vérité alors que de nombreuses autres t’ont échappé. » Cette opinion qui est tienne implique que l’on délaisse les causes et les moyens dans toutes les affaires, alors que le monde est pourtant fondé sur une Sagesse dans laquelle la loi de causalité occupe une place primordiale.

Cela implique aussi qu’il n’y aurait pas d’intercession le Jour de la Résurrection — chose pourtant nécessairement connue de la religion — parce que, selon cette opinion, il n’y a nul besoin d’intercession, puisqu’Allâh n’a pas besoin d’un intermédiaire, étant Lui-Même plus proche que l’intermédiaire. Cela implique aussi que `Umar se soit trompé lorsqu’il dit : « Nous nous adressons à Toi par l’oncle de Ton Prophète, Al-`Abbâs. » »

Au final, cela reviendrait à nier la causalité, ce qui contredit la loi divine sur laquelle se fondent tous ces mondes, du début à la fin. Cela implique aussi que les détracteurs du tawassul [3] se rendent coupables de ce dont ils accusent les musulmans, car ils ne peuvent point délaisser les causes et les moyens : ce sont d’ailleurs ceux qui s’y accrochent le plus.

Nous devons également souligner que la distinction entre le vivant et le mort dans ce domaine n’a aucun sens, étant donné que la personne qui implore l’intercession ne demande rien au défunt, mais s’adresse à Allâh en faisant valoir la dignité de ce défunt auprès d’Allâh, Son amour pour lui, et ainsi de suite. S’agit-il d’une divinisation ou d’une adoration du défunt ? Ou bien est-ce la vérité qui ne fait point de doute ? En vérité, ce sont des gens qui hasardent des opinions sans examen minutieux. Comment en serait-il autrement alors que le tawassul [3] est permis ? Son mérite est même connu, chez l’ensemble des musulmans.

On pourra se reporter aux ouvrages de référence des quatre écoles juridiques, y compris l’école hambalite, pour ce qui concerne les règles de bienséance à observer lors de la visite du Prophète — paix et bénédictions sur lui — où il est recommandé de supplier Allâh — Exalté soit-Il — par l’entremise du Prophète. Jusqu’à ce que vienne Ibn Taymiyah, diverge du consensus et s’oppose à ce qui est établi dans les consciences saines, se plaçant ainsi en porte-à-faux aussi bien vis-à-vis de la raison que vis-à-vis des textes de la révélation.


Traduit de l’arabe du site Al-Razi.net.
[1] L’expression tawhîd ar-rubûbiyyah désigne la proclamation de l’unicité d’Allâh en Sa qualité de seigneur ; le terme rubûbiyyah dérive de rabb (seigneur) et désigne la qualité de seigneur. L’expression tawhîd al-ulûhiyyah désigne la proclamation de l’unicité d’Allâh en Sa qualité de divinité ; le terme ulûhiyyah dérive de ilâh (divinité ou dieu) et désigne la qualité de dieu. La traduction de ces expressions nécessitant des périphrases peu gracieuses, nous conserverons les expressions arabes tawhîd ar-rubûbiyyah et tawhîd al-ulûhiyyah tout au long de cet article. Bien entendu, le monothéisme dans son acception islamique requiert que l’on proclame l’unicité d’Allâh en Sa qualité de Seigneur et aussi en Sa qualité de Dieu, ce que nul ne conteste dans cet article. NdT.

[2] Sourate 31, Luqmân, verset 25. NdT.

[3] Pour de plus amples détails, conférer les développements de Sheikh `Atiyyah Saqr sur la notion de tawassul publiés sur notre site. NdT.

[4] Le monothéisme, en arabe tawhîd, consiste à proclamer l’unicité de Dieu — Exalté soit-Il. Il est à la fois le Seigneur et Créateur de l’Univers et de toutes les créatures qu’il renferme, et Il est la seule divinité digne d’être adorée. « Rien n’est à Sa ressemblance et Il est l’Audient le Clairvoyant. » Tout monothéiste, au sens islamique du terme, doit nécessairement proclamer l’unicité de Dieu ainsi définie. Nul ne peut être monothéiste à moitié, le monothéisme ne se fragmente pas, telle est, en substance, la thèse défendue dans cet article par Sheikh Yûsuf Ad-Dijwî — qu’Allâh lui fasse miséricorde. NdT.

[5] Le terme salaf, souvent traduit par « pieux prédécesseurs », désigne dans la terminologie musulmane les premiers musulmans, et notamment les trois premières générations, à savoir les Compagnons du Prophète — qu’Allâh les agrée —, leurs Successeurs et les Successeurs des Successeurs ; leurs opinions et pratiques servent d’argument dans les questions théologiques sous certaines conditions que nous n’aborderons pas dans cette note. Parfois, ce terme est utilisé dans son sens premier, c’est-à-dire « prédécesseurs ». NdT.

[6] Sheikh Ad-Dijwî fait allusion ici aux soi-disants disciples d’Ibn Taymiyah et du salaf, qui se présentent comme étant les "salafis". NdT.

[7] Sourate 19, Maryam, Marie verset 65. NdT.

[8] Sourate 27, An-Naml, Les Fourmis, verset 25. NdT.

[9] La Toute-Puissance est une caractéristique du Vrai Seigneur. NdT.

[10] Sourate 3, Âl `Imrân, La Famille d’Amram, verset 80. NdT.

[11] Sourate 12, Yûsuf, Jospeh, verset 39. NdT.

[12] Sourate 13, Ar-Ra`d, Le Tonnerre, verset 30. NdT.

[13] Sourate 18, Al-Kahf, La Caverne, verset 38. NdT

[14] Sourate 26, Ash-Shu`arâ’, Les Poètes, versets 97 et 98. NdT.

[15] Sourate 25, Al-Furqân, Le Discernement, verset 60. NdT.

[16] Sourate 13, Ar-Ra`d, Le Tonnerre, verset 13. NdT.

[17] L’établissement du pacte renvoie au pacte mentionné dans le verset 172 de la sourate Al-A`râf : « Et quand ton Seigneur tira des reins des fils d’Adam leur descendance et les fit témoigner contre eux-mêmes : "Ne suis-Je pas votre Seigneur ?" Ils répondirent : "Mais si, nous en témoignons..." - afin que vous ne disiez point, au Jour de la Résurrection : "Vraiment, nous n’y avons pas fait attention" ». NdT.

[18] Sourate 7, Al-A`râf, Les Limbes, verset 172. NdT.

[19] Sourate 43, Az-Zukhruf, L’Ornement, verset 84. NdT.

[20] Sourate 79, An-Nâzi`ât, Les Tireuses, verset 24. NdT.

[21] Sourate 26, Ash-Shu`arâ’, Les Poètes, verset 29. NdT.

[22] Sourate 11, Hûd, verset 54. NdT.

[23] Sourate 6, Al-An`âm, Les Bestiaux, verset 136. NdT.

[24] Sourate 6, Al-An`âm, Les Bestiaux, verset 94. NdT.

[25] Sourate 6, Al-An`âm, Les Bestiaux, verset 108. NdT.

[26] Sourate 37, As-Sâffât, versets 151 et 152. NdT


tawmat smiling smiley
'
30 mai 2005 01:23
Bismillâhir Rahmânir Rahîm...

Assalâmou 'alaykoum wa rahmatoullâhi wa barakâtouh... smiling smiley







Question :

Que pensez-vous du wahhabisme ?



Réponse :

Tout dépend de ce que vous entendez par "wahhabisme". Car ce terme est devenu aujourd'hui assez flou pour ne pas désigner le même concept chez tout un chacun. Afin d'éviter les problèmes de communication et les malentendus, à la question "Que pensez-vous du wahhabisme", on se gardera donc bien de répondre de façon simplificatrice : "Je désapprouve le wahhabisme" ou : "J'approuve le wahhabisme" ; on répondra plutôt : "Dites-moi d'abord qu'est-ce que vous entendez par "wahhabisme" et je vous dirai ensuite ma position à l'égard de ce que vous aurez défini". En effet, le terme "wahhabisme" revêt des réalités différentes dans les esprits des uns et des autres. J'en vois au moins quatre :

- pour certains, le terme "wahhabisme" renvoie à l'enseignement du savant Muhammad ibn Abd il-Wahhâb ; c'est le sens que j'évoquerai en B ;

- pour d'autres, ce terme désigne une somme de rumeurs et de on-dits, prêtés à tort au savant sus-cité ; c'est ce que j'évoquerai en C ;

- pour d'autres encore, ce terme indique la façon par laquelle certains personnages qui se réclament de Ibn Abd il-Wahhâb ont concrétisé son enseignement ; c'est ce que j'évoquerai en D ;

- enfin, pour d'autres, le terme "wahhabisme" évoque la politique intérieure et extérieure de l'Arabie Saoudite, aujourd'hui et hier ; c'est le sens courant dans les médias, et c'est ce que nous allons voir immédiatement, en A.


A) Un des sens prêtés au terme "wahhabisme" :

Le wahhabisme est devenu aujourd'hui, surtout dans le langage médiatique, le synonyme de l'idéologie qui sous-tend toute la politique de la monarchie absolue saoudienne. L'administration saoudienne est-elle dictatoriale, nul n'ayant le droit d'émettre la moindre divergence par rapport à la politique royale sans risquer la prison ? L'Arabie Saoudite applique-t-elle aujourd'hui des règles pénales sur le peuple tout en en exceptant ses princes ou tout en permettant, dans sa politique économique internationale ou au niveau de son administration, ce que l'islam interdit formellement ? "Bah, c'est normal, c'est ce qu'enseigne le wahhabisme !" entend-on dire. Or rien n'est plus faux.
Il faut ici rajouter que certains médias, s'appuyant sur les propos de certains ulémas de pays arabes – ulémas supposés adeptes de l'enseignement de Muhammad ibn Abd il-Wahhâb – où ceux-ci appellent à la fidélité à des principes de l'islam qui interdisent ce que l'Occident permet (par exemple l'alcool, etc.), présentent le wahhabisme comme étant "la doctrine qui s'oppose à l'Occident". On croit donc qu'"être pour l'islam" c'est forcément "être contre l'Occident". Or, ceci est également faux : tout ce qui ne se fait pas comme l'Occident ne se fait pas forcément contre lui.


B ) et C) Entre le message originel et les calomnies, deux sens différents donnés au terme "wahhabisme" par des musulmans :

Certaines couches de populations musulmanes, dans certains pays, sont, aujourd'hui encore, convaincues que Muhammad ibn Abd il-Wahhâb était quelqu'un qui n'avait aucun respect pour la mémoire du Prophète Muhammad (sur lui la paix), qui interdisait de prier Dieu d'envoyer les bénédictions sur le Prophète (salât ala-n-nabî), qui interdisait de se rendre sur la tombe du Prophète pour lui adresser des salutations, qui avait même projeté d'enlever la tombe du Prophète de là où elle se trouve à Médine, qui disait que tous les musulmans ne pensant pas comme lui sont incroyants ou au mieux égarés, etc. A l'origine de toutes ces rumeurs il y a des préjugés, qui doivent leur cause à deux facteurs : les excès de certains disciples de Muhammad ibn Abd il-Wahhâb et la propagande qui a été diffusée contre son message.

Muhammad ibn Abd il-Wahhâb a vu le jour dans le Nadjd, en Arabie, au 12ème siècle musulman / 18ème siècle grégorien. Il a vécu de 1115 à 1206 (a. h.) / 1703 à 1792 (a. g.). Voyant les déviances, les formes détournées de polythéisme (invocations adressées à des morts) et les innovations (bid'a) qui avaient cours en Arabie alors sous administration ottomane, voyant aussi les signes de faiblesses des musulmans un peu partout dans le monde (c'est l'époque de la colonisation, dont seules quelques terres musulmanes comme l'Arabie échapperont), il réalise que les musulmans sont les premiers responsables de leurs faiblesses et qu'ils doivent se réformer de l'intérieur. L'accent est mis sur le pur monothéisme (at-tawhîd al-kâmil) enseigné par le Prophète Muhammad (sur lui la paix) et sur la fidélité au message des sources de l'islam (al-i'tisâm bil-kitab was-sunna). Ibn Abd il-Wahhâb commence à diffuser son message dans son Nadjd natal, et, peu à peu, gagne des disciples. La famille des Sa'ûd, originaire du Nadjd et qui y dirige la principauté de Dar'iyya, se lie avec le Cheikh, adopte son message et s'engage à le diffuser et à revenir aux sources de l'islam dans sa gestion publique. Muhammad ibn Abd il-Wahhâb ne se contente pas de prêcher, lui et/ou ses disciples interviennent aussi pour démolir les mausolées qui ont été bâtis sur les tombes de saints pour leur rendre un culte (cela contredit le monothéisme pur). Ce faisant, le mouvement entre en conflit avec d'autres principautés locales, qui jusqu'à présent avaient toléré ce genre de pratique sur les tombes et qui voient ces menées comme une atteinte à leur autorité locale (l'Arabie étant alors, rappelons-le, sous souveraineté ottomane). Le message de Muhammad ibn Abd il-Wahhâb progresse cependant, en même temps que la principauté des Sa'ûd s'agrandit avec l'objectif de bâtir en Arabie une société fondée sur les règles de l'islam. Même après la mort de Ibn Abd il-Wahhâb, en 1792, des terres d'Arabie continuent de passer sous l'autorité de la principauté de Dar'iyya, jusqu'à bientôt La Mecque et Médine. Mais au 19ème siècle, en 1819, la Sublime Porte envoie Mehmed Ali Pacha écraser la principauté. Celle-ci est bientôt ramenée à ses premières dimensions dans le Nadjd, puis devient même quasi-inexistante. (Ce sera au 20ème siècle, en 1902, que Abd al-Aziz ibn Sa'ûd s'emparera de Riyad et conquerra en trois dizaines d'années ce qui deviendra en 1932 l'Arabie Saoudite. Mais revenons pour le moment à l'époque de Muhammad ibn Abd il-Wahhâb, au 18ème siècle.)

Les excès auxquels certains disciples de ibn Abd il-Wahhâb se sont laissés aller ont entraîné que des personnes ont regardé d'un mauvais oeil non pas seulement les actes excessifs de ces disciples mais le message même de Ibn Abd il-Wahhâb. Or ce dernier était conscient de certains excès chez certains de ceux qui suivaient son enseignement. Ainsi, lorsque, envoyés à Ta'if, certains de ses disciples y brûlèrent les livres religieux écrits par d'autres ulémas, Ibn Abd il-Wahhâb les en blâma sévèrement et présenta ses excuses aux personnes lésées, en déclarant que cet acte était dû à l'ignorance de ces disciples (Al-Hadiyya as-saniyya, par Abdullâh ibn Muhammad ibn Abd il-Wahhâb, cité par le savant indien Cheikh Manzûr An-Nu'mânî dans Cheikh Muhammad ibn Abd il-Wahhâb ké khilâf propaganda aur Hindustân ké ulama-é haq par uss ké atharât, p. 108). De toutes les rumeurs qui circulent à propos de l'enseignement de Ibn Abd il-Wahhâb, certaines sont donc en fait des généralisations de ce qu'une petite minorité des hommes qui le suivaient disaient ou faisaient parfois, par ignorance.

Mais la plus grande part de ces rumeurs sont dues à un second facteur : la volonté délibérée de le calomnier. On l'accusa ainsi ne pas avoir de respect pour la mémoire du Prophète, d'avoir voulu enlever sa tombe du lieu qu'elle a occupé jusqu'à présent, etc. Parmi les auteurs de ces calomnies, il y eut au premier chef les gens attachés au culte des tombes, la pratiquant de père en fils et la percevant comme une forme de spiritualité islamique : pour des raisons évidentes, ils cherchèrent à combattre la propagation du message de Muhammad ibn Abd il-Wahhâb et lui attribuèrent au sujet du Prophète des propos dont ils savaient qu'aucun musulman ne pourrait les tolérer ; le but était de discréditer son message (Cheikh Muhammad ibn Abd il-Wahhâb ké khilâf propaganda, p. 10). Il y eut aussi les principautés locales, qui virent dans son mouvement un danger pour leur pouvoir et ne se privèrent pas de calomnier son message (Ibid., pp. 30-31). Après la victoire de Mehmed Ali Pacha sur les disciples de Ibn Abd il-Wahhâb, ces calomnies se généralisèrent tellement en Arabie que lorsque des musulmans, venus d'autres pays en pèlerinage à La Mecque, y entendirent ce qu'on disait de Ibn Abd il-Wahhâb et de ses disciples, ils ne doutèrent pas un instant que c'est là ce que Ibn Abd il-Wahhâb disait réellement ; rentrés au pays après le pèlerinage, ils y ramenèrent ce qu'ils avaient entendu et contribuèrent de la sorte à diffuser ces rumeurs (Ibid., p. 17, p. 82). Pour leur part, certains ulémas ne firent pas suffisamment de recherches et répétèrent ce qu'ils entendirent partout ; d'autres, comme le savant mecquois Cheikh Ahmad Zaynî Dahlân, propagèrent ces rumeurs dans leurs écrits (Ibid., pp. 12-17, p. 40, p. 83, p. 104). Enfin, An-Nu'mânî cite le colonisateur britannique, qui, plus tard, aux 19-20ème siècles, en Inde par exemple, utilisa le terme "wahhabite" pour qualifier les musulmans indiens luttant pour leur indépendance : il savait combien ce terme était déjà perçu négativement dans des populations musulmanes, et le but était de discréditer ces musulmans indiens au sein même de leur entourage (Ibid., p. 79, pp. 90-91).

La propagande avait d'ailleurs commencé durant le vivant même de Muhammad ibn Abd il-Wahhâb. Ce dernier en avait conscience, et An-Nu'mânî a reproduit le texte d'une lettre que, deux ans avant sa mort, Ibn Abd il-Wahhâb écrivit au Chérif de La Mecque : il y expliquait ce qu'il disait vraiment, il y démentait plusieurs propos qui lui étaient attribués et il y indiquait l'origine et les raisons de ces calomnies ("buhtân"winking smiley (Ibid., pp. 52-57). Abdullâh, fils de ibn Abd il-Wahhâb, dut lui aussi écrire des épîtres pour expliquer encore et toujours que non, ils ne disaient pas de tous les autres qu'ils n'étaient pas musulmans, ils ne manquaient pas de respect à la mémoire du Prophète, ils n'avaient jamais imaginé interdire de réciter la salât ala-n-nabî ou d'adresser des salutations une fois près de la tombe du Prophète, etc. etc. (Al-Hadiyya as-saniyya, pp. 40-42, cité par An-Nu'mânî, op. cit., pp. 57-64). Abdullâh y dit aussi : "Concernant les Usûl ud-dîn, nous sommes sunnites ("ahl as-sunna wal-jamâ'ah"winking smiley et suivons nos pieux prédécesseurs ("salaf"winking smiley (…). Concernant les Furû', nous suivons l'école de Ahmad ibn Hanbal, et ne critiquons personne qui suit quelqu'un d'autre parmi les autres imams d'écoles (…) Nous ne prétendons pas être des mujtahid mutlaq, mais si, concernant une question donnée, l'avis de l'école hanbalite est différent de ce que dit un texte du Coran ou de la Sunna, clair, non abrogé et qui a été adopté comme avis par un des quatre imams, alors nous suivons ce que dit ce texte" (Al-Hadiyya as-saniyya, pp. 38-39, cité par An-Nu'mânî, op. cit., pp. 58). Cette façon de faire, rappelle An-Nu'mânî, a été celle de Ibn Taymiyya et de Ibn Qayyim, et An-Nu'mânî écrit que les ulémas hanafites de l'Inde ont toujours gardé en haute estime ces deux personnages (Cheikh Muhammad ibn Abd il-Wahhâb ké khilâf propaganda, p. 50-51) ; de plus, cette façon de faire a, poursuit-il, également été celle du "référant des hanafites de l'Inde, Shâh Waliyyullâh", "comme le savent bien tous ceux qui ont lu ses ouvrages Hujjat-ullâh-il-bâligha, Al-mussawwâ, Al-musaffâ, 'Iqd-ul-jîd, et Al-insâf" (Ibid., p. 51-52).

Il y a donc de très nombreuses choses qu'on attribue faussement à Muhammad ibn Abd il-Wahhâb. Ces calomnies ont pour origine les deux facteurs que nous avons vus.

A l'époque, le monde n'était pas un village comme aujourd'hui : les moyens de communication et de diffusion étaient moins développés, et les voyages prenaient plusieurs semaines : vérifier tout ce qu'on attribuait à des personnages ayant vécu dans d'autres pays n'était donc pas chose aisée. Dans la lointaine Inde, des ulémas, questionnés par le public au sujet du message de Muhammad ibn Abd il-Wahhâb, ne purent donc que se démarquer du sens que tout le monde prétait – à tort – à ce message. Même le savant Siddîq Hassan Ahmad Khan – savant indien bien connu, qui suivait directement les Hadîths, sans se référer quant à sa pratique à une école juridique précise – se démarqua lui aussi de ce qu'il avait entendu être le message de Muhammad ibn Abd il-Wahhâb (Ibid., p. 77, p. 83). D'autres savants indiens, hanafites quant à eux, firent de même : Cheikh Khalîl Ahmad Sahâranpûrî, questionné par écrit au sujet des wahhabites, répondit en citant Ibn Abidîn ash-Shâmî, qui avait relaté du réformateur ce qu'on lui attribuait à tort (Ibid., p. 38). Le problème c'est qu'aujourd'hui encore des pans entiers de la population musulmane de l'Inde partagent toujours ces premières impressions, héritées du 19ème et du 20ème siècles. Or, ce qu'il faut savoir, c'est que plus tard, ce savant As-Sahâranpûrî s'installa en Arabie et eut l'occasion d'y rencontrer des ulémas adeptes du message de Muhammad ibn Abd il-Wahhâb et de discuter avec eux ; et il modifia alors son avis en conséquence et publia ce qu'il avait constaté dans un magazine de l'Inde, disant qu'il s'était trompé (Ibid., pp. 42-46). Le même changement positif se produisit chez Cheikh Hussein Ahmad Madanî (Ibid., p. 41, puis pp. 96-97).

Refusant les préjugés et les idées reçues, Cheikh Manzûr An-Nu'mânî – qui est un savant hanafite de l'Inde – choisit d'étudier directement et avec soin les ouvrages de Muhammad ibn Abd il-Wahhâb ainsi que les biographies qui lui ont été consacrées (Ibid., p. 136, pp. 49-50). Il écrit, comme compte-rendu de son étude de l'enseignement de Muhammad ibn Abd il-Wahhâb : "Tout musulman ayant par la grâce de Dieu compris le monothéisme pur vers lequel Dieu appelle dans le Coran et vers lequel le Prophète (sur lui la paix) a appelé, tout musulman qui est ainsi et aime ce monothéisme pur et se détache de toute forme d'associationnisme (shirk) et d'innovations religieuses (bid'a) – ce qui doit être le cas de tout croyant –, tout musulman qui est ainsi ne pourra pas ne pas être d'accord avec le message de Muhammad ibn Abd il-Wahhâb en son essence. Il est toutefois possible que, sur certains points ("juz'iyyât"winking smiley, il ressente chez lui une dureté ("shiddah"winking smiley, et que, à propos de certaines ramifications ("tafrî'ât"winking smiley, il ait un avis différent du sien, de telles divergences étant possibles entre les savants sunnites" (Ibid., p. 50). An-Nu'mânî cite ainsi certains points sur lesquels il dit partager d'autres avis que ceux de Muhammad ibn Abd il-Wahhâb et de ses disciples, et à propos desquels, écrit-il, cela fait d'ailleurs plus de sept cents ans que le débat des arguments et des idées existe au sein de l'orthodoxie sunnite (Ibid., pp. 69-75).

Cheikh Manzûr An-Nu'mânî dit avoir non seulement étudié des livres mais également fait la connaissance, au sein de la Rabita (en compagnie de Aboul-Hassan Alî an-Nadwî), des deux savants saoudiens Ben Baz et Abdullâh Ibn Humayyid. Il dit d'eux : "Bien qu'aveugles, ces deux personnages possèdent une vaste connaissance, et Dieu leur a donné également une importante part de piété" (Ibid., pp. 102-104). Il écrit également d'eux : "A propos de l'attachement au pur monothéisme et à l'appel vers lui, à propos du détachement par rapport à l'associationnisme (shirk) et à toutes ses expressions, et à propos de l'accent mis sur la nécessité de s'attacher au Coran et à la Sunna et de se référer aux pieux prédécesseurs (salaf), je les ai trouvés conformes à ce que j'ai lu dans les ouvrages de Ibn Abd il-Wahhâb. Je les ai trouvés de dignes représentants du message de ce dernier, ce qui a confirmé mon sentiment : le message réel de Muhammad ibn Abd il-Wahhâb a bien été ce qui figure dans ses ouvrages ; tandis que ce que Ahmad Zaynî Dahlân a écrit à son sujet est bel et bien sans fondement et fondé sur des rumeurs" (Ibid., pp. 103-104).
Le savant hanafite indien dont nous avons parlé plus haut, Cheikh Khalîl Ahmad Sahâranpûrî, avait lui aussi, après s'être installé à Médine, eu l'occasion de rencontrer, de discuter et d'échanger des idées avec Cheikh Abdullâh Ibn Bulayhid, un autre savant adepte des enseignements et Ibn 'Abd il-Wahhâb. Il le décrivit comme un "grand savant", "adhérant entièrement aux croyances de l'orthodoxie sunnite". Tout comme An-Nu'mânî avait relaté que sur certains points d'autres avis que ceux de Ibn Abd il-Wahhâb étaient possibles, As-Sahâranpûrî relata de Ibn Bulayhid qu'il "se référait aux Hadîths en les appréhendant dans leur strict littéralité ("zâhir ul-hadîth"winking smiley, ce qui est l'enseignement de l'école hanbalite" (Ibid., pp. 42-43). Muhammad Asad (1900-1992) avait eu lui aussi l'occasion de discuter avec Ibn Bulayhid, et le décrivit comme un grand savant, précisant lui aussi en substance qu'il était toutefois quelque peu littéraliste (d'après Le chemin de La Mecque, p. 258).


D) Quatrième réalité désignée par le terme "wahhabisme" : la façon par laquelle on a parfois, ici et là, concrétisé l'enseignement de Muhammad ibn Abd il-Wahhâb :

Muhammad Asad (1900-1992) écrit du mouvement de Muhammad ibn Abd il-Wahhâb qu'il "fut une tentative" de revenir "au message authentique du Prophète". "Il y eut certainement, poursuit-il, dans cette attitude de clarté sans compromission, une grande tentative qui aurait pu libérer l'Islam de toutes les superstitions qui l'avaient obscurci." Et Asad de relever ensuite que bien des "mouvements de renaissance de l'Islam" contemporain – notamment "le mouvement Senoussi en Afrique du Nord, l'œuvre de Jamal ad-Din al-Afghani et celle de l'Egyptien Muhammad Abduh – procèdent directement de l'élan spirituel donné au XVIIIème siècle par Muhammad ibn Abd al-Wahhab".
"Mais" la façon concrète par laquelle son enseignement fut reçu par certains disciples dans le Nadjd, poursuit Asad, "a souffert de deux défauts qui l'ont empêché de devenir une grande force spirituelle". L'un est le formalisme, c'est-à-dire le fait que "presque tous les efforts soient limités à une observation littérale des prescriptions, négligeant la nécessité d'en pénétrer le contenu spirituel". L'autre est "cette tendance à l'intolérance ne reconnaissant à personne le droit d'être d'un avis différent" (Le chemin de la Mecque, p. 150).

Il y avait donc, d'une part, l'enseignement originel de Ibn Abd il-Wahhâb (que nous avons abordé brièvement dans le point B ), qui n'a rien à voir avec les rumeurs que l'on a propagées contre lui (citées dans le point C). Mais il y a eu aussi la façon concrète par laquelle certains de ceux qui se réclament du wahhabisme ont vécu et ont appliqué celui-ci, ou le vivent et l'appliquent (c'est l'objet de ce point D).
Les excès de certains des disciples de Ibn Abd il-Wahhâb avaient, à son époque même, causé chez d'autres musulmans une méfiance vis-à-vis de son enseignement. Les excès de certains de ses disciples tardifs seront responsables de la méfiance d'autres musulmans encore. Pour ces derniers, comme l'a noté Asad, le wahhabisme est devenu le synonyme de deux choses : "formalisme et intolérance". Formalisme dans la mise en pratique des actes prescrits par les sources de l'islam, intolérance (ta'assub, esprit partisan) vis-à-vis de tous les musulmans qui pensent différemment.

Dans les années 10 du 20ème siècle, raconte Muhammad Asad, le roi Abd al-Aziz Ibn Sa'ûd (fondateur de l'Arabie Saoudite contemporaine), désireux de sédentariser les bédouins d'Arabie centrale, envoya chez eux des instructeurs religieux, qui mirent l'accent sur la sédentarisation et diffusèrent les enseignements de Muhammad ibn Abd il-Wahhâb. Ainsi naquirent en Arabie centrale ceux qui se nommèrent eux-mêmes les Ikhwân. Muhammad Asad écrit : "S'ils avaient été mieux instruits et dirigés, leur profond dévouement religieux les aurait rendus capables de parvenir à une plus grande largeur de vues, et ils auraient pu devenir le ferment d'une véritable renaissance sociale et spirituelle de l'Arabie. Malheureusement, Ibn Saoud ne sut pas discerner les extraordinaires possibilités du mouvement, se contentant d'inculquer aux Ikhwân des rudiments de connaissances religieux et séculières jugées suffisants pour entretenir leur ferveur et leur zèle. En d'autres termes, Ibn Saoud ne vit dans le mouvement des Ikhwan qu'un instrument de pouvoir." Muhammad Asad constate donc : "Bon nombre de leurs idées étaient primitives, et leur ardeur confinait souvent au fanatisme" (Ibid., p. 163). Muhammad Asad cite de même les propos que lui tint le Dr. Tawfiq Bey, un érudit qu'il rencontra à Amman en 1923 et qui lui dit que les idées religieuses des Wahhabites étaient "proches de l'esprit du Coran" et "qu'avec le temps elles pourraient exercer une influence bénéfique sur le développement culturel de l'Islam", mais que le "fanatisme" d'une partie de ces gens "rendait difficile aux autres musulmans une juste appréciation du mouvement wahhabite" (Ibid., pp. 105-106).

Parlant du roi Abd al-Aziz Ibn Sa'ûd lui-même, Muhammad Asad, qui eut l'occasion de se lier d'amitié avec lui, de passer plusieurs jours en sa compagnie, de discuter avec lui et même de partir, sur sa demande, enquêter sur des troubles dans son royaume (lire Le chemin de la Mecque), écrit : "Il est profondément religieux et s'acquitte à la lettre de toutes les prescriptions formelles de la loi islamique, mais il semble rarement songer au contenu spirituel et au sens de ces prescriptions" (Ibid., p. 165). "Il a instauré dans de vastes domaines des conditions de sécurité publique que l'on n'avait pas vues dans les pays arabes depuis les temps des premiers califes, il y a plus d'un millénaire. Mais, à la différence des premiers califes, il y parvint par le moyen de lois rigoureuses et de mesures punitives, plus qu'en inculquant à son peuple le sens de la responsabilité civique" (Ibid., p. 165). "Il envoya quelques groupes de jeunes étudier à l'étranger la médecine et les télécommunications, mais il ne fit rien pour répandre le désir d'instruction dans l'ensemble de la population et pour la tirer de l'ignorance où elle était enfoncée depuis des siècles" (Ibid., p. 165). "Il parle toujours, avec tous les signes extérieurs de la conviction, de la grandeur du mode de vie musulman, mais il n'a rien fait pour l'instauration d'une société juste, et ouverte au progrès, où ce mode de vie aurait pu trouver son expression culturelle" (Ibid., p. 165). "Son ascension sans précédent, à l'époque où la plus grande partie du Moyen-Orient avait succombé à la [colonisation], remplit le monde arabe de l'espoir d'avoir enfin trouvé le chef qui le libérerait de sa servitude. En plus des Arabes, d'autres populations musulmanes attendaient de lui une revivification de l'idée de l'Islam dans sa plénitude, par l'établissement d'un Etat où l'esprit du Coran règnerait en maître. Mais ces espérances furent déçues. A mesure que son pouvoir s'accroissait et se consolidait, il devenait évident qu'Ibn Saoud n'était rien d'autre qu'un roi (…). [Il] n'a pas fait preuve de la largeur de vision et, dans la conduite des affaires, de l'inspiration que l'on aurait pu attendre de lui" (Ibid., pp. 164-165). "Il est un aigle qui n'a jamais pris son envol. Il est simplement resté, mais à une échelle considérablement agrandie, un bon chef de tribu" (Ibid., pp. 168-169).

Telles sont quelques-unes des différences existant entre la vision qu'avait le réformateur et ce que certains de ceux qui se réclament de son message ont fait concrètement.


Pour finir : quelques mots de spécialistes à propos du wahhabisme :

Henri Laoust a écrit à propos du wahhabisme : "On le définit parfois aussi comme un puritanisme quelque peu fanatique, n'admettant aucune forme de compromission, comme un renouveau du kharidjisme, ou enfin comme une manière de protestantisme qui se caractériserait avant tout par une hostilité farouche au culte des saints. C'est définir un mouvement par quelques-uns de ses caractères secondaires et dérivés, tels que les ont vus surtout ses adversaires, ou tels qu'ils ont été présentés par ses représentants les plus intransigeants." Laoust donne ensuite la définition du wahhabisme qui est en substance la suivante : il s'agit d'un mouvement de rénovation religieuse et sociale (Introduction au Traité du droit public, cité par Tariq Ramadan, Aux sources du renouveau musulman, Bayard Editions, 1998, p. 44).

Muhammad Asad avait quant à lui écrit que le sens de l'enseignement de Ibn Abd il-Wahhâb était l'"aspiration à un renouveau de la société musulmane" (Op. cit., p. 150).

Mais ce que nous pouvons considérer comme le mot de la fin est sans doute celui de Cheikh Rashîd Ahmad Gangôhî, un savant indien du 19ème siècle. Son propos est bref mais extrêmement précis : "Les gens appellent "wahhabites" les disciples de Muhammad ibn Abd il-Wahhâb. Muhammad ibn Abd il-Wahhâb avait des croyances excellentes et était hanbalite. Il y avait en lui une certaine dureté ("shiddah"winking smiley ; cependant, lui et ses disciples sont bien. Par contre, parmi ses disciples [= ceux qui se réclament de son message], certains ont dépassé la mesure..." (Fatâwâ rashîdiyya, tome 1 p. 7, cité par An-Nu'mânî, op. cit., p. 28, p. 49).

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).


Source: [www.maison-islam.com]



Wassalâmou 'alaykoum wa rahmatoullâhi wa barakâtouh... winking smiley
s
30 mai 2005 11:50
Salam alykoum wa rahamtoulahi


C'est koi ces references mensongeres sur shaykh a islam ibn taymiyya ????

Vous etes vraiment allez loin dans l'egarement !!!!!!!

Ina lilahi wa ina ilyhi rajioun

Vous aurez des comptes a rendres sur ces mensonges inchallah
p
30 mai 2005 14:02
Salam, Tinky,

Je ne vois pas trop où tu veut en venir ( peut etre qu'Ibn taymmiyah a inventé une nouvelle classification du tawhid, cette nouvelle classification est maladroitement reprise par les wahabi ? C'est bien ça ? )

Quoiqu'en pense ton sheykh ( qui aussi le mien et celui de tout musulmans ), les Tawhid Rouboubiyyah existe. On doit unifier Allah dans sa seigneurie. Ils est évident qu'on doit croire qu'Allah est LE SEUL createur et gérant de ce monde. On doit aussi l'unifier dans l'adoration. Théoriquement, l'un ne vas pas sans l'autre, certes, mais sont ceux qui aujourd'hui croit en la seugneurie d'Allah, sans pour autant lui vouer un culte exclusif ( pensez aux croyants non-pratiquant...).

Selon ton sheykh, Ibn Taymmyah ainsi que Abd'alwahhab aurait eu tord de faire cette distinction. Sans doute, a vrai dire je ne me suis pas penché sur la question et n'en ayant pas le moyen d'y repondre. Peut etre bien qu'il a raison, peut etre bien que non, mais je ne comprend pas trop ton intervention...

Salam,
PS : par ce post tu alimenterai les haine ahbash contre Ibn taymiyyah, qui prouverait par l'exemple de ce passage qu'Ibn taymiyyah est un innovateur-ignorant. Or nous savons que ce n'est pas le but voulue par le sheykh...



Modifié 1 fois. Dernière modification le 30/05/05 14:04 par pouk.
t
30 mai 2005 14:16
salam, bonjour, smiling smiley

Mon but frère Pouk n'est absolument pas de mené des confrontations tu le sais.

En faite je reviens sur ces notions de tawhid car le fr'ère stoff a dit qu'il avait un tawhid pur sans innovation. Hors on voit bien qu'à l'époque du prophète ces notions n'exsitaient pas. Et que c'est le cheykh ibnou Tamyia qu'il les as mis au grand jour comme l'explique le cheykh Abû Al-Mahâsin Jamâl Ad-Dîn Yûsuf Ibn Ahmad Ad-Dijwî.

Je suis tout à fait d'accord je ne met en aucun doute la bonne intention du sheykh.

Pour stoff reviens au source et tu verra ce qu'il en est plus exactement, ne soit pas aveuglé par ce que l'on ta enseigné.

tawmat smiling smiley
 
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