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Bon, inutile de le nier, j’ai été une petite fille impossible. Quelques mois avant sa mort – j’avais donc cinq ans - mon père, voyant à quel point j’embêtais tout le monde avec mon indiscipline, avait fait une tentative pour me « placer » à l’internat des Dames-de-Marie, au contre de Bruxelles. La nuit, dans le dortoir, j’avais fait un tel scandale, pleurant et vociférant, qu’il avait dû, le lendemain, me ramener à la maison.

Je crois que je suis née avec l’esprit de contradiction. Après la mort de mon père, nous avons vécu pendant quatre ans à Londres, jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale. Il me reste très peu de choses de ces années-là mais je me souviens très bien que je refusais d’apprendre l’anglais, que je refusais d’aller dans une école maternelle etc…

Même après, à l’adolescence, j’ai souvent été intraitable. Que de scènes j’ai pu faire pour avoir les cheveux courts alors que la mode était aux cheveux longs ! J’ai voulu une bicyclette, je fumais en cachette. Tout y passait. Ma mère – qui était une femme très sérieuse – n’avait de cesse qu’elle ne nous dise, à ma soeur et moi : « Attention, cela ne se fait pas. Une jeune fille de bonne éducation ne fait pas cela. Cette simple déclaration me donnait aussitôt envie de faire « cela ».

Je me fichais éperdument de ce que les autres allaient en penser. De même, quand je voyais l’écriteau « Défense d’entrer », je poussais tout de suite la porte en me disant qu’elle devait donner accès à quelque chose d’intéressant. J’étais fascinée par les livres mis à l’Index contre lesquels notre mère nous avait mis en garde.

Je me souviens, alors que j’étais déjà adolescente, qu’à la maison toutes les armoires étaient ouvertes, sauf une. Je l’ai bricolée pendant de longues heures, jusqu’à ce que je trouve une clef s’y adaptant. J’y ai découvert une collection de livres appartenant à mon oncle. Ces livres contenaient des photos de femmes plus ou moins habillées. J’étais enchantée parce que je n’avais jamais vu ça ! Le fruit défendu a toujours eu pour moi un goût particulier.

Ma jeunesse a été un « non » perpétuel. Sans la connaître à l’époque, j’adhérais déjà à la maxime de Marc Aurèle : « L’obstacle est matière à action. »

J’étais comme un fleuve en ébullition. En même temps, ce « non » ne me satisfait pas. Par exemple, parfois, j’allais en cachette dans les dancings. Cela me donnait quoi ? La satisfaction d’être allée à l’encontre de ce qu’on me proposait et qui me paraissait trop plat. Mais après : un creux, un vide. Maintenant je me rends compte que je disais non parce que la seule valeur que j’avais trouvée était ma propre valeur. En me dressant sur mes ergots, je me valorisais moi-même. Si bien que le jour où j’ai trouvé enfin une vraie valeur, celle de l’Absolu, j’ai eu envie de dire oui…j’ai décidé de dire oui à Dieu.

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Soeur Emmanuelle – « Cent ans d’amour » pag 119 - 121

c'est intéressant je savais pas ça d'elle

" Maintenant je me rends compte que je disais non parce que la seule valeur que j’avais trouvée était ma propre valeur. En me dressant sur mes ergots, je me valorisais moi-même. Si bien que le jour où j’ai trouvé enfin une vraie valeur, celle de l’Absolu, j’ai eu envie de dire oui…j’ai décidé de dire oui à Dieu"

C'est beau

Où j'ai mis des points c'était plus longue la phase mais j'ai préféré écrire l’essentiel.

Aussi après le 2e paragraphe il y avait des aventures à Londres avec la nounou et comme elle maltraitait cette pauvre femme, mais ça faisait trop longue et sans importance. Ca aurai fait sourire certains mais j'ai préféré l'essentiel pour que soit lisible.

Citation
Parenthèse a écrit:
" Maintenant je me rends compte que je disais non parce que la seule valeur que j’avais trouvée était ma propre valeur. En me dressant sur mes ergots, je me valorisais moi-même. Si bien que le jour où j’ai trouvé enfin une vraie valeur, celle de l’Absolu, j’ai eu envie de dire oui…j’ai décidé de dire oui à Dieu"

C'est beau