Les 25-35 ans ont la démission facile. Ils quittent leur entreprise dès qu’ils s’ennuient mais n’ont pas le goût de se battre. Cette nouvelle désinvolture inquiète les DRH et risque de changer la donne sociale dans les années à venir.
C’est une nouvelle race de révolutionnaires. Sans avoir l’air de rien et sans même le vouloir, les jeunes cadres sont en train de faire imploser les entreprises. Avec une arme spéciale : la démission subite, sans états d’âme. À cause d’eux et surtout après eux, le système du travail tel qu’il existe aujourd’hui ne sera plus. C’est un pronostic que certains consultants et chercheurs font aujourd’hui. Même si le turn-over n’est pas encore clairement chiffré, les cabinets de conseils savent que les secteurs touchés actuellement sont ceux du conseil, des télécoms, de l’informatique et des SSII.
Les Robespierre et Danton du XXIe siècle se recrutent, comme toujours, parmi l’élite, les diplômés de l’enseignement supérieur, au moins à bac + 4 et souvent sortis d’une grande école. Sans être de velours, leur révolution a des apparences tranquilles. Si le poste ne répond pas à leurs attentes, ils choisissent a priori plutôt le départ que le conflit. « C’est la politique de la toile cirée, explique Jean-Louis Muller, responsable de l’offre management et développement des personnels à la Cegos. Quand la situation ne leur plaît pas, ils ne s’affrontent avec personne et, à la première occasion, quittent la place. » Il leur arrive de préférer le chômage à un travail qui ne leur plaît plus. « Certains ne viennent même pas chercher leur solde de tout compte », assure Patrick Degrave, directeur général de Sociovision (Cofremca). S’ils ne cherchent pas le combat, c’est qu’ils ont l’impression qu’il est joué d’avance. Mais ne montrent pas de réelle amertume, plutôt beaucoup de pragmatisme et un brin de cynisme. Comme le dit Didier Pitelet, p-dg de l’agence de conseil Guillaume Tell (groupe Publicis) : « On ne peut pas perdre des illusions qu’on n’a jamais eues ! »
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