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L'ancêtre
L
Lin
27 novembre 2003 10:19
Salam Oualikoum

L'ancêtre , réputé dans le village pour ses bons conseils et respecté pour sa sagesse, marchait dans la rue. Soudain, il fut interpellé par un groupe d'hommes qui se chamaillaient.

« Quel est l'objet de votre querelle mes frères ? » leur demanda l'ancêtre.

« C'est Abou, le berger du village, qui nous préoccupe. Il paraît qu'il suit nos filles, et qu'il essaye .... »

« Oui... », surenchère l'un d'eux. « Il paraîtrait même, qu'il va chez les coquines le soir... »

« Alors on se concerte sur la décision à prendre le concernant, mais tout le monde n'est pas d'accord. »

« Moi, je dis pendons-le ce bougre ! »

« Coupons-lui la tête ! »

« Non ! Je ne suis pas d'accord... enfermons-le à jamais, nous n'avons pas le droit de le tuer ! »

Ainsi les hommes se querellaient sur le sort de ce berger. Jusqu'au moment où ils s'arrêtèrent de se disputer. Ils sollicitèrent l'ancêtre pour trancher une bonne fois pour toute.

« Mes chers frères », dit l'ancêtre, « je vais vous raconter une histoire : un jour, je sortais me promener et j’aperçus au loin les rumeurs. Elles couraient très vite et semblaient être pressées. Alors qu’elles arrivèrent à ma hauteur, je leur demandais de s’arrêter un instant, constatant qu’elles étaient très essoufflées et qu’elles avaient du mal à respirer . Elles me répondaient à ma surprise qu’elles n’avaient pas le temps, qu’elles ne pouvaient pas se permettre de s’arrêter en cours de route, question de réputation. Elles ont toujours ramené les nouvelles à l’heure et elles n’ont jamais manqué à leurs devoirs. Toujours présentes quand il faut salir et détruire la vie d’autrui. Oh, elles ont conscience de l’impact et de la force qu’elles dégagent, mais elles rétorquent avec froideur que c’est leur travail. Elles obéissent sans dire mot à la bêtise des hommes et à leur ignorance. Mais je leur demandais tout de même, quelle était la nature de ces informations qu’elles avaient à faire circuler? Elles me répondirent que j’étais un peu trop curieux, que ces informations n’avaient rien d’exceptionnelles. C’était des banalités, mais le genre de banalités qui soulèvent la colère des victimes et détruisent ainsi des hommes. Mais tout d’un coup, elles s’arrêtèrent de parler en me disant qu’elles en avaient trop dit et qu’elles avaient déjà perdu pas mal de temps. A peine ai-je eu le temps de dire quoi que ce soit, qu’elles étaient déjà reparties au loin, les jambes à leur cou, soulevant derrière elles, une poussière lourde et compacte, le genre de poussière qui met du temps à se dissiper et à disparaître. »

A ces mots, on pouvait deviner un silence. Un certain malaise avait gagné ces hommes. L'ancêtre reprit la parole. « Qui d'entre vous connaît ce berger ? Qui a déjà parlé avec lui ? » Personne ne fut capable de répondre à ces question simples, qui faisait pourtant appel au bon sens. Aucun de ses hommes n'avait songé un seul instant à vérifier ces rumeurs, aveuglés par la soif de vengeance. « Voyez mes frères », reprit l’ancêtre, « ne soyez pas injustes envers vous-même et autrui. Allez vérifier ces propos. Ensuite, je trancherai la question. »

Sur ces mots, il s'en alla laissant derrière lui ces hommes, qui déjà complotaient contre l'ancêtre pour s'en débarrasser.

La vie est comme un arc-en-ciel: il faut de la pluie et du soleil pour en voir les couleurs.
 
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