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L’affaire Merah peut (ou doit ?) devenir une affaire d’Etat
28 mars 2012 15:22
Des informations très troublantes commencent à apparaître, pas de France quoique, mais pour l'instant d'Italie et d'Israël. Dans un article du Monde Squarcini a défendu son petit monde à lui. Dans un journal italien, Il Foglio (la feuille, la gazette), Merah aurait été un infiltré au service de la DGSE en transitant par Israël avant d'atteindre l'Afghanistan de manière à prouver sa capacité à traverser les frontières.

out d'abord le journali italien Il Foglio : Le meurtrier de Toulouse voyageait à l'étranger avec une couverture de services [secrets]

Le futur terroriste a été en Israël, puis au Pakistan et en Afghanistan. Différentes versions des services secrets étrangers

Le cas du jeune Français d'origine algérienne qui a revendiqué la responsabilité de l'assassinat de sept personnes à Toulouse et Montauban au nom d'al-Qaida a ouvert une guerre entre les services secrets. Selon des sources de renseignement qui ont parlé à il Foglio, la Direction générale de la Sécurité extérieure (DGSE), qui est l'agence française en charge de l'espionnage et de contre-terrorisme à l'extérieur du pays, a obtenu pour lui - comme informateur - une entrée en Israël en Septembre 2010, par un poste de contrôle à la frontière avec la Jordanie. Les Français, Mohammed Merah, est entré en tant que « touriste », est resté trois jours et est ensuite retourné en Jordanie, où il s'est envolé pour l'Afghanistan. Son entrée en Israël, couvert par les Français, aurait pour but de prouver au réseau djihadiste sa capacité à passer à travers la frontière avec un passeport européen.

Il manque à cette information une documentation officielle, mais il ya une confirmation indirecte dans une note dissonante qui a paru dans le journal d'hier Haaretz, citant des sources du Shin Bet, les services secrets israéliens. L'article dans Haaretz reprend le gouvernement israélien, qui confirme l'entrée en Israël Merah, mais ajoute ensuite que, selon le Shin Bet, il n'ya aucune trace de l'arrestation du tueur à Jérusalem parce qu'il avait un couteau, comme le prétend Le Monde dans un entretien avec Bernard Squarcini, chef de la Direction Centrale du Renseignement Intérieur (DCRI), le contre-espionnage français. Il est également difficile de savoir si ou non Merah a également visité les territoires gouvernés par les Palestiniens. En bref, dix-huit mois plus tard, il ya deux versions qui ne coïncident pas, on ne sait pas si le Français a été arrêté ou non, et où il est allé, et les services internes israëliens démentent le chef des services français.

A suivre avec le renseignement militaire du Pakistan. La semaine dernière, lorsque les journaux français ont écrit en premier, que Merah avait voyagé au Pakistan à deux reprises et avait été formé dans les camps au Waziristan, le gouvernement pakistanais a nié : « Il n'y a de tarces de ses entrées dans le pays. " Dimanche, en revanche, les talibans pakistanais et les services secrets pakistanais, dont on a prouvé à plusieurs reprises les relations par un réseau d'alliances et de faveurs données et reçues, sont devenus très loquaces. Un porte-parole des talibans dans la région du Waziristan, Ahmed Marwat, a téléphoné à Reuters et l'Associated Press pour dire que, oui, Merah a été formé avec eux, réfutant ainsi le gouvernement français qui a fait valoir officiellement que le jeune « n'a pas été pas formé ni été en contact avec des groupes djihadistes. » Marwat a toutefois ajouté : « Nous ne savons rien des attentats en France. Ils n'ont rien à voir avec nous. » Le même jour, deux responsables pakistanais ont contacté le service Ishtiaq Mahsud, corrrespondant de Associated Press à Dera Ismail Khan, une petite ville dans le Waziristan, pour raconter pourquoi les services de renseignement français ont un intérêt vital à former et infltrer des informateurs du profil de Merah : au moins 85 jeunes français sont formés - ou en cours de formation - dans la région du Waziristan du Nord au cours des trois dernières années. Ces hommes sont pour la plupart français d'origine arabe, ont formé un groupe appelé le Jihad et Islam, ont un commandant français qui se fait appeler Abou Tarek, et cinq d'entre eux sont rentrés en France en Janvier 2011 pour trouver de nouvelles recrues. « Ce n'est pas clair », disent les deux, « si parmi les cinq qui sont revenus il y avait aussi Merah » - un aveu implicite de sa présence possible.

Le jeune Français a fait au moins deux voyages au Pakistan et deux en Afghanistan. Les sources qui ont parlé avec Il Foglio disent que, même alors, il y avait un accord : la liberté de mouvement en échange d'informations précieuses. Squarcini, le chef de la DCRI, soutient que Merah, assiégé par la police dans l'appartement de Toulouse, qui a été dit avoir été formé « par une seule personne » et non pas dans un camp, de manière à « ne par se distinguer parmi les autres à cause de la langue française. »

Afin de juger de la véracité de ces informations il faut savoir que Il Foglio est un journal de droite italien et qu'il est dirigé par Giuliano Ferrara, homme politique issu du PCI en passant par le PSI pour rejoindre Berlusconi. Il faut donc se demander si ce n'est pas un leurre. Cependant La Dépêche complète cette information par ceci :

Mohamed Merah avait des relations avec la DCRI, selon l'ex-patron de la DST

Ce qui, personnellement, me paraît poser question, c'est que le garçon avait manifestement des relations avec la DCRI comme on l'a appris à travers les déclarations de Bernard Squarcini lui-même. C'est-à-dire qu'il avait un correspondant au Renseignement intérieur. Alors appelez ça « correspondant », appelez ça « officier traitant »… je ne sais pas jusqu'où allaient ces relations, voire cette « collaboration » avec le service, mais on peut effectivement s'interroger sur ce point.

Pour mettre un mot sur les choses, était-il un indicateur de la DCRI ?

Eh bien voilà… c'est exactement ça le problème. Car ce qui interpelle, quand même, c'est qu'il était connu de la DCRI non pas spécialement parce qu'il était islamiste, mais parce qu'il avait un correspondant au Renseignement intérieur. Or avoir un correspondant ce n'est pas tout à fait innocent. Ce n'est pas anodin.

[…]

A ce propos, c'est pourtant Claude Guéant qui a monopolisé les écrans. était-ce le rôle du ministre de l'Intérieur de commenter en direct l'action du Raid ?

Claude Guéant n'avait absolument pas à communiquer. C'est tout à fait clair. Le ministre de l'Intérieur n'a pas à intervenir dans une affaire qui est entre les mains des juges. Non seulement l'autorité administrative n'a pas à interférer sur l'enquête -je rappelle que M. Guéant, tout ministre qu'il soit, n'est pas officier de police judiciaire- mais il a encore moins à commenter le déroulement de l'enquête.

Que pensez-vous de la façon dont a été conduite l'intervention pour interpeller Mohamed Mehra ? Ce choix du siège et de l'assaut plutôt que celui, qui prime habituellement lors des interpellations d'etarras, par exemple : une arrestation discrète, dès que le suspect sort de chez lui ?

A priori, il y a eu un grand temps de latence. Le temps de latence devrait profiter aux professionnels, les plus nombreux, les mieux équipés, les mieux entraînés… Après, sur les données de l'intervention, je m'en remettrai à l'avis de Christian Prouteau, s'il y a un expert en France, c'est bien lui : il est étonné qu'on n'ait pas réussi à le prendre vivant. Il pense qu'on n'a pas utilisé les bons moyens, et qu'on s'est bêtement privé de l'expertise du GIGN, et il faut reconnaître que dans ce genre d'affaire, les plus professionnels, les plus qualifiés et les meilleurs, ce sont les gendarmes du GIGN. Après, pourquoi a-t-on voulu prendre le Raid.. ?

[…]

Y a-t-il eu une légèreté de l'action policière au vu de tout cela ?

La légèreté, c'est peut-être beaucoup dire mais on peut avoir le sentiment que les considérations médiatiques l'ont emporté sur tout le reste. Et on peut se poser la question de l'efficacité du dispositif « Vigipirate rouge ». Je la pose de façon récurrente, car en l'occurrence, on aura remarqué sa parfaite nullité. Les écoles sont censées être protégées par Vigipirate rouge et le contre exemple est terrible. Vigipirate, c'est de l'affichage et ça ne sert à rien. Par contre, renforcer les moyens de la DCRI, et des services de police en amont, oui. Mais depuis un certain nombre d'années, on sacrifie, on rogne sur les crédits, on baisse sur la qualité des personnels. Quand j'étais député, on a supprimé un certain nombre de postes de commissaires pour les remplacer par des gardiens de la paix, excusez-moi, mais ce n'est pas le même niveau.



C'est Yves Bonnet, ex patron de la DST qui intervient. Il juge donc sévèrement les ingérences de Guéant, pose la question de l'utilisation du Raid, critique l'utilisation du plan Vigipirate et sa nullité, parle de politisation par le pouvoir et nous dit qu'il est possible que Merah ait eu des rapports étroits avec la DCRI.

Cette affaire ne peut pas rester en l'état. Même si la presse, même si Sarkozy, tout en instrumentalisant à outrance cette tragédie, veulent que le silence soit fait sous prétexte soit de deuil soit parce des policiers ont été blessés ce qui devrait au contraire prouver le fiasco plus que de le diminuer, la compassion n'ôte rien au jugement d'incompétence. Il est évident que si Il Foglio ne joue pas un coup politique tordu, les informations qu'il diffuse sont d'une gravité certaine. Guéant, Sarkozy, Squarcini devraient dans l'urgence, au lieu de faire des conférences chaque heure pour empêcher la diffusion de la cassette Mérah et que cette affaire pollue le débat public par l'importance qu'elle prend masquant toutes les autres informations et ne prenant pas la voie qu'elle devrait prendre : celle de l'éclaircissement salutaire et nécessaire des zones d'ombres et de l'implication de la DCRI dans des rapports possibles avec Merah, nous dire la vérité. Si cela était avéré, la démission de Guéant et de Suarcini ne suffirait pas il faudrait l'intervention de la justice. Il ne s'agirait plus d'incompétence seule, mais de faute lourde pour s'être servi d'un jeune homme incontrôlable et incontrôlé et d'avoir été refaits par plus fort, malheureusement, qu'eux.

Source : [www.agoravox.fr]
 
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