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L’affaire Lagardère pour les nuls
H
19 octobre 2007 05:48
L’affaire Lagardère pour les nuls

En dix leçons :

1 - Comment le délit d’initiés s’est déroulé au grand jour
2 - Comment a fonctionné la censure durant la campagne
3 - Comment sortent les « révélations » aujourd’hui
4 - Comment Lionel Jospin a laissé Airbus à Lagardère
5 - Comment les « Lagardère Boys » se mènent la guerre
6 - Comment EADS fait de la « rentabilité pour l’actionnaire » sa « priorité »
7 - Comment le plan Power 8 était prévu depuis longtemps
8 - Comment on délocalise dans un secteur en croissance
9 - Comment Airbus se construit, et se détruit, à l’image de l’Europe
10 - Comment économistes, socialistes, syndicalistes incitent la résignation

(Ce texte reprend, et actualise, des articles parus dans Fakir en mars 2007 et Le Monde diplomatique en mai 2007.)

1 - Comment le délit d’initiés s’est déroulé au grand jour

Définition : lorsque des dirigeants d’entreprises, ou des hauts fonctionnaires, disposent d’informations pas encore rendues publiques et qu’ils en profitent pour spéculer sur le cours des actions, en vendant ou en achetant.

Comment ça s’est passé ?

Le 8 mars 2006, EADS annonce un bénéfice net record de 1,68 milliards d’€.
Du 8 au 24 mars 2006, plusieurs dirigeants d’EADS vendent leurs stock-options. Dont Noël Forgeard, qui s’en procure d’autres, devant notaire, pour ses enfants, un placement qu’il jugea « légitime à l’approche de la soixantaine ». Il empocha 2,5 millions d’euros pour lui, et 400 000 de plus pour chacun de ses fils.
On a beaucoup médit de lui, mais ce n’était que l’arbre qui cachait la forêt. Derrière lui, apparaissent le groupe Lagardère et Daimler Chrysler. Eux revendent en avril 2006 la moitié de leurs parts, soit 7,5% chacun du capital. Eux s’en tirent avec chacun 890 millions d’euros de plus-values. Cotée 32 €, l’action atteignait alors son sommet : elle plafonne désormais à 22 €.
Moins de trois mois plus tard, le 13 juin 2006, Airbus annonce à ses clients un nouveau retard dans la livraison de l’A380. Le titre perd 26% en une seule journée.

Face à ces hasards du calendrier, deux hypothèses : soit les dirigeants ont vraiment tous ensemble beaucoup de chance, et alors ils devraient miser des billets en commun au millionnaire, soit ils étaient au courant de ces retards et ils en ont profité pour spéculer sur le titre.

Noël Forgeard a déclaré, à l’époque, qu’ « il ne savait pas ». Pour Jean-Louis Gergorin, « cet accident technique majeur a constitué une surprise totale ». Arnaud Lagardère plaidera encore plus étrangement : « J’ai le choix de passer pour quelqu’un de malhonnête ou d’incompétent qui ne sait pas ce qui se passe dans ses usines. J’assume cette deuxième version. »
Qu’on apprécie le paradoxe : des centaines d’ingénieurs savent que des problèmes de câblage électriques retardent l’A380, des milliers d’ouvriers le savent également, même la patronne du bistro de Blagnac le sait - et des dirigeants qui sont payés, avec des stock-options, des parachutes dorés, des jetons de présence en or massif, prétendent qu’ils « ne savaient pas ». Se disent « incompétents ».

Aujourd’hui, l’Autorité des Marchés Financiers a retrouvé des documents attestant que tout ce petit monde savait bien, dès novembre, et à nouveau en mars, que Airbus allait subir des retards. Et que l’EADS allait « traverser une zone de turbulences ». Averti, l’Etat, en la personne du ministre de l’économie Thierry Breton, a autorisé la revente des actions, et donc le délit d’initiés. Mieux, il aurait sans doute aidé au délit d’initiés : la Caisse des Dépôts et Consignations, bras financier de l’Etat, a racheté 2,25% des actions surévalués. Aucun scoop ici. Déjà au printemps, quand le Monde diplomatique titrait « Le scandale Airbus va-t-il devenir l’affaire Lagardère ? », il ne fallait pas tellement se révéler visionnaire. C’était gros comme un élép hant dans les coulisses de l’Opéra Bastille.

Il fallait faire beaucoup d’efforts, au contraire, pour ne pas voir le scandale.

suite ici:

[www.la-bas.org]
d
25 octobre 2007 14:29
bon un peu curieux comme raccourci mais bon.
la question que l'on se pose dans ce cas de figure ou les questions ? :
- quel intérêt à l'état d'acheter des actions via la caisse des dépots à un prix élevé au groupe, pour les voir s'éffondrer 2 mois après à l'annonce des retards d'airbus (et donc perdre une bonne partie de sa mise ?) l'état n'est donc pas concerné par cette affaire en ce sens qu'il est perdant (tant pis pour lui s'il fait une mauvaise gestion de ses affaires)
- le groupe lagardère est une société géré en commandite, le responsable arnaud lagardère ne possède pas de stock options, et engage ses biens propres en cas de problème.il n'est en théorie innocent de tout délit d'initiés (sauf rebondissement)
s'il s'avère qu'il savait (l'amende qu'il va devoir payer est tellement énorme qu'il ne se relevera pas)
- quiconque a déjà cotoyé de près un grand pdg sait qu'il est le seul à savoir ce qui se trame dans sa boite, ou alors il est incompétent effectivement, et les responsables se trouvent à la tête d'eads, lagardère étant un groupe dont eads est une des branches, les autres branches : médias, éditions, société de contenus sportifs, tv, radio etc)
- les retards de livraison sont possible, ce n'est pas la construction d'une voiture, mais d'un avion dont il s'agit (compte tenu du caractère nouveau de l'avion airbus, ils ont du s'enfermer dans un calendrier trop serré et n'ont pas tenu les délais il y a 17 usines et des milliers de sous traitants qui travaillent sur le projet c'est la responsabilité de la direction générale d'airbus), l'état s'est beaucoup mélé d'eads (il est actionnaire c'est normal) n'oubliez pas qu'il y a eu les éléctions etc, et que par conséquent certaines décisions peuvent prendre du temps et retarder les process
- eads était géré en commun entre allemands et français sans oublier les autres pays européens qui font partie du capital eads, ce n'est donc plus un problème d'un seul homme mais de tout un groupe de managers, super bien payés, qui n'ont pas fait leur job.
lagardère veut se retirer d'eads depuis longtemps, il l'a dit il y a quelques années, et l'a prouvé en ne détenant plus que 7% du capital alors qu'il était à 14%), il est pour l'instant lié encore pour quelques années à eads (pas facile de sortir de ce groupe facilement et surtout maintenant avec les problèmes)
- il faut attendre que la justice fasse son travail, car ce n'est pas la responsabilité d'un seul homme.
 
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