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L'accord signé hier réconcilie musulmans et chrétiens, sans régler le...
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10 janvier 2005 23:47
L'accord signé hier réconcilie musulmans et chrétiens, sans régler le conflit au Darfour.
Soudan: le Nord et le Sud disent stop à vingt ans de guerre civile


Par Alexis MASCIARELLI
lundi 10 janvier 2005



Nairobi de notre correspondant



e Soudan a célébré, hier, la paix retrouvée entre le Nord arabo-musulman et le Sud chrétien et animiste. Après une guerre de plus de vingt ans et deux ans et demi de négociations menées au Kenya sous la pression de Washington, le vice-président du régime islamique de Khartoum, Ali Osman Taha, et le chef du Mouvement populaire de libération du Soudan (MPLS), John Garang, ont signé un accord de paix, hier, à Nairobi. Une paix qui, toutefois, ne concerne pas le Darfour, une région de l'ouest du pays, où un nouveau conflit meurtrier a éclaté il y a deux ans.

Réfugiés. Le soulagement est réel pour les populations du Sud-Soudan, où près de deux millions de personnes sont morts dans les combats, mais aussi de maladie et de malnutrition au cours des vingt dernières années. Les survivants doivent désormais tout reconstruire : routes, accès à l'eau courante et à l'électricité (lire ci-contre). L'accord signé, hier, en présence d'une vingtaine de chefs d'Etat et du secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, devrait permettre le retour d'exil d'un demi-million de Soudanais ayant fui la guerre dans des pays voisins ainsi que la réinstallation progressive de quelque quatre millions de personnes déplacés dans leur propre pays.

L'accord octroie un régime d'autonomie pour le Sud durant six ans, à l'issue duquel un référendum d'autodétermination sera organisé. Un partage égal des revenus tirés de l'exploitation des ressources pétrolières, situées majoritairement au sud du pays, et le retrait de milliers de soldats gouvernementaux déployés dans cette zone sont également prévus.

Vice-président. Ancien colonel de l'armée soudanaise, chrétien, John Garang devrait rapidement être nommé vice-président à Khartoum. Il avait pris les armes en 1983 après l'instauration de la loi islamique dans tout le pays. L'accord de paix exempte désormais le Sud-Soudan du règne de la charia. Un gouvernement intérimaire sera formé.

Les Nations unies envisagent le déploiement de quelque 10 000 casques bleus. Pour aider à la reconstruction d'une région en déshérence, l'Union européenne promet le déblocage de 400 millions d'euros, tandis que les Etats-Unis ont annoncé une aide de plusieurs centaines de millions de dollars.

Hier, Colin Powell a clairement fait savoir à Khartoum que les Etats-Unis maintiendront leurs sanctions contre le Soudan tant que perdurera le conflit au Darfour. Dans cette immense région située dans l'ouest, le conflit a déjà fait au moins 70 000 morts et près de 2 millions de déplacés. «Il faut que les nouveaux partenaires de paix travaillent ensemble immédiatement pour mettre fin aux violences et aux atrocités continuant au Darfour ; pas le mois prochain ni pendant la période intérimaire, mais tout de suite, dès aujourd'hui», a-t-il déclaré.

Trompe-l'oeil. Pour certains analystes cependant, un accord de paix laissant de côté le Darfour apparaît comme un espoir de paix en trompe l'oeil. «C'est finement joué de la part du gouvernement soudanais, qui espère que la pression internationale va diminuer et continue à ne pas désarmer ses milices», estime David Mozersky, chercheur pour l'International Crisis Group. Hier, le président soudanais, Omar el-Béchir, s'est publiquement engagé à «mettre fin aux violences au Darfour et à faciliter les négociations».

[www.liberation.fr]



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