Jugeant la « pratique cultuelle trop prégnante », la préfecture a ordonné la fermeture de l'accueil collectif du centre culturel islamique turc de Nancy à Bains-les-Bains.
EPINAL. _ Le département des Vosges accueille cinq cents séjours de colonies de vacances chaque été. Jamais pourtant la Direction de la jeunesse et des sports, chargée du contrôle de l'accueil collectif des mineurs, n'avait été confrontée à un cas de prosélytisme comme celui-ci. « C'est une exception », reconnaît Frédéric Roussel, le directeur adjoint du service. « C'est à la marge... » Le 13 juillet dernier, le secrétaire général de la préfecture des Vosges a en effet pris un arrêté ordonnant la fermeture de la colonie organisée par le centre culturel islamique turc de Nancy à Bains-les-Bains. Il a également refusé la tenue d'un second séjour du 1er au 12 août
Prières la nuit
L'association, qui louait les locaux du lycée professionnel Le Chesnois pendant les vacances, a été contrainte de restituer les 96 enfants de la région nancéienne à leurs familles respectives dans les deux jours. La requête qu'elle avait formée en référé devant le tribunal administratif de Nancy a été rejetée le 18 juillet. Deux jours après son arrivée à Bains-les-Bains le 8 juillet, un enfant hébergé par le centre culturel islamique turc avait téléphoné à deux reprises au groupement de gendarmerie des Vosges pour se plaindre de « contraintes physiques liées à l'obligation de s'adonner à une pratique religieuse ». Les petits vacanciers devaient en l'occurrence se relever la nuit pour faire la prière... Le contrôle diligenté dès le lendemain par les agents assermentés de la Direction de la jeunesse et des sports des Vosges a permis de recueillir d'autres témoignages le confirmant. « Ce sont les méthodes, plus que la démarche cultuelle, qui posent problème », insiste Frédéric Roussel. « Les colonies sont construites autour d'un patronage. Les parents partagent un idéal et un objectif ; chez les scouts, on va bien à la messe le dimanche... Là, nous avons des informations qui nous indiquent que les enfants étaient menacés physiquement ». Dans son ordonnance, le tribunal administratif relève par ailleurs « l'absence de projet éducatif et pédagogique ». Il pointe du doigt « le défaut d'organisation d'activités de loisirs compensé notamment par la pratique intensive et imposée de la religion et l'enseignement de la culture turque ». Cela porterait donc « atteinte à l'intégrité physique et mentale des mineurs confiés à l'association ». Laquelle, estime le tribunal, « ne conteste pas utilement, par de simples dénégations, le bien-fondé et la gravité de ces suspicions ». En signant l'arrêté de fermeture de l'accueil collectif, la semaine dernière, le secrétaire général de la préfecture des Vosges avait déjà insisté sur la « constatation d'un faisceau d'indices graves et concordants » en dénonçant la « pratique cultuelle trop prégnante ».
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