La loi interdit la discrimination à l'embauche sur des critères raciaux ou religieux. Dans les faits, pourtant, les jeunes diplômés issus de l'immigration s'y heurtent trop souvent.
La mondialisation et la pénurie annoncée de cadres devraient finalement venir à bout de ces résistances injustifiables
Abdelhafid Guendouzi, Franco-Marocain de 31 ans, en a assez. Il n'en peut plus d'encaisser les refus à répétition, de ravaler ses ambitions professionnelles, de se heurter à des murs invisibles.
Alors, il parle, sans fard et sans détour. Titulaire d'une maîtrise de comptabilité depuis 1996, il ne veut plus taire ses galères ni sa colère. «Je suis déçu et choqué par les entreprises françaises.
Aujourd'hui, je sais pertinemment que, à diplôme et expérience équivalents, j'aurai beaucoup plus de difficultés qu'un Français de souche pour trouver un poste», témoigne-t-il.
Constat amer. Et bilan désabusé de sept années de bataille. Deux ans de recherche d'emploi infructueuse, d'abord, avec un job de pion en guise de bouée de sauvetage. Puis un poste de contrôleur de gestion dans une grande société, qu'il décide de quitter trois ans plus tard, estimant que les promotions méritées tardent à venir, sans raison.
Ensuite, une embauche dans une société de Bourse où tout se passe bien pendant un an. Jusqu'à son licenciement brutal, l'été dernier. «J'étais le seul Arabe. Or un supérieur, que j'avais déjà entendu râler sur “la présence d'immigrés dans le monde de la finance”, m'a fait porter le chapeau pour une grosse boulette commise par mon chef», assure-t-il.
Retour à la case galère, celle des lettres sans réponse, des CV perdus, des entretiens qui ne viennent jamais.
Aujourd'hui, persuadé que ses compétences ne pèsent pas lourd face à la consonance de son nom, il envisage de se reconvertir dans l'enseignement. Parano, Abdelhafid? Pour son licenciement, la justice tranchera. Pour le reste, son cas est malheureusement aussi symptomatique que banal"