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Un jeune homme sans avenir ni espoir
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25 mars 2012 12:41
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a écrit:
On ne croit guère en effet dans la thèse du fondamentalisme, de la motivation religieuse de ces lâches assassinats. Il est trop facile de le décrire comme un monstre, un fou (d’Allah) ou un psychopathe. Cela rassure certains de croire dans la méchanceté intrinsèque, mais on risque de ne rien comprendre en le niant en tant qu'être humain ayant accompli un certain parcours socio-biographique. Sans rien excuser pour autant. Aussi y a-t-il lieu de s’inquiéter sérieusement de la compétence de certains « criminologues » récemment admis en tant que tels dans le giron de l’Université et qui développent surtout une vision idéologique, répressive et psychologisante. Les éléments connus permettent au contraire de comprendre la dérive progressive M. Merah :

son origine sociale populaire et son capital culturel (linguistique) bas ne le préparent pas à réussir à l’école; une lettre à une juge des enfants montre qu’il faisait des fautes énormes (échec scolaire, débouchés restreints) ;
le divorce de ses parents et le retour de son père en Algérie le privent de sécurité psychologique et affective (absence d'autorité et de référent paternel) ;
la sortie de l'école et l’absence du père se manifestent par des actes de délinquance de protestation contre son sort et de recherche d’argent (carrière de petit délinquant) ;
son travail de carrossier le fait échapper un temps à la prison mais une arrestation pour conduite sans permis fait tomber les sursis de minorité et il prend dix-huit mois (fort sentiment de rejet et d'injustice) ;
il ne présente pas un profil intéressant pour les filles, qui réussissent mieux à l’école et espèrent un minimum de sérieux pour s’établir malgré son allure avenante (célibataire, misère sexuelle, mère s'occupant de son ménage et de son linge) ;
il est tenté par un contrat d’engagement dans l’armée, mais son passé de délinquant le bloque; il se présente à la Légion mais s’en va avant les épreuves de sélection (portes de sortie fermées) ;
il transfigure la terrible impasse sociale dans laquelle il se trouve en invoquant le djihad (mais sans devenir pieu ou intégrer un réseau terroriste pour autant) ;
il cherche à se venger de son exclusion sociale sans issue en entrant en rébellion armée contre les institutions qui l’ont rejeté (armée, école, police) en finançant son épopée meurtrière par des braquages.

Il s’agit donc moins de terrorisme (ses voyages dans les pays musulmans relèvent d'une errance quasi touristique) que de jusqu’au boutisme d’un jeune homme sans avenir ni espoir. La religion lui fournit des cibles pour se venger et une identité de substitution qui donne à ses virées meurtrières une valeur supérieure. Elle transfigure l'impasse sociale dans laquelle il est enferré. Plutôt que de continuer à végéter, de se suicider discrètement ou de se droguer (paradis artificiel), il a choisi de tuer, à l’instar de Richard Durn, auteur de la tuerie de Nanterre en 2002 (huit morts, 19 blessés), qui se décrivait comme un « mort-vivant », pour au moins faire connaître à tous sa marginalité sociale et son malaise personnel : « Je vais devenir un serial killer, un forcené qui tue. Pourquoi ? Parce que le frustré que je suis ne veut pas mourir seul ; alors que j’ai eu une vie de merde, je veux me sentir une fois puissant et libre » (R. Durn, qui s’est ensuite défenestré du 4e étage du 36 quai des Orfèvres). De tels parcours montrent aussi la grande violence symbolique qui s’exerce sur les plus faibles dans une société comme la nôtre, bien moins solidaire que ce que suggère la trilogie gravée sur le frontispice des édifices officiels.

Jacques LE BOHEC
Professeur de sciences de l'information et de la communication à l'Université Lyon 2.

[insecurite.blog.lemonde.fr]

On repassera pour le "terroriste Salafiste"....
25 mars 2012 19:53
oui en effet, on repassera pour le "terroriste Salafiste"....

le psychologue de la Prison de Toulouse, après sa tentative de suicide par pendaison, le décrit comme ayant une double personnalité...
plus jeune, après le divorce de ses parents, il a été placé en maison d'accueil...

Combien de jeunes hommes sont dans la même situation que lui ...
 
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