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Le jardinier ne veut pas rendre la Cadillac du prince !
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15 février 2007 11:14
Article du jeudi 15 février 2007 : le progrès

Le jardinier ne veut pas rendre la Cadillac du prince


A Thoiry, vivait le prince héritier d'Arabie Saoudite. Depuis sa mort, son jardinier refuse de rendre les clefs de la propriété et de ses trésors. Exhibant un document il exige des indemnités pour partir


Le Pays de Gex, à deux pas de Genève, est prisé des émirs et des magnats du Moyen Orient. C'est ainsi qu'en 1977, le prince héritier d'Arabie Saoudite, Abdulmaik Bin Saud Bin Abdulaziz Aal Saud, a acquis, à la limite de Sergy et Thoiry, un beau domaine de trois hectares. L'histoire aurait pu s'arrêter là. Mais elle a pris une autre tournure après le décès du prince, en novembre 2005.
Quinze jours plus tard, sa veuve, dont il venait de divorcer, débarque à Thoiry pour faire l'inventaire des biens et liquider la succession.
Selon sa défense, il y avait la résidence, mais aussi garés dans la propriété... une Rolls, une Maserati, une Cadillac, une Lincoln, un GMC Hammer et une douzaine de voitures de service.
Mais en arrivant au domaine avec les gendarmes, l'ex-épouse trouve porte close. Ou presque. Mohamed Habchane, jardinier en place, est devenu le maître des lieux. Les militaires découvrent une propriété bien dégradée, avec des braseros dans les pièces. Mais surtout le jardinier refuse de rendre les clefs de la maison, celles des voitures et leurs cartes grises. Il s'en justifiie en exhibant un papier signé du prince. Un papier à entête « His Royal Highness Est », sur lequel le défunt expliquait en août 98, se dégager de toute responsabilité sur son domaine, en autorisant Mohamed Habchane à le reprendre avec les terres...
« Interdits de séjour », la princesse et ses deux enfants s'en vont donc loger à l'hôtel, à Genève. Les gendarmes, embarrassés, font remonter l'affaire. L'ambassade d'Arabie Saoudite prend contact avec le procureur de la République qui a classé l'affaire.
Et c'est finalement au civil, en référé au tribunal d'instance de Nantua, que Maître Rinck, avocat de la famille royale, est venu plaider pour récupérer les biens. D'abord en mettant en cause l'authenticité du document, mais sans demander, « pour ne pas perdre de temps », une expertise. L'avocat n'a toutefois pas manqué de présenter une signature authentifiée du prince bien différente de celle du document du jardinier.

Des nuits à 1150 euros !
Alors qui est donc ce jardinier? Un escroc ? Un homme humble à la tête tournée par l'apparat qu'il a côtoyé ? Pour son avocate, Maître Le Barthz, Mohamed Habchane était d'abord dévoué à « son prince » et à lui seul.
A sa mort, oublié de tous, le jardinier aurait simplement souhaité se faire indemniser pour un travail effectué mais jamais payé.
Sur le document qu'il a présenté aux gendarmes, l'avocate est finement restée discrète, stipulant que rien ne prouvait qu'il soit un faux, suggérant qu'il était une forme de contrat de travail dans lequel le prince se dégageait des contingences, de la gestion, de l'entretien et du gardiennage.
Reste que depuis le début de la procédure, le jardinier a revu à la baisse ses prétentions sur le domaine et ses voitures du moins celles de luxe puisqu'il soutient toujours que les autres sont à lui. Mais il ne renonce pas et demande pour quitter les lieux 4 000 euros pour le rembourser des frais d'entretien avancés et 5 000 euros en dommage et intérêts pour « rupture de contrat abusive ».
Lors de cette audience où deux mondes se faisaient face, on a pu sourire. Chacun dit en faire une histoire de principe. Mais un principe qui pourrait coûter cher au jardinier à qui la famille royale demande aussi de rembourser 25 nuits passées dans un hôtel de luxe, soit 29 000 euros! Délibéré le 5 avril.

Olivier Leroy
 
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