Le 11 janvier 1944, jour de la publication du Manifeste de l'Indépendance, est une date capitale dans l'histoire contemporaine du Maroc à plusieurs titres.
Tout d'abord, cette date constitute en quelque sorte la replique au 30 mars 1912, date du Traité de Protectorat imposé à notre pays. On peut dire que le 11 janvier, dialectiquement, est la conséquence du 30 mars. Il est de fait que le peuple marocain n'a jamais accepté le régime de tutelle de 1912 ainsi qu'en témoigne la longue résistance militaire qui s'est opposée aux forces du régime colonialiste franco-espagnol jusqu'en 1934, où la France occupa Sidi Abdallah dans l'Anti-Atlas et Tindouf; l'Espagne, Sidi Ifni et Smara. Mais la résistance militaire n'était pas encore réduite que déjà la résistance politique en prenait le relais. En avril 1934, en effet, naissait le Comité d'Action marocaine, première Organisation nationaliste qui présentait un plan de réforme marocaine au gouvernement français à S.M. Mohammed V et au Résident général. De 1934 à 1944, le Comité d'Action marocaine s'est transformé en Mouvement nationaliste dont l'objectif était ce plan de réforme. Les nationalistes de cette période "réformiste" demandaient la stricte application du Traité de protectorat et son respect. Théoriquement, en effet, il garantissait l'unité politique du Royaume, son unité territoriale, la souveraineté du Sahara et il avait pour objectif la promulgation de réformes politiques, économiques, sociales, culturelles, destinées à assurer le développement du Maroc et son accession au rang des nations modernes. Le protectorat avait donc, par définition, un caractère provisoire. C'est pourquoi pendant la période réformiste, de 1934 à 1944, S.M. Mohammed V mène le combat essentiellement sur le plan juridique, notamment pour la défense des prérogatives Royales que le protectorat s'était engagé à respecter. Il s'agissait donc d'assurer le maintien de cet engagement et d'éviter toute substitution de souveraineté. Les prérogatives Royales constituaient l'essentiel, et c'est ce que Moulay Hafid avait voulu sauver en acceptant, à son corps défendant, de signer le Traité de 1912, car dès lors que la souveraineté du Sultan était maintenue, rien n'était perdu. Cette lutte s'est notamment manifestée lorsque la France a voulu, en 1935, faire dépendre le Maroc de l'administration du protectorat du ministère des Colonies. S.M. Mohammed V protesta avec véhémence : le Maroc continua de dépendre du ministère des Affaires étrangères. De même lorsque le gouvernement de Vichy prétendit faire appliquer au Maroc les lois anti-juives, S.M. Mohammed V s'opposa à ces mesures au nom de la souveraineté nationale et en soulignant que les Marocains de confession juive étaient des citoyens comme les autres. Ainsi, pendant cette période, l'objectif des nationalistes et du Souverain était d'aboutir à l'indépendance par le respect du protectorat, de la personnalité, de la souveraineté et de l'unité du Maroc, tels que la France s'était engagée à les respecter. Mais le 11 janvier 1944 a marqué une étape nouvelle, un changement radical de stratégie, un rupture avec l'action jusqu'ici entreprise.
C' est avec une grande fièreté que je vous annonce sur ce forum que mon oncle a signé aussi le manifeste de l'indépendance . Maintenant il faut relativiser, quelques citoyens de ma génération aussi, et il faut leur rendre homage, durant les années de plomp, ont aussi milité pour un Maroc de liberté et surtout dégalité . No comment.
Bonjour, Bien que ces échanges aient plus de 10 ans, je pose deux questions qui me tracassent, en espérant que 2loubna et abou salma pourront y répondre. Ou d'autres lecteurs. Mes questions concernent le 9ème et le 10ème considérants introduisant le Manifeste du 11 janvier 1944. 1ère question 9ème considérant : "Considérant que les Alliés [...] ont accordé l'indépendance à des peuples dont le patrimoine historique est moins riche que le nôtre, et dont le degré de civilisation est d'un niveau inférieur à celui du Maroc ;" A quels peuples faisaient allusion les rédacteurs du Manifeste ? 2nde question 10ème considérant : "Considérant enfin que le Maroc constitue une unité homogène qui [...] sait apprécier les bienfaits des libertés démocratiques qui sont conformes aux principes de notre religion, et qui ont servi de fondement à la Constitution de tous les pays musulmans". Comment les Marocains de religion juive peuvent-ils se retrouver dans ce considérant ? Merci.
chargement...
+ 
