Des saisons la plus désirée Et la plus rapide, ô printemps, Qu'elle m'est longue, ta durée ! Tu possèdes mon adorée, et je l'attend !
Ton azur ne me sourit pas guère, C'est en hiver que je la vois, Et cette douceur éphémère, Je ne l'ai dans l'année entière Rien qu'une fois.
Mon bonheur n'est qu'une étincelle Volée au bal dans un coup d'œil : L'hiver passe, et je ne vis sans elle ; C'est pourquoi, fête universelle, Tu m'es un deuil.
J'ai peur de toi quand je la quitte : Je crains qu'une fleur d'oranger, Tombant sur son cœur, ne l'invite À consulter la marguerite, Et quel danger !
Ce cœur qui ne sait rien encore, Couvé par tes tendres chaleurs, Devine et pressent son aurore ; Il s'ouvre à toi qui fais éclore Toutes les fleurs.
Ton souffle l'étonne, elle écoute Les conseils embaumés de l'air ; C'est l'air de mai que je redoute, Je sens que je la perdrai toute Avant l'hiver