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Jacques Chirac accusé
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20 octobre 2003 21:38
Jacques Chirac accusé en Israël de cautionner l'antisémitisme
LE MONDE | 20.10.03 | 14h17
Lancée par le quotidien "Maariv", la polémique sur la pseudo-non-condamnation par la France des propos antisémites de Mahathir Mohamad a été reprise par le gouvernement israélien. Dimanche, Jérusalem évoquait un possible "malentendu".
Jérusalem de notre correspondant

Le président de la République, Jacques Chirac, s'est retrouvé en fort mauvaise compagnie, dimanche 19 octobre, sous la plume violente du rédacteur en chef du quotidien israélien Maariv, Amnon Dankner. Selon le journal israélien, M. Chirac avait en effet montré "le visage de l'antisémitisme français", en s'opposant deux jours plus tôt à la mention de la condamnation des propos du premier ministre de Malaisie, Mahathir Mohamad, dans le communiqué final du Conseil européen, le 17 octobre.

Devant l'Organisation de la conférence islamique, ce dernier avait tenu des propos ouvertement antisémites en assurant notamment que "les juifs règnent sur le monde par procuration". Sous un titre explicite "le collaborateur", illustrée d'une photo à charge inspirée des tabloïds britanniques, le président de la République a donc été rangé aux côtés des antidreyfusards, des comploteurs des Ligues et "de la majorité des Français qui collaborèrent avec les nazis pendant l'occupation de leur pays", aux côtés du "maréchal Pétain" et "des centaines de milliers de Français qui pourchassèrent les juifs de France", aux côtés enfin "de ceux qui aidèrent des dizaines de milliers de collaborateurs à échapper au châtiment et même à continuer de servir à des postes importants pendant des décennies". "Il est exact qu'il existe des antisémites plus grands, plus brutaux et plus virulents", a conclu Amnon Dankner, dressant un tableau alarmant de la situation des juifs de France, "mais aujourd'hui, l'antisémitisme ne dispose pas dans le monde de collaborateur actif occupant une position aussi élevée".

Les affirmations du Maariv ont placé l'Elysée dans une posture inconfortable. Sur la foi du contenu de ce journal, le ministre israélien des affaires étrangères, Silvan Shalom, a poursuivi dans une veine similaire en estimant que "c'est une honte qu'un pays comme la France, un pays important fasse preuve de la moindre compréhension ou acceptation des remarques antisémites" du premier ministre de Malaisie. D'autant que Mahathir Mohamad, dont les propos avaient suscité de vives critiques, y compris de l'Union européenne et donc de la France, s'est aussitôt empressé de remercier M. Chirac pour sa "compréhension" et de lui témoigner sa "gratitude" pour l'intervention qui lui avait été prêtée.

"INACCEPTABLE"

Alors que la présidence française multipliait de farouches dénégations, le rédacteur en chef du Maariv a reçu en milieu d'après-midi une missive courroucée émanant de l'ambassade de France à Tel-Aviv. "Il est faux, mensonger, et par là même odieux et inacceptable de prétendre que le président de la République française se serait opposé à la mise en cause des propos de M. Mahatir", a indiqué le chargé d'affaires, Michel Miraillet, "votre conscience professionnelle aurait dû vous conduite à vérifier les faits et à considérer avec plus d'attention la mise au point que cette ambassade avait fournie à votre quotidien dès vendredi soir". "Vos insultes (...) salissent l'image de la presse israélienne en France mais -elles- ne parviendront pas à ternir la relation entre la France et Israël", a conclu le diplomate qui a demandé par ailleurs un droit de réponse. Cela n'a pas dissuadé le Maariv. Ce journal à grand tirage a cru bon d'annoncer en "une", dans son édition de lundi, sous une photo cependant plus avenante du chef de l'Etat français, que c'est sous sa pression que M. Chirac avait finalement "cédé".

Toutefois, dimanche soir, un porte-parole du ministère israélien des affaires étrangères, Jonathan Peled, déclarait que "de notre point de vue l'incident est clos", se félicitant de la lettre envoyée par M. Chirac à Mahathir Mohamad, dans laquelle il souligne que les propos antisémites de ce dernier "ne peuvent qu'être condamnés par tous ceux qui gardent la mémoire de l'Holocauste".

Par le plus grand des hasards, ce nouvel accès de fièvre est survenu le jour même de l'arrivée à Tel-Aviv du nouvel ambassadeur de France, Gérard Araud. Ce dernier avait été épinglé à la fin d'août par la presse israélienne pour avoir, lors d'une réception à Paris, qualifié Israël de pays "paranoïaque" et Ariel Sharon de "voyou". M. Araud avait par la suite nié avoir tenu ces propos.

Le 16 septembre, les diplomaties israélienne et française s'étaient pourtant félicitées de la signature du relevé de conclusions d'un haut comité ad hoc chargé de relancer les relations entre les deux pays. Il reste manifestement du travail à accomplir.

Gilles Paris

 
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