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Inquiétude internationale....Violences urbaines en France
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7 novembre 2005 15:18

Alors que, pour la onzième nuit consécutive, les émeutes se sont répétées dans les cités, de nombreux pays appellent aujourd'hui leurs ressortissants en voyage en France à la prudence. Leurs analyses sont pessimistes


Alors que la France a connu hier soir sa 11e nuit d'émeutes - 1 408 véhicules brûlés et 395 interpellations - le ministère britannique des Affaires étrangères a recommandé ce matin à ses ressortissants d'être "extrêmement vigilants" s'ils doivent se rendre ou transiter par les zones touchées par la violence en région parisienne. "Cette violence touche également d'autres régions françaises avec des troubles dans plusieurs villes, dont Dijon, Lille, Marseille, Lille et Toulouse", précise le Foreign Office sur son site Internet. Samedi, le Herald Tribune s'interrogeait sur le profil des insurgés du 9-3. A la question "Qui sont les véritables français?", Mamadou, un français d'origine malienne, répondait: «Ceux qui ont les yeux bleus et la peau blanche!»

Cet appel à la prudence vient rejoindre ceux déjà émis par la Finlande, l'Australie, la Russie ou les Etats-Unis, qui n'hésitent pas à comparer Paris à Bagdad. Condamnant fermement les violences et les actes de vandalisme gratuits qui les accompagnent, le ministre australien des Affaires étrangères, Alexander Downer, s'est déclaré inquiet, affirmant que "malheureusement", les émeutes risquaient encore de s'étendre". L'ambassade du Portugal a également offert sa protection en cas de danger et Khadafi son aide à Jacques Chirac.

Des analyses alarmistes
"Face au problème de la discrimination ethnique et religieuse, la France n'a pas su prendre la juste mesure", estime le New York Times. "Un cocktail explosif", renchérit le Times. Le quotidien anglais observe ainsi que "le modèle républicain français –tous citoyens et égaux en droit- a été sérieusement mis à mal cette dernière semaine". Par leurs violences, "les enfants d’immigrés pauvres, à dominante musulmane du Maghreb ou d’Afrique subsaharienne manifestent leur rejet ". Titrant "Les feux de la désintégration", le Los Angeles times compare la situation en France à celle connue en Grande Bretagne, au moment des attentats dans le métro de Londres, et juge la première plus préoccupante. "Le problème ? Les propos provocateurs de l’ambitieux ministre de l’intérieur Nicolas Sarkozy".

Si, au Japon, le Tokyo Shimbun évoque d'éventuelles répercussions des émeutes sur le tourisme - 620 000 Japonais sont venus en France en 2004 - la presse nipponne évoque elle aussi surtout le problème de l'immigration en France. "Les immigrés isolés, cercle vicieux de la haine", titre ainsi en une, dimanche, le quotidien japonais de droite Sankei Shimbun. "Explosion du mécontentement de la communauté des immigrés", répète le quotidien de gauche Asahi Shimbun, tandis que le quotidien centriste Mainichi Shimbun estime que "le sentiment de marginalisation attire la radicalisation".

Dans un entretien au journal Milliyet, le premier ministre turc associe pour sa part la flambée de violence en France au "processus qui interdit le port du voile dans les établissements scolaires". "Nous avons toujours défendu l'alliance des civilisations (afin de rapprocher l'islam et l'Occident) et voulu faire comprendre combien une adhésion de la Turquie à l'Union européenne était importante dans ce domaine mais certains n'ont pas voulu comprendre, surtout les Français", insiste-t-il, pointant la menace de l'islamisme radical.

Un quart-monde français
La presse du Maghreb reste globalement discrète sur les événements qui se déroulent en France. La Tribune algérienne note la fin du mutisme de Jacques Chirac, et Aujourd'hui le Maroc observe que "la politique et les interventions musclées de Nicolas Sarkozy sont critiquées de toutes parts, y compris par les familles des victimes, qui ont refusé sa visite. Si les matchs entre la République et ceux que Sarkozy a traité de 'racaille' se jouent en nocturne, la misère, elle, s'étale au grand jour au milieu des barres des banlieues", note pour sa part le quotidien algérien Liberté, estimant que «la misère fait des habitants des "banlieues en flammes" le "quart-monde français".

Asharq Al-Awsat, quotidien saoudien édité à Londres, fait par contre sa Une sur le sujet. "La France, connue pour être la vitrine européenne du métissage des cultures et de l'amitié euro-méditerranéenne (...) a échoué dans sa gestion d'un problème hérité de la période de la colonisation. Ils sont 5 millions de Français d'origine étrangère à vivre dans des conditions misérables. Il est impensable, dans un pays démocratique, qu'une si forte minorité n'ait aucun représentant au sein du Parlement, une institution supposée refléter toutes les composantes du pays, sa racaille et ses seigneurs", s'indigne ainsi son éditorialiste. Sur le même ton, Al-Quds Al-Arabi, autre quotidien panarabe édité à Londres, dénonce les propos tenus par Nicolas Sarkozy. Le journal fait cependant le vœu que ces événements jouent le rôle de "choc électrique pour les deux parties, le Français et l'immigré, afin qu'ils entament un vrai dialogue allant aux racines du problème".




L'EXPRESS

Pauline Lecuit

lundi 7 novembre 2005, EXpress 14:58
 
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