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INNOVATION • Un bracelet pour protéger les défenseurs des droits de l'homme
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24 avril 2013 10:47
INNOVATION • Un bracelet pour protéger les défenseurs des droits de l'homme
L'ONG suédoise Civil Rights Defenders a remis solennement à un militant ingouche l'un des cinq premiers bracelets. Cinquante autres devraient être distribués dans le monde au cours de l'année qui vient.

Svenska Dagbladet |
Jan Blomgren |
12 avril 2013




Le bracelet mis au point par l'ONG Civil Rights Defenders permet de localiser les personnes qui le portent, et les relie aux personnes proches - DR Le bracelet mis au point par l'ONG Civil Rights Defenders permet de localiser les personnes qui le portent, et les relie aux personnes proches - DR
Magomed Moutsolgov exerce l'un des métiers les plus dangereux du monde. Il défend les droits de l'homme dans le nord du Caucase, la région la plus troublée de Russie. Homicides, enlèvements et tortures y sont monnaie courante. Hier, Magomed Moutsolgov a noué autour de son poignet un bracelet qui lui sauvera peut-être la vie un jour. Responsable de l'ONG Civil Rights Defenders, Robert Hårdh était heureux et fier de présenter un nouvel appareil antiagression mis au point dans le cadre du projet Natalia.

"Cet appareil permettra d'améliorer la sécurité des personnes qui courent des risques en travaillant pour les organisations de défense des droits de l'homme. Il est relié d'une part à cinq proches de la personne protégée – famille ou collègues de travail. D'autre part, à notre bureau de Stockholm, ce qui nous permet de faire savoir que quelqu'un est en danger de mort, et donc de pousser les pouvoirs publics et les Etats à agir", expose Robert Hårdh.

Le bracelet sert également d'émetteur GPS, ce qui permet de suivre à la trace une victime d'enlèvement présumée, et d'intervenir rapidement. Le projet a été baptisé Natalia en hommage à Natalia Estemirova. Pendant de longues années, cette militante russe des droits de l'homme fut en première ligne dans le nord du Caucase. Une femme constructive et rationnelle, dont l'engagement était total. Outre son rôle dans l'ONG russe Memorial, elle était également journaliste pour la presse et la télévision locales. A ce titre, elle était bien placée pour venir en aide aux personnes menacées et diffuser des informations sur les agressions et les homicides.

Le 15 juillet 2009, des hommes ont forcé Natalia Estemirova à monter dans une voiture devant son immeuble du centre de Grozny, capitale de la Tchétchénie. Quelques heures plus tard, son corps était retrouvé dans un fossé, avec deux balles dans la tête. Il y a fort à parier que le président tchétchène Ramzan Kadyrov soit derrière cet assassinat. L'action de Natalia Estemirova était une épine dans le pied de Kadyrov. Il l'avait personnellement menacée à plusieurs reprises. "Aujourd'hui, beaucoup de gens m'ont dit que ce bracelet aurait pu sauver la vie de Natalia", confie Robert Hårdh.

Le 5 avril, à Stockholm, Magomed Moutsolgov était l'une des cinq premières personnes à étrenner le nouveau dispositif de protection. L'objectif de Civil Rights Defenders est d'en équiper une cinquantaine de personnes supplémentaires d'ici le printemps 2014. Si Magomed Moutsolgov ne cache pas sa joie, trois de ses collègues de travail préfèrent garder l'anonymat.

"Il ne fait aucun doute que ce bracelet peut jouer un rôle important, sinon je ne serais pas là. J'ai choisi de parler ouvertement de mon travail. Je veux montrer qu'il existe des gens qui sont prêts à se battre contre l'injustice et les agressions. Qu'il faut que nous puissions évoquer les questions liées aux droits de l'homme sans avoir peur. Dans le même temps, je comprends ceux qui veulent rester anonymes", confie Magomed Moutsolgov au Svenska Dagbladet. Chez lui, en Ingouchie [république voisine de la Tchétchénie], il a déjà fait l'objet de plusieurs tentatives d'enlèvement. Sa famille a eu des problèmes, la retraite de ses parents a été remise en cause. Magomed Moutsolgov a installé des caméras de surveillance devant son domicile pour prévenir toute attaque.

Il connaît les risques. Plusieurs de ses collègues ou anciens collègues de Maсhr, l'ONG qu'il représente, ont été assassinés. D'autres ont été torturés. L'un des fondateurs de Mashr, Zourab Tsechoev, a été enlevé et torturé cinq heures durant. Ses agresseurs lui ont cassé les bras et les jambes, causant également de nombreuses lésions à ses organes internes et le blessant à la colonne vertébrale, avant de le balancer hors d'une voiture à la périphérie de la ville.

"Ça n'a rien d'agréable de parler de ce qui se passe dans la région, la situation est très grave", conclut Magomed Moutsolgov, muni de son nouveau bracelet qui, espère-t-il, lui sera utile en cas d'agression.
[www.courrierinternational.com]
 
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