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khalid712 a écrit:
J’ai eu l’idée de regrouper quelques histoires de Djeha dans ce post ; ce sont des histoires simples mais riche en moral.
Pour info, et pour ceux qui ne le connaissent pas, Mulla Nasr Eddin (dit djéha) est un personnage du folklore traditionnel du Moyen-Orient. De l'Afrique du Nord, jusqu'à la Chine, en passant par l'Egypte, la Syrie, la Turquie voire même la Pologne, on le retrouve confronté à de nombreuses aventures déroutantes et drôles. Suivant les régions son nom change, mais les histoires sont semblables qu'il s'appelle Ch'ha, Nasr Eddin Hodja, Mulla Nasr Eddin, Goha, Djeha, Srulek ou encore Effendi...
Si vous en connaissez alors n’hésitez pas !
Djeha, son fils et l'âne
Djeha dit un jour à son fils, alors qu'il atteignait sa douzième année :
- "Demain, tu viendras avec moi au marché."
Tôt le matin, ils quittèrent la maison. Djeha s'installa sur le dos de l'âne, son fils marchant à côté de lui. A l'entrée de la place du marché, Djeha et son fils furent l'objet de railleries acerbes:
- "Regardez-moi cet homme, il n'a aucune pitié ! Il est confortablement assis sur le dos de son âne et il laisse son jeune fils marcher à pied."
Djeha dit à son fils:
- "As-tu bien entendu? Demain tu viendras encore avec moi au marché!"
Le deuxième jour, Djeha et son fils firent le contraire de la veille: le fils monta sur le dos de l'âne et Djeha marcha à côté de lui. A l'entrée de la place, les mêmes hommes étaient là, qui s'écrièrent
- "Regardez cet enfant, il n'a aucune éducation, aucun respect envers ses parents. Il est assis tranquillement sur le dos de l'âne, alors que son père, le pauvre vieux, est obligé de marcher à pied!"
Djeha dit à son fils :
- "As-tu bien entendu ? Demain tu viendras de nouveau avec moi au marché!"
Le troisième jour, Djeha et son fils sortirent de la maison à pied en tirant l'âne derrière eux, et c'est ainsi qu'ils arrivèrent sur la place. Les hommes se moquèrent d'eux :
- "Regardez ces deux idiots, ils ont un âne et ils n'en profitent même pas. Ils marchent à pied sans savoir que l'âne est fait pour porter des hommes."
Djeha dit à son fils :
- "As-tu bien entendu? Demain tu viendras avec moi au marché!"
Le quatrième jour, lorsque Djeha et son fils quittèrent la maison, ils étaient tous les deux juchés sur le dos de l'âne. A l'entrée de la place, les hommes laissèrent éclater leur indignation :
- "Regardez ces deux-là, ils n'ont aucune pitié pour cette pauvre bête!"
Djeha dit à son fils :
- "As-tu bien entendu? Demain tu viendras avec moi au marché!"
Le cinquième jour, Djeha et son fils arrivèrent au marché portant l'âne sur leurs épaules. Les hommes éclatèrent de rire :
- "Regardez ces deux fous, il faut les enfermer. Ce sont eux qui portent l'âne au lieu de monter sur son dos."
Et Djeha-Hoja dit à son fils:
- "As-tu bien entendu ? Quoi que tu fasses dans ta vie, les gens trouveront toujours à redire et à critiquer."
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khalid712 a écrit:
C'est une des plus connues, c'était dans nos manuels scolaires en Arabe. Voici une autre un peu moins connue :
Djeha et les brochettes
Un jour, Djeha passe devant un marchand de brochettes. Humm! Que cela sent bon! Djeha a faim, mais il n'a pas beaucoup d'argent. Comment faire? Il va acheter un morceau de pain et il revient. Il s'arrête devant le marchand de brochettes.
- "Tu veux acheter des brochettes?" demande le marchand. "Combien en veux-tu?"
- "Non, non, je ne veux rien acheter", répond Djeha.
- "Alors va-t-en!"
- "Attends un peu", dit Djeha.
Il prend le morceau de pain et le tient au-dessus des brochettes qui cuisent. La fumée monte vers le pain. Le marchand, étonné, demande:
- "Que fais-tu?"
- "Attends un peu" répond Djeha. "Tu vas voir."
Au bout d'une minute, le morceau de pain est couvert de fumée et de graisse qui sent bon. Djeha alors porte le morceau à sa bouche et le mange.
- "C'est très bon!" dit il. "Merci et au revoir."
- "Mais tu me dois de l'argent" crie le marchand en colère.
- "Je ne te dois rien", répond Djeha. "Je n'ai pas mangé tes brochettes, j'ai mangé seulement la fumée."
- "Allons chez le cadi!"
- "D'accord! Alons chez le cadi."
Ils arrivent chez le cadi et expliquent l'affaire. Le cadi demande au marchand:
- "Combien d'argent lui demandes-tu?"
- "Je veux un dinar", répond le marchant.
- "Donne moi un dinar", dit le cadi à Djeha.
Il prend le dinar, le passe sous le nez du marchand, une fois, deux fois, puis il le rend à Djeha.
- "Mais, monsieur le cadi", dit le marchand, "ce dinar est pour moi. Pourquoi est-ce que vous le lui rendez?"
- "Voyons!" répond le juge. "Djeha a senti l'odeur de tes brochettes, et toi tu as senti l'odeur de son argent. Maintenant personne ne doit rien à l'autre."
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khalid712 a écrit:Le clou de Djeha
Un jour, Djeha n'a plus d'argent. Il décide de vendre sa maison. Quelqu'un veut l'acheter, alors Djeha lui dit:
- "Je vends ma maison, mais dans cette maison, il y a un clou, planté dans un mur. Ce clou, je ne le vends pas, il est à moi. Et tu n'as pas le droit de l'enlever ni de l'enfoncer.
- "D'accord dit l'acheteur, j'achète la maison."
Et tous les deux vont chez le notaire pour signer la vente. Sur le papier, le notaire écrit que le clou qui est dans le mur ne peut être ni enlevé ni enfoncé.
Quelques jours plus tard, Djeha trouve un vieux cheval mort, jeté dans la rue. il donne de l'argent à des gens et leur dit:
- "Allez porter ce cheval mort devant la porte de la maison de Djeha."
Quand ils l'ont porté, Djeha frappe à la porte et dit aux gens de la maison:
- "Je veux accocher ce cheval à mon clou!"
- "Quoi, mais tu est fou! Cette maison est à nous!"
- "Cette maison est à vous mais le clou est à moi." répond Djeha.
- "Mais il est mort ton cheval, et déjà il sent mauvais."
- "Le clou est à moi", répète Djeha. "Allons chez le cadi."
Djeha et l'acheteur vont chez le cadi.
- "Montre-moi le papier écrit au moment de la vente", dit le cadi. Djeha montre le papier; le cadi le lit.
- "C'est vrai", dit le cadi, "le clou est à Djeha. Il peut faire ce qu'il veut avec."
- "Mais, monsieur le cadi", dit l'acheteur, "aujourd'hui, nous avons un mariage chez nous. Cet homme apporte un cheval mort et qui sent mauvais et il veut l'accrocher au clou."
- "tu as signé le papier", répond le cadi. "Il est trop tard."
- "Monsieur le cadi", dit l'acheteur, "c'est d'accord. Je laisse toute la maison à cet homme. Je lui demande seulement qu'il nous laisse finir la fête chez nous et après je lui donnerai la clef."
C'est ainsi que Djeha a retrouvé sa maison...