LE CRIME était presque parfait. Une séduisante Lyonnaise de 45 ans qui veut se débarrasser de son époux, riche et âgé, pour profiter de sa fortune. Un amant diligent qui apporte son concours pour simuler un accident sur une route isolée en Espagne. Scénario impeccable, à un détail près. Dominique Louis, alias Maud, 1,80 m, silhouette filiforme et longs cheveux blonds, avait oublié que son mari, Simon Jochimec, 75 ans, 1,70 m, unique héritier d'un couple de riches commerçants rhodaniens, était de confession juive. Cette religion proscrit formellement l'incinération. Le 13 juillet 2003, au lendemain de la mort de Simon dans un hôpital proche de Valladolid, Maud s'est empressée, après une rapide autopsie, de faire brûler le corps de celui qu'elle avait épousé dix mois plus tôt. Quand elle est revenue à Lyon avec une urne pleine de cendres qu'elle a dispersées dans le Rhône, les rares amis de Simon se sont étonnés. La police a été alertée et n'a pas tardé à accumuler « un faisceau de présomptions » contre la veuve blonde. « Il n'y a pas de preuves matérielles contre elle mais tout le monde semble convaincu de sa culpabilité » Dominique Louis a été arrêtée le 20 janvier dernier à l'aéroport de Lyon-Saint-Exupéry, alors qu'elle s'apprêtait à décoller pour le Canada. Mise en examen pour assassinat, elle a déposé hier une demande de remise en liberté. La chambre de l'instruction rendra sa décision vendredi. Son avocat, M e Doyez, ne se fait guère d'illusion : « Ma cliente persiste à se déclarer innocente. Il n'y a pas de preuves matérielles contre elle mais tout le monde semble convaincu de sa culpabilité. » Interpellé dans le sud de l'Espagne, le 23 janvier, l'amant de Maud, Jean-Claude Vaze, 57 ans, vient, lui, d'être extradé en France. Il a également été mis en examen pour assassinat et écroué à Lyon. « Il se dit complètement étranger aux faits », souligne son avocate, M e Damiano. Mais les faits, justement, sont troublants. Le 12 juillet 2003, dans la soirée, Dominique et Simon roulent dans le nord de l'Espagne. Ils se rendent, pour les vacances, dans une maison que Simon a achetée sur la côte méditerranéenne. Le septuagénaire ignore que cette maison est occupée depuis plusieurs mois par Jean-Claude Vaze, le seul amour de sa jeune épouse, avec lequel elle a eu un enfant dix-sept ans plus tôt. Dominique prétend alors qu'une des roues de la voiture fait un bruit anormal. Simon s'arrête, descend. Il place un triangle de signalisation à l'arrière de la voiture. A cet instant, selon le témoignage de la veuve, un véhicule 4 X 4 blanc serait arrivé à toute vitesse et aurait fauché le jeune marié qui meurt quelques heures plus tard. Cette femme « incroyablement douée pour le mensonge » était également une « call-girl » Fin juillet, Dominique Louis met la main sur sa fortune, évaluée à 4,5 millions d'euros. Mais les policiers lyonnais découvrent d'abord que Dominique Louis, ancienne gardienne de la paix - jusqu'en 1994, elle était en poste à l'accueil du commissariat où elle a été placée en garde à vue -, menait une double, voire une triple vie. Outre sa relation avec Jean-Claude Vaze, cette femme qui, selon un enquêteur, « est incroyablement douée pour le mensonge » officiait comme « call-girl » sous le pseudonyme de Maud, avec une préférence marquée pour les hommes riches et grisonnants. Les enquêteurs découvrent ensuite que les vêtements de Simon portaient des marques de pneus. Le septuagénaire aurait donc été écrasé alors qu'il était déjà couché, ce qui ne cadre pas avec le récit de la veuve. Ils établissent enfin que Jean-Claude Vaze était présent, le jour du crime, dans un hôtel proche, qu'il s'était absenté dans la soirée et qu'il roulait dans un véhicule tout-terrain blanc. Cette voiture pourrait fournir l'élément matériel manquant. Elle est actuellement expertisée. Selon nos informations, elle porterait bien des traces de choc.
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