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Histoire de la conversion d'un juif à l'Islam, celle de Muhammad Asad (Leopold...
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28 septembre 2005 16:44
Extrait du livre Le chemin de la Mecque, par Muhammad Asad, trad. Roger du Pasquier, éd. Fayard, Paris 1976.

Histoire d'une conversion

Un jour de septembre 1926, nous voyagions, Elsa et moi, dans le métro de Berlin. Nous étions dans un compartiment de première classe. Mon regard tomba par hasard sur un passager bien habillé vis-à-vis de moi, apparemment un homme d'affaires aisé, avec un beau porte-documents de cuir sur ses genoux et un gros diamant au doigt. Je songeai que la silhouette corpulente de cet homme correspondait bien à l'image de prospérité qui, à cette époque, était courante dans toute l'Europe centrale, prospérité d'autant plus ostensible qu'elle était venue après des années d'inflation durant lesquelles toute la vie économique avait été sens dessus dessous et les apparences de pauvreté s'étaient imposées partout. La plupart des gens étaient maintenant bien vêtus et bien nourris et le monsieur qui me faisait face ne constituait donc pas d'exception. Mais lorsque je regardai son visage, je n'eus pas l'impression de voir un homme heureux. Il paraissait non seulement soucieux, mais profondément malheureux, avec des yeux fixes et vides et les coins de la bouche tirés comme s'il souffrait, mais non d'une douleur physique. Ne voulant pas être impoli, je détachai mes yeux de lui et les portai sur une dame assez élégante occupant la place d'à côté. Elle aussi avait une expression étrangement malheureuse, comme si elle contemplait ou subissait quelque chose qui lui causait de la peine; pourtant sa bouche était raidie dans le semblant durci d'un sourire qui, sans doute, devait lui être habituel. Alors je me mis à regarder tous les autres visages du compartiment, visages appartenant sans exception à des gens bien habillés et bien nourris ; sur presque chacun d'entre eux, je pouvais discerner une expression de souffrance cachée, si cachée que la personne à qui appartenait le visage semblait en être inconsciente. Cela était assurément étrange. Jamais auparavant je n'avais vu autant de visages malheureux autour de moi. Peut-être n'avais-je jamais auparavant regardé ce qui maintenant s'exprimait si nettement en eux ?


En tout cas l'impression était si forte que j'en fis part à Elsa. Elle commença aussi à regarder autour d'elle avec des yeux attentifs de peintre habitué à étudier les traits humains. Puis, surprise, elle se tourna vers moi et dit :

"Tu as raison. Ils ont tous l'air de souffrir les tourments de l'enfer... Je me demande s'ils savent eux-mêmes ce qui se passe en eux ?"

Je savais bien que ce n'était pas le cas, sinon ils n'auraient pas continué à gaspiller leur vie comme ils le faisaient, sans foi dans aucune vérité qui les engage, sans but au-delà de leur désir d'accroître leur "niveau de vie", sans autre espoir que d'acquérir plus de possibilités matérielles, plus d'amusements et peut-être plus de pouvoir...

Rentré à la maison, je regardai par hasard mon bureau sur lequel était ouvert un exemplaire du Coran que j'avais lu avant de sortir. Machinalement je pris le livre pour le mettre de côté, mais, au moment où j'allais le fermer, mes yeux tombèrent sur la page ouverte devant moi et je lus :

" Non, mais vous en viendrez à savoir ! Non, si seulement vous saviez avec la connaissance certaine, vous verriez assurément dans quel enfer vous êtes. Au temps venu, certes, vous le verrez avec l'œil de la certitude. Et ce jour-là on vous demandera ce que vous avez fait du bienfait de la vie. "

Je restai muet un instant. Je crois que le livre tremblait dans mes mains. Puis je le tendis à Elsa. "Lis cela. N'est-ce pas une réponse à ce que nous avons vu dans le métro ?" C'était une réponse, une réponse si décisive que toute hésitation soudain prit fin. Je savais maintenant, sans aucun doute, que je tenais entre mes mains un livre inspiré par Dieu. Car, bien qu'il eût été placé devant l'homme plus de treize siècles auparavant, il prévoyait clairement quelque chose qui n'avait pu se réaliser que dans notre époque compliquée, mécanisée et fantomatique.

De tout temps les hommes ont connu l'avidité ; mais à aucune époque avant celle-ci l'avidité n'avait dépassé le simple désir d'acquérir plus et n'était devenue une obsession qui troublait la vue de tout le reste : exigence irrésistible d'obtenir, de faire, d'inventer toujours plus, aujourd'hui plus qu'hier et demain plus qu'aujourd'hui. C'était un démon monté sur le cou des hommes et fouettant leurs cœurs pour leur faire atteindre des buts qui brillaient au loin en les narguant mais se dissolvaient dans le néant dès qu'ils étaient atteints ; pourtant la promesse de buts nouveaux se maintenait toujours, buts toujours plus brillants et plus tentants aussi longtemps qu'ils apparaissaient à l'horizon, mais réduits à s'évanouir encore dans le néant dès qu'on parvenait à leur portée ; et cette faim insatiable de buts toujours nouveaux rongeait l'âme de l'homme : "Non, si seulement vous saviez, vous verriez dans quel enfer vous êtes..." Cela, je le voyais, n'était pas simple sagesse humaine exprimée par quelqu'un ayant vécu il y a longtemps dans l'Arabie lointaine. Si sage qu'il ait pu être, un tel homme n'aurait pu par lui-même prévoir les tourments si particuliers à notre XXe siècle. Par le Coran s'exprimait une voix plus grande que la voix de Muhammad...

L'obscurité est tombée sur la cour de la mosquée du Prophète où luisent seulement les lampes à huile suspendues à de longues chaînes tendues entre les colonnes des arcades. Le cheikh Abdallah ibn Bulayhid est assis la tête penchée sur la poitrine et les yeux fermés. Celui qui ne le connaît pas pourrait croire qu'il s'est endormi, mais je sais qu'il a écouté mon récit avec une profonde attention, cherchant à le faire entrer dans les catégories de sa vaste expérience des hommes et des cœurs. Au bout d'un long moment il redresse la tête et ouvre les yeux :

-Et alors ? Qu'as-tu fait ensuite ?

-J'ai fait ce que j'avais évidemment à faire, ô cheikh. J'ai pris contact avec un de mes amis musulmans, un Indien qui à cette époque dirigeait la petite communauté musulmane de Berlin, et je lui dis que je souhaitais adhérer à l'Islam. Il me tendit sa main droite, j'y plaçai la mienne et, en présence de deux témoins, je déclarai : "J'atteste qu'il n'y a pas de dieu si ce n'est Allah et que Muhammad est Son Envoyé ." Quelques semaines plus tard, ma femme fit de même.

-Et qu'en dirent les gens ?

-Eh bien, ils n'aimèrent pas cela. Lorsque j'informai mon père que j'étais devenu musulman, il ne répondit même pas à ma lettre. Quelques mois plus tard ma sœur m'écrivit pour me dire qu'il me considérait comme mort... Sur quoi je lui adressai une nouvelle lettre l'assurant que mon acceptation de l'Islam ne changeait rien à mon attitude à son endroit ni à mon amour pour lui, mais qu'au contraire l'Islam m'enjoignait d'aimer et d'honorer mes parents plus que toutes autres personnes... Mais cette lettre également demeura sans réponse.

-Ton père doit être sûrement très attaché à sa religion...

-Non, ô cheikh, il ne l'est pas, et c'est l'aspect le plus étrange de la chose. Il me considère, je crois, comme un renégat, non pas tellement à sa foi (car celle-ci ne l'avait jamais tenu fortement) qu'à la communauté dans laquelle il avait grandi et à la culture à laquelle il était attaché.

-Et tu ne l'as jamais revu depuis ?

-Non. Très peu de temps après notre conversion, nous quittâmes l'Europe ma femme et moi ; nous ne pouvions plus supporter d'y rester davantage. "

(Nos relations se rétablirent en 1935, après que mon père en fut enfin venu à comprendre et à apprécier les raisons de ma conversion à l'Islam. Nous restâmes en correspondance continue jusqu'en 1942, lorsque ma sœur et lui-même furent déportés de Vienne par les nazis pour aller mourir dans un camp de concentration)

Cet homme d'exception, né en 1900 et mort en 1994, a aussi été le témoin direct des événements historiques qui ont chamboulés le moyen orient .C'est un livre d'aventure à la fois sur le plan spirituel comme sur le plan physique.

Il a aussi écrit "L'Islam à la croisé des chemins" qui est moins autographique et plus théologique. Très interessant également.

" C'est le Jour où les gens seront comme des papillons éparpillés, et les montagnes comme de la laine cardée; quant à celui dont la balance sera lourde il sera dans une vie agréable; et quant à celui dont la balance sera légère, sa mère [destination] est un abîme très profond. Et qui te dira ce que c'est ? C'est un Feu ardent. " (Al-Qâri'a, 4-11)

Allâh ( ta3ala ) a dit: {Que soit issue de vous une communauté qui appelle au bien, ordonne le convenable, et interdit le blâmable. Car ce seront eux qui réussiront.} (3/104)
k
3 octobre 2005 19:51
je viens de lire ce poste, très joli message smiling smiley
 
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