Séisme au Cachemire : les rescapés fuient les montagnes à l’approche de l’hiver
de Tim Sullivan Désormais sans abri à cause du séisme du 8 octobre, de nombreux habitants du Cachemire pakistanais commencent à quitter les montagnes de cette région himalayenne pour échapper aux températures glaciales de l’hiver, qui approche à grands pas.
Le séisme de magnitude 7,6 qui a frappé le nord du Pakistan a fait 79 000 morts, presque tous dans le pays, et a détruit les foyers de plus de trois millions de personnes. Selon l’ONU, environ 800 000 personnes n’ont plus aucun lieu où s’abriter.
Les organisations humanitaires demandent une accélération des opérations de secours avant l’arrivée des neiges hivernales, qui risquent d’alourdir le bilan.
« Nous sommes confrontés à une catastrophe humanitaire gigantesque et avec l’hiver qui arrive, une deuxième catastrophe humanitaire menace les quatre millions de personnes qui n’ont plus de toit », souligne dans un communiqué le commissaire européen au Développement et à l’Aide humanitaire, Louis Michel. « C’est une course contre la montre. » L’Union européenne a proposé aujourd’hui une aide humanitaire supplémentaire de 80 millions d’euros (113,5 millions de dollars canadiens) en faveur des victimes pour financer abris, vivres et fournitures médicales.
À Paras, village du Cachemire pakistanais à 1200 mètres d’altitude, les feuilles des arbres commencent à jaunir et la neige tombe déjà sur de hautes montagnes distantes de quelques kilomètres. Le mois prochain, la petite localité dévastée par le séisme commencera à son tour à se couvrir d’un manteau blanc.
Très vite, la route menant au village, si l’armée pakistanaise réussit d’ici-là à la dégager, sera à nouveau fermée, les pistes de montagne seront bloquées et des endroits comme Paras seront isolés du reste du pays jusqu’au printemps.
Dans ces conditions, beaucoup n’ont d’autre choix que de fuir. « Je dois faire partir ma famille avant l’hiver », souligne Syed Iftikhar, étudiant de 19 ans, qui a perdu une soeur dans le séisme. La maison familiale a également été détruite, comme la plupart des bâtiments à Paras.
Ses parents et ses soeurs survivantes ont réussi à se procurer une tente, où s’entassent une dizaine de personnes, mais ils ne peuvent rester, souligne Iftikhar. Un abri aussi précaire ne permet pas en effet de lutter contre des températures glaciales qui descendent bien en dessous de zéro en hiver, ni contre la couche de deux mètres de neige qui se dépose sur les champs de maïs de Paras.
« L’hiver ici est très rude », souligne le jeune homme. Déjà, certaines nuits d’automne, les températures sont à peine supérieures à zéro. « Comment pourrait-on rester? »
Il espère que la route, bloquée par des glissements de terrain, sera rouverte rapidement. Dans le cas contraire, sa famille devra faire le voyage à pied.
Et pour le capitaine Asadulla Jan, désormais en charge de ce village de 4000 habitants, chaque personne qui part est un soulagement. L’officier commande un petit avant-poste militaire installé ici après le séisme.
À Paras, les soldats pakistanais supervisent une zone d’atterrissage pour les hélicoptères, utilisés essentiellement pour évacuer les blessés. Ils font également fonctionner une clinique pour les blessés légers et distribuent l’aide humanitaire.
Le capitaine Jan est formel : les villageois, en particulier les femmes et les enfants, doivent partir pour la vallée afin de trouver refuge chez des parents ou de s’installer dans les camps de toile installés dans les stades, parkings ou champs à la lisière des grandes ville.
« Des gens sont en train de mourir de froid », souligne le militaire, et les choses vont s’aggraver avec la chute des températures. Il estime toutefois que 800 à 900 personnes passeront l’hiver à Paras.
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