La société actuelle est happée par une frénésie tournant autour du culte du parfait, de la mode et de l’harmonie. Dans un monde où on cherche tous à harmoniser notre silhouette à l’effigie des standards de beauté, le handicap n’a pas sa place. Ce dernier dérange, renvoie à une image négative.
La société actuelle est happée par une frénésie tournant autour du culte du parfait, de la mode et de l’harmonie. Dans un monde où on cherche tous à harmoniser notre silhouette à l’effigie des standards de beauté, le handicap n’a pas sa place. Ce dernier dérange, renvoie à une image négative. Une image défaillante de l’homme.
Depuis quelques années, nous avons voué une sorte d’adoration et d’admiration pour les tailles parfaites, les silhouettes longilignes et minces si bien qu’en rencontrant toute personne ne répondant pas à ces critères, à cause d’une malformation ou d’une limitation fonctionnelle, celle-ci nous met mal à l’aise et nous avons du mal à transcender cette imperfection pour percevoir l’être humain caché.
« Dès l’âge de huit ans, j’ai pris conscience que j’étais différente des autres filles parce-que je peinais à partager les mêmes jeux qu’elles d’autant plus que je ne pouvais plus fréquenter la même école. Je me suis sentie amoindrie, triste et j’ai commencé à assimiler le mot handicap.
Pour tout mon entourage, j’étais la pauvre petite Lamia ! Pauvre mais mes parents l’étaient bien plus que moi ! Ne sachant que faire, s’il fallait me cacher ou m’exhiber telle une bête curieuse. Je sentais leur douleur et leur frustration. Leur incapacité à m’abandonner et leur souffrance quotidienne me culpabilisaient chaque jour.
Pourquoi suis-je née de la sorte ? N’aurais-je pas pu être "normale" ? Pourquoi le ciel n’a-t-il pas gratifié mes parents d’un enfant comme celui des autres. Mes parents sont adorables et je me reprochais d’être ainsi.
Toutes ces questions me taraudaient l’esprit et m’avaient amené à me replier sur moi-même, à me couper du reste du monde. Seulement voilà, je me suis bien vite sentie seule et plus je prenais de l’âge, plus je ressentais l’envie de connaître des gens, de communiquer, d’entrer dans la vie active, de faire mes courses, bref de mener ma vie comme les gens normaux.
Condamnée à rester sur une chaise roulante, je me suis vite aperçue que beaucoup de choses m’étaient interdites. Juste pour vous raconter une petite anecdote, lorsqu’il m’arrivait de m’aventurer sur la terrasse d’une café, je ne pouvais m’empêcher de constater un changement dans le regard des hommes. Lorsqu’ils me trouvent déjà assise, leur regard est flatteur( on me trouve un joli minois) mais dès qu’ils remarquent ma chaise roulante, un sourire gêné se dessine sur leurs lèvres pour laisser place à un regard absent.
Il faut dire qu’à mes vingt ans, çà m’attristait mais aujourd’hui, je me sens blasée, je me dis que je finirais peut-être par rencontrer l’âme sœur mais handicapée !
Vous êtes choquées ou pensez-vous que j’essaie de vous apitoyer sur mon sort ! Détrompez-vous, votre pitié ne m’apportera rien si ce n’est un dégoût de moi-même mais je vous parle d’une réalité. Car même si tous les marocains sont compatissants ( ce qui n’est pas toujours vrai), ils restent crispés devant toute forme d’handicap.
C’est quelque chose qui les rend mal à l’aise, confus. Vous pouvez remarquer cette attitude dans les supermarchés. Il suffit que je m’arrête devant ou derrière eux pour qu’ils ne savent plus que faire: s’il faut qu’ils se poussent pour me laisser les devancer ou s’il faut qu’ils se mettent de côté pour ne pas me gêner et leur regard en biais sans vouloir pour autant être insistant…Enfin, il leur est difficile d’imaginer que je peux attendre mon tour comme eux, sans avoir besoin d’une quelconque assistance.
Je sais bien que ce n’est pas de la mauvaise foi de leur part mais une personne handicapée apprend très tôt à s’occuper d’elle-même et à être parfaitement valide. Je désire, comme la plupart des personnes dans ma situation, être prise telle que je suis et oublier ce que je représente. »
Ce témoignage de Lamia.H interpelle et à juste titre. Il s’agit d’un appel, non pas à être plus gentils envers les personnes handicapées mais à mieux les respecter, à les considérer comme des personnes entières en dehors de leur infirmité. Nous ne parlons pas ici de tolérance mais d’intégrité en totalité.
Il est regrettable qu’inconsciemment, nous classons toutes les personnes handicapées comme des gens à part. Pourquoi remarque-t-on la déficience avant l’être humain ? Sommes-nous à ce point attachés aux apparences ?
Le handicap ne doit pas modifier le regard qu’une personne a sur une autre. Ne réduisez pas un individu à son handicap mais regardez-le dans sa complémentarité et dans sa spécificité.Plutôt que de témoigner de la pitié, faisons preuve d’actions concrètes pour faciliter à ces personnes la vie et rendre leurs souffrances plus supportables.
Les personnes handicapées vivent dans des conditions extrêmement difficiles aussi bien en milieu rural qu’en milieu urbain. La porte des écoles est pour la plupart de ces personnes fermée, faute de moyens pour la famille d’assurer le déplacement d’une part et l’accès difficile des structures scolaires d’autre part.
L’emploi est aussi un droit défendu ou mal vécu. Les employeurs ne cherchent pas à avoir des compétences se cachant derrière des yeux définitivement clos ou des jambes flageolantes. Alors, ne pensons pas aux personnes handicapées uniquement durant les opérations médiatiques ou lors des téléthons mais tous les jours.
Pour bien aimer une vivante, il faut l'aimer comme si elle devait mourir demain.
J'ai moi même cotoyé des personnes handicapées et ils ne sont pas tous comme cette personne malheureusement.
En faite c'est vrai qu'au début nous sommes perdu nous ne savons point comment régir avec eux, peux t on parler de tout, doit on leur proposer notre aide pour tel ou tel chose ? Mais à force de les cotoyer et de leur parler, toutes les questions que l'on se posent s'efface et on ne voit plus en un handicap mais une personne à part entière.
La vie est comme un arc-en-ciel: il faut de la pluie et du soleil pour en voir les couleurs.
oui biensur, je suis tout à fait d'accord avec ce que tu dis, mais au delà des problèmes soulevés par ce texte, il y en a d'autres pour lesquels malheureusement la société et notre société marocaine en particulier, ne fait rien ou a encore bcp de chemin à parcourir.
oui, je pense par exemple à la vie sentimentale de ces personnes, bien souvent elles sont condanmées à vivre seules, et ceux quelque soit l'handicap. j'ai une amie qui est d'une beauté extraordinaire, mais elle est handicapée d'une main, elle était malheureuse car les hommes de notre communauté ne voyaient en elle que l'handicap, elle en a bcp souffert, elle a été très très patiente, et c'est résignée à cotoyer un occidental non musulman, car il voyait en elle une femme avant tout.
bcp vont dire que c'est haram pour une femme d'epouser un non musulman, mais je pense que dans ce cas précis, seul dieu peut juger, son ami n'est pas musulman, mais d'une gentillesse, tres attentif, tres respectueux de la religion qu'lle continue elle de pratiquer.
tout ça pour dire que nos mentalités doivent changer dans bcp de domaines mais tous ces domaines sont en rapport avec la femme. encore et toujours la femme est victime de la loi des hommes, de leur regard sans oublier le poids des traditions.
Pour bien aimer une vivante, il faut l'aimer comme si elle devait mourir demain.