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Grèves 2010 : Les raisons de la colère…
20 août 2011 19:17
Grèves 2010 : Les raisons de la colère…


Fin octobre 2010, le mouvement de grève contre la réforme des retraites s’étendait lentement, suivant une stratégie de paralysie du pouvoir. Les transports, les écoles, les lycées et plusieurs raffineries ont participé à ce mouvement. Plus de deux mille cinq cents stations services ont été mises à sec, tandis que les lycéens et les étudiants descendaient dans la rue, faisant la jonction avec le mouvement social. Il y eut plusieurs heurts avec les forces de police, et chacun s’attendait à d’imprévisibles « dérapages » susceptibles de changer la nature du conflit…

Quelle était d’ailleurs la vraie nature de ce conflit ? Et si la question des retraites n’était que le détonateur d’un malaise beaucoup plus profond ? Et si ce mouvement n’était que la traduction d’une sorte de ras-le-bol, de rejet de ce régime qui affiche ouvertement son mépris pour les pauvres, pour tous ceux qui ne sont pas des exilés fiscaux ou de grands « donateurs » pour l’UMP ? Notre pays a déjà connu par le passé des gouvernements où l’affairisme et la corruption ont gangrené le pouvoir. Mais ce ne fut jamais avec un tel cynisme, avec un tel culte revendiqué de l’argent roi, avec une telle volonté de provoquer ouvertement, et avec une telle insolence. La majorité de la population ne vit que de son travail (quand elle en trouve), ou du peu que constitue sa retraite, qui n’est – on ne le dira jamais assez – qu’un salaire différé. C’est tout cela qui remontait à la surface. C’était une façon de dire « Ça suffit ! » à ce mélange de rapacité et de morgue qui caractérise si bien M. Sarkozy et son clan. La grande bourgeoisie française n’a jamais été tendre au cours de son histoire. Mais depuis la venue au pouvoir de M. Sarkozy et de ses amis, il y a comme une odeur de nouveaux riches, de parvenus pressés de prendre ce qui peut l’être, sans se soucier ni du bien commun, ni de l’avenir de la France et des Français. Voilà ce qui a poussé les gens à descendre dans la rue, et à refuser le sort qui leur était fait. Ce mouvement était donc aussi une protestation contre l’immoralité financière de notre époque.

Mais cette crise sociale doit être située dans son cadre réel : un cadre mondial. Le capitalisme financier, dont la survie – autre que la guerre – ne dépend que de sa capacité à fuir en avant, a déjà trouvé ses limites. La crise financière, qui ne fait que commencer, en est l’illustration parfaite. L’apparition de pays « émergents » (autrement dit de nations qui ne se laissent plus spolier comme autrefois), la concurrence féroce qui s’est installée dans un marché mondialisé, l'économie dite virtuelle aux mains de quelques banquiers (qui sont, de fait, les vrais chefs d’État)… tout cela a une conséquence : en Europe comme aux États-Unis il n’y a plus de grain à moudre, ou de « petits avantages » à concéder aux classes populaires. Nous sommes plutôt entrés dans une phase inverse, où il faut reprendre tout ce qui a été concédé depuis près d'un siècle. Le gouvernement Sarkozy s’est jusqu’à présent montré ferme face aux revendications. Céder à l’une d’entre elles équivaudrait à céder à toutes les revendications, mais le système n’en a plus les moyens ! 

Toute l’Europe occidentale est touchée. La faillite de la Grèce (précédée par celle de l’Islande) annonce déjà celles qui vont suivre. Tous les Français savent que l’avenir s’appelle crise et non reprise, chômage et non plein-emploi, bas salaires et non croissance… et cela pour une durée indéterminée. Cela veut-il dire que la grève n’était pas justifiée ? Certainement pas, car on a toujours raison de se défendre face aux arrogants et à leurs complices. Mais il vaut mieux savoir dans quel contexte se livre une bataille, et bien connaître la vraie nature de l’adversaire. Une telle situation est propice à toutes les manœuvres et à toutes les provocations. La psychose d'un attentat n’était pas apparue par hasard à l'époque, et le pouvoir n'aurait reculé devant rien pour se maintenir. M. Sarkozy comptait sur un essoufflement du mouvement, connaissant bien certains dirigeants syndicaux davantage doués pour éteindre un incendie au lieu de l’étendre.

Il règne en France, depuis plusieurs années, un étrange climat, comme s'il se tramait quelque chose… On a parfois l’impression qu’après les acquis sociaux, ce sont tous les autres acquis – en particulier démocratiques – qui vont disparaître, pour faire place à un autre type de régime, plus musclé, plus autoritaire… Au profit de qui ?

Yahia Gouasmi
Président du Parti Anti Sioniste


[www.partiantisioniste.com]
 
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