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Grave crise au sien la CIA
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17 novembre 2004 21:26
Bush, qui a fait de la lutte antiterroriste l'axe central de son second mandat, est confronté à une grave crise dans son principal service de renseignement, la CIA, après la démission de plusieurs hauts responsables. Après de multiples remises en question et annonces d'une réforme en profondeur, la tempête qui secoue la centrale américaine de renseignement révèle un moral au plus bas chez les espions américains sur fond de crainte de purge politique. Dans un courrier électronique à ses employés, le nouveau patron de la CIA, Porter Goss, prévient que des remaniements dans le personnel et dans l'organisation du service sont encore à venir, et estime que le rôle des fonctionnaires de la CIA est «de soutenir l'administration et sa politique». «En tant qu'employés de l'agence, nous ne sommes pas censés nous associer avec ceux qui s'opposent à l'administration ou à sa politique, les soutenir ou les défendre», affirme Porter Goss, en fonctions depuis deux mois.
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18 novembre 2004 22:30
Accusée de n'avoir pas su prévenir les attentats du 11 septembre 2001 et d'adopter une attitude anti-Bush, l'agence de renseignements est l'objet d'une reprise en main par la Maison-Blanche. Ce qui provoque une véritable fronde au sein de l'institution et ne peut que nuire à son travail en pleine guerre contre le terrorisme, s'inquiète la presse américaine.
"Une guerre ouverte et publique entre le président des Etats-Unis et ses services secrets n'est jamais une bonne nouvelle. Mais, quand cette guerre a lieu au moment où l'insurrection irakienne se généralise et que Ben Laden nous nargue, on peut carrément dire que George Bush et ses espions ne pouvaient choisir un plus mauvais moment pour se quereller." The Christian Science Monitor ne cache pas son inquiétude : la manière brusque avec laquelle Porter Goss, le nouveau directeur de la CIA appointé voilà sept semaines par la Maison-Blanche, secoue l'agence américaine de renseignements a entraîné "une fronde interne qui ne peut que nuire à l'efficacité des agents sur le terrain".

Dernier épisode de la lutte, "le directeur adjoint des opérations de la CIA, Stephen Kappes, et son subordonné, Michael Sulick, ont annoncé, le lundi 15 novembre, leur départ de l'agence de renseignements après vingt-trois ans de service", rapporte le Los Angeles Times. Les deux hommes appartenaient à la direction opérationnelle, le service le plus confidentiel de la CIA, responsable des opérations à l'étranger. "De quoi alarmer les vétérans de l'institution à un moment où elle est en plein désarroi", poursuit le quotidien. "Les deux hommes étaient éminemment respectés au sein de la CIA, et leur départ, surtout celui de Stephen Kappes, est considéré comme un soufflet pour le nouveau directeur, Porter Goss", commente le Christian science Monitor.


Ces deux démissions ont été précédées, la semaine dernière, de l’annonce du départ à la retraite du numéro deux de l'agence, John McLaughlin. "Au sein de la communauté du renseignement, le débat bat son plein pour déterminer si la crise est uniquement liée à la politique de Goss ou si elle n’est qu’une étape difficile mais nécessaire de la réorganisation de l’agence", signale le LA Times.

A l'origine du conflit entre la Maison-Blanche et la CIA, conflit dont Goss n'est qu'un instrument, se trouve "la conviction de l'administration Bush que l'agence s'oppose à sa politique", explique The New York Times. Une conviction qui apparaît entre les lignes du mémorandum que Porter Goss a fait circuler à la CIA, mémorandum que The Washington Post a été le premier à se procurer et qui stipule que "le travail de l'agence est avant tout de soutenir la politique de l'administration présidentielle sans émettre la moindre critique."

A ceux qui voient dans cette ligne politique une perte d'indépendance et une instrumentalisation, comme l'explique The Christian Science Monitor, Porter Goss a pris soin de préciser que la CIA "doit fournir des informations brutes et laisser ensuite les politiciens en tirer leurs conclusions".

Officiellement, le nouveau directeur, un ancien député républicain et un fidèle du président George W. Bush, veut rendre à l'agence son efficacité perdue en "donnant plus d’autonomie aux agents en poste à l’étranger et en les encourageant à prendre plus de risques dans les opérations destinées à collecter des informations", relève le Los Angeles Times. Des objectifs auxquels avaient adhéré les responsables déjà en place. Mais, pour certains, "le plan de Goss a dérapé à la suite des confrontations entre son équipe et les cadres historiques", poursuit le quotidien californien.

Entre autres, précise The Christian Science Monitor, "l'arrogance de Patrick Murphy, le chef du personnel mis en place par Goss, est très mal perçue." Et puis nombre de ceux que Goss a amenés avec lui sont des anciens agents de la CIA qui n'ont pas été capables d'y faire carrière. "Au sein de l'agence, de nombreuses personnes perçoivent l'actuel coup de balai comme une revanche des médiocres."

Pour le quotidien de Boston, une chose est cependant sûre : "La réforme de l'agence ne pourra se faire contre l'agence. S'il veut réussir, Goss doit associer les responsables en place, qui connaissent parfaitement les rouages de l'institution, et les convaincre que ce grand chambardement est bénéfique à tous. Car il faut être honnête et mettre sur le compte de Goss que la rénovation d'un mastodonte dans le genre de la CIA est particulièrement difficile. La dernière grande réforme de l'agence, en 1977, avait, elle aussi, posé de multiples problèmes et provoqué une levée de bouclier en interne."

Le seul qui se félicite de la situation est le Pentagone, note le Washington Times. Ce quotidien très conservateur se réjouit d'ailleurs que les services de Donald Rumsfeld, le ministre de la Défense, reprennent la main sur les dossiers brûlants – Irak, Afghanistan, Al Qaida – car "la CIA ne semble toujours pas avoir compris que les Etats-Unis étaient en guerre contre le terrorisme."

 
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